• Définition : bouillie pour enfants (Vermesse dit farine délayée avec du lait), panade ; pâte flasque et compacte ; colle de pâte, colle de farine ; empois ; boue (papin est aussi le nom de la blatte, désigne aussi un coup, une gifle, une raclée et est une déformation du mot pépin. Enfin Albert Droulers indiquait dans Sous le poing de fer (1918) "comme il est sévèrement interdit de prononcer les mots « boches » ou « barbares », ils parlent des « papins gris » ou des « paratonnerres » en souvenir du casque à pointe, aujourd’hui presque disparu"). Citons enfin la tarte au papin, appelée aussi tarte au libouli, tarte à gros bords ou tarte porteloise, spécialité culinaire du Boulonnais inventée par Mémère Harlé à Wirwignes en 1919.

    Répartition : Nord, Belgique (dans la Somme, on dit papin pour la bouillie de farine et d'eau, et papiner pour coller, ch'est min papin pour c'est mon régal). Legrand ne cite que patiau "patée pour les oiseaux". Hécart fait entrer dans son dictionnaire papin et indique "On dit pape en Belgique ; même origine".
         Vermesse signale dans le même sens papette à Roquefort, pépette dans le centre de la France et papet dans l'Isère. Papin et papoute (Julien Travers, Glossaire du patois normand). Fertiault dans son Dictionnaire du langage populaire verduno-châlonnais cite les variantes : papéte (Verdun), pépette (Berry), papôte, papa (Bourgogne), papet (Dauphiné), paipet (Franche-Comté), papet, papette (Genevois), pépette (picard), papin (rouchi), papet (Toulouse), pape (wallon). Voir panée et papoute et poupoute où il renvoit à papoute, papoue (Berry), papôte (Bourgogne), papoute (Champagne), papin (Flandre), papa (Forez), papot, papote (genevois), papa (Haute-Auverge), papoute (Morvan), poupou (Saintonge)...

    Dérivés : paper (wallon), papiner, papéner (verbe coller ou manger le papin), papinette "cuillère de bois pour manger le papin, bouillie" (Vermesse), rapapiner et papineux (Corblet). L'adjectif wallon est papiasse. Dans le Boulonnais, Haigneré donne uniquement l'expression S'papiner les loupes (se pourlécher, avoir l'eau à la bouche), quand Corblet pour ce sens donne le verbe se papeter. Huvelle indique l'expression de Ath jë  n’ sé pus dîre pâpe ! que dit  quelqu’un qui a mangé plus que de raison (se dit en flamand également ik kan geen pap meer zeggen). Empapinné ("povre prisonnier, doré et empapiné d'oeufz, de fromaige et de lait, et aultres choses plus de cent") se rencontre dans Les Cent Nouvelles nouvelles, dites du roi Louis XI, recueil de contes, composés de 1456 à 1461 à la cour du duc de Bourgogne Philippe le Bon à Genappe (Brabant wallon).

