• CAL

    calamine, calaminaire, calaminer    1. xiiie s. forme normanno-pic. calemine « silicate hydraté de zinc » (Rem. pop., Am. Salmor, ds Études romanes dédiées à G. Paris, p. 259 ds Gdf. Compl.) − 1403, Tournai callemine, ibid.; xive s. [d'apr. Littré] chalemine (Du Cange t. 2, p. 20b); 1390 calamine (Médecine Franche-Comté, 23 ds IGLF Techn.); 2. 1928-33 autom. (Lar. 20e); 1928-33 métall. (ibid.). Calemine, chalemine est une formation semi-sav. à partir du lat. médiév. calamina « id. » (ca 1100 ds Mittellat. W. s.v., 15, 36) transformation du lat. cadmea (cadmie*) par un procédé obscur et très anc., comme le montre son évolution phonét.; v. Romania, t. 33, pp. 605-606; calamine est une réfection savante. Voir La Calamine (commune de Moresnet), en Belgique.

    calandre, calandrer, calandrage, calendreur    a) [Calendruer*, 1313 (kalendreur) et calendrer*, 1400] 1483 technol. « cylindre pour lustrer les étoffes » (Escript de lewiuer d'entre Jehan Carpentier et Jaquemart Pincemaille, chir., A. Tournai ds Gdf. Compl.); b) 1928, supra; c) 1948 automob. (Nouv. Lar. ill.). Prob. issu par assimilation vocalique d'un a. fr. *colandre, lui-même issu d'un b. lat. *colendra adaptation du gr. κ υ ́ λ ι ν δ ρ ο ς (cylindre*) avec changement de genre peut-être sous l'infl. de columna (colonne*) (Schuchardt ds Z. rom. Philol., t. 26, pp. 410-414; FEW t. 2, p. 935 et Bl.-W.5; v. aussi Brüch ds Z. rom. Philol., t. 65, 1949, pp. 195-222). L'intermédiaire du prov. calandra (calendra 1470 ds Pansier; REW3, no2437) n'est pas justifié. Un empr. au néerl. kalandern « glisser » (EWFS2) est à écarter, le néerl. étant empr. au fr. (De Vries Nederl.).

    calandre (insectes)    xves. calende « charançon » (Catholicon Lille, éd. A. Scheler, s.v. gurgulio [lire curculio]); 1504 calandre (J. Le Maire, IV, 24 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 288). Prob. var. dial. de charançon* (Bl.-W.5), mais dont l'orig. et l'évolution restent obsc. L'hyp. d'un empr. au néerl. kalander « id. » (Behrens D., p. 33) est à écarter, le néerl. étant empr. au fr. (De Vries Nederl.; Valkh.). Un emploi métaph. de calandre « oiseau » (Dauzat 1973) est peu probable.

    cale (Morceau de bois, de fer, etc., qu'on place sous ou contre un objet quelconque, afin de le mettre d'aplomb ou de l'immobiliser), caler (arrêter) et argot calancher (mourir)    1611 (Cotgr.). Prob. empr. à l'all. Keil « coin, cale » (Brüch ds Z. rom. Philol., t. 38, p. 697; FEW t. 16, p. 311; Bl.-W.5), peut-être par l'intermédiaire du mosellan [dial. germ. de Moselle] kall où la diphtongue a été réduite à la voyelle a (FEW).

    calembredaine    1798 (Ac.). Le 2e élément -bredaine est à rattacher à tout un groupe de termes dial. de la famille de bredouiller* (FEW t. 1, p. 541a); à l'appui de cette origine, les formes de Suisse romande ds Pat. Suisse rom., et norm. (Moisy); la forme calembourdaine (Genevois ds Pat. Suisse rom.) est issue du croisement avec bourde* « plaisanterie, parole en l'air » de la même sphère sém.; v. aussi Guir. Étymol., pp. 15-16.
        Le 1er élément est obscur; il est peut-être à identifier avec le préf. péj. ca-, cal(i)- (v. caboche), dont il serait une forme nasalisée; cf. pic. calaimberdaine (Corblet).
        L'hyp. de Guir., loc. cit., qui, rapprochant calem- du wallon calaude « babillarde », calauder « bavarder » et du pic. calender « dire des balivernes », tous empr. au flam. kallen « bavarder » (v. FEW t. 16, p. 298a) suppose un verbe *caller, fait difficulté du point de vue phonét. et géogr., et rend improbable pour ce mot la thèse d'une composition tautologique (*caller + brediner).

    calfeutrer (de feutre, d'origine germanique) Altération de calfater* avec développement d'un -r- épenthétique par croisement sém. avec feutre*, le feutre ayant servi de bourre.  Calfater, rendre étanche, au moyen d'étoupe goudronnée, les points et les interstices des bordages du pont d'un navire. (peut-être d'origine méditéranéenne).

    câliner    Prob. empr. au norm. caliner (Decorde : Caliner. Se dit des animaux qui se reposent à l'ombre dans les grandes chaleurs), dér. (avec dés. -er) du norm. caline (ibid.; Moisy) « chaleur étouffante, lourde » correspondant à l'a. et au m. fr. chaline, attesté du xiies. (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, éd. Fahlin, 21427) au xives. (P. de Crescens ds Gdf.), relevé par Cotgr. 1611 et encore en usage en poit. (Lalanne), d'un lat. vulg. *calina dér. du rad. de calere « être chaud » (v. REW3, no1517); cf. norm. caliner « faire des éclairs de chaleur », calin « éclair de chaleur » (Moisy). Pour l'évolution du sens de « chaleur » à celui de « paresse, indolence » cf. chômer (v. FEW t. 2, pp. 538b-539a); la longueur du a de câliner est peut-être le reflet d'une prononc. dial. − L'hyp. de Gamillscheg (EWFS2) selon laquelle câliner remonterait à l'a. fr. chadeler « conduire, mener qqn » (lat. capitellare, de caput), par l'intermédiaire d'une forme *cadliner supposée à partir du norm. cadeler « choyer, caresser » (Moisy) et de l'empr. m. angl. to caddle « id. » (Cotgr. 1611), fait difficulté du point de vue phonét.; pour les mêmes raisons, l'étymon lat. catellus « petit chien » (Spitzer ds Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 697-699; REW3, no1763) ne semble pas recevable.

    câlin    Malgré un léger hiatus chronol., déverbal de câliner*.

    calumet    1625-55 « roseau pour fabriquer des pipes » (Lettre plaisante de Tienote nouriche demeurant o Tronquay à Madame Alix ds La Muse normande, éd. A. Héron, Rouen, 1891, t. 1, p. 46); 1732 « sorte de grande pipe des Indiens d'Amérique » (Trév. : C'est un instrument des Sauvages de l'Amérique). Forme normanno-pic. de chalumeau* avec substitution de suff. (-et*).