• A > AC

    abscons    Part. passé adjectivé de abscondre* au sens propre et fig.; repris au xixe s.
        I.− Morphologiquement, abscons est, comme part. passé adjectivé, le résidu actuel d'un paradigme verbal représenté dans l'anc. lang. L'inf. abscondre (cf. Gdf., Hug., repris par Ac. Compl. 1842 comme vx mot) apparaît le premier et comme vedette unique du paradigme. Aux xviie et xviiie s. (Nicot, Fur., Trév.), abscondre disparaît au profit de absconser peut-être du fait de la vitalité du part., − 17 ex. ds Hug. −, ou de l'expr. pic. très vivante esconsement (« coucher ») du soleil, disparue au xixe s. Cotgr. est le premier à mentionner séparément le part. absconse, absconsé(ée); il n'est suivi que par Trév. 1752 qui le donne comme adj. − Rem. Au xixe s. apparaît l'emploi subst. (cf. ex. 12 et 13).
        II.− Sémantiquement, on note dès l'orig. (xive s., cf. étymol.) la coexistence d'un sens phys. et d'un sens fig., vivants jusqu'au xviie s., inusités aux xviie et xviiie s., mais réapparaissant aux xixe et xxe s., surtout au sens fig., plus rarement au sens phys.
    A.− Accept. vraisemblablement disparue av. 1789 : accept. techn. méd. notée au xve s. (cf. étymol. 2, ouvrage cité non disponible), sans doute à rapprocher de absconsion « ulcère caché, latent », (attesté ds la Grande Chirurgie de Maître Henri de Mondeville, trad. de 1313, éd. S.T.A.F., t. II, p. 93). B.− Accept. subsistant apr. 1789. 1. xive s. : sens phys. et fig., cf. étymol. 2. xvie s. : sens phys. (ex. de Marot) et sens fig. (ex. de Rabelais) : Le chant du coq la nuict point ne prononce Ains le retour de la lumière absconse. (Marot, Épigr., 35 ds Hug.) En icelle bien aultre goust trouverez, et doctrine plus absconce, laquelle vous revelera de treshaultz sacremens et mysteres horrificques. (Rabelais, I, Prologue ds Hug.) 3. xviie et xviiie s. : eclipse du mot, qualifié de vx (Fur. 1690, Trév. 1752). 4. xixe s. : résurgence du mot (cf. sém.).

    acagnarder     dér. de acagnarder semble plus vraisemblable à partir de cagnard adj. qu'à partir de cagnard subst. (FEW t. 2, 1, p. 187a), d'une part du poin de vue sém. le rapport étant plus immédiat entre les 2 mots, d'autre part du point de vue géogr. acagnarder et cagnard adj. étant tous deux du fr. du nord.

