• ES

    escalin, escarlin (Ancienne monnaie d'argent des Pays-Bas. P. méton., vx, fam. Cheval qu'on louait pour le prix d'un escalin (d'apr. St-Riquier-Delp. 1975))    Prob. empr. au m. néerl. schellinc, de même sens (Verdam). Le -a- fait problème, v. FEW t. 17, p. 32a, note 2, Fouché, p. 702 et EW F S2, qui propose l'infl. du nom Carolus, v. carlin, monnaie italienne.
    escalin ("Prob. planche sciée sur dosses" (Éd.))    [*FEW XVII, 32a : schellinc ; TLF VIII, 107b : escalin]

    escalope    Mot d'orig. obsc. peut-être dér. de écale* « coquille », avec le suff. de enveloppe*, cf. déjà l'a fr. escalophe « coquille de noix » (ca 1223, G. de Coinci, Miracles de Nostre Dame), escalope « coquille d'escargot » (2e moitié du xiiie s., Rutebeuf, Ste Elysabel, 1860 ds Œuvres).  Escalope, au sens de coquille, tient au germanique : allem. Schale, écaille.

    escap (Faire escap (à un oiseau). Faire connaître son gibier (à un oiseau de proie); Animal d'escape. Animal domestique (pigeon, lapin) à la poursuite duquel on lâche un oiseau de proie)    Déverbal masc. (sous la forme normanno-picarde) et fém. de échapper*

    escarbille (néerl. par un dialecte wallon)    1667 à Valenciennes escabille (L'Information, 22 janv. ds Hécart, p. 187), attest. isolée; de nouv. 1780 en fr. escarbille (Annales de l'agricult., mars, p. 139 ds DG). Terme de la région de Valenciennes, déverbal de èscrabyî « gratter » (encore employé à Nivelles, cf. FEW t. 17, p. 56b), lui-même empr. au m. néerl. schrabben, schrabbelen « gratter, racler » (1576 ds Barb. Misc. 12, p. 279; Verdam).

    escarboucle (pierre précieuse)    Ca 1150 [ms. mil. xiiies.] escharbocle (Nymes, éd. McMillan, 245). Altération d'apr. boucle*, de l'a. fr. escarbocle (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 1531 : escarbuncle), dér. de l'a. fr. carbocle (ibid., 1326 : carbuncle; devenu ultérieurement carbo(u)cle) empr. au lat. class. carbunculus « petit charbon; escarboucle ». Cf; escarbille.
        Provenç. carbuncle : espagn. carbunclo ; ital. carbonchio ; du latin carbunculus, escarboucle, diminutif de carbo, charbon. (Littré).

    escarcelle    [Fin xiiie s. au fig. escarcele (G. d'Amiens, Dit d'Amour, 19, éd. A. Jeanroy ds Romania t. 22, p. 59 : L'escarcele m'a resoiet « m'a coupé l'escarcele » c. à d. au fig. « m'a ôté ma force »)]; 1296 au propre escarciele (Chr. Dehaisnes, Doc. [...] concernant l'hist. de l'art dans les Flandres, t. I, p. 90 ds IGLF). Empr., − soit à l'a. prov. escarcela « bourse » (dep. xive s. ds Rayn. et Lévy Prov.), dér. de escars, forme normanno-picarde de eschars « avare » (dep. fin xiie s., B. de Born ds Lévy Prov.), − soit à l'ital. scarsella « bourse » (dep. 1215, lat. médiév. de Bologne ds Du Cange), dér. de scarso « avare »; escars et scarso sont prob. issus du lat. vulg. *excarpsus « resserré », part. passé de *excarpere, lat. class. excerpere « mettre à part ». Escarcela issu d'un *scerpicella, dimin. de *scerpa, v. écharpe (EWFS2) fait difficulté du point de vue morphol. et suppose nécessairement l'infl. morphol. de l'a. prov. escars.

