• MO > MOQ

    moche    Mot d'arg. formé sur le verbe amocher*, dér. de moche «écheveau de fil non tordu, vendu par paquet de 10 livres» (Savary), var. de l'a. fr. moque «mie de pain» (ca 1223, Gautier de Coinci, Miracles N.D., éd. V. F. Koenig, II Mir 24, 168) qui représente un a. b. frq. *mokka «masse informe» que l'on restitue d'apr. l'all. Mocke. FEW t.16, pp.562-563.
        Origine normande (1880) pour Guiraud.
        Chez Littré : 
    - Terme de commerce. Paquet de soies filées. Soies en moche, se dit des soies ainsi disposées.
    - En Normandie, paquet de vers de terre fixé au bout de la ligne, sans hameçon, avec lequel on pêche. On prend beaucoup d'anguilles à la moche. Pêcher à la moche.
        Moche dans les deux sens signifie paquet. L'origine en est ignorée. Le provenç. a mosclar, nasse ; le bas-latin, mosclaris, interprété à tort par hameçon. (Littré). Amocher : Prob. dér. de moche subst. « écheveau de fil non tordu, vendu en gros paquets » (moche*, adj.), d'où « arranger grossièrement » et « défigurer, abîmer »; préf. a-1*.

    moise (pièce de charpente)    Du lat. mensa «table; comptoir de marchand, table de banquier, étal de boucher». Cf. mense. Origine incertaine. Scheler y voit le latin medius (moi, comme dans moyen). Le wallon a amoise, qui signifie amorce ; si on savait la provenance de moise, on pourrait y voir le mot wallon moise, morsure, la moise mordant les pièces de bois. La forme moisine du XVe siècle n'explique rien. (Littré).

    molequin, mullequin (s.m.), molequiner, molequinerie    etoffe précieuse de lin ; robe faite de cette étoffe. Bas-lat. melocineus, du lat. molochinus, de moloche ; terme grec signifiant mauve (voy. MAUVE 1).
    la Rose, 21206 Le molequin était aussi une étoffe : Cendaus, molequins arabis. Cf. murquénier, mulquinier.
    Voir moleskine, molesquine    1. 1838 mole-skin «étoffe de velours de coton, que l'on emploie pour faire les doublures de vêtement» (Musée des Modes, p.5 ds Bonn., p.95); 2.1858 (Chesn.: Moleskine-cuir ou cuir végétal, matière qui remplace le cuir vernis pour la chaussure et les confections de la sellerie). Empr. à l'angl. moleskin, comp. de skin «peau» et mole «taupe», att. dep.1668 comme terme désignant la fourrure de peau de taupe ou toute fourrure dont le rasage des poils lui donnerait un aspect semblable et att. dep. 1803 au sens 1, la surface du tissu étant rasée au cours de la fabrication de ce velours (cf. NED).

