• BRA

    brader (néerl. par les dialectes picard et wallon) et braderie, bradeur, -euse :
        I.− 1448 Lille « rôtisserie » (Ord., XIV, 24 dans Gdf. : leur braderie ou rotisserie), attest. isolée.
        II.− [Fin xviiie s. d'apr. Lar. Lang. fr.]; 1834 rouchi (Hécart : Braderie, action de brader, consommation inutile. Il y a à Valenciennes une rue de la Braderie, qui tire son origine de ce verbe. Lorsqu'une denrée est trop abondante pour la consommation ordinaire, les vendeurs crient : al braderie, au reste, au reste!); d'où 1867 Flandre (Verm. : Il se fait, chaque année, à Lille, le premier lundi de septembre, un marché qu'on appelle la Braderie, parce qu'on n'y vend que des objets ternis, salis, troués, tachés, etc., en un mot bradés); d'où ca 1925 braderie (d'apr. FEW t. 15, 1, p. 234).
        I empr. au m. néerl. braderie « rôtisserie, restaurant à bon marché » (Verdam), terme formé à partir du rad. de braden « rôtir » (brader*) et du suff. fr. -erie*, v. Gesch., s.v. brader; Valkh., p. 73; FEW, loc. cit. II de brader* étymol. 2; suff. -ie*; terme formé en wallon et pic., et passé de là en français.

    bragard, braguard ((personne) gaie, qui aime les plaisirs)    1495 (Folie des Gorriers d'apr. H. Lewicka dans Kwart. neofilol., t. 1, 1954, p. 75); 1507 « fier, orgueilleux » braghar (Lemaire de Belges, Les Chansons de Namur, n, 296 dans Hug.); 1560 « vif, habile » bragard (E. Pasquier, Recherches, II, 16, ibid.) − 1690 (Fur. : ,,vieux mot & hors d'usage``), repris au xixes., supra. Dér. avec suff. -ard* du m. fr. braguer « faire le fier » (1547, Melin de Sainct-Gelays, A une mal-contente, I, 198 dans Hug.), lui-même dér. de brague*; cf. faire bragues (milieu xves. éd. 1480 Sermon des Maux de Mariage dans Anc. Poés. fr., Paris, 1855, II, 6, 7) et wallon braguer « orner, parer; faire de la toilette », Haust.

    brai (B)(orge broyée pour la fabrication de la bière)    Av. 1185 (A. Thierry, Monum. de l'hist. du Tiers-Etat, IeS., i, 77 dans Barb. Misc. XI, p. 12) − 1611 (Cotgr.); demeuré en wallon brā (Haust), brai (Verm.), brais « bière de mars » (Corblet); répert. dans la lexicogr. du xixes. dep. Ac. Compl. 1842. Du lat. brāces « sorte d'épeautre » d'orig. gaul. (d'apr. Pline, Nat., 18, 62 dans TLL s.v., 2162, 25). la forme brais. Pour cette graph. cf. aussi DG (qui, s.v. brai, renvoie à brais).

    brancard    Sans doute de la même orig. que branche* (FEW t. 1, p. 497 et REW3, no 1271) − soit dér. de la forme norm. branque (av. 1267 Lucid. dans Gdf. Compl.) d'apr. Bl.-W.5 et Dauzat 1968, avec suff. -ard* désignant des inanimés (cf. billard, buvard, placard, poignard, etc.) − soit empr. au prov. mod. brancan, brancat, brancal « brancard, grosse charrette, gourdin » (xvie s. C. Brueys dans Mistral) d'apr. EWFS2, DG, Nyrop t. 3, § 354, avec assimilation au suff. -ard*. Dans l'une et l'autre hyp., le fr. mod. brancal est empr. au provençal. Le recours à un étymon *brankareton « les bras » plur. collectif du gaul. *branka [lat. branca, v. branche] (Hubschmied dans Vox rom., t. 2, pp. 24-29) ne semble pas nécessaire pour rendre compte du suff. -ard.

