• AR

    arantèle, hyrantelle    1. xvies. hyrantelle « toile d'araignée » (Brantôme, Des Dames, part. II [IX, 538] ds Hug. : De peur que les hyraignes n'y bastissent leurs hyrantelles); terme des dial. du Nord-Ouest et du Nord-Est (FEW t. 25, I, 81a); 2. p. anal. arantelle 1561 vén. (Du Fouilloux, Ven., fo29 rods Gdf. Compl. : Car incessamment les arantelles tombant du ciel et ne sont point filees des araignees : ce que j'ay vu par experience d'un cerf qui passoit a cent pas de moy, la ou j'allay soudainement voir : je n'y sceu jamais estre a temps que les filandres ou arantelles ne fussent tombees dedans la forme du pied). Composé de aragne* et de toile*.

    arcasse (Charpente de l'arrière d'un navire en bois)        Peut-être un composé de arche et -asse.
        Prob. empr. à un prov. *arcassa, dér. d'arca « coffre, caisse » (du lat. arca), bien que ce dér. ne soit attesté ni dans Rayn. ni dans Levy (E.) Prov. L'ital. arcaccia n'est attesté comme terme de mar. que dep. le xixe s. (v. Vidos, p. 197). L'hyp. de Barbier (Misc. t. 18, pp. 379-380), selon laquelle arcasse au sens 1 remonterait à un étymon différent, l'esp. alcazar « château d'arrière », n'est pas vraisemblable.
    archet    Dér. de arc*; suff. -et*. La forme attendue est *arcet, c + ettu [-et*] donnant régulièrement -cet (cf. arcellu > arcel, arceau; porcellu > porcel, pourceau) sauf en pic., en norm., en wallon et dans les parlers de l'Est où on relève des formes en (t)chet; or les premières attest. du mot archet sont norm. (Enéas), du Nord-Est (Machault), cf. également ds T.-L. : Dial. fr. flam. (alors que Villard de Honnecourt, ibid., donne arket); ce qui laisserait supposer une orig. dial. pour archet.

