• LU

    lucarne    De l'a. b. frq. *lukinna « ouverture pratiquée dans le toit d'une maison », dér. en -inna de *luk « id., hublot », que l'on suppose d'apr. le néerl. luik « trappe; contrevent; volet, ... » (déjà luke « moyen de fermeture » en m. néerl.); m. b. all. lūke « lucarne, hublot »; all. Luke « id. ».
    Tout comme la formation lexicale du lexème de base, le phonétisme du transfert français avec conservation du [k] intervocalique plaide en faveur d'un emprunt tardif. Le mot a été intégré après l'accomplissement de la sonorisation des occlusives sourdes intervocaliques, fait phonétique intervenu relativement tard dans les parlers du nord‑est du domaine d'oïl (Pfister, Ortsnamenüberlieferung 328) ; il ne semble pas exclu que le transfert soit postérieur à l'époque franque. L'intrusion du -r- peut être due à un phénomène d'hypercorrectisme. Dès le 12e siècle, on a des exemples d'amuïssement de -r- antéconsonantique (voir Fouché, Phonétique 863‑864), et ils sont fréquents dans les parlers dialectaux devant -n-, cf. les équivalents dialectaux de français corne (FEW 2, 1191a, cŏrnu) ou lanterne (FEW 5, 166a, lanterna).
    Lucanne encore attesté jusqu'au mil. du xves. (et encore vivant de nos jours dans certains dial., v. FEW t. 16, p. 490a) a été évincé par la forme altérée lucarne due à un croisement avec les représentants fr. du lat. lucerna « lampe » (« lucarne » en lat. médiév.; cf. Nierm.), en partic. l'anc. subst. luiserne « flambeau, lumière » (v. luzerne).

    luron    Mot pop., qui se rattache, comme sa var. lureau attestée en 1532 (Bourdigné, Pierre Faifeu, ch.13 ds Hug.: compaignons lureaux) à une série de mots pop. (cf. à lure lure «au hasard» 1867, Delvau) et région., cf. pic. lures, lurettes «sornettes», lurer «dire des sornettes» (Corblet et FEW t.5, p.463) ayant pour base le refrain cité supra et appartenant à un rad. onomat. lur- que l'on retrouve aussi dans turelure*.
        Bourg. luron, homme fait. Origine inconnue. Génin, remarquant qu'on écrivait jadis leuron (u pour v ; un levron est un jeune lévrier : Plusieurs jeunes leurons amoureux, Aresta amorum, p. 413, dans LACURNE ; Pour le jeune Sanche, c'est un jeune levron qui est bien affamé, GUI PATIN, Lett. t. II, p. 241), pense que luron en est l'équivalent. Charles Nisard, Curiosités de l'étym. franç. p. 79, trouvant dans Pierre Faifeu, ch. 13 : Tant seullement des bribes et lorreaux Pour le souper des compaignons lureaux, admet que lureau est le même que luron, et tire lureau de leurre, celui qui a été fait au leurre, qui est habile. L'assimilation de lureau et luron n'est pas sans vraisemblance, mais il n'est guère possible d'aller au delà de la vraisemblance. Le mot luron n'a point d'historique ; cependant on trouve dans le Charoi de Nymes (XIIe siècle) : Par le conseil que li lurons lor done, Li cuens Guillaumes fait retorner ses homes, V. 956 ; mais peut-être lurons est-il une faute, et faut-il lire hurons, mot si souvent employé pour mineur dans les descriptions de siége. Fr. Michel voit dans luron un dérivé du mot loure (Dict. d'argot, Luron). (Littré).
        LURON. Quel est le véritable sens de ce mot ? On l'emploie tantôt pour homme joyeux, grivois, bon vivant, tantôt pour homme vigoureux, déterminé. Pour la première acception nous n'avons d'autre ressource que le flam. luy, et le dér. luyaerd, paresseux, fainéant (luron serait p. lueron); ou bien pourrait-on invoquer le wall. lurer, prov. lurar = leurrer ? Cela n'irait pas trop mal avec l'idée qui s'attache à notre féminin luronne. En ce qui concerne le sens leste, agile, déterminé, qui ne s'embarrasse de rien, Génin, se prévalant de l'anc. orthographe leuron, et de l'identité de u et v, interprète le mot par levron, dimin. de lièvre. Seulement, pour ne pas trop compromettre son étymologie (le lièvre étant précisément le type de la timidité), il traduit levron non pas par "petit lièvre" mais par "petit lévrier." Il se peut que l'all. luder, terme d'injure, = fainéant, débauché, aussi = homme bon à tout, ne soit pas étranger au mot roman. - Isidore cite un mot lustro, -onis, vagabond. Nous le mentionnons pour mémoire, il présente avec luron une correspondance littérale parfaite; lustron, lusron, luron est une dégradation tout à fait normale. On voit que le mot reste encore à l'état de problème pour les linguistes. (Scheler)

    lusin (menu cordage)        Issu, par agglutination de l'art. déf., de *husin, empr. au néerl. huizing, de même sens que le français.