• MI

    micmac    Altération du m. fr. mutemacque « rébellion, émeute » (1re moitié du xves. meutemacre, Monstrelet, Chronique, II, 213 ds Gdf.; ca 1462 mutemacque, Cent nouvelles nouvelles, 99, éd. Fr. P. Sweetser, p. 575, 637), issu de la loc. verb. de m. néerl. muyte maken « faire une émeute ». Le fr. a également empr. meutemacre « mutin, séditieux » (Monstrelet ds Gdf.) au m. néerl. muytemaker « id ». Mutemacque s'est prob. altéré en micmac en prenant le caractère d'un mot expressif contenant la succession des voyelles i-a comme bicquebacque « bascule de puits », cric-crac*, fric-frac*, tic-tac*, trictrac*, zigzag*, v. A. Thomas ds Romania t. 41 (1912), pp. 80-84 et Lew. 1968, pp. 35-37, ainsi que FEW t. 16, p. 590.

    mièvre    Prob. issu de l'a. scand. snaefr «rapide, leste, agile» (cf. l'a. fr. esmievre «empressé» ca 1210, La Patrenostre a l'userier ds Parodies de thèmes pieux dans la poésie fr. du Moyen Âge, éd. E. Ilvonen, I, 48) et le norm. nièvre «qui a de la vivacité mêlée de quelque malice (en parlant d'un enfant)» 1694 Mén.; l'm viendrait d'une accommodation de l'n à v.
        Origine inconnue. Furetière fait remarquer qu'en Normandie on dit nièvre. Ménage le tirait de nebulo, polisson. Diez se contente de rappeler maffion qui se dit en Berry pour un enfant vif. (Littré).

    mignon, mignotter/amignoter    Dér. d'un rad. miñ-, exprimant originellement la gentillesse, la grâce; suff. -on1*; dès le xve-xvies. a supplanté mignot* dont seuls les dér. (amignoter*, mignoter*), ont quelque vitalité. Le radical miñ- est rapproché (cf. Littré notamment) de l'allemand Minne "amour" (cf. Minnesang du moyen âge). vitu le voit descendre simplement du latin minutus.

    minque, minck    halle aux poissons (il en existait une à Lille, elle existe toujours à Dunkerque, Place du Minck, à Saint-Omer, rue du Minck) : tire son nom du verbe patois mincquer, mettre à prix le poisson par lots d'une certaine valeur, verbe dont on a fait mynck, lieu où l'on procède à l'adjudication du poisson. Selon une autre interprétation (cité par Jean Lambert Derheims dans son Histoire civile, politique, militaire, religieuse, morale et physique de la ville de Saint-Omer et pour J. Vercoullie dans son Beknopt etymologisch woordenboek der Nederlandsche taal), dès le 15ème siècle, le poissonnier annonçait le prix de sa marchandise en le baissant au fur et à mesure, jusqu'à ce qu'un amateur criait : '' myn '', c'est à dire : '' à moi ''. La rue du Minck, proche du Marché aux poissons voisin, tire son nom de cette expression. Le TLFi dit : Empr. au flam. (visch)minke «lieu où l'on vend le poisson en gros», prob. dér. de minken «mutiler, diminuer» (peut-être p. allus. au mode de fixation des prix); le flam. connaît également vischmijne, issu du cri mijn «le mien, à moi», empr. en m. fr.: min «cri poussé par un marchand qui désire se faire adjuger un poisson» (1406, Arch. Lille, BB1, no 374, fo 139 vo ds IGLF); cf. encore le néerl. mijnen «acheter aux enchères», également dér. de mijn.

    mioche    1. 1567 «mie» (H. Junius, Nomenclator omnium rerum propria nomina variis linguis explicata indicans, Antverpiae, p.96); 1611 «fragment, parcelle d'un aliment quelconque» (Cotgr.) − 1660 (Oudin Fr.-Esp.); 2. 1721 fam. «jeune garçon» (Legrand, Cartouche ou les voleurs ds Sain. Arg. t.1, p.65: Et vous, petits Mioches [c'est-à-dire garçons] allez travailler à la presse); 1808 avoir des mioches «avoir des enfants» (Hautel). Dér. de mie1*; suff. -oche*; a concurrencé une var. plus anc. mion «miette» 1604 (Trium ling. Dict. ds Gdf.), puis 1628 «gamin, garçon» (O. Chéreau, Le Jargon ou lang. de l'arg. réformé, p.15), dér. de mie1*, suff. -on* sur le modèle de croûton*.

    miquelot (petit garçon qui va en pélérinage au mont S. Michel, et qui se sert de ce prétexte pour mendier)    Nom donné aux pèlerins se rendant au Mont Saint-Michel. Prononciation normano-picarde de Michel.

    misère (chercher ~)    chercher dispute, chercher des noises (calque du flamand miserie zoecken).

    mite, mité, miter    Empr. du m. néerl. mîte (cf. angl. mite, de même sens), dér. de la racine germ. mit- «couper en morceaux»; mite, nom de l'insecte, est pris au sens actif «qui ronge». Mite «cachot» est d'orig. incertaine (FEW t.23, p.129b). D'apr. Esn. le mot serait la forme apocopée de cachemitte*.

    mitraille (morceau de métal ; petite pièce), mitrailler, mitraillette, mitrailleuse    Altération de l'a. fr. mitaille attesté au sens de «morceau de métal» en 1295 (doc. ds Gdf.) et de «petite monnaie» au xives. (Gdf.), lui-même dér., à l'aide du suff. -aille*, de l'a. fr. mite «monnaie de cuivre de Flandre» (1288, Jacquemard Gielée, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 7350), lequel est empr. du m. néerl. mite «id.», dér. de la racine germ. mit- «couper en morceaux».