    arlequin    1160-85 mesniee Hellequin « suite, escorte de Hellequin » nom donné à un cortège fantastique de cavaliers maudits, condamnés à une chevauchée nocturne sans fin, la chevauchée sauvage » (Chr. de Troyes, Philomena, 192, éd. C. de Boer ds T.-L. s.v. maisniee : Avuec c'iert [Philomena] si-tres-bone ovriere D'ovrer une porpre vermoille Qu'an tot le mont n'ot sa paroille, Un dïaspre ou un baudequin Nes la mesniee Hellequin Seüst ele an un drap portreire); 1262 la maisnïe Hellekin attestée au théâtre (A. de La Halle, Jeu de la Feuillée, éd. E. Langlois ds T.-L.); le syntagme maisnie Hellequin est encore attesté en 1495 (Romant de Richart filz de Robert le Diable d'apr. Flasdieck, Harlekin, germanischer Mythos in romanischer Wandlung ds Anglia t. 61 [59], 1937, p. 243); Hellequin figure encore ds Encyclop. t. 8; b) début xiiie s. p. ext. subst. masc. halequin « génie malfaisant » (Chevalier au cygne, 6247, Reiff. ds Gdf., s.v. hellequin : Et ly roys des Taffurs, o lui sy halequin) − xve-xvie s., Songe doré de la Pucelle, ibid.;
        Harlequin, issu du syntagme maisnie Hellequin, introduit de manière isolée dans la litt. théâtrale par Adam de la Halle, désigne un être malfaisant, le diable (supra 1). Entre 1571 et 1580, un zanni*, paysan bouffon de la commedia dell'arte, donne à Paris une nouvelle interprétation de son personnage en empruntant au Hellequin fr. son nom, son comportement, d'où harlequin qui désigne en 1585 ce nouveau type de comédien, résultat de la contamination entre le hellequin « démon » de tradition fr. et le zanni, personnage comique de Venise et de Bergame  ; Ce mot est empr. par l'ital. arlecchino (d'où les formes fr. en ar-) et les autres langues européennes. Hellequin est d'orig. anglo-norm. : en 1127-36 Orderic Vital, moine de St Evroult (Orne) désigne le cortège sauvage par familia Herlechini (Flasdieck, op. cit., p. 253); en 1175, Pierre de Blois, chancelier de l'archevêque de Canterbury fustige ds Ad Sacellos Aulicos regis Anglorum les courtisans de Henry II (Flasdieck, op. cit., p. 250), les qualifiant de : martyres saeculi, mundi professores, discipuli curiae, milites Herlewini; de même en 1187-1192-93, Gautier Map, familier du même roi compare, ds De nugis curialium, les courtisans à la suite de Herla rex antiquissimorum Britonum (ibid.). D'après Flasdieck, p. 325 et 329, ce Herla rex représente un vieil anglais *Her(e)la cyning (m. angl. *Herle king, auquel correspond l'a. h. all. Herilo, nom du roi Herilo) qui remonte à un plus anc. *χarila(n) « chef de l'armée » qui serait une appellation du dieu Wodan (v. aussi Brandl ds Arch. St. n. Spr., t. 172, pp. 235-236) et dont il faut rapprocher le nom du peuple germain des Harii cité par Tacite (Germania, 43 ds Forc.). Au contraire, M. Delbouille ds Bull. de la Soc. de lang. et de litt. wallonnes, t. 69, pp. 123-131 suggère que le choix du nom de Herla, peut-être création individuelle et arbitraire, a pu être déterminé par l'existence de la famille de mots à rad. herl- impliquant les notions de « tapage » et de « vagabondage » (a. fr. harele « tumulte », herler « faire du tapage », herle « tumulte, tocsin », mots rangés par FEW t. 16, pp. 148-152, s.v. a. bas frq. *hara « par ici »).
    Une nouv. hyp. proposée par D. Bugeanu, v. infra bbg., (all. Karl désignant un vieux balourd > tch. Karlik ,,nain`` > ital. Karlekino) paraît encore insuffisamment fondée.
    Arlequin, semble se rapproché de la Mesnie Hellequin, Hoillequin (légende répandue au moyen-âge (XI-XIIIe siècles) dans laquelle on rapprochait le bruit du tonnerre au cortège infernal, désignant les condamnées à l'enfer, puis mauvais conseiller, batailleur, dispute), qui viendrait lui-même de Hernequin (diminutif de Johannes), comte de Boulogne qui fut tué par les Barbares normands au IXe siècle après avoir été chef de brigands, et dont les aventures sont racontés dans un poème perdu, venu du Nord, et passant par la Normandie où il atteint l'Angleterre. Walter Scott l'évoque dans ses notes pour son ouvrage sur la poésie écossaire Minstrelsy of the scottish Border (Edinburgh, 5e édition 1812, t. II, p.129-130). Le nom fut rapproché au XIVe siècle, de Karlekin (Charles V, roi de France) et au XVIe siècle de Charles Quint, d'où il passe en Italie, avec Dante épris des idées et de la langue française, qui en fait un diable, puis devient le personnage du "fauteur de trouble" de l'Arlequin de la Commedia dell' Arte.
    Gaston Raynaud, La Mesnie Hellequin (in Etudes romanes dédiées à Gaston Paris, le 29 décembre 1890, Emle Bouillon, Paris, 1891, p.62)