    Origine : Beaucoup d'auteurs anciens le font provenir du breton ou du celte, mais le dictionnaire étymologique du breton de Victor Henry (1900) signale qu'il remonte à un latin vulgaire pappa. Le breton a d'autres mots pour ce sens de bouillie kaot (du latin calidum, chaud) et yod, youd (aussi avec le sens de confiture) avec le gallois uwd,  cornique yôs, et vieil-irlandais íth (« porridge »), de l'indo-européen *ieu/*gheu (« mélange ») qui a donné jūs  (« droit, autorité ») en latin, ζωμός, zômós (« sauce ») en grec ancien, gjanë (« soupe ») en albanais...
        La première attestation est trouvé dans les textes du célèbre talmudiste français de Troyes, Rachi, au XIe siècle. Il se retrouve au XIIIe siècle dans les dialectes de l'Ouest, et ne subsiste plus guère que dans le dialecte wallon 1812 (Ph. Delmotte, Essai d'un glossaire wallon, p.496). Il vient du latin pap(p)a, mot expressif dont les enfants désignent la nourriture, attesté dans les autres langues romanes : ital. pappa (XIVe s.), espagnol papa (1400) et également en anglais (ca. 1430). Voilà ce que nous apprend le très bon CNRTL qui ne cite papin que dans le DMF (Dictionnaire du moyen-français). Le mot est également breton sous les forme pap et papa [preder.net et devri.bzh].
        C'est oublier l'influence des langues germaniques. La même sonorité pour le même sens se retrouve en effet en allemand Pappe, mot féminin (‘matériau solide et plat fait de pâte grossière de papier’, autrefois ‘feuilles de papier épaisses et rigides collées ensemble avec plusieurs couches de colle’, dérivé (XVIIIe siècle) de Pappe ‘masse compacte, pâte’), Papp (Expression élémentaire du langage des enfants, qui imite avec ses lèvres le processus de se nourrir. Des formes comparables dans d'autres langues se sont probablement développées indépendamment les unes des autres ; voir lat. pappa, mnd. mnl. pap(pe), engl. nl. pap 'bouillie pour enfants'.) L'allemand a également le verbe familier pappen pour coller. Signalons que la bouillie d'épeautre se dit Habermus (littéralement mousse d'avoine). En schwyzerdütsch, on trouve Papp(e), bap(p) ou bäp(p) pour la bouillie, et bappig pour l'adjectif (comme de la bouillie). En suisse alémanique de bernois, on trouve päppele pour préparer la bouillie. On rencontre même, passé par l'évolution des consonnes en alémanique, un chirsipfäffer (bouillie aux cerises). Le romanche dit également pappa pour l'allemand Pappe et l'italien pappa. Le luxembourgeois connaît bien Pap dans le sens de colle à tapisser, mais réserve pour la bouillie Bräi.
        L'étymologue anglaise de pap renvoi à une origine du vieux-français.
        Le dictionnaire étymologique de la langue néerlandaise nous indique le mot est probablement de la langue des enfants qui pourrait provenir indépendamment de différentes régions. Cependant, selon Frings (1932), la diffusion initialement limitée, uniquement en néerlandais, en Basse-Allemagne et en Rhénanie, laisse penser que le mot a été copié du roman. On peut comparer le pappa italien "bouillie pour enfants" et le pappa latin "bouillie, " et le pappare "manger de la bouillie". Pappen en flamand veut dire "être alimenté par un tiers, donner de la bouillie".
        On peut donc penser que la présence du terme dans les langues germaniques a pu influencer la survivance du mot dans les dialectes du Nord de la romanité. Il est en effet courant en néerlandais et en flamand, on l'avait déjà évoqué sous la forme bloempap dans l'article sur la guinse, mais on ne compte plus les composés avec pap : rijst(e)pap, griesmeelpap, havermoutpap, gortepap, bloemenpap. broodpap, lammetjespap et dans différents dialectes tutjespap, chocolatte pap...

    pape (une), papin (un)
    les différents pap de la marque Campina


    Exemple :
    Ta soupe, ch'est de l'vraie pape !

    Come des parints ki spotchrént les canadas, les raecenes et l' fricassêye po fé ene pape po leu ptit påpåd ki cmince a mwindjî (L. Mahin, wallon)

    - Allons, au zuste, combien veux-tu vende vot' seval ?
    - Vas t'coucher, flaüte, et n'avanch' pus auprès d'mi pach'que t'allonche un papin su l'groin , t'iras t'pourmener aveucq cha dins tin pays... (Alfred Danis, Fantaisies drôlatiques et burlesques, 1850)

    Lucien, min voésin, li sin papin ch'est d'gardiner. (Jean-Pierre Calais, Picartext)

    J'ai vu des femm's qui s' crapougnottent,
    S'lancer des terrin's ed' papin,
    S' bombarder d' cops d' tart's à compote
    Imag' vrai', du droit qui s' défind ! (Jules Mousseron, Picartext)

    Il est vif comme un pou dans le papin (Le Broutteux du 27 mai 1883, in Eugène Rolland, Faune populaire de la France. Tome 12)

    pape (une), papin (un)
    capture d'écran de la vidéo sur la tarte au papin de chez Mémère Harlé

    pape (une), papin (un)

    Les Dimanches de la femme, 14 décembre 1930


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  • Définition : interjection signifiant la surprise, la joie, l'étonnement

    Répartition : Nord, Tournai (Millard de qu'véaux), se dit également en flamand (miljaar, miljaarde, miljaarde getaarde nondedju, miljaardedju). Référencé déjà dans C.H. Peeters, Nederlandsche taalgids woordenboek van belgicismen (1930).

