• DI

    diève (Terme de géognosie. Nom donné, dans le nord de la France, aux dépôts argileux qui se trouvent dans le terrain houilleux et sur lesquels sont souvent les nappes d'eau souterraines. On dit aussi dief, s. m.)     Angl. deep, profond. (Littré). D'origine flamande (1842) pour Guiraud.
        Quelques noms de terre plastique méritent également qu’on s’y attarde quelque peu. Le mot « derle », dièle en wallon (et son dérivé de métier, le « derleur », dièleû en wallon) ‘sorte d’argile très blanche’ (attesté depuis 1328 sous la forme derle), d’origine gauloise (FEW 3, p. 50b *DERVULA pour *DERGILA), est encore relativement connu dans les régions de Wallonie où cette exploitation s’effectuait 31 ; bien que le FEW précise « aus dem wallon. entlehnt fr. derle, daraus sp. derla », le mot n’est plus enregistré par le TLF ni par les recueils de régionalismes de Belgique, mais il l’était chez Littré (t. II, p. 1083, daté de 1688 d’après un Arrêt du Conseil d’État) ; il est bien présent aussi dans les divers lexiques techniques du XIXe s. (depuis 1804) et encore dans celui de Plaisance en 1958 (voir ITC 1). À côté de ce terme, on trouve le terme picard diève, se rattachant plutôt au simple *DERVA (ou *DERVULA); la variante a été empruntée par le français (cf. ALW 6, § 2 + note 8) et figure chez Littré (t. II, p. 1157) sous la forme diève ou dief. (Jean Germain, De la houille au chantoir, Quelques termes du sous-sol wallon connus et moins connus).

    digue, diguer, endiguer    Empr. au m. néerl.dijc (Verdam; Valkh., pp. 108-109), de même sens.

    dikkenek (B)    (littéralement « gros cou ») vantard.

    dinguer    1540 « vaguer (?) » (Vie de S. Hermantaire), attest. isolée; 1833 fam. envoyer dinguer qqn (Vidal, Delmart, Caserne, p. 90 ds Mat. Louis-Philippe, p. 94); cf. 1863, juill. (Goncourt, loc. cit.). Dér. du rad. onomat. ding-, prob. issu par dissimilation de dind- var. de dand- exprimant le balancement d'une cloche, v. dandiner. - Dérivé : valdinguer, comp. de val[ser]* et de dinguer*.
        Danse, P., coups. Fiche une danse, battre : en rouchien, donner une danse. La danse fut assimilée au dandinement du dandillon. Le d s'est changé en s en franc., en z en it. : danza. Dancher, de Borel, se rapproche de dinguer, en dan. danke, battre. (Timmermans).

    disette       (première attestation en picard) Ca 1200 disiete (Antioche, éd. P. Paris, VIII, 458) cf. aussi 1250 disgete (Acte de donation fait à Douai ds Tailliar, Recueil d'Actes des XIIeet XIIIes., p. 178); ca 1200 disete (Renart, éd. M. Roques, X, 10629).
        Orig. obscure. L'hyp. d'une formation sur dire1* (v. rem. p. 246) d'après le sens de ce verbe dans les expr. formées à partir de à dire « manquant » (cf. dire1étymol. 8 a et adirer*) (FEW t. 3, p. 69b; Bl.-W.51rehyp.) semble possible mais la forme d'a. fr. disgete reste alors inexpliquée.
        Un empr., à l'époque des croisades, au gr. byzantin δ ι ́ σ ε χ τ ο ς « bissextile », transcr. du lat. bissextus (par substitution de δ ι- « double » au lat. bi-) dans un emploi subst. au fém. avec la signification de « année mauvaise », cf. bicêtre1, est possible et expliquerait la présence du terme en a. gênois dexeta (Schwyzer ds Z. vergl. Sprachforsch t. 56, p. 311; Bl.-W.52ehyp.).
        Les hyp. à partir de formations latines comme desecta emploi subst. fém. du part. passé de desecare « séparer en coupant » (DIEZ5, p. 562) ou disjecta, emploi subst. du part. passé de disjicio « jeter, disperser, séparer, détruire » (Littré; A. Jenkins ds Mélanges A. Thomas, 1927, p. 311) ou decepta emploi subst. du part. passé de decipio « surprendre, tromper, décevoir » (Cornu ds Romania t. 32, pp. 124-125) laissent trop de difficultés phonétiques ou sémantiques inexpliquées.
        L'hyp. d'une orig. bret. (Gamillscheg ds Z. rom. Philol. t. 40, p. 528 et EWFS2), fondée sur une forme mod., est encore moins probable.

    disloquer         1. 1546 méd. (R. Est., Dict. Latino-gallicum, 752bd'apr. Vaganay, Hist. fr. mod.); 2. 1580 fig. « rompre l'unité d'un ensemble » ici en parlant de l'âme (Montaigne, Essais, III, X, éd. A. Thibaudet, p. 1125); 1831 pronom. (Hugo, Feuilles automne, p. 711); 3. 1842 p. ext. « séparer violemment » (Balzac, Autre ét. femme, p. 408). Empr. au lat. méd. médiév.dislocare « disloquer » ca 1250 d'apr. Latham; disloquer est le doublet savant de desloer, desloier « luxer » (1168-91 Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 4387 − xvies., Hug.) issu d'un lat. vulg. *dis-locare.