• FI

    fieu        Du picard fieux, forme de « fils », ou du wallon fijheu ou fjheu, « faiseur ».
       1. (Picardie), (Tournaisis) Fils.
       2. (Belgique) Gars.
              * Tout le monde t'aimait, tu étais bon fieu, et on savait bien que tu ne ferais pas de service inutilement, pour te faire valoir en embêtant les camarades. — (André Salmon, C'est une belle fille!: Chronique du vingtième siècle, 1920)
    Région. (notamment Normandie) et vieilli. Forme pic. de fils*, par changement de il + s en ieus

    fifre    1. 1507 fifre « petite flûte en bois au son aigu » (J. Lemaire de Belges, Chansons de Namur, a I rods Humpers, p. 123); 2. 1531 phiffre « joueur de fifre » (Comptes des bâtiments du roi, éd. L. de Laborde, t. 2, p. 206). Empr. au m. h. all. phîfer « joueur de fifre » (Lexer), prob. par l'intermédiaire de mercenaires suisses, v. FEW t. 16, pp. 620-621.

    figer    1. Ca 1225 fegier « coaguler (le sang) » (L'Histoire de Guillaume le Maréchal, 9101 ds T.-L.); 2. 1592 figer pronom. « devenir d'une immobilité absolue » (Montaigne, Essais, I, 21, éd. A. Thibaudet, p. 129). Norm. à l'orig.; du lat. pop. *feticare proprement « prendre l'aspect du foie »; de *feticum « foie » issu du lat. de l'époque imp. ficatum devenu *fecatum (v. foie) puis feticum, avec métathèse des consonnes c et t et substitution de suff.; la forme figier serait due au pic. fie issu de *ficatum.

    fignoler    1743 finioler, fignoler (Trév.). Dér. de fin* formation pop., peut-être d'orig. méridionale (Bl.-W.1-5). Cf. fion

    filoche    1374 filoiche « filet (ici pour attraper les loups) » (Inv. Mobil. Duc Bourgogne, éd. B. Prost, I, 367) Dér. du rad. de fil*; suff. -oche*; v. Z. rom. Philol. t. 19, p. 176, sqq. Cf. effiloche

    filocher     A. Ca 1223 filochier « filer, tisser » (G. de Coinci, Mir. Vierge, éd. F. König, II Mir. 13, 625), attest. isolée; à nouv. au xixes. 1869 « faire le tissu de filoche » navettes a filocher (Tarif des douanes, p. 138 ds Littré Suppl.). B. 1916 fam. et pop. « s'esquiver rapidement » (Barbusse, loc. cit.). A dér. du rad. de filoche*; dés. -er. B dér. du rad. de filer* « s'enfuir »; suff. -ocher (-oche*).

    fincelle (ligne de pêche)    Mot prob. pic., issu du lat. vulg. *filicella par dissimilation (cf. ficelle).

    fion    1744 « coup » ficher un fion (Vadé, Chanson sur la prise de Menin en 1744, Oeuvres posthumes, 254); 1792 « dernière touche, dernier soin qu'on donne pour parfaire un ouvrage » (Mercier, Tableau de Paris, VI, 296 ds Gohin, p. 320). Orig. obscure. Si le sens premier du terme est bien « dernière touche, dernier soin qu'on donne pour parfaire un ouvrage » comme l'indiquent les emplois région., assurément anc. car le mot est passé en québécois, et les dér. fionner « faire le beau, se pavaner » (cf. FEW t. 3, p. 564b) et fionneur (1744 affineur fionour, Gillart, Dict. fr. breton d'apr. Esnault ds Fr. mod. t. 15, p. 197), l'hyp. d'une formation, avec altération expressive, à partir de fignoler* (FEW, t. 3, p. 568, n. 29) est vraisemblable sans exclure la possibilité d'une manifestation onomatopéique pour aboutir à cette forme (cf. aussi Sain. Lang. par., pp. 81-85 qui suppose une orig. purement onomatopéique comme terme de jeu évoquant un coup).
    in Glossaire étymologique et comparatif du patois picard:
    - FION (donner le). Parfaire quelque chose, lui donner bonne tournure, bonne grâce.
    - FION (avoir le). Avoir l'adresse nécessaire pour réussir. — Terme populaire.
    - à rapporter à : FIGNOLER. Raffiner, vouloir surpasser ce que font les autres, être affecté dans sa toilette, ses manières ou ses discours. — De même à Nancy, Rheims, Rouen, Valenciennes, Besançon et Lyon.— Dans quelques endroits, fignoler ne comporte qu'un sens favorable; c'est faire quelque chose avec grâce, avec élégance. (http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=1209)

    fin (adv.)        Ce wallonisme ne se rencontre à Liége que dans certaines locutions ; mais, dans les  provinces de Hainaut et de Namur il est fort en usage. Si staurer fin long, Namur, s'étendre tout de son long.  J'étos fin contint, tournais, j'étais fort content. Fin premier, toul fin seul, tournais, (et berrichon Litt.). Dites : le premier de tous. Quaut à tout fin seul, nous allons voir qu'on pourrait l'employer. — Il est fin brave, mont. il est  très propre, il est très bien mis. C'est fin biau, mont. Tournez : c'est fort beau.
        Cet emploi de fin n'est pas étranger à la langue frangaise ; il se joint dans le style familier àquelques adjectifs.  Ex. Je suis ici toute fine seule, Sév. Quant à l'expression le fin premier, pour le premier de tous, elle est populaire.  Ex. D'un village ici près, je suis le fin premier, Bours. Fabl. d'Es. — On dit très-bien, en fin fond de forêt, Mol.,  pour dans l'eudroit d'une forêt le plus écarté ; le fin fond de la mer ; il vient du fin fond de la Russie.
        D'après Diez, fin est une abréviation de finitus, fini, achevé, parfait. De sorte que fin seul serait autant que  parfaitement seul. Effectivement en francais et dans le patois de Liége, il conserve sa forme adjective : toute fine  seule, (cité plus haut) ; ine fenne avignéïe caucarette, une coquette très adroite, Magnée, Ann., 71, p. 55. Mais,  dans le patois du Hainaut, il est toujours invariable, ce qui rendrait probable l'étymologie donnée par Sigart :  fein artig, familièrement pour sehr artig, Dict. all. de Schuster. Le flamand dit aussi : het is fijn koud, proprement  il fait fin froid. (Isidore Dory, Wallonismes (1878), article fin).