    murquénier, mulquinier    Ancien terme de commerce. Celui qui fabrique des toiles fines. Défendons à tous fabricans, tisserands et mulquiniers, de se servir d'aucun ingrédient pour plaquer, cirer ou gommer les pièces de batiste et linons, Lett. patent. du 9 août 1781, Flandre et Hainaut.
    minutieux, qui fait de petits contes, qui a de petites manières, à l'imitation de ceux qui exercent effectivement ce métier et qui semblent fort sujets à faire ces petits contes. (Hécart, Dictionnaire rouchi-français)
    Ouvrier qui lisse les batistes, les linons. Gattel dit que c'est celui qui recueille les plus beaux fils, notamment ceux destinés à la dentelle ; c'est une erreur. V. les mots mulquinier et musquinier, qui ne sont que deux prononciations différentes du même mot. Boiste écrit mulquinier, comme Gattel, et place devant ce mot le signe qui indique ceux qu'il croit n'avoir jamais été publiés dans aucun dictionnaire. Le mulquinier est l'ouvrier qui met le fil de mulquinerie en œuvre en en fabricant des batistes et des linons, et par extension on a donné ce nom à celui qui recueille ce fil, non pas généralement cependant. Je ne puis me dispenser de placer ici une fort bonne note de M. Lorin. " On dit à Saint-Quentin murquinier, le vrai mot est mulequinier, meulequinier, molequinier, c'est ainsi qu'il se trouve écrit dans plusieurs chartes des XIIIe et XIVe siècles. Le peuple a dit murquinier, en changeant l en r comme dans armanach au lieu de almanach, arquémie pour alchimie, etc. On nommait mulequinier, mollequinier, meulequinter, les ouvriers qui fabriquaient une étoffe fine et de prix, nommée mollekain, mulequin, molquin, dont on lésait les vêtemens légers nommés chainse ou chemises. Le mot molequin, qui se trouve dans nos anciens auteurs, notamment dans le Roman de la Rose peut-être pris du latin mollis, en y ajoutant la désinence quin, qui dans plusieurs mots d'origine belgique, est le diminutif. En effet, dans cette langue, on fait de meulen, moulin, meuleken, moulinet ; manneken, petit homme, etc. "
        Musquenier se trouve aussi dans les écrits, mais plus modernes que ceux cités par M. Lorin.
        " Remontrent les maîtres jurés du stil des murquéniers qu'il n'est plus surprenant... "
        Requête au Magistrat de Valenciennes, du commencement du XVIIIe siècle.
        Murquénier est resté et nous est parvenu jusqu'aujourd'hui avec cette orthographe. (Hécart, Dictionnaire rouchi-français)

    musquinier    Le tisserand est un artisan dont la profession est de faire de la toile sur le métier avec la navette ; en quelques lieux on le nomme toilier, télier ou tissier ; en Artois et en Picardie, son nom est musquinier, Dict. des arts et mét. Tisserand.

    mongy    tramway de l'agglomération de Lille, surnommé le Mongy, du nom d'Alfred Mongy (Lille, mai 1840-juin 1914), concepteur du réseau.

    montagnard    (élimine montain ; ultramontain déjà attesté en 1323 pour « celui qui habite au-delà des monts (par rapport à la France), italien »). 1. Ca 1510 adj. «qui habite les montagnes» (J. Lemaire de Belges, Les Illustrations de Gaule, I, éd. J. Stecher, t.1, p.160); 2. 1549 subst. «habitant des montagnes» (Est.); 3. 1765 adj. «propre aux habitants des montagnes» (Encyclop., s.v. zenda-vesta [Zend-Avesta], t.17, p.701b); 4. a) 1792 patriotisme montagnard (J. des débats, 11 déc., p.1 ds Frey, p.152); b) 1793-94 hist. (Desmoulins ds Vx Cord., p.47: tous mes collègues montagnards). Dér. de montagne*; suff. -ard*.

     

    moque (Mar. Bloc de bois par lequel passe un filin)    Empr. au néerl. mok «bloc de bois».

    moque (littoral de la Manche et de l'Atlantique : petit gobelet, moque de cidre)    Mot qui se rencontre de la Normandie (mogue, moque) à la Gascogne (aussi à Boulogne sur Mer) et qui correspond au b. all. mokke «cruche, pot», m. néerl. moken «petite mesure de capacité», néerl. mok «tasse en fer-blanc», frison de l'Est mukke «vase de terre cylindrique» (cf. aussi angl. mug «cruche, pot» depuis 1570 ds NED). Il est difficile de déterminer avec certitude laquelle de ces lang. est à l'origine du mot en fr. selon FEW t.16, p.563b. Pour l'existence de moque, mok (tasse, boîte en fer) dans les parlers créoles de l'Océan Indien et des Antilles voir R. Chaudenson, Le lexique du parler créole de la Réunion, t.2, pp.812-813. En créole, faire la moque, "mendier".
    mug    "drinking vessel," 1560s, "bowl, pot, jug," of unknown origin, perhaps from Scandinavian (cf. Swed. mugg "mug, jug," Norw. mugge "pitcher, open can for warm drinks"), or Low Ger. mokke, mukke "mug." Certain y voit le normand mogue.