    escogriffe    1611 (Cotgr.). Mot d'orig. obsc. (FEW t. 21, p. 281a), orléanais selon Cotgr. Peut-être composé de griffe* (cf. griffer « ravir, emporter » au xviies.) et d'un 1er élément obscur qui pourrait être escroc* (cf. Sain. Sources t. 2, p. 330).

    escot (étoffe de laine)    Ell. pour serge de Ascot (1551-56, A. Chamberland, Le commerce d'importation en France en milieu du XVIe ds Höfler, p. 18), serge d'escot (1568, E. Drot, Doc. Arch. de l'Yonne, 39, ibid.), ascot semblant être, d'apr. Höfler, p. 17, plutôt la forme fr. (pic.) du nom de la ville de Hondschoote (département du Nord), centre de textile important au xvie s., qu'une altération de la ville d'Aerschot (Brabant), v. FEW t. 15, 1, p. 4b, qui paraît n'avoir jamais abrité d'industrie textile. Cf. anascote.

    escourgeon (orge hâtive, que l'on sème en automne et que l'on fait manger en vert aux chevaux)    1269 secourjon (Cartul. de Corbie, B.N. 1. 17760, fo124 ds Du Cange, s.v. securionus); 1549 scourgeon, ou secourgeon (Est.); 1611 escourgeon (Cotgr.). Orig. douteuse. Peut-être dér. p. anal. de forme entre les épillets de l'orge rangés sur 6 rangs ayant l'aspect de lanières, de l'a. fr. corjon « courroie, lanière » (ploier le corjon « faire des manœuvres », 1172, Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 5910) issu d'un lat. vulg. *corrigione, dér. de corrigia, v. courroie. V. FEW t. 2, p. 1225b.
        Ardennais, socoran ; namur, socouran ; Hainaut, soucorion, soucrion ; norm. sugrégeon, épeautre ; liég. soucrion, orge nu ; bas-lat. scario. Origine inconnue. (Littré)
    Le terme analogue allemand futter-gerste, litt. orge de fourrage, justifie l'étymologie L. esca, nourriture + orge. (Scheler).

    espiègle    1. xvie s. (?) V[l]espiegles subst. (Les de Relais, ou Purgatoire des bouchers, charcutiers..., p. 9, cf.  Variétés historiques et littéraires, t. 5, p. 270), emploi isolé; 1640 espiegle (Oudin Curiositez); 2. 1690 adj. (Fur.).  Du nom de (Till) Eulenspiegel, héros pop. all., dont les aventures, publiées en all. en 1515, ont été traduites en fr.  dès le xvie s. sous le titre Histoire (...) de Till Ulespiegle; le -l- étant pris pour l'art., le nom a été altéré en espiègle.

    esquine (reins du cheval)    Prob. empr. comme terme d'équit. à l'ital. schiena « échine » (cf. ital. giocare di schiena « ruer » en parlant du cheval, 1516, l'Arioste ds Tomm.-Bell.), du longobard *skëna « étroit morceau de bois », correspondant au frq. *skina (d'où échine). Echine en picard se dit esquine. Cf. équignon.