    Origine : il semble qu'il s'agisse du nombre milliard (invention de Jean Trenchant, arithméticien lyonnais du XVIe siècle), le mot n'est recensé par aucun ouvrage ancien sur le picard sauf dans ce sens. Jules Corblet, Daniel Haigneré et Hécart indique miliasse, miliace dans le sens de quantité considérable (des milles et des miliasses !). Daniel Haigneré cite encore l'expression jurer les mille millions de milliards !. Le CNRTL cite le sens par extension d'un très grand nombre et la citation Mais, milliard de dieux ! Fermez donc votre porte, là-bas (Léon Bloy, Femme pauvre, 1897, p.45). On retrouve ici le miljaardedju du flamand, déformé en millard de gvo à Tournai. Le wiktionnaire ne cite pas l'interjection qui semble vieillie en Français courant.
        On peut imaginer également une déformation ou une influence de "meilleur" (dans le sens alors ça, c'est la meilleure !).
        Sigart indique le mot "mierre" qui veut dire tout dans êt' mierre nu, êt' mierre seu (tout nu, tout seul).

    Exemple :
    Le directeur : Ah ah d'accord d'accord. Ben, tiens apprenez-moi des gros mots justement c'est important les gros mots quand on apprend une langue
    Antoine : Ben, on dit pas "merde" on dit "du brun"
    Fabrice : On dit pas un con, on dit un boubourse
    Le directeur : Boubourse, ah chez nous on dit Couillosti
    Annabelle, la fille : oh c'est joli
    Yann : On dit pas "bordel", on dit "millard"
    Le directeur : Oh lala, millard, dubrun, hein !
    Bienvenie chez les Chtis, scène du restaurant

    Millard ! (interjection)

    Badge de la collection lancée par la toute jeune société Badjawe ("bavard" en  liégeois) créée et dirigée par Claire Hennen, de Verviers.
    www.lavenir.net

    Millard de dious, que cha fait du bin d'intinde causer ch'timi... Enfin j'me comprins... Baisse à tertousse!!!

    Publié par RICky Lef sur Mardi 11 août 2015

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    Exemple en flamand :

    Millard ! (interjection)

    Extrait de la série téléréalité Château Planckaert, dans laquelle l'ancien cycliste Eddy Planckaert et sa famille rénove un château de la commune de l'Allier (Lurcy-Lévis).


    Miljaar, je weet niet waar eerst kijken. Het spektakel droop eraf, het mooiste wat we dit jaar al gezien hebben. (nieuwsblad.be 20 dec. 2019)


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  • Définition : chemin agricole (utilisé par les fermiers et leurs engins agricoles), carrière. À rapprocher du cache de cars.
    Merci à Guy Hurtrez de m'avoir indiqué ce terme

    Répartition : Nord


    Origine : l'expression "train de car" désigne une carrière agricole dans le Nord de la France. Il existe à Cambrai une Rue du Train de Car qui se trouve en dehors des murs de la ville. À Comines, il y a le Chemin du Haut Train de Char. À Bondues, il existe un chemin « à carriot » – également appelé Train de Car ; il s’agit de la carrière Lagache, qui mène aux quartiers champêtres des Bois Blancs et du Pot de Fer. À Illies, dans les Weppes, on trouve un sentier décrit dans les souvenirs des habitants comme une "voyette [qui]  s'est  transformée en carrière agricole (train de car) difficilement praticable, avec une multitude d'ornières plus ou moins profondes".
        Voici l'étymologie de carrière : l'ancien provençal carreira, de même que l'ancien français char(r)iere, ancien picard car(r)iere, quar(r)iere « chemin (de chars) » (XII e s. ds Gdf. et T.-L.), sont issus du latin vulgaire *carraria « id. », adj. fém. substantivé tiré de (via) carraria « voie pour chars », dérivé de carrus (char*). Le terme vient du monde de l'équitation (terrain entouré de barrières et aménagé pour des courses de chars, des courses à pied, des passes d'armes, puis les courses de chevaux) a fini par désigné plus généralement l'espace à parcourir dans une course, puis un trajectoire, d'où le cours de la vie, la carrière professionnelle, diplomatique ou autres.
        Le train désigne tout d'abord une suite d'êtres animés ou de choses formant un ensemble ou fonctionnant ensemble (train d'escadre, train de culture, train d'idées... d'où le train pour la suite de voitures ou de wagons, et d'où viendrait le mot référencé par Jean-Baptiste Jouanceaux atrainquillage "ensemble d'outils pour le labour"), mais aussi l'allure d'un cheval (mener le train, train d'enfer, aller son petit train, être en train de = être en voie de...). Le train désigne enfin la partie antérieure ou postérieure d'un animal de trait (botter le train, se magner le train...) et la partie sur laquelle repose le corps d'un véhicule et qui porte les roues (train avant et arrière d'une voiture, train d'atterrissage).
        Cela n'explique que difficilement comment dans le Nord de la France on parle de "train de car". On peut imaginer qu'il désigne ici un chemin dont la largeur représente celle d'un "train de charrue" lui permettant donc son déplacement. on lit dans une chronique de la comune de Buttes (en Suisse) : 1836, 27 novembre. — Le sieur gouverneur fait rapport qu'il a trouvé trois « almands » qui travaillaient à réparer le chemin sur la prise, ce qui est contre la règle de commune. On le leur fit bien voir ; on les condamne à établir ce chemin à 5 pieds de largeur, « afin qu'on puisse y descendre avec un train de char, et cela en ligne droite sans aucun contour ; les dit almands ne pourront le pratiquer que d'après la permission de la Commune ». (Musée neuchatelois, Recueil d'histoire nationale et d'archéologie, 1901). Train est étymologiquement le déverbal de traîner.