    accise    1 empr. au m. néerl. accijs devenu néerl. accijns « impôt de consommation; octroi » sous l'infl. de cijns < lat census « imposition »; orig. de accijs : 2 hyp. : − soit empr. au lat. médiév.  accisia (formé sur le part. passé du lat. accīdĕre, « entailler », cf. fr. taille), bien que peu attesté : ds Du Cange,  2 formes non datées dont l'une localisée en Belgique, qui ne sont peut-être que latinisation du néerl.; de plus  formes signalées dans chartes impériales, mais non relevées ds Mittellat. W. ni ds Nierm., − soit transformation  du m. néerl. assise « droit perçu sur les boissons » (< a. fr. assise « impôt » lat. médiév. assisa, assisia « impôt de consommation », Flandre et Liège) var. assijnse, assijns, assijs peut-être sous l'infl. du lat. médiév. accisia.  En fait contaminations et confusions probables en lat. médiév. entre assisia « imposition » et accisia − de même qu'entre m. néerl. assise et accijs, de même sens, − de même qu'en b. all. aksise, var. accise « id. » et assise « id. ». Corresp. du néerl. accijs : mha zise « id. », all. Zeise « siège de l'accise ». Hyp. de l'identité entre a. fr. assise « impôt » et accise, simple spécialisation de sens sous l'influence du néerl. accijs n'est pas recevable, les 2 mots étant étymologiquement différents; l'hyp. du fr. accise, transformation de l'a. fr. assise sous l'influence du néerl. accijs fait diff., accise étant un mot d'emploi nouveau, d'aire nettement définie. L'hyp. d'un fr. accise directement empr. au lat. médiév. accisia est incompatible avec la localisation de la 1reattest., reflet des rapports commerciaux France-Provinces-Unies dep. la fin du xvies.
        2 a empr. à l'angl. excise « impôt sur les marchandises  comestibles » dep. 1596, en réf. aux Provinces-Unies ; dep. 1642 « id. » en réf. à la Grande Bretagne ; cf. lat. médiév. excisa 1490 « id. ». Angl. excise, empr. au m. néerl. excijs « impôt sur les denrées » dep. 1406, transformation de accijs, peut-être par rapprochement avec excĭdere « couper, enlever ». Excise n'est jamais entré dans la lang. fr. 2 b dès 1733 accise 1 utilisé en concurrence avec excise pour désigner ce même impôt angl., l'a dès lors supplanté. Terme peu us. à partir du xviiies. où apparaît l'expr. impôt indirect. Accidentellement noté comme synon. d'octroi. Valkh., loc. cit. et EWFS2 confondent à tort les emplois 1 et 2 b, ignorant, semble-t-il, le cheminement particulier de 2 b relayant un empr. excise.

    accabler    Dér. (préf. a-*) du m. fr. chabler, 1386-87 (départ. du Cher) « gauler (les noix) » ds Gdf.; a. norm. cabler « abattre (du vent) » : part. passé adjectivé 1251 bosc cablé « bois abattu par le vent » ds Moisy, s.v. cablé (cf. xiiie s. chaable, « bois abattu par le vent », Cart. norm., ds Gdf.; xive s. caable « id. », Fécamp, ibid.; ca 1260, a. fr. chable « meurtrissure, blessure » ds Gdf., xiiie s. (?) a. norm. cable « id. » Just. aux barons de Norm., ibid.). La forme norm. accabler l'a emporté sur achabler pour des raisons qui demeurent obsc. Chabler, cabler, dér. de l'a. fr. cadable, caable « catapulte » (Rol., éd. Bédier, 98 et 237), du gr. καταϐολή < καταϐάλλω « abattre, renverser », voir aussi chablis, câble.

    accore, écore (adj.)(escarpé)    Empr. au m. néerl. schore « étai », terme mar. (Verdam 1964) [cf. néerl. mod.  schoor « étai d'un navire », m. angl. schore, angl. mod. shore « id. » (NED), a. nord. skorða « étai » (de Vries  1962), norv. mod. skorda « id. », m. b. all. schore « id. »,]. Cheminement par les côtes de la Manche et de  l'Atlantique. Passage es- > ac- prob. sous influence de verbes reposant sur préf. ad- (p. ex. accoter*). − Hyp. angl.  (H. Saggau, Die Benennungen der Schiffsteile und Schiffsgeräte im Neufranzösischen, Kiel, 1905, p. 20; Bonn.  1920, 1, 52; Mack. t. 1 1939, p. 166; DG) à écarter pour mêmes raisons que pour accore 2; la perman. du liégeois  hore (Huy, Namur chore) « grosse perche ferrée dont le batelier se sert pour prendre le large » (Haust 1933, s.v.)  rend hyp. du néerl. préférable à celle de l'a. nord. (Falk, Altnord. Seewesen, p. 31; Vidos Tecn. 1965, p. 36; Baist,  Seemannsw., p. 258; Valkh. 1931, p. 41).
        Empr. au m. néerl. schore « rivage escarpé » terme de mar. (Verdam) [cf. m. angl. schore, angl. mod. shore «  rivage » (NED), a. h. all. scorro « rocher » (Graff. t. 6 1834-46, p. 539), m. h. all. schor, schorre « haute rive  rocheuse » (Lexer), m. b. all. schore « entaille » − i.e. (s)ker- « couper » (Pokorny, 938-9)]. Cheminement  probable par côtes de Manche. Traitement initiale es- > é- indiquerait mot ant. à 1reattest. Passage es- é- > ac- p.  anal. avec escore « étai de navire » > accore 1. − Hyp. angl. (DG, Bonn. 1920, 1, 52) improbable du point de vue  phonét., m. angl. schore déjà prononcé shore au xves.; hyp. a. h. all. (Diez5) improbable pour l'orig. d'un terme  de mar. − Valkh. 1931, p. 41; Baist, Seemannsw., p. 258.
        Empr. au néerl. schor « escarpé » terme de mar. [cf. m. angl. shore « abrupt » terme de mar. (NED), fris. de  l'ouest skor, fris. du nord schōr, skor « escarpé »; cf. aussi sup. II m. néerl. shore « escarpement d'un écueil »].  Forme accore dès 1544 témoigne d'un empr. antérieur à cette 1reattest. et exclut hyp. de la dér. de cet adj. du  subst. accore II, Bl.-W.4. Forme escore d'abord attestée dans un dict. est en réalité certainement ant. à accore;  passage es- > ac- est, malgré l'écart chronol. peut-être dû à l'influence de accore subst. I (1671, transformation de  escore).