    esquinter    1800 « démolir, abîmer » (ds Esn.); 1861 pronom. « se fatiguer à l'extrême » (ibid.). Empr. au prov.  esquinta « déchirer, fatiguer » (a. prov. esquintar « déchirer », P. Cardenal ds Bartsch Chrestomathie, p. 193, 22)  qui suppose un lat. vulg. *exquintare proprement « mettre en cinq » (lat. quintus « cinquième », préf. ex-).
    mais plutôt du néerlandais schenden "violer, profaner, traiter sans respect"
    de même cf. requinquer
        Mot d'orig. incertaine, popularisé par une chanson, connue déjà au temps de François Ier, où l'on se  moquait d'une vieille femme coquette cherchant à se parer comme une jeune, et dont le refrain était: «  Requinquez-vous, vieille, Requinquez-vous donc » (cf. Gaultier Garguille, Chansons, éd. E. Fournier, pp. 31-34;  Bayle, Dict. hist. et crit., t. 10, 1820, p. 327; O. Douen, Cl. Marot et le psautier huguenot, t. 1, p. 709). Requinquer  est donné par Cotgr. comme pic., mais il était également connu en Provence et Languedoc (cf., dans la version  toulousaine de la même chanson: « Requinque te vieillo, requinque te donc » 1578, Odde de Triors, Joyeuses  recherches de la langue tolosaine, éd. P. Jannet, 1847, p. 23 ds G. Garguille, op. cit., p. 33. Odde de Triors définit  le langued. requinqua: « s'égayer, se reverdir » [en parlant de personnes habituellement tristes et taciturnes ou de  vieillards], v. aussi Mistral, s.v. requinca et requinquiha). D'apr. Bl.-W., requinquer pourrait être une altér. d'un  anc. *reclinquer (dér. de clinquer, v. clinquant) qui aurait signifié « se donner du clinquant »; d'apr. Rob., on  pourrait également rapprocher requinquer du m. fr. reclinquier « reborder à clin (un bateau) » 1382-84, Compte  du Clos des Galées de Rouen, éd. Ch. Bréard, p. 76 et parsim (cf. FEW t. 16, p. 332, s.v. klink).

    esquiver        Ca 1600 esquiver de « faire échapper à » (A. Hardy, Alcée, IV, 4, 1493, éd. E. Stengel, t. 2, p. 273); 1613 intrans. abs. « s'échapper » (Régnier, Sat. 8 ds Hug. : J'esquive doucement et m'en vais à grands pas). Empr., soit à l'esp. esquivar « éviter, rejeter, éluder » (dep. 1330-43, J. Ruiz; déjà en 1250 au part. passé, Poema de Alexandre d'apr. Cor.), soit à l'ital. schivare « éviter, fuir » (dep. fin xives., Fioretti de S. Francesco d'apr. DEI) : A. Hardy s'est inspiré aussi bien des auteurs esp. qu'ital. (v. R. Garapon ds Dict. Lettres XVIIes., p. 490). L'esp. esquivar est dér. de esquivo « dédaigneux », prob. issu d'un got. *skiuhs signifiant à la fois « craintif » et « insolent » (v. Cor.); l'ital. schivare est empr. à l'a. fr. eschuir, eschiver « éviter, fuir » (dep. ca 1100, Roland, 1096) de l'a. b. frq. *skiuhjan « craindre », cf. l'a. h. all. sciuhen « id.; éviter » (Graff t. 6, col. 417; Schützeichel2); v. également échiffe.
    échiffe        1. Ca 1150 eschive « élément de fortification » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4242), seulement au Moy. Âge, répertorié ds la lexicogr. dep. DG; 2. 1607 archit. mur d'échiffe (Les Actes de Sully, éd. F. de Mallevoüe, p. 145). Prob. dér. de l'a. fr. eschif, adj. « abrupt, d'accès difficile (d'une rive) » (1120, St Brendan, éd. E.G.R. Waters, 1514), emploi isolé; 1160-74, « hostile, mal disposé (d'une personne); farouche (d'un animal) » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1541 − ca 1375, Modus et Ratio, éd. G. Tilander, t. 1, p. 222, 64), eschif étant lui-même dér. du verbe eschuir, eschiver, cf. esquiver.

    essieu    Aissieu, essieu, forme dial prob. pic. (refaite sur le plur. aissieus, Gossen, § 20; Fouché, p. 316) de aissil (xiiie s. ds Tailliar, p. 460 : aisil), du lat. vulg. *axīle, dér. du class. axis « axe, essieu ». Axis, gêné par son homon. avec assis > ais* a été supplanté par des dér. divers *axīlis, axālis (cf. ital. sala, REW3, no 840), *axiolum (a. fr. essues, ca 1140, Pèlerinage Charlemagne, éd. P. Aebischer, 285) et *axellum (a. fr. aissel, ca 1170, Rois, III, VII, 30-32, p. 12).

