• BAT > BAZ

    batiste    1401 Flandre soye batiche « tissu très fin » (Dehaisnes, Documents et extraits divers concernant l'histoire de l'art dans la Flandre, l'Artois et le Hainaut avant le XVe s. d'apr. Höfler dans Z. Rom. Philol., t. 80, p. 457 : Item, II chains de soye batiche, dont l'un est vermeil); 1499 thoiles batiches (Wilbert 361, Ibid.); 1536 toile de baptiste (Cpte roy. de Nic. de Troyes, fo 8 vo dans Gay, s.v. batiste); 1590 p. ell. batiste (Inventaire de Jehan Verryer, seigneur du Bosq et scytoien de Bordeaux dans Havard); 1712 baptiste (Inventaires de mobiliers écclésiastiques et civils, p. p. M. l'abbé L. Bossebœuf dans Z. Rom. Philol., t. 80, p. 463).
        Prob. dér. du rad. de battre* terme bien attesté au Moy. Âge au sens de « arçonner (la laine) », G. de Poerck, La Draperie médiév. en Flandre et en Artois, t. 2, 1951, p. 17; suff. -isse (a. fr. -ice; dial. pic. -iche) fém. de -eiz, -iz (< -aticius, -iticius), très fréquemment attesté dans la terminol. text. pour former des adj. dér. de verbes : bourre laniche (de laner), bourre tondice (de tondre), laine jettice (de jeter), Höfler, loc. cit., p. 462. La forme mod. est due à un rapprochement pop. avec le nom propre Baptiste prononcé Batisse, batiste étant une forme hypercorrecte par fausse régression pour batisse. L'hyp. traditionnelle (FEW t. 1, p. 241b) d'une dér. à partir de Baptiste, nom du premier fabricant de ce tissu, ne repose sur aucune base historique.
        Batiste s'utilise encore en allemand (Batist), roumain, néerlandais, danois, norvégien, suédois, slovène, tchèque, estonien (batist), polonais (batyst), hongrois (batiszt), letton (batists), lituanien (batistas), grec (βατίστα), géorgien (ბატისტი), esperanto (batisto), italien, portugais, espagnol, catalan (batista), corse (battista), finnois (batisti), hébreu (בטיסט), indonésien (batis), russe (батист ), turc (patiska)...

    baud, baude     I empr. à l'a. b. frq. *bald « hardi, fier » (Brüch, p. 31; REW3, EWFS2, Gam. Rom.2t. 1, p. 340; FEW t. 15, 1, pp. 32-33), corresp. à l'ags. beald « courageux », a. sax., a. h. all, all. mod. bald « hardi, vif ». L'hyp. d'un plus anc. empr. au germ. (Bl.-W5.) fait difficulté étant donné que l'ital. baldo, xives. est empr. à l'a.fr. (DEI); de même les dér. cat. (baudor « joie ») et esp. (baldosa « ancien instrument à cordes ») paraissent empr. au prov. (Alc.-Moll et Cor.); II p. métaph. à partir de I.

    baudet    Dér. de l'adj. a. fr. baud (baud*) au sens de « impudique », la lubricité de l'âne étant souvent évoquée (cf. P. Nol., Carm., 24, 167 dans Blaise).
    Hainaut, baude, ânesse ; de l'ancien français baud (voy. BAUD), qui veut dire gai, content, hardi, et qui a été appliqué en diminutif à l'âne mâle à cause de sa hardiesse et de sa vivacité. (Littré)

    baugue/bauque  (rejet herbeux de la mer Méditérannée, zostère)    1721 bauque (Trév. : Bauque. On appelle ainsi l'algue à feüilles étroites qui vient dans les étangs salez près de Montpellier); 1762 baugue (Ac.). Prob. à rapprocher du prov. mod. bauco, baucho « graminée à feuille rude », v. bache. bache. Peter Wunderli le donne comme originaire du normanno-picard. Bauque est une forme picarde pour balcon.