    ac(c)ouf(f)ler (arg. « s'accroupir »)    Terme des dial. du nord-ouest (norm. s'accoufler « s'accroupir », Moisy 1885; Maine d'apr. Sain. Lang. par. 1920, p. 285) résultat du croisement de accouver* avec coufler, var. de gonfler*, la notion « s'accroupir » étant liée à celle de « gonfler » notamment dans le cas de la poule qui couve (voir L. Spitzer ds Neuphilol. Mitt., XXII, 121, note 1); l'assourdissement du -v- peut s'être produit indépendamment de l'influence de coufler. − Sain. Sources t. 1 1925, 83, 403-404. − L'hyp. d'un rattachement au norm. aclufer, attesté par FEW t. 2, 798 b, dér. préf. du breton klucha « s'accroupir » n'est pas à retenir.

    acre    Le mot fr. acre se dit surtout en parlant de l'acre anglaise ou de la mesure agraire de Normandie. À partir de 1900 env. les dict. indiquent que le mot est vieilli. Le mot est très répandu dans les lang. germ. d'où il a passé en fr.; cependant il est difficile de préciser par quelle voie. Corresp. dans le domaine germ. : norv. dan. ager, suéd. åker, norv. mod. aaker, a. nord. akr, got. akrs, ags. accer, angl. acre, a. sax. akkar, néerl. mod. akker, a. fris. ekker, a. h. all. ackar, n. h. all. Acker, m. h. all. acker, formes remontant selon Kluge 1967 à un germ. *akra-(le mot existe aussi dans d'autres lang. i.-e. : lat. ager « champ », gr. agrós, arménien art « id. », skr. ajra- « pâturage »); toutes ces formes remonteraient à un i.-e. *agro- « pâturage ». Le mot a pris, outre le sens de « terre », celui de « mesure agraire » mais seulement dans certaines lang. germ. : ags. aecer, angl. acre, m. b. all. acker (Lasch-Borchl. t. 1 1956) et m. h. all. acker (Lexer 1963) ainsi qu'en lat. médiév., en agn., dans les dial. de Normandie jusqu'à nos jours (Moisy 1885) et en fr. où il ne signifie plus que « mesure agraire ». L'hyp. la plus vraisemblable est donc une pénétration du mot par les invasions norm. au ixes. (R.-P. de Gorog, The Scandinavian Element in French and Norman, New-York, 1958, pp. 99 et 100) où les envahisseurs scand. (d'apr. E. G. Léonard, Hist. de la Normandie, P.U.F., 1944, p. 19) ravagèrent les Flandres (cf. l'attest. de Gand 839), dévastèrent les régions du Rhin (cf. Chart. Rhen. 893), occupèrent les côtes de la Manche (cf. Charte de Fécamp 1006); il y eut alors en Normandie une importante répartition des terres, ce qui expliquerait l'abondance des attest. dans cette région. À l'encontre de cette hyp., le fait que l'a. nord. akr, selon De Vries Anord. 1962, signifie « champ, grain » et non « mesure agraire »; il faudrait alors supposer que l'évolution sém. de « champ » à « mesure agraire » s'est produite dans les régions envahies, accompagnée d'une différenciation de genre, le fém., peut-être sous l'influence du lat. acnua « mesure agraire », étant spéc. réservé à la « mesure de terre ». − L'hyp. d'une orig. ags. proposée par Bl.