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    ménie    Maisniée est issu du b. lat. *mansionata dér. de mansio, v. maison (cf. le lat. médiév. mansionare «exiger le droit de gîte» 821 ds Nierm.); maisnie par réduction de la diphtongue -ié- à -i- devant -e propre à la région normanno-picarde (Pope, p. 488, § V, p. 494, §iii; Gossen, § 8).

    mencaud (ou menchaud)    Mesure pour le grain. (1 mencaud = 1 demi setier)

    mencaudée (ou menchaudée) :    (dérivé de coude ?)(Histoire) (Belgique et Nord de la France) Ancienne unité de surface agraire valant environ 35 à 45 ares selon les lieux. La mencaudée a 32 valeurs différentes dans le Nord.
              * Eh bien! demain, au petit jour, nous irons dans la forêt et tu m'abattras cent mencaudées de bois. (Charles Deulin, Martin et Martine)

    mercerie 1. Ca 1187 mercherie «toute sorte de marchandises dont les marchands du corps des merciers ont le droit de faire trafic, telles que des objets d'ameublement, vêtements, bijoux, etc.» (Itinéraires à Jésus, éd. H. Michelant et G. Raynaud, p. 26); fin xiiies. [date du ms.] mercerie (Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 114, 21); 2.a)1227 mercerie meslee «toute sorte de menues marchandises débitées par les petits merciers, telles que rubans, peignes, gants, fil, aiguilles, etc.» (Doc. hist. inédits, éd. Champollion Figeac, III, 469); b)1497 petite mercerie «id.» (doc. ds La Curne); 1675 menue mercerie (Savary, Le parfait négociant, p. 43); c) 1690 mercerie (Fur.); 3. a) 2emoitié du xiiies. «boutique du mercier» (Lévy Trésor 1964); b) 1507 «commerce du mercier» (Ordonn. 2 mars ds Littré). Dér. de mercier*; suff. -erie*.
    Dér. de l'a. fr. merz «marchandise», du lat. merx, mercis, de même sens.
    Berry, marcier ; bourg. marcei ; prov. mercer, mercier. (Littré)
          Proverbialement & populair. en parlant d'Un homme à qui il est arrivé quelque succession ou quelque autre chose d'utile, on dit, qu'Il a plu dans son écuelle. Et en parlant d'Un homme qui est déchu d'une vigoureuse santé, ou d'une fortune éclatante, on dit, qu'Il a bien plu sur sa friperie, sur sa mercerie. (Académie, 4e édition, 1762)
        Pleuvoir sus la mercerie de quelqu'un : le battre, l'étriller. On disoit aussi anciennement tomber sur la draperie, et à présent, la friperie. (de Roquefort, Glossaire de la langue romane)
        (Rigaud, 1888): Ses affaires vont mal, il est sur le point de faire faillite. (Le Roux, Dict. comique.) Peu usitée à Paris, l’expression est encore très répandue dans la Province et principalement en Picardie.

    meringue    1691 (F. Massiallot, Le Cuisinier Roial et Bourgeois, pp. 302-303 ds Mél. Gamillscheg, p. 30). Orig. discutée. Meringue est donné comme mot d'orig. inc. par FEW t. 21, p. 494a. Pour A. Dauzat (Fr. mod. t. 20, 1952, p. 53), à la suite d'A. Vaillant, vient du polon. murzynka «négresse» et «meringue au chocolat» (cf. fr. nègre en chemise, gâteau de chocolat entouré de crème blanche). La meringue au chocolat désignée par murzynka devrait être une var. de la recette originale de la meringue. Mais il semble peu vraisemblable qu'un mot aussi compliqué que murzynka ait été introd. en fr. sans hésitations. EWFS fait remonter le mot à l'all. Meringel. Cette hyp. est abandonnée puisque meringue est att. bien avant le mot all. (qui date du xixe s.). C'est en fait l'all. Meringel qui est empr. au fr. O. Jänicke (Z. rom. Philol. t. 84, 1968, pp. 566-568), partant du b. lat. meringa (altération de merenda «collation du soir») att. dans un texte originaire de l'Artois (v. Du Cange), y voit une orig. germ. possible étant donné la localisation du mot et sa finale. Meringue remonterait au m. néerl. meringue «collation du soir» (cf. m. h. all. merunge, m. h. all.-m. b. all. meringe, tous deux dér. de mëren/mern «tremper du pain dans du vin ou de l'eau pour le dîner»). Cette hyp. est douteuse puisqu'on n'a pas relevé d'attest. de meringue «collation» en a. pic. ou dans les parlers du Nord-Ouest. Le même auteur (Z. rom. Philol., pp. 568-570) rattache avec beaucoup de vraisemblance le mot au lat. merenda «collation du soir» orig. de maringue «miche de berger» et wallon marinde «provision qu'on emporte pour le dehors». La distinction entre ã (an) et e (en) s'étant maintenue en pic. et en wallon et la substitution de g à d n'étant pas inconnue (cf. les topon. La Bourguinière/La Bourdinière dans la Sarthe; Boulogne pouldingue «dinde» au lieu de «poule d'Inde»), merenda a pu aboutir à merinde/meringue. -eg > -ed a sans doute été favorisé par l'existence dans les parlers du Nord d'un grand nombre de mots d'orig. germ. en -eg. Le passage de merenda «collation du soir» à «gâteau très léger fait de blancs d'oeufs battus et de sucre, cuit à four doux» peut s'expliquer par les acceptions prises dans les parlers gallo-rom. où le mot désigne une collation prise à n'importe quel moment de la journée (FEW t. 6, 2, p. 27) et les aliments qui la composent (cf. Tournus morande «provision qu'on emporte aux champs», Montceau «gros morceau de pain»).