    bayette    sorte de flanelle, du néerl. baey, baai. (Auguste Scheler, Dictionnaire d'étymologie française d'après les résultats de la science moderne, 1862). Peut-être à rapprocher de bai, baie : Du lat. badius « de couleur brun rouge (en parlant du cheval) » attesté dep. Varron. Chez Godefroy :
    - baie, sorte d'étoffe dont il semble qu'on se servait spécialement pour les jupes.
    - baiette, dimin. de baie, jupe.
    - baicq, sorte de draperie.
        Baie. s. f. Les Anglois donnent ce nom à une étoffe de laine, que l’on appelle en France, Bayette ou baguette. (Trévoux).
        BAYETTE. Robe, et plus spécialement, robe d'enfant. Vient peut-être du Roman boyette, layette.
        BOYETTE. Robe, robe d'enfant. Voyez Bayette. (Jules Corblet, Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, 1851).
        BAYETTE et BOYETTE, jupon de dessus en étoffe de laine. Il y avait jadis une étoffe de laine nommée baye, boye : c'était une espèce de flanelle non croisée, fort lâche et tirée à poil d'un côté. M. Devauchelle a relevé dans des Inventaires de 1576 et 1617 à Amiens ce qui suit ! « Une viellecourtlnette de baye verte » — « Deux estilles (métiers à tisser) à faire boye. »
        Baye, boye est venu de l'allemand boy, étoffe de laine. Quant à boyette, jupon, il a été formé de boye, étoffe, absolument comme bonette, bonnet de femme, de bonnet, étoffe dont on faisait des bonettes. On trouve assez souvent dans les Inventaires les deux formes baiette, boiette. (Communic. de M. Devauchelle.) - Dérivé : Bayot, jupon de dessous doublé. (Jean Baptist Jouancoux, Études pour servir a un glossaire étymologique du patois Picard, 1880).
        BAYETTE (Manufacture de). C'est une espece de revêche ou de flanelle de laine, très-grossiere et très-large, non croisée, fort lâche, et tirée à poil d'un côté. La fabrication de cette étoffe étant à-peu-près semblable à celle du drap ou toile, voyez DRAPIER. On les appelle bays à Colchester en Angleterre, où l'on en fabrique beaucoup, et elles portent le nom de baiques en Flandre où l'on en fait considérablement, particuliérement à Tournay, à Lille et à Neuf-Eglises. Il ya peu d'années que nos ouvriers se sont avisés d'en établir des manufactures qui ont très-bien réussi à Beauvais, Castres, Montpellier et Nismes. (Pierre Jaubert, Dictionnaire raisoné universel des arts et métiers, 1801)
        A Clermont-Ferrand, la Cathédrale possède une Tour de Bayette, dont le nom proviendrait du droit douane sur la bayette ou de bayer, ici dans le sens de guetter.

     

    baillet, ette    Dér., avec suff. -et*, de l'a. fr. baille « de couleur baie » (dep. 1306, G. Guiart, Royaux Lignages, 11698, W. et D. ds Gdf. : Et destriers de pris hennissanz, Blans, noirs, bruns, baiz, baucens et bailles) d'abord attesté en 1223 pour la couleur brune en parlant des moines (G. de Coincy, Mir. Vierge, éd. Poquet, 460, 224 ds T.-L. : Mes n'i a mes ne blanc ne baille Qui ne cuit estre maubaillis Si n'est ou prevos ou baillis) et dont le rattachement au lat. badius (v. bai; FEW t. 1, p. 202a) fait difficulté du point de vue phonét., à moins de le considérer comme une forme seconde, demi-savante, de bai* (cf. L. Spitzer, Z. rom. Philol., t. 46, 1946, p. 583) d'où est normalement dér. le subst. a. fr. baiet « cheval bai » (Herb. Leduc, Foulq. de Cand., p. 90, Tarbé ds Gdf.). Pour des raisons sém., il ne semble pas qu'on puisse le rattacher à l'a. fr. baille « qui a une tache blanche sur le front » attesté dep. 1340 (Arch. K 43, pièce 14bis, ibid. : Cheval bay, baille en front) d'où est dér. une forme baillet (Gace de La Bigne, Deduis, Ars. 3332, fo113 rods Gdf. Compl. : Il est ung petit baillet au front, N'as si bon lievre en tout le mont) souvent confondue avec baillet « brun, roux ».