        Le chien joue un rôle très important dans les chasses fantastiques, dites aériennes ou sauvages, qui offrent une image réduite des chasses terrestres. Ces chasses nocturnes portent souvent, dans les traditions populaires de la France, des noms de chiens, tels que chasse à baudet, chasse à ribaut et chasse à rigaut, dans le Berry, à côté de chasse briguet, cette dernière appelée chasse briquet, en Touraine.
        Ces divers noms sont autant d'appellatifs du chien : baudet, diminutif de baud, grand chien blanc (appelé jadis chien du roi), répond exactement à briguet ou briquet, chien de chasse (cf. briquet d'Artois); quant à ribaut et rigaut, ce sont d'anciens noms propres du chien, dont le dernier figure déjà avec ce sens dans le Roman de Renart (éd. Martin, V, 2 1 o) :
              Or Tribole! or Glarembaut!
              Par ci fuit le gorpil, Rigaut.
        Le synonyme normand de Mère Harpine se rapporte également à la famille de termes de vénerie qui a donné harpaille, harpaillon, etc. Dans les Ardennes, des roquets, petits chiens blancs et noirs, poursuivent également dans les airs un gibier fantastique.
        Mais le nom le plus général que porte la chasse sauvage, à partir du XIIIe siècle, est celui de la Mesnie hellequin. Les variantes multiples du mot, toutes attestées dans Godefroy, sont : helequin, helquin, hielquin, halquin, herlequin, hierlequin. Le nom de hellequin survit, dans la Haute et Basse-Normandie, sous la forme helchien.
        A Hague et au Val-de-Saire : "La chasse hèle-tchien est une chasse qui se fait dans l'air; on entend les chiens aboyer, les chevaux hennir, les hommes crier"; dans la Manche : "La chasse hèle-chien est une prétendue chasse aérienne que l'on entend passer dans les nuits d'été; les chiens qui y prennent part, jappent et n'aboient pas".
        L'ensemble de ces traditions populaires fait ressortir le rôle prépondérant du chien, prépondérance d'ailleurs bien naturelle lorsqu'il s'agit d'une chasse. Hellequin a été par suite interprété comme hèle-chien (en normand, quien), chien qu'on hèle, qu'on lance sur le gibier; les synonymes ancien français helle, herle, hierle, bruit, tumulte (primitivement de chasse), et hellir, herlir, faire du tapage (au fond identiques à haller, harer, exciter un chien) rendent compte des variantes citées plus haut.
        Il en résulte :
    a. Une légende relative à un certain Herlequin et à sa famille circulait pendant le haut moyen âge, au nord de la France; un prêtre Gauchelin aurait eu déjà au XIe siècle (suivant Orderic Vital) une vision avec un membre de cette familia Herlechini, ou de la mesnie Herlequin;
    b. Cette légende subit, à partir du XIIIe siècle, une profonde modification, de forme et de fond, due à la conception populaire de la tradition, qui nous présente tantôt une armée a cheval et tantôt un équipage de chasse;
    c. De là, d'un côté, hennequin, sous l'influence de hennir, témoignant du mélange de deux aspects de la légende, celle d'une chevauchée et d'une chasse proprement dite, comme par exemple dans ce passage du Tournoiement de l'Antecrist :
              De la maisnie hellequin
              Me membra quant l'oï venir;
              L'on oïst son destrier henir
              De par tut le tournoiement.
        D'un autre côté, sous l'influence des termes de vénerie déjà mentionnés, on obtint les variantes helequin, helquin, hielquin, halquin, qu'on interpréta comme "chien bruyant", en faisant ainsi rentrer l'ancienne légende de la mesnie Herlequin dans une nomenclature qui a fourni tour à tour la chasse à Baudet, la chasse à Rigaud, la chasse Briquet, la mère Harpine, etc., termes tous particuliers au langage du chasseur.
    L.Sainéan (Les noms romans du chien, in Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, vol. 14, 1906-1908, p.270-72).

    arnaquer     Soit forme pic. de harnacher* au sens arg. « accoutrer, travestir », hyp. assez vraisemblable du point de vue sém.; soit altération de renaquer « témoigner sa colère (en reniflant. jurant) », lui-même dér. du pic. naquer « renifler », a. fr. nascier « id. », du lat. *nasicare, dér. de nasus (renâcler*); cette hyp. (FEW VII, 27) est moins vraisemblable du point de vue sém.; cf. cependant renacle attesté au sens de « police secrète ».

    armon (pièce de l'avant-train d'une voiture [à chevaux], sur laquelle s'articule le timon)    Empr. au m. néerl. arm « bras (sens d'où des acceptions technologiques sont faciles à déduire) » (Verdam) avec la finale prob. d'apr. timon*; les correspondants du m. néerl. sont attestés dans la plupart des lang. germ. et remontent à un germ. *arma- qui lui même est à rapprocher de l'indo-européen *arəmo- « bras » (Kluge20, Pokorny t. 1, p. 58). À l'appui de l'orig. néerl., l'aire géogr. de armon.

    arquebuse     I (Fribourg) empr. à l'all. Hakenbüchse, de même sens, (m. h. all. Hakenbühse, Lexer30), composé de  l'all. Haken « crochet » (racine indo-européenne *keg-, *kek- « cheville, crochet », Kluge20; IEW, I, 537) et  Büchse « arme à feu » (lat. buxis, gr. π υ ξ ι ́ ς, v. boîte). II (Flandre, Bourgogne) empr. au néerl. haakbus, Gallas  (m. néerl. haecbus(se), hakebus(se), Verdam), de même orig. que l'all. A 1 est un empr. direct; A 2 a été altéré  sous l'influence de arc; altération de même orig. en harque-, arque pour B 1 b, B 2 b, C 1 b, C 2 b; les finales en  -buse (B 1 a et b) représentent des altérations par attraction de buse*, nom d'oiseau (cf. faucon, émerillon, termes  d'artillerie); les finales en -bute (B 2 a et b), et en boute (B 3) sont des altérations par attraction de buter* et  bouter*, mots appartenant à la même sphère sémantique; v. aussi Behrens D., p. 48; Wind, p. 124; Valkh., p.  157; Gesch., p. 142. L'ital. archibugio (xves., Lorenzo di Medici ds Batt.) est empr. − soit à l'all. ou au néerl.  (Migl.-Duro) − soit, plus prob. au m. fr. (DEI; Devoto); il a à son tour influencé les formes fr. au xvies., d'où C  dont 1 a subi l'infl. de la lang. écrite, 2 de la lang. parlée. À rapprocher de haquebuse, arquebuse, le liég. hake «  grande arquebuse » (Haust) empr. à l'all. Haken. Cf. haquebute.