        Les dictionnaires de picard et patois du nord ne donnent pas ce mot. Joseph Sigart pour le montois indique le mot trainer "ramasser les gerbes dans un champ pour les mettre en madames". Louis Vermesse dans son Vocabulaire du patois lillois indique le mot "trahoire" (d'un mot latin populaire *tragere, réfection du classique trahere « tirer » (tractus au part. passé), peut-être sous l'influence de agere « agir » (part. passé actus) en raison de leurs rapports de sens qui donner tirer, traîner, traire...) "instrument de labourage, herse". Voilà pour ce qui nous rapproche du domaine agricole.
        Mais on peut aussi penser à simplement là où on "traîne el car" (traîne la charette), ou encore où "train n' car" chemin qui fait trembler (tranner) la charette (sa prononciation serait alors \tʁɑ̃nkar\, \tʁɛ̃kar\ ou \tʁɔ̃kar\, comme étrangler se dit étronner en picard).
     
        Autre hypothèse, le mot serait formé de trinqueballer, avec le suffixe -ard, très productif en français populaire (www.cnrtl.fr/definition/-ard) et servant plutôt à désigner une personne (toquart, clochard, binoclard, picard, vieillard, banlieusard...) ou des animaux (canard, busard, têtard, charognard...), mais qui peut aussi désigner des objets (billard, brancard, panard, corbillard, placard, puisard...), on trouve par exemple le mot trimard en français désignant "une route, un chemin", sur trimer dont l'étymologie est incertaine (probablement issu de trumer « courir » (fin du XIVe s., Eustache Deschamps, Œuvres), qui appartient à la famille de trumel « jambe » (v. trumeau, d'origine germanique) ; le verbe aurait donc signifié littéralement « jouer des jambes »), le trainnecard serait alors le chemin où on est trinqueballer.
        Dans le même ordre d'idée, la base serait étrain, estrain, strain "paille, chaume, litière" (du latin stramen) avec le même suffixe, cette fois-ci avec un -k- de liaison.


    Exemple : in va juer dins ch' train de car (exemple donné par Guy Hurtrez)

     

    train de car (un)
    L'antique chemin noir.
        Il menait au vert Touquet Gantois. Paysage boisé jadis, modernisé maintenant par un château d'eau et une cheminée d'usine à l'horizon. Vue encore typique cependant d'une carrière (ou « train de car ») de la campagne flamande.
        Le vert Touquet Gantois était situé à la limite de la seigneurie de la Mitterie vers Lambersart. En un tel endroit se tenaient, au moyen âge et conformément au vieux droit germanique, les assises du tribunal féodal dirigé par le prévôt ou le bailli des chanoines.
    Jules Brenne, Lomme avant 1789, un village sous l'Ancien régime, André Bonne Éditeur, Paris, 1957


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  • Définition : poignée de porte

    Répartition : Belgique, Luxembourg, Nord, Ardennes françaises, Lorraine (autres régions notamment Normandie et de là au Canada sous la forme clenche, clenque, et clencher), en wallon, on trouve les formes cliche et clichette, clitchette. Le mot est anciennement parfois masculin (Dans l'Encyclopédie de Diderot notamment).

