• MOU > MU

    moue    176 faire la moe «grimace qu'on fait en allongeant les lèvres, par dérision ou par mécontentement» (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4504). De l'a. b. frq. *mauwa «moue», que l'on restitue d'apr. le m. néerl. mouwe, FEW t.16, p.544b. mouwe maken : faire le moue.

    mouette    Fin xiiie-début xives. moette (J. Lescurel, Chansons, éd. A. de Montaiglon, XXXIII ds IGLF); 1422 mouete (A. Chartier, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p.34, 1. 25). Dimin. de l'agn. mave, mauve, v. mauve2; suff. -et, -ette*.

    moufle (gant)    Du b. lat. muffula «mitaine» (att. dès 817 dans un Capitulaire d'Aix-la-Chapelle), d'orig. incertaine. Ce mot représente peut-être l'a. b. frq. *molfëll «peau molle» (Kluge, s.v. Muff 1) ou plus vraisemblablement l'a. b. frq. *muff - vël, composé du rad. du germ. muffel «museau rebondi» (cf. l'all. muffeln «mâchonner; envelopper», et le fr. camouflet) qui aurait signifié «enveloppe» et de vël «peau d'animal». FEW t.16, p.576b.
        Wallon, mofe ; génev. mouffe ; du bas-latin muffula, mulfola, dans des textes du IXe siècle, et aussi manufollia, musfula, moffula. Diez le tire du hollandais moffel, diminutif de l'allemand Muff, manche ; moy. Haut allem. mou, mouwe, manche, manchon. Mais le mot bas-latin est bien ancien pour le tirer de moffel ; et Scheler remarque qu'il faut faire attention aux formes mulfola, manufollia, qui indiquent un bas-latin manupola ou manipulus, poignée, ce qui enveloppe le poignet ; ce paraît être la vraie étymologie. C'est sans doute par assimilation que mofle ou moffle a signifié monceau : XIVe s. DU CANGE, moffula. Icellui Simon print un tison de feu et de l'estrain, et ala bouter le feu en un mofle de foing

    mouffle (visage rebondi), mouffler (tirer les joues de qqn)    Prob. empr. à l'all. Muffel «museau»; cf. mouflard «joufflu» dès la 1remoitié du xivesiècle.

    mouflon    Empr. 2 fois (la refois sans doute par la voie écrite en raison du -u- du rad.) au sarde muvrone (Wagner, s.v. mugrone) ou au corse mufrone, muvrone, du lat. tardif mufro, -onis (Polemius Silvius, v. A. Thomas ds Romania t.35, pp.183-184), prob. d'orig. préromane. Pour Littré : Probablement de l'allemand Muffel, chien à grosses lèvres pendantes, mufle, mouflard.

    mofler (B)(recaler, coller à un examen)    Mot wallon, dér. de mofe «gros gant», forme wallonne correspondant au fr. moufle2*.

    mofleur (B)(examinateur qui a la réputation d'être très sévère et de faire échouer)

    mouron    Prob. empr. au m. néerl. muer, bot., néerl. muur, all. Miere, Meier, v. FEW t. 16, p. 571b. Le sens 4 est prob. issu du sens 3, cf. se faire des cheveux « se faire du souci ».

    moutarde     1. a) Ca 1223 « condiment préparé avec des graines de moutarde pilées, additionnées d'aromates et délayées avec du moût » (Gautier de Coinci, éd. V. F. Koenig, I Mir. 11, 1081); b) 1269-78 bot. (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 14426 : un grain de moustarde); 2. 1640 la moustarde me monte au nez (Oudin Ital.-Fr., s.v. mostarda); 3. a) 1658 sauce moutarde « galantine » (d'apr. FEW t. 6, 3, p. 272b); b) 1935 sauce moutarde (Ac.); 4. 1916 en appos. « couleur de moutarde » (d'apr. Esn. Poilu, 297); 5. 1931 gaz moutarde « ypérite » (Lar. 20e). Dér. de moût*, ce condiment étant d'abord fabriqué avec du moût.

    mouver    Emploi techn., pop. et dial. (Nord, Ouest, Centre et Canada) de l'anc. verbe mouver, issu par changement de conjugaison de mouvoir dont il a hérité les sens (xiies. [ms.] muver, trans. « mouvoir, déplacer », Psaume, Brit. Mus. Arundel 230, fol. 49 rods Gdf.; ca 1230 mover, intrans. « se mouvoir, se déplacer », St Eustache, éd. H. Petersen ds Romania t. 48, 1922, p. 391, 1497) et encore en usage jusqu'au xvies. Voir FEW t. 6, 3, p. 164a-b.

    moye de blés (meule, régionalisme du latin meta « pyramide, cône ») (chez Jean Richepin)

    moyette et moyère (meule)    Av. 1812 (Ph. Delmotte, Essai d'un glossaire wallon ds FEW t. 6, 2, p. 53b). Dimin. de moie « meule »; suff. -ette*.

     

    à muche-pot (ou à musse-pot) : en picard "à muche tin pot" (muche tén pot chez Hécart, qui cite Wailly muchetampot. Dans toute l'aire picarde. fam. et vx. En cachette. (Dict. xixe et xxe s.).

    mufle    Altération, par croisement avec museau*, de moufle3* « gros visage gras et rebondi ».

    musico (Vx. Café, cabaret où l'on exécute de la musique, notamment aux Pays-Bas, surtout en Hollande et à Amsterdam)    Empr. au néerl. musico de même sens, surtout pop. au xviiies. (Valkh.).
    musico o., Fr. 18e eeuw musicot, musicaux: gemaakt op het mv. musicaux, gelijk Eng. music-hall op ’t enk. musical, d.i. café musical, adj. van muziek.
        Dit woord is merkwaardig, doordat het herhaaldelijk bij vreemde schrijvers (Voltaire, D'Aubigné, Mémoires e Mme de Zoutelande) voorkomt als een in Nederland, bepaaldelijk te Amsterdam, gebruikelijke naam, terwijl het daarentegen bij onze schrijvers zeldzaam is. [...] Men zal moeten aannemen, dat een woord, in Nederland en bepaald te Amsterdam het eerst gebruikt, vooral bij vreemdelingen is bekend geworden, zeker niet zonder invloed van den eenen auteur op den anderen, zoodat zelfs nog in 1885 een Portugees heeft kunnen beweren, dat een café chantant in Nederland een musico heet (zie boven). [...] Formeel is musico gelijk aan italiaans musico, maar dit kan alleen in aanmerking komen wanneer men aanneemt, dat de (soms zeer goede) muzikanten in die huizen op het einde der 17de E. musico's genoemd werden. Zulk eene inrichting bezoeken kon wellicht heeten ”naar de musico's gaan”, en daar die huizen talrijk waren, kan men vervolgens musico hebben opgevat als naam voor één zulk een gelegenheid. Dit zou intusschen door nader onderzoek moeten bewezen worden. Musico is in 1798 in den Dictionnaire de l' Académie française opgenomen (in 1773 werd het inderdaad te Parijs gebruikt: zie Mr. V. HALL in De Gids 1902, 3, 556), en sinds dien tijd vindt men het in de Fransche woordenboeken; men vindt het ook in jongere, niet altijd geheel betrouwbare boeken over het Argot (zoo b.v. in het woordenboek van DELESALLE, onder Cabaret), doch het staat niet in L' Argot ancien van SAINÉAN, en blijkbaar is het ook volgens den Dict. Gén. niet een in het Argot bekende naam. (http://gtb.inl.nl/iWDB/search?actie=article&wdb=WNT&id=M040355)