     

    baille    1 du b. lat. baiula (fém. de baiulus), littéralement « celle qui porte », attesté au sens de « nourrice, bonne d'enfant », 2emoitié du vies. (Grég. de Tours, Vit. patr., 6, praef. ds TLL, s.v. baiulus, 1687, 53); 2 bajula « chose qui porte », ici « récipient renfermant une substance » (720-799, Paulus Diaconus, Carm., 7, 6, 1 ds Mittellat. W. s.v., 1313, 50); peut-être neutre plur., devenu fém. sing.
    bayette    s. f. Baguette. Ex.: Une bayette de fusil. ¬ Dial. - M. s., Normandie, Orléanais, Saintonge. (Dictionnaires du français du Canada-Québec-Acadie).
    néerl. baai     baeykijn ‘baaien kledingstuk’ [1520; MNHWS], baeykin “Cotelle” (=‘kledingstuk van vrouwen’) [1546; Naembouck], een baeyken ‘soort kledingstuk’ [1555; Luython], baey ‘grove, ruw gevlochten lap’ [1588; Kil.]; nu nog West-Vlaams voor ‘trui’: “wollen stof, doch tevens gebr. voor borst-rok” [1865-70; Schuermans], ‘wollen kamizool’ [1892; Bo] en “van daar ook het spreekwoord: op zijnen baai krijgen, voor geslagen worden (Kortrijk)” (Schuermans 1865-70).
        Ontleend aan Frans baie [1570], mogelijk afgeleid van het Oudfranse bn. bai ‘bruinrood’, dat via middeleeuws Latijn bag(i)us teruggaat op Latijn badius ‘kastanjebruin’. Deze ontleningslijn is te verklaren uit de bruinrode kleur van het weefsel.
    angl. baize    coarse woolen fabric, 1570s, bayse, from Fr. baies, fem. plural of adjective bai "bay-colored," from L. badius "chestnut-colored" (see bay (4)). Thus probably so called for its original color. French plural taken as a singular in English.
    esp. bayeta    De or. inc.; cf. it. baietta, fr. ant. baiette.
    port. baeta    ant. picardo bayette, do lat. badìus,a,um 'baio, castanho (cor original do tecido)'; segundo Nascentes, "os mineiros têm esse apelido porque antigamente se envolviam em capotes de baeta azul, nas viagens durante o tempo frio, através das estradas montanhosas da província"; ver 1baç- e baet-; c1574 baheta (Dicionário Houaiss da Língua Portuguesa)

     

    beaupré (mât)    Empr. avec altération pop. d'apr. beau et pré, au m. angl.bouspret, de même sens, étymon que justifie la localisation des 1resattest. fr. L'angl., attesté sous la forme bowsprit dep. 1296 (MED) n'est pas autochtone comme le montre l'apparition tardive de l'angl. bow « proue du navire » (1626 dans NED) et l'hésitation entre les formes bew-, bough-, boe-, bos- (MED, NED) révélant que pour les marins angl. le rapport avec bow n'était pas évident; l'angl. est empr. au b. all. bôchsprêt « beaupré » (Lasch-Borchl.), noté comme apparaissant en 1465, Kluge20, s.v. Bugspriet, mais certainement bien ant., corresp. à l'all. mod. Bugspriet (Bug « proue » et Spriet « livarde »). L'hyp. d'un empr. direct au m. b. all. (Kluge20, 1rehyp.; Behrens D., p. 69 et dans Z. fr. Spr. Litt., t. 39, p. 83; FEW t. 15, 1repart., p. 172, Bl.-W.5) convient moins bien étant donnée la localisation des 1resattest. fr. L'hyp. d'un empr. au néerl. boegspriet (Saggau, p. 74; Fass dans Rom. Forsch., t. 3, p. 499; Valkh., pp. 55-56; Gesch., pp. 252-253; Kluge20, 2ehyp.; Vidos Tecn., p. 36; EWFS2) ne semble pas acceptable étant donné le caractère récent du néerl. non attesté av. 1599 (Kluge20).