    merlin (cordelette)    Empr. au néerl. marlijn, meerlijn «corde pour attacher», de marren «lier» (amarrer*).
    Wallon, mârlin ; angl. marline ; du flamand maarline, de maar, mer, et line, corde : corde de mer. (Littré).

    mesquin    plusieurs origines possibles :
    − soit à l'ital. meschino, att. aux sens 1 et 2 dep. le xiiie s. (Pucciandone Martelli et Libro della natura degli animali ds Batt.), proprement «pauvre, chétif» (début xive s., Intelligenza, ibid.)
    − soit à l'esp. mezquino, att. au sens 2 dep. 1526 (Lazarillo de Tormes ds Al.), proprement «pauvre, indigent» (dep. ca 950, Glosas Emilianenses ds Cor.-Pasc.), tous deux empr. à l'ar. miskin «pauvre» (à l'orig. de l'a. prov. mesquin «id.», a. fr. meschin «jeune homme, serviteur»), v. FEW t.19, pp.127-128.
    − dériver de mescheir/mescoir, "arriver malheur"
        Meschin, mescin, mesquin, messin, mischin, s.m., jeune homme, jeune gentilhomme. Au fém. Meschine/mesquine : jeune fille ; jeune fille de noble extraction ; servante ; meubre servant à tenir la vaisselle, servante. (cf. aussi dim. meschinette/mesquinette, pic. petite servante ; en wallon, on appelait méquenette l'homme qui fait le travail de servante.)
        Suivant Prévost, dans son Manuel Lexique, "le mot méquine, servant, s'est conservé dans quelques provinces, pour le même usage. En Artois, le peuple prononce mequaine." De nombreux patois ont gardé ce mot jusqu'à nos jours. Nord-Est, meschène. Wallon, meskène. Rouchi, méquène. Pic. méquène, mekine, servant. Les Picards ont souvent à la bouche ce proverbe : Ce qu'aime la méquène, on le mange sept fois la semaine. Hte-Norm., vallée d'yères, mekaine, servante au sens de meuble.
        Mescheir, meschair, meschoir, mescoir, mesquoir, meskeoir, mescoair, verbe, arriver du mal. Meschief, meschef, meskief, meskiet, s.m., malheur, calamité, infortune. Et les dérives : mescheoite, mescheue/mesqueue,
        Meschever, meskever, mescaver, verbe, avoir du malheur, échouer.
    Godefroy, Dictionnaire d'ancien-français

    met, maie (coffre du moulin qui reçoit la farine)    Du lat. magis, -idis «pétrin» (Marcellus Empiricus, 1, 38; gr. μαγις, -ιδος «pâte, sorte de pain; plateau rond de balance; pétrin», Liddell-Scott), doublet sav. de magida, -ae, «grand plat pour servir à table» (gr. μαγιδα, acc. de μαγις).  Saintongeois et angoumois, met ; provençal mag ; du latin mactra, de même radical que, pétrir. (Littré)

    meunier    Du b. lat. molinarius (TLL), dér. de molinum (moulin*). La forme meunier (plutôt que mounier attendue et attesté) est due à l'infl. de mots tels que meule*, meut (forme anc. du verbe moudre*). Influence picarde possible.