    moquette    Orig. obsc. (v. FEW t.23, p.28b). Prob. à rapprocher de l'angl. mockado «sorte d'étoffe très utilisée aux xvieet xviies. pour l'habillement» (mockeado en 1543 ds NED), qui serait selon NED une corruption de l'ital. mocajardo ou d'un var. de ce mot (cf. mohair, moire; v. Cotgr. qui traduit moucade et mocayart par moccadoe et moncaiart par silke moccadoe). Selon une autre hyp. (Havard, loc. cit.), les anc. formes de moquette: mosquet et mosquete, rappellent le mot mosquée* (dont les anc. formes sont musquette, mosquette, mosquet, etc., v. FEW t.19, p.122a). La moquette aurait donc été à l'orig. un tapis de mosquée.

        Moquette : Origine iconnue. Mocade : Nom qu'on donne quelquefois à la moquette. Nous aurions accordé à Philippe le Clercq la permission d'établir dans notre royaume la fabrique et manufacture de mocades ou moquettes façon de Flandres, Privilége de Pierre Maurice pour la manufacture des moquettes, 3 août 1682. On trouve aussi moucade. Tapis de moucade, Décl. du roi, nov. 1640, tarif. (Littré)

        Etoffe de laine sur fil, & qui est travaillée comme le velours. La mocade se fait en Flandre, & est diversifiée de couleurs en rayures ou fleurons. On l'appelle dans plusieurs endroits Moquette. La mocade sert a faire des ameublemens. Il y a à Abbeville une manufacture de mocades & tripes rayées. La chaîne est de lin. La trame est de laine de toutes couleurs par les figures qui se forment de la tirée. (Dictionnaire de Trévoux)

        Mocade, moucade, moquette    étoffe de laine velue ou peluchée, tissée, croisée et coupée comme le velours. D'où vient ce terme ? D'un nom géographique ou d'un type mollicus, mol'cus ? (Auguste Scheler)

    Dérivé, par substitution de suffixe, de l'anc. mocade, encore employée au XVIIe siècle, d'origine incertaine. (Cf. l'angl. moccadoe dans Cotgr., mocado, et le holland. mokfluweel, m.s., l'allem. mokade || 1611. Moucade, Cotgr. (Darmesteter & Hatzfeld)