    Dérivés : cliquer, décliquer
        En français, seul les verbes dérivés enclencher, déclencher sont attestés. Le mot déglinguer viendrait du mot de marine déclinquer, dérivé de clinc, clin (adaptation du néerlandais klinkwerk « bordage à clin », klink- étant le déverbal de klinken « river, boulonner », que l'on rapproche également de klink ("loquet", avec l'allemand Klinke et l'anglais to cling, to clinch, to clench, "empoigner, compresser" et donc de clinche). Remarquons un rapprochement avec clore (remplacer récemment en français par le mot fermer), et clou dévire respectivement du latin claudere et clavus (même étymon indo-européen *klē̌u-, *klāu- "crochet, taquet, piquet"). Clin [d'œil] dérive de cligner peut être issu d'un bas-latin *clūdiniare « fermer », dérivé de *cludinare et celui-ci de clūdere, claudere « fermer » : la boucle est bouclée... En métallurgie, on parle de clinchage pour assemblage-emboutissage. Dans la boxe, on parle également d'un clinche pour un crochet (emprunt à l'anglais).
       Être une (vraie/véritable) clinche : être maladroit, mal dégourdi (ti té prind com' un' clinche pour d'tenir eut' claribole fiu !).

    Origine : Terme du Nord et du Nord-Est, probablement issu de l'ancien bas-francique *klinka ("loquet") que l'on peut déduire du moyen bas-allemand klinke, moyen-néerlandais clinke « id. », d'origine onomatopéique. DWDS nous dit en effet "Vielleicht nach dem Geräusch des Fallriegels gebildet zu klinken, einer Nebenform von klingen. Die Formen führen auf indoeuropäisch *glengh-, eine nasalierte Erweiterung der unter Klage angegebenen Schallwurzel indoeuropäisch *gal- ‘rufen, schreien’." [Peut-être d'après le son du pêne utilisé pour verrouiller, une variante de klingen ‘tinter, sonner, entrechoquer’. Les formes remontent à l'indo-européen *glengh-, une variation nasalisée de la racine sonore indo-européenne *gal- ‘appeler, crier’ indiquée par Klage ‘plainte, acclamation’.]  
        Le caractère technique du mot explique sans doute son attestation relativement tardive ; aussi un étymon moyen bas-allemand ou moyen néerlandais est-il moins probable.

    clinche (une)
    La fidelle ouverture de l'art de serrurier (Mathurin Jousse, 1627)


        Le terme existe toujours en allemand [Tür]klinke, en néerlandais klink, l'anglais clinch et to clink (sonner), clank et clang (son métallique) et les langues scandinaves klinke ou klinka (qui seraient des emprunts au néerlandais).
        En wallon, le mot clinche (ou hlinche) veut aussi dire "gauche", mot d'origine bas-allemande slink (variante de links, "de la gauche, vers la gauche", cf. en ancien-français esclenc, esclanche...).
        Dans son édition de 1831, l'Académie français indique au mot CLENCHE "ou mieux CLINCHE s.f. Pièce de fer ou de bois qui traverse la porte sous le loquet, et sur laquelle on appuie pour le lever et ouvrir." Aucun dictionnaire n'explique le passage en français de la nasale -in- /ɛ̃/ à la nasale -en- /ɑ̃/. Est-ce que le mot était perçu comme dialectal, et donc "corrigé" dans sa prononciation ?

    clinche (une)

    Cours supérieur complet de dessin linéaire, d'arpentage et d'architecture.... Serrurerie et quincaillerie (J.B. Henry des Vosges, 1846-49)



    Exemple :
        Après la constitution légale du jury, M. le greffier donne lecture de l'acte d'accusation dans lequel sont relevés les faits suivants :
      « Le 11 mars dernier, vers midi, le sieur Lecomte, maire de la commune de Quérénaing, surpris de ne pas voir arriver le sieur Prévost, son berger, donc il connaissait l'exactitude, se rendit à son domicile. Apres avoir vainement appelé à plusieurs reprises, il se décida à pénétrer dans l'intérieur de l'habitation, dont la porte n'était retenue que par la clinche... » (Cours d'assises du Nord, Double assassinat. - Affaire de Quérénaing. - Condamnation à mort. -  Deux accusés., Le Petit Journal, 20 mai 1864).

