• CAG > CAJ

    cagnon, kignon, s.m., petit chien :  "Et puis l'aplanoit (le lion) de sa main tout ausi com çou fust uns kignons" (Kassidor.). Cagnon es encore usité à guernesey avec le même sens ; dans la vallée d'yères il désigne un méchant cheval ; dans la Picardie, Vermandois, il signifie homme mal conformé, pauvre diable disgracié de la nature. (Dictionnaire d'ancien-français de Godefroy)

    cagoule (et cagoulard)    Ca 1175 cogole « vêtement de moine » ([B. de Ste Maure], Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 13539); 1552 cagoulle (Rabelais, Quart Livre, chap. XI). Du lat. chrét. cuculla « vêtement de moine » (v. aussi cucul(l)e) qui est la forme fém. correspondant au masc. cucullus « voile, capuchon couvrant la tête » (Columelle ds TLL s.v., 1280, 70); en tant que terme d'Église et parce qu'originaire de la zone sud-ouest de la langue d'oïl (cf. a. prov. cogola), a conservé, sous la forme -g-, le -c- intervocalique; passage de o initial à a par dissimilation.

    cague (sorte de petit bâtiment hollandais qui sert à naviguer sur les canaux)    1702 (Aubin, Dict. mar. ds Boulan, p. 137). Empr. au néerl. kaghe, kaag « bachot » d'orig. incertaine (Verdam Nederl., s.v. kaag).

    cahoter    Orig. obsc. L'unique attest. du mot en a. fr. (s'il s'agit bien du même mot), ne permet guère d'accepter l'hyp. d'un étymon frq. *hottôn « secouer » [dont est dér. le frq. *hottisôn, v. hocher] (FEW t. 16, p. 233b; Bl.-W.5). Le corresp. m. néerl. hotten « secouer », Verdam (Valkh., p. 330) est un étymon plus vraisemblable.

    cahute    Soit croisement de hutte* et de mots tels que cabane*, caverne*, soit dér. de hutte* avec préf. péj. ca- (v. caboche; FEW t. 16, p. 277a et b, EWFS2, s.v. ca- et s.v. cahute). Cf. cajute.

    caïeu, cayeu (bourgeon)    1625-51 norm. cayeux plur. (David Ferrand, Muse Normande, III, 291, 2 ds A. Héron, Gloss. de la Muse Normande, Rouen, 1891-95, rééd. Slatkine Reprints, Genève, 1969); 1651 (N. de Bonnefons, Le Jardinier françois, Paris, p. 226 : la plante grossissant toûjours par les Cayeux qu'elle jette en abondance). Terme norm.; même mot que l'a. fr. caiel/chael « petit chien » empl. p. métaph. (FEW t. 1, 1, p. 497b; EWFS2) forme normanno-pic. de l'a. fr. chäel (Wace, Rou, II, 4186 ds T.-L.) qui désignait également les petits de toutes sortes d'animaux (cf., p. ex., Psautier Cambridge, XVI, 12, Michel ds Gdf. : Li chael del luin), du lat. catellus « petit chien ».

    caille (oiseau)    Issu d'une forme d'orig. onomatopéique quaccola attestée ds les gloses de Reichenau (éd.  H.-W. Klein, Beiträge zur romanischen Philologie des Mittelalters, t. 1, 1968, 2975 quaccola, 530 quaccoles, 317a  quacules). Sur l'hyp. d'un étymon frq. *kwakla induit du néerl. kwakkel (Gam. Rom. t. 1, p. 214; v. aussi  EWFS2; cf. W. von Wartburg, Mots romans d'orig. germ., Mélanges J. Haust, Liège, 1939, p. 426), il est  vraisemblable que le néerl. se rattache directement à quaccola, qui semble avoir vécu en milieu ouest-germ. (cf.  Kluge, s.v. wachtel).
        Picard, coaille, coille ; wallon, quaie ; provenç. calha ; catal. guatlla ; vieux espagn. coalla ; ital. quaglia ;  bas-lat. quaquila ; de l'allemand : flamand du moyen âge, quakele ; anc. Haut allem. wahtala ; allem. moderne,  wachtel.    Au XIIe siècle, dans Ch. d'Ant. IV, 381: Ses escus ne li vaut le pan d'une ouaille, L'elme ne le clavain  vaillant un oef de quaille, Tout soef l'abat mort que gaires n'i bataille (Littré).
    caillette (pétrel)    Dér. de caille*1, prob. à cause de la couleur de certaines variétés de ces oiseaux et de la  confusion entre les pétrels (notamment les pétrels-tempête, de petite taille) et les cailles venant d'Angleterre par la  Picardie lors des migrations; suff. -ette*.
    cailleter (bavarder)    Dér. de caillette; dés. -er.
        Dans le commencement du XVIe siècle, il y avait un personnage fictif, très populaire ; c'était l'innocent  Caillette, sur lequel on trouve beaucoup de renseignements dans la Vie et Trespassement de Caillette, 1514  (Recueil des poésies françoises des XVe et XVIe siècles, par A. de Montaiglon et James Rothschild, t. X, 1875). Ce  personnage (pauvre idiot mendiant aux halles de Paris, mort a l'Hôtet-Dieu en 1514) explique fort bien l'emploi  que la Satire Ménippée, d'Aubigné et d'autres font du mot caillette (voy. l'historique). (Littré)
    caille : du néerlandais kakkel, onomatopée. 12ème siècle (http://www.latinistes.ch/Textes-etymologie/flamand-medieval.htm)

    caqueter    Dér. du rad. onomatopéique kak- reproduisant le piaillement de certains oiseaux; dés. -er. À  rapprocher du b. lat. cacabare (cacaber*).
        Malgré le dire de Pasquier, il est difficile de passer de coquet à caquet ; ce changement de l'o en a, possible en  soi, n'étant pas justifié ici par l'historique, qui n'a jamais que la forme en a. Jusqu'à plus ample informé, il ne faut  voir dans ce mot qu'une onomatopée. (Littré)


    cacaber    Empr. au b. lat. cacabare; lui-même empr. au gr. κακκαϐίζειν.

