• CHA

    chabot    Orig. obsc. À rapprocher de l'a. prov. cabotz « poisson à grosse tête », bien attesté dans le sud-ouest du domaine occitan, issu d'un lat. vulg. *capŏceu (dér. de caput « tête ») littéralement « poisson à grosse tête ». Cependant un empr. du fr. au prov. avec restitution d'un sing. c(h)abot d'apr. les mots en -ot ayant leur plur. en -oz, fait difficulté, l'ancienneté du type cabot et la présence des deux types cabot/chabot dans le domaine fr. étant plutôt caractéristiques d'un mot autochtone. L'hyp. de Sjögren reprise par FEW selon laquelle chabot serait composé de chat (à cause de l'agilité de ce poisson) et de l'a. fr. bot « crapaud » [v. bot* (pied)] fait difficulté du point de vue géogr., le type bot étant absent du domaine occitan.

    chahuter    Orig. obsc.; peut-être formation onomatopéique d'orig. dial. (FEW t. 4, p. 502a); cf. dial. du Centre cahuer « huer », cahuler, cahuter « crier de douleur (en parlant du chien) » (Jaub.), composé de huer*; la 1resyll. de chahuter est peut-être due à un rapprochement avec chat-huant* : cf. dial. du Centre chavouner « se servir du chavon [proprement « chat-huant » : instrument dans lequel on souffle pour imiter le cri du chat-huant]; proférer des cris contre une personne qui fuit, huer », chahuanner « poursuivre de cris » (Jaub.); la finale -huter pour -huer peut-être d'apr. bahuter*. Chahuter ne semble pas directement dér. de chat-huant et le vendômois chahuter « crier comme un chat-huant » cité par Sain. Lang. par., p. 299), paraît résulter d'un rapprochement second. (v. Esn.). Cf. bahut.
        Origine normand ou b. ? (1795) pour Guiraud.
        Chahut, F., danse folle, imitée de la chouette ou cat-huette à la tenderie. Cahuer, chavouner, cahuler, dans le Ce., veulent dire crier comme le cat-hu-ette, le chat-huant, le cat-hulotte.
        Chahuter, F., danser le chahu-t, en rouchien, faire des gestes ridicules et mal placés en dansant, faire du bruit, du vacarme; renverser, culbuter : comme la chouette et les oisillons au brai et le chahuteur au bal. (Timmermans).

    chaloupe    1. 1522 chaloppe « sorte de bateau plat » (Texte de Bretagne d'apr. Bl.-W.1-5); xvies. chaloupe (Chron.  bordeloise, I, 258, Delpit, d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 301); 2. 1845 chaloupe « danse échevelée »  (E. Bourget ds Larch. 1872).
        Orig. discutée. 2 hyp. : a) emploi fig. du dial. chalope, m. fr. chaloppe « coquille de  noix, pellicule du noyau » (cf. chalouppe de mer « coquillage »), issu par aphérèse de l'a. fr. eschalope « coquille (de noix) » (1224, G. de Coincy, éd. F. Koenig, I, Mir., 44,  563 : escalophe), lui-même dér. de eschale (écale*) avec finale de enveloppe ; b) empr. au néerl. sloep « embarcation, chaloupe ». À l'encontre de la 2e hyp. : − le caractère tardif  du néerl. ; − l'orig. fr. de la plupart des formes germ. (all. Chaloupe 1648,  Kluge20; angl. shallop 1578, NED). Les rapports de chaloupe avec le type a. gasc. calup, galup (dep. le xiiies. ds  FEW, loc. cit., p. 83b) sont obscurs : au cas où les 2 types seraient apparentés, la 2ehyp. serait à écarter. Pour des  raisons phonét., il semble difficile d'admettre avec FEW et Bl.-W.5un empr. du néerl. sloep au fr.; le néerl. serait à  rattacher au verbe sluipen « se glisser, se couler ». Cf. sloop.

    chalut, chalutier    Orig. obsc.; mot des dial. de l'Ouest et de Normandie (arrondissement de Bayeux, Duméril), peut-être à rapprocher de chalon (d'orig. obsc. Le m. fr. chalon « sorte de bateau » (lat. médiév. chalonnus, 1381 ds Du Cange ; 1395 m. fr. chalon, ibid.) est plus prob. une forme de chaland* ; aussi l'hyp. de EWFS2 faisant remonter chalon 1 et 2 et chalut, qui serait une forme gasc. au néerl. sloep (chaloupe*) semble à écarter).
        Serait-ce une forme provinciale de châlit (voy. ce mot, à l'étymologie), le filet étant ainsi dit par une vague assimilation à un châlit (bois de lit) ? Châlit : Picard, calit ; Saintonge, chalosse, chalut ; espagn. cadalecho, lit de branches d'arbre ; ital. cataletto, litière, cercueil, lit de parade ; bas-lat. cadeletus ; de catar, voir, regarder (voy. CATAFALQUE), et lit. Le sens propre est lit de parade, et puis toute espèce de bois de lit. Dans l'ancien français, chaa-lit ou chae-lit (de trois syllabes), chaa ou chae répond à cata. L'accent circonflexe de châlit est la trace de la contraction de chaa ou chae en cha. (Littré).

    chantoir (entonnoir où se perd l'eau d'un ruisseau qui resurgit plus loin)    Ca 1280 chantore (Arch. de l'Etat de Liège : polypt. des Pauvres-en-Ile ds B. de la Comm. [belge] de Topon. et Dial., t. 43, p. 127); 1547 chantoire (Arch. de la Cour d'Esneux, ibid., t. 28, p. 272). Empr. au wallon liég. tchantweŕ, masc. dér. à l'aide du suff. -atoriu (> fr. -oir) du verbe tchanter (chanter*).

    chatouiller     Orig. incertaine; l'hyp. la plus probable est celle d'une orig. onomatopéique, plusieurs lang. européennes exprimant cette même notion par la succession des consonnes k-t-l (FEW, s.v. kat-l ; Bl.-W.5) g-t-l (REW3, no4684), notamment pour les lang. rom., dans les domaines ital. (REW3) et prov. (catilha, gatilha, Mistral) avec voyelle radicale -a- et dans les lang. germ. : a. h. all. kizzilōn, m. h. all. kitzeln, a. nord. kitla (Kluge20, s.v. kitzeln) avec voyelle radicale i; cf. lat. médiév. catilare « chatouiller » (viiie-ixes. ds Mittellat. W. s.v., 382, 9). En fr. la forme suffixée en -ouiller a prévalu sur les autres types : catillier (xiiies., pic. Dit de Cointise, éd. A. Henry, 102 ds R. Lang. rom., t. 68, p. 189) et cateillier (v. supra); dans les formes non dial. en ca- (Ch. d'Orléans), la force expressive de l'onomatopée se serait maintenue (d'apr. FEW. loc. cit.) empêchant le développement régulier k > č. Cette évolution k > č montre l'ancienneté du mot : aussi l'hyp. d'un empr. au b. all. (EWFS2) ou au néerl. katelen « chatouiller » (Dauzat 1973) semble-t-elle à écarter. Une dérivation directe de chat (Sainéan, La Création métaphorique en fr. et en rom., le chat ds Beihefte zur Z. rom. Philol., t. 1, 1905, p. 33 repris par Dauzat 1973) offre peu de vraisemblance, ce mot ne pouvant être évoqué que comme étymol. seconde.