• BEL

    bélandre, balandre    Empr. au néerl. bijlander (Behrens dans Z. rom. Philol., t. 26, 1902, p. 653 et Über deutsches Sprachgut im Französischen, 1923, p. 66; Kemna, p. 157; Nyrop t. 1, p. 93; Valkh., p. 57; Boulan, p. 133; Vidos, p. 503; FEW t. 15, 1, p. 108) « petit bâtiment de transport à fond plat utilisé sur les rivières », plus anciennement billander, prob. pour *binlander d'apr. binnenlander, littéralement « bateau pour l'intérieur » (Gesch., p. 302; De Vries Nederl.). La forme balandre (dissociée à tort de béland(r)e par Sain. Sources t. 2, p. 59) est soit le résultat d'une assimilation régressive soit plutôt due à l'influence du fr. palandre (fin xves. « vaisseau servant au transport des chevaux », J. Molinet, Chron., ch. LXXIV Buchon dans Gdf.). Empr. à l'ital.,attesté au xives. sous la forme palandrea (Ciriffo Calvaneo dans Tomm.-Bell.) et en 1692 sous la forme palandra (Targa dans Vidos, loc. cit.) au sens de « bateau utilisé par les Turcs au Levant pour le transport des chevaux », d'orig. obsc., prob. turque (Vidos).

    bélier    Issu, avec changement de suff., de l'a. fr. belin « bélier » (ca 1178, Renart, éd. M. Roques, branche I,  1368 et passim, nom propre donné au mouton); déjà ca 1151 Belinus nom propre du mouton dans l'Ysengrimus,  cf. renard*), qu'il finit par évincer. Belin est − soit une adaptation du néerl. belhamel (Gallas) composé de bel «  cloche » et de hamel « mouton » littéralement « mouton à sonnaille », celui qui marche en tête du troupeau, bien  que le composé néerl. ne semble pas attesté av. le dict. de Kiliaen [1599] d'apr. FEW t. 15, 1repart., p. 92b; cf.  cependant le corresp. angl., de formation analogue, belwether, attesté dep. 1284 dans MED; − soit empr., avec  suff. -in* au m. néerl. belle « cloche » (Verdam), d'où la désignation, en fr., de l'animal porteur de cloche, le  bélier; à l'encontre de cette hyp., le fait que le m. néerl. belle n'a pas été empr. par le fr. au sens de « cloche »;  aussi est-il difficile d'affirmer avec EWFS2que belin a été à l'origine adj. dans mouton belin « bélier » (v.  cependant bélière). Même objection contre l'hyp. de A. Schossig dans Rom. Forsch., t. 71, 1959, pp. 27-43 pour  qui belin est dér. du m. néerl. bel non au sens propre de « sonnaille » mais au sens de « testicules » (cf. le sens de  cloche dans Renart, éd. Roques, 928); le m. néerl. bel étant à rapprocher du néerl. bal « balle, boule » dont les  corresp. en diverses lang. ont connu le même sens dér. (FEW t. 15, 1, p. 44, s.v. balla). L'hyp. d'une dér. de l'a. fr.  beler (bêler*) d'orig. onomatopéique (Barb. Misc. t. 2, no6; Valkh., pp. 57-58) offre moins de vraisemblance;  cependant les objections d'ordre phonét. formulées par Meyer-Lübke dans Die Neueren Sprachen, t. 35, 1927,  pp. 569-570 (l'a. fr. ayant selon lui connu beeler et non beler) ne semblent pas justifiées (v. dans T.-L. les  nombreuses attest. de l'a. fr. beler).

    belière     I.− 1. [1282 lat. médiév. belleria « anneau auquel est suspendu le battant de la cloche » (Sentent. ad calcem Necrol. Paris. MS ds Du Cange t. 1, p. 621a)]; 1402 juin dial. pic. berliere (Compte de l'hospital S. Jacques, Arch. Tournai dans Gdf. Compl. : Item pour refaire le berliere de le cloque dudit opital, qui siert au batiel d'icelle); 1415 bellière (Bulletin archéol. du Comité des travaux hist. et sc., Paris, Impr. nat., 1883); 1701 beliere (Fur.); 2. p. ext. 1409-10 balliere « anneau en général (souvent de suspension d'un objet d'église) » (Compte de la fabrique de S. Pierre, Arch. Aube, G 1559, fo124 rodans Gdf. Compl. : Pour reffaire de nuef une des ballieres des ensansiers qui estoit perdue); 1701 beliere (Fur.). II.− 1845 technol. (Besch. : Bélière [...] Sonnette du bélier qui conduit le troupeau).
        I mot peut-être d'abord formé en lat. médiév. eccl., puis passé en fr.; le fr. n'ayant pas empr. au néerl. un *belle « cloche », dont belleria pourrait être dérivé, belleria est directement dér. du m. néerl. belle « cloche » (v. bélier) avec suff. -aria (-ière*). Le recours à l'étymon frq. corresp. *bella (Gam. Rom.2t. 1, p. 371) ne paraît pas opportun, étant donnée l'apparition relativement tardive du fr. II fém. de bélier*. Le développement du r dans berlière fait difficulté; vraisemblablement forme hypercorrecte (cf. Gossen, 55).

    bélître    I (coquin) est empr., avec métathèse des consonnes, au m.néerl. bedelare (Verdam) ou au m.b.all. bedeler (Lübben, Mittelniederdeutsches Wörterbuch) « mendiant, gueux », subst. corresp. à l'all. Bettler (Valkh., p. 58; Barb., loc. cit.). II (mendiant) est d'orig. obsc.; un empr., avec métathèse des consonnes, au m.h.all. betelaere « id. » (Lexer; v. Valkh., p. 58) ne rend pas compte de la finale fr. en -i(s)tre (-s- étant prob. graph.); un empr. au m.néerl. bedelster « mendiante » (Verdam), fém. corresp. au masc. bedelare, dont le suff. -ster aurait été senti en fr. comme péj. (v. Günther dans FEW t. 15, 1repart., p. 100a), n'explique pas l'accentuation du mot fr. sur la 2e syll. Un étymon gr. β λ ι ́ τ υ ρ ι onomat. « son, mot dépourvu de sens » (L. Spitzer, v. bbg., puis Cor., s.v. belitre; déjà dans Mén. 1750) par l'intermédiaire d'un lat. médiév. blityri, blictri, au même sens, attesté de Boèce à Albert le Grand (TLL et Mittellat. W.) supposerait un empr. en mil. d'école ce qui n'est pas reflété par les 1resattest. fr.; de plus cette hyp. obligerait à dissocier la forme belleudre.

    belote        Origine inconnue. Ce serait F. Belot qui mit au point ce jeu de cartes d'origine hollandaise. Le mot pourrait provenir de « bel atout » ou bien du nom « belle ». Cf. coincher, et capo(t).