-W.5, Dauzat 1968 et FEW t. 16, 1 s.v. aecer (abandonnée d'ailleurs dans un additif, t. 15, 2) fait difficulté, étant donné l'ancienneté des attest. sur le Continent (voir sup.), bien ant. à 1066 (Hastings), date avant laquelle il est difficile de concevoir un courant ling. allant de l'Angleterre vers la France. Cependant en faveur de cette hyp. : la localisation géogr. du mot et le sens « mesure agraire », attesté pour l'ags. ca 1000 (Ælfric, Dial. in OE. and Lat., Thorpe Anal. 8 ds NED s.v. acre : Ælce daez ic sceal eriam fulne aecer oð ðe mǎre) [C'est donc à tort, semble-t-il que M. Bambeck, loc. cit., date la première attest. ags. de 1086, d'apr. Latham, Revised Medieval Latin Word- List from british and irish sources, London, 1965, date représentant pour M. Bambeck un argument essentiel pour rejeter l'orig. ags.] − L'hyp. d'un germ. *akker « champ » (M. Bambeck, loc. cit. et reprise par FEW additif t. 15, 2 s.v. aecer), fondée en premier lieu sur la localisation des attest. de Gand 839 et de Rhénanie 893, ne rend pas compte de la multiplicité des attest. dans le domaine norm.

    action (finance)    I empr. au lat. actio dep. Rhet. Her., 4, 53, 66 ds TLL s.v., 438, 18 au sens gén. de « vis agendi »; cf avec I B 1, Cicéron, Off, 1, 17, ibid., 438, 33 : quibus action vitae continetur; de même en lat. médiév., 821, Theodulf, Carm. 41, 2, 45 ds Mittellat. W. : opus, quod condidit actio nostra; I A actio gratiarum déjà ds Cicéron, Epist., 12, 26, 1 ds TLL 439, 78, emploi relig. en lat. chrét. : Vulgate, II, Esdra, 12, 27, ibid., 440, 10 : facerent dedicationem et laetitiam in actione gratiarum; B 2 dep. Cicéron, Fin. 3, 44, ibid., 439, 1 : quae et honesta actio sit et sine dolore. II empr. au lat. jur. actio dep. Rhet. Her., 1, 12, 22, ibid., 441, 49; de même en 1120, Honorius Augustodumensis, Gemm., 1, 80 ds Mittellat. W. : actio autem est causa, quae in publico conventu coram judicibus agitur. III prob. par évolution sém. à partir de II, terme de dr., dans le cont. suiv. : dans une association, un associé muni d'une police ou billet, constituant une preuve de son droit sur le patrimoine commun, est capable d'intenter une action en justice sur les fonds de l'association; le terme action a été finalement retenu de préférence à billet ou police (d'apr. Romeuf t. 1 1956, 19 b). − L'hyp. d'un empr. de sens au néerl. Aktie, terme de fin., très vraisemblable du point de vue hist., fait difficulté sur le plan chronol., ce néerl. n'étant pas attesté comme terme de fin. av. 1733 (Valkh. 1931, p. 42). − L'hyp. d'une évolution sém. de action sous l'influence de actif* subst., fin., fait de même difficulté sur le plan chronol., actif subst. n'étant attesté en ce sens qu'en 1762.