    Arras    Arazzo signifie toujours « tapisserie » en italien (la plus célèbre est celle de la Chapelle Sixtine, fabriqué à Bruxelles d'après les cartons de Raphaël), et arazzière est un « tapissier », comme arras (apocope de draps d'Arras) en Angleterre, ainsi que Arras, Arreis (formes disparues dans ce sens) et Rasch (dans Raschmacher, « tapissier ») en Allemagne, et peut-être ras, arres aux Pays-Bas, désignant une étoffe de tissu croisé.
        D'autres (Scandinavie, pays slaves et baltes, hébreu) désigne la tapisserie d'après la Manufacture des Gobelins de Paris qui tire son nom de la rue où elle était située, car là habita Jehan Gobelin vers le milieu du XVe siècle, un teinturier de laine réputé pour ses rouges à l'écarlate. Mais c'est en avril 1601 que la tapisserie façon de Flandres fait son apparition lorsqu'Henri IV fait installer dans « une grande maison ou antiennement se faisoit teinture » Marc de Comans et François de la Planche, tapissiers flamands associés depuis le 29 janvier 1601. En 1629, Charles de Comans (ou Coomans) et Raphaël de la Planche (Van den Plancken) succèdent à leurs pères.

    arrimer    Empr. directement comme terme de comm. mar. au m. angl. rimen « débarrasser, faire place » (vieil angl. ryman dep. Beowulf ds NED), au temps de la domination angl. en Guyenne, v. supra attest. de 1361; de même 1459, Bordeaux : arrimarii navium 1484, Bayonne ds Baldinger, ibid. Terme solidement implanté dès la 2emoitié du xives. (arrimage et arrimeur 1398), nettement localisé dans les dial. de l'Ouest (FEW t. 16, p. 721a); le m. angl. rimen se rattache à l'a. nord. ryma (de Vries, Anord.), a. sax. rūmian, a. fris. rēma, m. b. all., m. néerl. rumen (Verdam), a. h. all., m. h. all. rumen (Lexer30) « id. », formes qui postulent un germ. *rumian (got. rūms ds Feist; i.-e. *rū- « ouvrir »; cf. lat. rus « campagne », IEW, I, 874).
        L'aire géogr. gallo-rom. du mot est difficilement conciliable avec l'hyp. d'un empr. à l'a. nord. (De Gorog, § 3). L'hyp. d'un empr. à l'a. h. all. rīm « nombre » (Diez5) fait difficulté du point de vue sémantique. À bon droit, Valkh. 48 écarte l'hyp. d'un empr. à un néerl. aanrumen, nulle part attesté, mais, de même que EWFS2, il mêle à tort les formes arrimer, arinner, aruner, parvenues en fr. par des voies différentes : 1. le pic. arinner « disposer (une armée) » (1190 Guy de Cambrai, Veng. Alex.; début xiiies. Guill. de Palerme ds Gdf.) est empr. au m. néerl. rinen « toucher » (Verdam), hyp. que confirme l'aire géogr. du mot; 2. a) arruner 1379 « ranger, mettre en ordre (des animaux) », (J. de Brie, Bon Berger ds T.-L.) est dér. du m. fr. run « place, rang (d'une personne) » 1415 ds Gdf.; b) arrumer « ranger la cargaison dans une cale de navire » (1386 mar. Zeller, Das Seerecht von Oléron nach Handschrift Paris Arsenal, 2750, Berlin, 1911 : arrumer, die Schiffsladung ordnen; [1399 Bordeaux : ad arrumandum vina ds Baldinger, loc. cit.]), est dér. du m. fr. run « espace dans la cale d'un vaisseau » (1386 mar. Zeller, op. cit. : run, Platz, Schiffsraum); le m. fr. rūn terme gén. et terme de mar. est à rattacher au germ. rum « place » (got. rūms, supra; a. nord. rum ds De Vries, op. cit.; v. angl. m. angl. rūm ds NED, s.v. room subst. 1; a. h. all., m. h. all. rūm ds Lexer30) par un intermédiaire difficile à préciser : soit par le m. angl., Behrens ds Z. f. Spr. Lit. t. 32, p. 147 (bien que NED ne connaisse d'accept. mar. qu'au xixes.; mais cependant le mot run connaît une grande extension comme terme gén. en Normandie, prob. à la faveur de la Guerre de Cent Ans) soit par l'a. nord. rūm, tout au moins pour run terme mar. (cf. lapon [< nord.] rumme « pièce dans un bateau », De Vries, op. cit.), qui dans ce cas devait exister antérieurement à sa 1reattest. L'hyp. d'un empr. au frq. *raum, de run terme mar. (EWFS2) fait difficulté en raison de l'apparition tardive du mot.

