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    interlope    Empr. à l'angl. interloper (ca 1590 ds NED), lui-même dér. du verbe to interlope (1603, ibid.) composé de inter- (correspondant au fr. inter-*) et de lope, qui serait une forme dial. de to leap « courir, sauter » issu du vieil angl. (cf. le correspondant néerl. loopen « courir »); to interlope signifiant « courir entre deux parties et recueillir l'avantage que l'une devrait prendre sur l'autre », d'où « s'introduire, trafiquer dans un domaine réservé à d'autres ».
        Origine néerl. pour Henriette Walter.
    ang. interloper : 1590s, enterloper, "unauthorized trader trespassing on privileges of chartered companies," probably a hybrid from inter- "between" + -loper (from landloper "vagabond, adventurer," also, according to Johnson, "a term of reproach used by seamen of those who pass their lives on shore"); perhaps a dialectal form of leap, or from M.Du. loper "runner, rover," from lopen "to run." General sense of "self-interested intruder" is from 1630s.

    intriguer     Empr. à l'ital.intrigare, attesté au sens 1 dep. fin xiiies. (Giamboni ds Batt.), aussi « mettre dans l'embarras, rendre perplexe » (Id., Fiore di Virtù, ibid.), « se livrer à des intrigues » (av. 1541, Guidiccioni, ibid.), « s'immiscer (dans) » (1545, L'Arétin, ibid.), « éveiller la curiosité, intéresser » (av. 1610, Guarini, ibid.), forme septentrionale de intricare (intriquer*).

    intriquer        Ca 1300 [date du ms.] entriké « entremêlé » (Secr. d'Arist., B.N. 571, fo136c ds Gdf.); xves. [id.] intriqué « embrouillé » (Évrard de Conty, Problem. d'Arist., 220, fo218d, ibid.); 1510 intriqué « id. » (Lemaire de Belges, Illustr., I, 32 ds Hug.). Empr. au lat.intricare « embrouiller, empêtrer ».
    intrication     Ca 1270 « enchevêtrement » (Introd. d'astron., Richel. 1353, fo26c Gdf.). Dér. de intriquer*; suff. -(a)tion*.

     

    jantille (palette d'une roue hydraulique)    a) 1301 gantilles « poteaux d'huisserie reliés par un linteau » (Arch. du Pas-de-Calais, A, 1681ds Gay), b) 1304 gantille « ais appliqué autour des jantes et des aubes de la roue d'un moulin à eau » (Trav. aux châteaux des Comtes d'Artois, Arch. KK 393, fo16 ds Gdf.), 1690 jantille (Fur.); de jante et de sa var. normanno-picarde gante, suff. -ille*.

    jaser    Prob. issu d'un rad. onomat. gas- par l'intermédiaire de formes normanno-pic. gaser (cf. supra; v. aussi gazouiller).

    jaumière (ouverture dans la voûte pour passer la barre du bateau)    Altération de heaumière (1573, Dupuys), lui-même dér., à l'aide du suff. -ière*, de heaume « barre du gouvernail » (1552, Rabelais, Quart Livre, éd. R. Marichal, p. 112, 68), lequel est empr. du m. néerl. helm, de même sens. Cf. l'a. fr. hel « barre du gouvernail » (1155, Wace, Brut, éd. I. Arnold, 11217).

    jobard    Dér. de job(e) « niais, sot » (v. job1); suff. -ard*. Cf. en m. fr. joubard (1571, M. de La Porte, Épithetes ds Gdf. : chien joubard), de sens obsc., défini « qui aime à plaisanter, à s'amuser » ds Gdf., « qui aime à folâtrer » ds FEW t. 4, p. 428b, non défini par Hug.; Gdf. cite également Jobar comme nom propre en 1161 (Cart. de St Loup, fo 40 vo, orig., Arch. Aube : Constantius Jobar), et un verbe a. fr. enjobarder « tromper, se moquer de » (fin xiiie s., Jean de Meung, Testament, ms. [Rome] Corsini, fo 154d [xive s.]). Le m. fr. et les dial. connaissent d'autres dér. de job(e) au sens de « sot, nigaud, niais » (FEW t. 4, p. 428b), v. jobelin.

    jocrisse    1587 (Cholières, Après-dinées, I ds Œuvres, éd. E. Tricotel, t. 2, p. 51 : c'est dommage que vous n'avez nom Jocrisse, je crois qu'il vous feroit fort bon veoir mener les poules pisser); 1618 (Les differents des poules et des chapons, Variétés hist. et littér., IV, p. 281 : Les chapons ... ne servoyent que de jocriz tant a taster qu'a mener les poules pisser). Prob. altération du m. fr. joque sus, subst. « homme mou, sans force, niais, benêt » (1480-90 G. Coquillart, Monologue des perruques, éd. M.J. Freeman, p. 300, 249 : Coquins, nyais, sotz, joques sus), proprement « [il] demeure là-dessus » c'est-à-dire « [il] demeure là inactif », formé de joque, forme verbale de joquier, var. normanno-pic. de jochier au sens de « être au repos, demeurer coi, attendre », v. jucher, et de sus*.

    joli    Prob. dér. de l'anc. scand. jôl, nom d'une grande fête païenne du milieu de l'hiver; suff. -if* sur le modèle d'aisif « agréable », dér. d'aise*. (Dérivé : enjoliver).
        Bourg. jôli, content de ; provenç. joli ; anc. cat. jolin ; ital. giulivo ; de l'ancien scandinave jul, désignant les fêtes et festins solennels. Jul est l'ancien norrois hjol, anc. suédois hjul, angl. wheel (roue), et désigne le tour que fait le soleil retournant sur ses pas au solstice d'hiver ; c'est la fête de solstice d'hiver, Noël payen ; on y faisait le sacrifice d'un cochon à Freya. Diez suppose avec raison que ce mot a dû être introduit dans le français par les Normands. (Littré).

    jusant    Ce mot paraissant attesté d'abord dans l'Ouest de la France (cf. attest. supra et FEW t. 3, p. 44b, note 2) semble dér. de l'anc. adv. jus « en bas » (cf. aussi le b. lat. jusanus « inférieur » ds TLL, s.v. iosanus), lui-même du lat. deorsum « vers le bas », le vocalisme radical étant dû à son opposé antithétique sūsum, v. sus, cf. Vään., § 117. On peut aussi y voir un empr. à l'a. gasc. iusant « inférieur, c'est-à-dire au nord » (1256 ds DAG, s.v. septentrional, v. aussi Levy Prov.), de même orig. (cf. FEW, t. 3, p. 44a et REW3, no2566); la finale est peut-être due à l'infl. de termes tels que levant, ponant.