    caillebotte    Composé tautologique (Guir. Étymol., p. 11) à partir de la forme verbale caille (v. verbe cailler) et de botter* au sens de « s'agglomérer » qui est prob. bien ant. à sa 1reattest. en ce sens (en parlant de la boue sur les chaussures ds Fur. 1690).

    caillebot(t)is    Issu de caillebotte* (FEW t. 2, p. 817b et 818a) p. réf. à l'empreinte des claies sur lesquelles on fait égoutter le lait caillé et qui ressemblent à des caillebottis (cf. H. Coulabin, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891, p. 68 : Cailles ou Caillibottes, espèce de fromage au lait cuit, puis divisé par carrés dans la forme d'un damier); l'hyp. d'un empr. à l'ital. carabottino (EWFS2), attesté dep. le xixes. notamment au sens de caillebottis (Batt.), fait difficulté des points de vue chronol. et phonétique.

    cailler    Début xiies. « se coaguler, se figer » (Psautier Oxford, CXVIII, 70 ds Gdf. Compl.); début xives. subst. masc. caillé issu du syntagme lait caillé (Fab. d'Ov., Ars 5069, fo193e ds Gdf. Compl. : caillié fres). Du lat. class. de même sens coagulare.
        Espagn. cuajar ; portug. coalhar ; ital. quagliare, cagliare ; de coagulare (voy. COAGULER). Formation régulière, l'u bref ayant disparu, il est resté coaglare d'où coailler dans un texte du XIIe s., et finalement cailler. (Littré).
        Rabelais utilisa ce mot en 1546 probablement en faisant référence à la cuisine de sa région d'origine. Mais la plus ancienne mention de la caillebotte se trouve dans le Catholicon, le premier dictionnaire trilingue du monde (breton-français-latin), rédigé par Jehan Lagadeuc en 1464, c'est le premier dictionnaire de breton et le premier dictionnaire de français. C'est la forme « caillibote » que l'on trouve dans le Catholicon, c'est à dire la forme gallèse de la Haute-Bretagne romane, et « coulet » en breton pour la Basse-Bretagne (« kaouled » en breton moderne). Il semble donc bien que ce soit à l'origine une spécialité bretonne, les « Caillebottes de Bretagne » étaient d'ailleurs particulièrement renommées, et citées dans les livres de cuisine comme celui du Sieur de La Varenne : Le cuisinier françois (éd. de 1680), ou comme celui de Cora Millet-Robinet : Maison rustique des dames (éd. de 1859). La Caillebotte est restée bien vivante en Bretagne avant d'être détrônée par le yaourt dans les années 1950-1960, elle est décrite dans la Cuisine traditionnelle de Bretagne de Simone Morand (1998). Ce fromage a donné son nom à des étagères à claire-voie, les caillebots sur lesquelles il est mis à égoutter. De là le terme de caillebottis, puis caillebotis, donné au capot à claires-voies couvrant une écoutille et tout plancher à claires-voies. Selon la région, il s'écrit caillebotte ou caillebote / caillibote avec un seul t. (wikipedia).

    caillette (4e estomac des ruminants)    Dér. d'un a. fr. *cail, caille « présure, ou organe digestif dont on fait la présure » postulé par de nombreuses formes dial., p. ex. cail (région de Nantes) « partie du tube digestif du veau dont on fait la présure » et l'a. prov. calh « lait caillé » (cf. également le m. fr. caille « lait caillé, petite masse de lait caillé », et l'arg. caille « indélicatesse » qui semble issu d'un type *caille « estomac »), du lat. coagulum « présure »; suff. -ette*.

    caillou    la forme normanno-pic. caillou a supplanté la forme francienne chaillou, ainsi que le m. fr. chail (1470), directement issu de *caljo, et ses dér. c(h)aillo(t) et c(h)aillel (région.)

    cajoler    Orig. incertaine; peut-être adaptation sous l'infl. de cage* du m. fr. gayoler « caqueter, babiller comme un oiseau » (1525, Banquet du boys ds Gdf.), dér. de gaiole forme pic. de geole* « cage » (xiie s. d'apr. FEW t. 2, 1, p. 554b; 1278, Roman de Hem., ds T.-L.) avec infl. sém. de enjôler* « attirer (dans une cage) par des vocalises qui flattent » (Dauzat 1973). − Cette hyp. semble préférable à celle qui consiste à dissocier cajoler « caqueter, babiller » et cajoler « flatter » (EWFS2 et REW3, no 1790 et 3640) et considérant le premier soit comme un dér. de l'anthroponyme Jacques désignant la pie dans certains dial., soit comme une formation onomatopéique à partir de cacarder* « caqueter », le second comme un croisement soit de enjoler et de caresser, soit de l'a. fr. jaiole « petite cage » et de caresser.
        Le Dictionnaire d'ancien-français de Godefroy donne cageoler, cajoler, cajoller, "chanter, en parlant des geais et des pies", puis "chanter". Wall. crajoler, "bigarré" ; namurois, cajoler, "enjoliver".

    cajute [kaʒyt]    Empr., par l'intermédiaire de la lang. écrite, au néerl. cajuit « cabine dans un bateau », m. néerl. kayhute, mar., 1455, lui-même empr. au fr. cahute*. Le b. all. kajute « id. » est un étymon moins probable, les échanges avec la Hanse ayant été paralysés par la Guerre de 30 ans. Cf. cahute.