    arroche (plante)    Altération du lat. class. atriplex, -plicis « id. » empr. au gr. ἀτράφαξ(υς). La forme d'a. fr. arepe (xiie s., supra) a dû être primitivement arrepe (rr < tr cf. pĕtra > pierre); elle s'explique à partir de l'acc. du lat. atriplex atrĭplicem à condition de poser ĭ entravé. On a donc atrĭplicem > *atreplece > ar(r)epe à titre de forme demi-sav. (cf. ángele > ange, imágene > image. La forme a. fr. ar(r)ace (cf. ex. Gdf. Compl.) s'explique à partir de la forme gr. ἀτράφαξυς (acc. -υν) qui possède un α accentué; on a donc *atrapice(m) ou *atrapica [réalisations latinisantes sur la base du gr. atrap(h)axu(n) − φ étant prononcé p + h] donne des formes demi-sav. *atrap(e)ce *atrap(e)ca qui donnent régulièrement arrace et arrache (ex. ds Gdf. Compl.)). La forme arroche (var. dial. arroce, arrosse [écrit aussi arrose]) suppose un o qui est attesté de la forme gréco-lat. atrofaxos (atrofacos), mais on ne peut expliquer ce o par une dissimilation (a...a > o...a), la 1redes deux voyelles étant accentuée; l'hyp. avancée par FEW a + w < a + p par transformation de p en w suppose la chute antérieure du l de la finale or plex, plice(m) est vraisemblablement une altération latinisante p. étymol. pop. (cf. triplex « trèfle », p. allus. aux feuilles triangulaires?) de la finale gr. (où φ est prononcé p + h) inexistante en lat. Il faut donc, pour expliquer arroche, partir de *atrápica. On a donc : *atrapica > *atrápeca > *atrabeca > *atraweca > *atrawca > arroche (ce qui suppose que e posttonique a disparu très tôt ds ce proparoxyton). Reste à expliquer la rencontre sur le sol fr. entre la forme gr. et la forme lat. peut-être par l'intermédiaire d'un prov.; or le mot manque en prov. anc.; seul un niçois aroca (< *arauca) ds Roll. Flore t. 9, p. 158.
        Berry, arrosse ; wallon, aripe, ârase, lâripe ; namurois, aurause ; ital. atrepice ; d'atriplicem, atriplex, dit sans doute par corruption du grec arroche. (Littré).
        Arroche est une forme normanno-picarde pour arreuce, de atriplicem, en passant par *atreplice, *arelce. (Hatzfeld & Darmesteter, Traité de la formation de la langue française).

    artison (anc.fr. artaison, artoison, artuison)     Mot se rattachant à l'a. prov. arta « id. » (Levy Prov. t. 1-2, 86b) prov. mod. arto, ardo (Mistral), de même prob. qu'au m. fr. artre (1562, Du Pinet, supra). Une dér. de artison à partir du m. fr. artre (FEW t. 131, p. 123b) se heurte à des difficultés chronologiques et morphologiques, une formation artre (arte) toison « insecte qui ronge les toisons » (Bugge ds Romania t. 4, p. 350) est peu vraisemblable. L'orig. de ces mots est obscure et controversée : le rattachement au lat. tarmes « termite, ver de viande » avec aphérèse du t initial (FEW loc. cit.) se heurte à des difficultés phonétiques. Il en va de même d'un croisement entre le lat. herpes « maladie de la peau » et le gaulois darbita, derbita (dartre*) (Jud ds Arch. St. n. Spr., t. 124, p. 404).
    Mais forme picardo-wallonne en -i- au lieu de diphtongue (comme pichon pour poisson).