• BRO

    brocante    1696 (Regnard, Joueur, V, 2 dans DG : Qui ... brocante, troque, achète).
        Terme d'orig. obsc.; peut-être germ., au cheminement difficile à préciser. Se rattacherait soit au néerl. brok « morceau, fragment », soit à son corresp. h. all. Brocken « id. » (De Vries Nederl., Kluge20; hyp. de FEW t. 15, 1, p. 291 et Bl.-W.5). Du sens de « fragment » serait issu celui de « vente au détail (sans ordre ni classement) ». La finale -anter est obsc.; FEW, loc. cit. l'attribue à une mauvaise compréhension du mot germ. lors de l'emprunt, ce qui paraît difficile à admettre étant donnée l'accentuation initiale du mot germ.; une influence de marchand est possible. L'écart chronol. entre brocanter et brocante empêche de voir dans le verbe un dér. du subst. Le m. néerl. broken « faire le courtier » (EWFS2) n'est pas attesté dans ce sens. L'empr. fait par le fr. mod. est précédé de celui, fait au m. néerl. brocke « fragment », de l'a. liég. a broke « en détail » (1377 dans Chartes confisquées aux bonnes villes du Pays de Liège après la bataille d'Othée [1408], éd. É. Fairon, Bruxelles, 1937, p. 293), d'où sont dér. l'a. fr. broqueur « courtier » (Gdf. Lex.) et abrokeur (xiiie s. Ban de St Omer, 44, cité par M. Roques dans Mélanges Duraffour, p. 3; cf. aussi abrocator « id. » xiiie s. dans Du Cange et Nierm.). 
        Auguste Vitu (Le Jargon et jobelin, P. Ollendorff, 1889, p.203) le fait remonter au jargon brocquant "joyeaux, bagues", dérivé de la prononciation picarde de "broche".
    brocard (railleries et chevreuil)    1394 brocart (Hardouin, Tresor de Venerie, p. 23 dans Gdf. Compl.). Dér. de broque, forme normanno-pic. de broche* (v. notamment, Moisy; Héron; Jouanc.; Picoche, Un vocab. norm. d'autrefois; Grangagnage, Dict. étym. de la lang. wallonne, où brocard désigne une dent saillante, une défense de sanglier) pris au sens de « premier bois du chevreuil »; suff. -ard*. cf. broquille.

    brodequin    1. 1314-16 broissequin « sorte d'étoffe » (Chaillou de Pesstain, add. au Roman de Fauvel, éd. A. Långfors, append. 749); fin xive s. [éd. 1559] brodequin (J. Froissart, Chron. IV, 348 dans Gdf.) − fin xve-début xvie s. (Le Mireur des Moines, Anc. Poésies fr., t. 13, p. 284 : chausses de brodequins); 2. 1476 brouzequin « sorte de chaussure ancienne couvrant le pied et une partie de la jambe » (Comptes du Roi René, éd. Arnaud d'Agnel, t. 2, p. 27); fin xve s. brodequin (E. d'Amerval, Diablerie, éd. C.F. Ward, 1923, p. 46a). Orig. obsc. 2 est prob. issu de 1. Il semble en effet difficile de séparer les deux mots, et le passage cité du Mireur [miroir] des Moines montre que le nom de la matière employée pour faire des chausses a pu facilement désigner tout ou partie de ces chausses; la forme brodequin est due à l'infl. de brosder/broder*. Un empr. de 2 au m. néerl. broseken « petit soulier » (Nyrop t. 1, p. 64; Valkh., p. 77; Dupire dans R. Nord., 1934, p. 98; EWFS2; DEI; Dauzat 1973) est à repousser (v. FEW t. 15, 1, p. 303), ce mot néerl., qui n'est attesté qu'à la fin du xvie s. étant prob. empr. au m. fr. bro(u)zequin (v. G. Francescato, dans Vox. rom. t. 20, pp. 296-97, et Cor. t. 1, s.v. borceguí). Un empr. à l'esp. borceguí (Bl.-W.5) ne convient pas du point de vue phonétique. L'hyp. de G. Francescato (loc. cit., pp. 295-306), qui voit à l'orig. des formes rom. un croisement entre un type d'orig. lat. (bruscum « nœud de l'érable ») et un type d'orig. ar., est douteuse en raison de sa complexité. L'étymon ar. signifiant « étoffe de couleur sombre » proposé par Cor. reste à identifier.

    broque (argot : sou)    Forme normanno-pic. de broche*, terme techn. « morceau de métal », d'où le sens de « menue monnaie, chose de peu de valeur » (FEW t. 1, p. 547b, in fine); passé dans le liégeois broke (FEW t. 15, 1, p. 302b). Cf. bourgue.

    broquelin (débris de tabac, dans les manufactures de tabac)    Allem. Bröklein, miette. (Littré) Dérivé du flam. brokkelen, mettre en pièces (Darmesteter & Hatzfeld)
        broqueline (Terme de manufacture de tabac. Botte de feuilles)(Littré)

    broquette (Petit clou à tête plate utilisé particulièrement par les tapissiers)    Forme normanno-picarde de brochette*.

    broquille (1821 arg. « boucle d'oreille »)    dér. de broque « arme pointue » forme normanno-picarde de broche* (1260, Bans, Tailliar, p. 244 dans Gdf.), comme broquette*; suff. -ille*

    brouter (et broutard)    1. 1165-70 broster « manger sur place l'herbe ou les feuilles des arbres » (B. de Ste-Maure, Troie, 13386 dans T.-L.); ca 1223 broutter (G. de Coincy, Mir-Vierge, 402, 90, ibid.); ca 1275 brouter (J. de Meung, Rose, 20879, ibid.); 2. 1803 « sautiller (du rabot) » (Boiste).
        Dér., avec dés. -er, de l'a. fr. brost « jeune pousse d'arbre » (cf. brout), issu du subst. a. b. frq. *brust « bourgeon » (EWFS2; Gam. Rom.2, t. 1, p. 323; v. aussi FEW t. 15, 1, p. 316a), lui-même à rattacher au verbe a. b. frq. *brustjan que l'on peut déduire de l'a. sax. brustian « bourgeonner ». L'hyp. qui consisterait à partir du verbe (REW3, no 1344), fait difficulté étant donné que *brustjan ne semble pas pouvoir expliquer broster.