        Arrivés en face de la porte de la salle, il saisit le bouton de la clinche, poussa le battant et s'effaçant aussitôt derrière le sergent.
        — Entrez, dit-il. (Alexandre Devred, Folichonneries, "La Peur", Éditeur Simon (Cambrai), 1863, p.31)

        Lorsqu'il rentra, aux approches du soir, il trouva un lièvre suspendu à la clinche de sa porte de derrière, un lièvre auquel était attaché un bout de papier portant, en caractères imprimés de travers, l'inscription que voici : « Bien des choses de la part d'Alyby. » (Het Verraad, La Trahison, roman de A.M. de Jong traduit du néerlandais par L. Rœlandt, in Le Peuple, 1er avril 1936)

        De jour, le corridor était dans la pénombre et c'est presque à tâtons qu'on trouvait la clinche du salon d'attente. (Georges Simenon, Le voyageur de la Toussaint, Paris, Gallimard, 1941, chap. 2).

    clinche (une)
    Manuel théorique et pratique du serrurier (M. le comte de Grandpré, 1830)


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  • Définition : panier (à linge), manne, parfois berceau (banse-berchoire), par glissement de sens "femme qui se conduit mal", de là faire la banse "mener une vie dérégler"

    Répartition : Belgique, Nord (cf. Le dico du patois tournaisien)

    Dérivés : bansteau (Liège, rare), on note l'orthographe bance également.

    Origine : Généralement en osier ou noisetier, ce qui explique son étymon vieux bas-francique *banst- (déjà dans la glose de Reichenau cofinos: banstas). On pense que l'emprunt est très ancien, et Josef Brüch le fait remonter du temps du commerce de la fourrure importée dans la Romania par des marchands romains qui auraient trafiqué en Germanie. Le mot français d'origine du Nord de la France (utilisé dans le domaine de la mine) benne, banne est de même étymologie : emprunt au bas-latin benna « chariot en osier » d'origine gauloise, fin VIIIe-début IXe s. (cf. gallois bèn « voiture, charrette »).

        Il n'a survécu en langue germanique occidentale jusqu'au XIIIe s., mais reste employé dans le même sens en Flandre sous les formes bans, baast, baanst, banst, benst.
        Il y est alors en concurrence avec un autre mot germanique de sens différent (en allemand Banse, Banze, Panse) qui signifie "grange, espace de stockage pour les gerbes ou les bottes d'épis dans la grange, pour le charbon dans une gare (Kohlebanse, Kohlenbanse)" ou encore "étable" ou "crèche". Il s'agissait à l'origine de toute pièce divisée par un mur tressé (à comparer avec binden, "nouer, relier, cercler", et qui donne également en français les mots bande, bander, bandage). Il est de la même origine que l'anglais dialectal boose, boost, boosy, bense ("étable"), le norvégien bås, l'islandais bás ("litière, crèche").

    Exemple :
        La rue des Manneliers est encore communément appelée rue des Banséliers, du mot local banse, pour manne, grand panier. (Alexandre Desrousseaux, Chansons et pasquilles lilloises, Premier volume, Nouvelle édition avec musique, p.58)

        Je r'viens deux heures après, je r'troufe tout in déroute, l' cour inondée, les carreaux cassés, l' buache tout frêque dins eune banse, min balai sans manche, l' fil d'iau bouché et pus d' robinet ! (Léopold Simons)

        Un soufflé aux peumm's - Vu qu' i t' rest' incor' eun' banse ed' peumm's, ej' vas t' aider à z' écouler in t' moutrant eun' arcett' qu' all' est point trop facil' à faire. (José Ambre)

        Tous ché p'tites femmes de ménache / Ch'est plaisi d'vir leus actions, / Point l' temps d'laver leu visache / Pour courir à l' provision, / L'unn' porte unn' banse su s' n'épaule / Unn' ant' rimplit s' n'écourcheux, / Ou bien ché des p'tites carioles / D'unn' carque a crever l' s'essieus. (Louis Longret, La ruine des charbonniers : chanson nouvelle en patois de Lille : chantée par la Société des Enfants trouvés réunie à l'Estaminet de la Belle-Jardinière, rue des Rogations, 8)

    banse (une)
    Bulletin des réfugiés du département du Nord
    , 22 décembre 1915


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