        Mockado, mugget. Mockado first occurs 1543, is a common word in the sixteenth and seventeenth centuries as a material used for clothes, usually spoken of as inferior, and there is a variety called ' tuft-mockado ' l (contrasted in one example with ' plain '). It was originally made in Flanders. Cotgrave has moucade (not elsewhere recorded). The D.G. quotes a form mocade as occurring in the seventeenth century, now replaced by ' moquette, etoffe pour tapis et pour meubles, veloutee de laine, dont la chaine et la trame sont en fil,' and compares E. moccadoe and Du. mokfluweel. Cotgrave also has mocayart and moncaiart. As an adj. mockado is used in the sense of 'trumpery, inferior' (cf. fustian). There is also an E. ' moquette, a material composed of wool and hemp or linen, chiefly used for carpeting ' (1762), evidently from F. moquette (v.s.). The N.E.D. suggests derivation from It. ' mocajardo, mohair, moire,' which properly means ' camlet,' and is ultimately Arab. I think that mockado may have been confused with this word, which has several Romance variants, but I do not believe in immediate derivation of the one from the other, although Torriano gives ' moccaiaro, moccaiardo (cf. Cotgrave), moccaiorro, the stuff mocado, also a mucketer.' Florio 2 (1598) gives 'moccaiaro, moccaioro, the stuffe we call moccado,' and l moccaiuolo, moccatoio, a mucketer, a handkercher, a snuffer.' Mugget. ' Intestine of a calf or sheep as an article of food,' occurs 1481 (moghettis), also (1578) ' moquet or chauden of a calf.' The N.E.D. has a separate entry moquet (1578) = chawdron, with the example * crompled leaves, wrinckled and . . . drawen togither almost like the moquet or chauden -of a calf.' This is not brought into connexion with the entry mugget, but obviously belongs there, and may be an important clue for both mugget and mockado. It is admitted that mockado was an inferior stuff, and I take it to be very much the same thing as Naples fustian. Gouldman has 'heteromalla, a garment of fustian an apes, or volure, or of mutft (cor. tuft) mockado.' This is from Junius, who has ' vestis heteromalla lanea, Germ, ein kleyd von Bubensammet, Du. een trijpen aft bastaert-fluweelen cleet, F. de tripe, de chamois veloute, It. di velluto de tripa, Sp. de velludo de tripa.' Littleton has ' heteromallus, friezed or shagged only on one side ; of silk it may be taken for velvet or any tufted silk ; of woolen, for mockado or fustian.'
        A similar material was called formerly tripe, and I suggest that in mockado (muckado} and mug get (moquet) we have a similar parallelism. I do not know how old tripe is in this sense, but I give the following dictionary examples :
              Trium linguarum diet. (1587) : * trype, heteromallum, tripe, chamois veloute.'
              Florio : ' trippa, a kinde of tripe velvet that they make women's saddles with called fustian of Naples.'
              Cotgrave : ' tripe, . . . ; also valure, Irish tuftaffata, fustian an apes.'
              Oudin : * terciopelo de tripa, de la tripe de veloux ' (the F. tripe is quoted by the D.G. for 1483).
              Torriano : ' trippa di veluto, tripe-velvet, mock-beggers velvet, fustian of Naples.'
              Sobrino (1744) : * moquette, sorte d'etoffe de laine veloutee, moqueta, especie de tripe.'
              Ebers (1799): ' Bettelsammet, Bubensammet, TK-sammet, mock-velvet, or Irish tuft-taffeta, or fustian-an-apes.'
              The N.E.D. has ' mock-velvet ' (perh. = mockado, 1613), and Sewel (1727) has ' mock-velvet, tryp.'
        Hence it seems that tripe, fustian, mock-velvet, and mockado were practically the same thing. 1 Now mockado, only occurring in English, may very well be one of those pseudo-foreign trade names in which the early merchant venturers indulged (cf. perpetuano, pintado, N.E.D.), and its German and Dutch names are so obviously contemptuous that it must have been generally associated with mock. On the other hand, ' moquet, tripe,' is apparently older, and cloth is more likely to be named from its suggesting the surface of tripe than the converse process. The resemblance of tripe to a material appears in the wide extension of ' tripe, fustian.' An examination of the specimens displayed in a tripe-shop window will convince anyone of the close likeness between tripe and a coarse shaggy fabric. Cf. Germ. ' Gekrose (which Kluge regards as connected with Icrawi), a calf's pluck or chaldron, the guts of a calf, the tripes (of geese), ... is also the name for a kind of a collar that has many plaits, which is worn about the neck by some protestant parsons and magistrates of some towns in Germany' (Ebers). Of. also F. '/raise, ruff,' probably from '/raise, mesentery,' ' a strawberry ; also a ruffe ; also a calves chaldern ' (Cotgrave). See also the N.E.D. quotation under moquet (v.s.).
        I suggest, therefore, that there is a strong probability that the proportion moquet (intestine) : mockado (stuff) :: tripe (intestine) : tripe (stuff) holds true, and that when the origin of tripe is discovered it will throw light on the other words.
        The It. mocajardo is described in " Voc. della Crusca " (1686) and all the eighteenth and nineteenth century dictionaries I have (Yeneroni, Altieri, Baretti, Antonini, Cardinali, Yalentini) as made from hair and identical with ' camotardo, Turkic chamblet ' (Torriano). It was a rare and costly fabric. It is confused with mockado only apparently by Florio, Cotgrave, and Torriano, to whom the English word would be familiar. Torriano even gives
    ' moccado stuff, drappo moccado?
        Since writing the above, I have found ' moucayart, weerschijn aft cantant' (Meurier, Diet. FranQois-Flameng, 1584). I do not understand cantant, but the other word may mean 'sham,' which is rather against my theory, and points to identity of mocado and mocaiardo.
    Etymologies, chiefly anglo-french, in TRANSACTIONS - PHILOLOGICAL SOCIETY, 1907-1910.  By Professor ERNEST WEEKLEY, M.A. [Read at the Meeting of the Philological Society on February 4, 1910.], p.307 ss.