    branderie (Se dit dans quelques provinces pour usine où l'on fait de l'eau-de-vie)     Allem. Brand, brûlement. (Littré).
        (Commerce) c'est ainsi qu'on nomme à Amsterdam les lieux où l'on fait les eaux-de-vie de grain. (Encycl. de Diderot et d'Alambert).
        Guiraud émet l'hypothèse d'une origine septentrionale (Nord)(1ère attest. 1811)

    brandestoc (Bâton creux contenant une ou plusieurs lames qui, une fois sorties (par un mouvement brusque ou grâce à un mécanisme à ressort), le transforment en pique)    "Bâton ferré aux deux bouts" [FEW XVII, 191a : springstok]

    brandevin    I empr. à l'all. Branntwein attesté dep. 1360 sous la forme du m. h. all. brantwin « eau de vie »,  composé de brant abréviation du part. passé gebrant « brûlé » et de win « vin », littéralement « vin brûlé,  c'est-à-dire distillé » (Pat. Suisse rom.; Weigand; v. aussi Tapp. t. 2, p. 18). II empr., prob. au cours des guerres du  xviies. (v. ex. de Richelieu) au corresp. néerl. brandewijn, attesté dep. le xives. sous la forme du m. néerl.  brantwijn (De Vries, Nederl.), v. aussi brandy. D'apr. De Vries, le mot serait autochtone en néerl.

    branque (mauvais ouvrier, niais)    issu de A avec infl. de braque* « étourdi, écervelé »; peut-être à rapprocher de B 1, le rouchi bonne branque « mauvais sujet, polisson » (Hécart, Dict. rouchi-fr., Valenciennes, 1834), rangé par FEW t. 1, p. 496b, s.v. branca (branche*).

    bransqueter (Soumettre au paiement d'une somme en menaçant à défaut de pillage et d'incendie, rançonner)    FEW XV-1, 253b-254a : néerl. brantschatten.
        Bransqueter, branscheter, branschatter, bracater, branqueter, brancheter, bracheler. Wall. branscater, rançonner ; branzecoter, bronzecoter, brusquer quelqu'un, l'offenser par des paroles rudes. (Godefroy)
        BRANSTATER. L'Empereur Maximilien I. dans une Lettre du 15. May 1513. à Marguerite sa fille, T. 4. pag. 135. des Lettres du Roi Louis XII. où il parle du Roi d'Angleterre : Ou sinon icelluy nostre frère peult dez ce mefme lieu de Crotoy prendre un chemin au pays de Normandie , & d'illecq branstater tout le plat-pays, de quoi il pourra entretenir plus de la moitié de saditte armée. Branstater, de l'Alleman brand stecken, c'est ravager, & proprement mettre en feu. Branstater, mot de la façon de l'Empereur Maximilien I. est ici employé par lui dans la signification de mettre sous contribution. Les Allemans appellent brandt-brief, une sauvegarde qui exempte de contribuer. On a dit aussi bransqueter & branqueter, dans la même signification de faire contribuer de peur du feu. Oudin, dans l'on Dictionnaire François-Italien: Bransqueter, cavar contributione per non appiecar il fuoco nette ville. L'Histoire du tems, &c. in-8, 1750, p.537. Il leur serait (aux Réformés) moins grief & pesant a avoir quitté la possession de leurs biens, que d'estre journellement tourmentez par branquetemens, renouveliez, à toute heure selon la mouche & avarice de Messieurs les Gouverneurs. Le Duchat. (Gilles Ménage, Dictionnaire etymologique, 1694)

    braquemart, braquemard    Empr. au m. néerl. breecmes « couperet, sarcloir, serpe », Verdam (Barb. Misc. 13, no14; Bl.-W.5; FEW t. 15, 1, p. 262b; Dauzat 1969), composé de breken, braecken « casser » et de mes « couteau »; à l'appui de cette hyp. bremas (Flandres, 1463 dans Gdf.) directement empr. à la var. breemes (Verdam). Substitution de la termin. -ar(t) à -as peut-être par attraction de mots comme jaquemart, plumart, renforcée ultérieurement par poignard. L'hyp. d'un étymon ital. bergamasco « (épée) de Bergame » (Baist dans Rom. Forsch., t. 14, p. 637; REW3, p. 1040; EWFS2; Dauzat 1969) fait difficulté étant donnée l'aire géogr. du mot fr. couvrant la Flandre et la Picardie (Gdf. Compl.; Barb., loc. cit.).

    brassin (cuve où l'on brasse la bière)    Dér. de brasser1*; suff. -in*. Latinisé en brassamen (1233, Tabularium de Cambrai dans Du Cange s.v.), brassinus (1240, Cartulaire de Cambrai, ibid.). Selon Barb., loc. cit., le suff. accolé à ce terme originaire de Picardie et de Wallonie serait d'orig. germ., à rapprocher du m. néerl. brassinghe (Verdam : brassinge).