    estaminet    Empr. au wallon staminê, èstaminê, de même sens (Haust), attesté dès le xviie s. sous la forme staminai « id. » (Les Dialectes belgo-romans, t. 10, p. 78), prob. dér. du wallon stamon « poteau auquel la vache est liée près de sa mangeoire », cf. le wallon staminée « mangeoire » (1624 ds FEW t. 17, p. 213a, 1506 ds B. de la Commission royale de topon. et dialectol. t. 37, 1963, p. 293); dans cette hyp., l'estaminet aurait d'abord été une salle avec plusieurs poteaux (Bl.-W.1-5).

    estoffée (fromage blanc aux fines herbes)(B)    Du frq. *stopfôn « mettre, fourrer, enfoncer dans » cf. l'a. h. all. stopfôn « id. ».
        Cité dans le Glossaire des mots picards, termes et expressions encore en usage dans le Vermandois (vol. 57 de la des Mémoires de la Société académique de Saint-Quentin) et par Guiraud comme wallon. L'origine du mot doit être de l'ouest-wallon, dans l'est-wallon, on parle de stoffé (masc. sans e prosthétique), forme qui s'est répandu dans toute la Belgique : dans le Glossaire montois : stoffé (s.m.), fromage. Mon. stoffé, fromage mou. Le nom de stoffé provient de ce qu'on le presse dans un panier comme la braise dans un étouffoir qui se nomme au village stoffoi. Cf. maquée.

    estompe et estomper    Prob. empr. au néerl. stomp « bout, chicot », qui aurait été employé par des peintres néerlandais travaillant en France

    estoquer (frapper un taureau mortellement d'un coup d'épée)    1. Fin du xiie s. estochier « frapper d'estoc » (D. Piramus, Vie de saint Edmond, 2423 ds T.-L.); 1er quart du xiiie s. estoquer (Lancelot, éd. O. Sommer, I, 115), rare dep. le xviie s.; 2. 1926 taurom. (Montherl., Bestiaires, p. 445). 1 du m. néerl. stoken « piquer, pousser » (Verdam), cf. également le m. b. all. stoken « piquer » (Lübben); 2 empr. à l'esp. estoquear, de même sens (au sens 1 dep. 1494 ds Cor.), lui-même pris au m. fr. estoquer.

    estran    Historiquement, le mot estran signifie « délaissé sableux de la mer ». Il est attesté sous la forme  estrande dans un texte normand au XIIe siècle et a déjà plus ou moins le sens qu'on lui connaît aujourd'hui. Il est  probablement issu de l'anglais strand, jadis « plage ». Le terme picard stranghe, estranc, attesté au XVIIe siècle,  puis estran, est, avec le terme normand, la source du mot français, mais de manière directe. Il s'agit d'un  emprunt au moyen néerlandais strang, au sens de « grève ». (wikipedia : estran)
    Terme d'orig. germ. (FEW t. 17, p. 251a). L'agn. étant sans doute empr. au vieil angl. strand (xies. ds NED) et le  terme pic. au néerl. (moyen néerl. strang(e) « grève » ds Verdam; néerl. strand, cf. de Vries Nederl. et Valkh., p.  130). Cf. étrain.

    estrope    Issu comme l'ital. stroppo, le prov. estrop, le cat. estrop, le port. estropo, le néerl. strop, le b. all. Strüppe et l'angl. strop, du lat. struppus, stroppus « lien d'aviron, courroie, bandelette » à rattacher au gr. στρόφος « cordon, courroie, bandelette » (Diez, p. 311; REW3 no 3821; EWFS2, s.v. étrope; FEW t. 12, p. 308a; Kluge; De Vries Nederl.). Il est peu probable que l'ext. du mot lat. dans le domaine germanique (b. all. et ags.) se soit faite autrement que par l'intermédiaire de la Gaule du Nord où le terme aurait été donc usuel (cf. J. Jud ds Z. rom. Philol., t. 38, p. 42).