• NA > NI

    nable (trou de vidange d'un navire)    Empr. altéré du néerl. nagel «cheville», v. aussi gournable

    nager    Du lat. navigare «naviguer, voyager sur mer» (d'où I). Nager a peu à peu supplanté l'a. fr. nöer «nager» (1160-74, Wace, Rou, éd. J. Holden, III, 5238; encore largement att. au xvies., Hug., au propre et au fig.), issu du b. lat. *nŏtare, forme dissimilée du class. natare «nager»; de natare, l'a. prov. nadar (xiiies., Marcoat ds Levy Prov.), l'esp. cat. port. nadar; de *notare, l'a. roum. nota (qui en atteste l'ancienneté), l'ital. nuotare. Cette nouvelle signification de nager (II) a rendu difficile l'emploi courant du verbe dans la signification primitive de «naviguer», d'où l'empr. au lat., de naviguer*. La cause de l'éviction de nöer serait sa collision homon. avec l'a. fr. nöer (< lat. nōdare), v. nouer, W. von Wartburg, Problèmes et méthodes de la linguistique, 2eéd., pp.163-166. La plupart des emplois figurant sous I A 2 sont dans la lang. mod. compris comme dér. du sens II.

    nantir    Dér. de l'a. fr. nant «gage», refait sur nans, plur. de nam (ca 1150, Lois Guillaume, éd. J. E. Matzke, § 44), empr. à l'a. nord. nam «prise de possession» (FEW t.16, pp.596-597).
        Anc. franç. nam, namp, gage ; bas-lat. namium ; du germanique : scandinave, nam, prise ; goth. niman, prendre, anc. haut allem. Nama (1er a accent long), rapine, proie ; tous mots qui sont en rapport étroit avec le grec qui, au moyen signifie se faire donner en partage, posséder. (Littré)

    nareux, néreux (Champagne, Lorraine, Thiérache). Difficile en matière de nourriture.    1792 nareu (Dict. du patois du duché de Bouillon ds R. Lang. rom. t.15 1878, p.177); 1807 néreux (Michel (J.-F.) Expr. vic.). Mot dial. du Nord et du Nord-Est (wallon, pic., champ., lorr.), dér., à l'aide du suff. -eux*, d'un type nar «narines, nez» qui survit encore en fr.-prov. et en prov. (cf. FEW t.7, p.15a) et qui a dû exister en fr. (cf. les nombreux dér. servant à désigner le nez et les narines, v. FEW t.7, pp.15a-16a); du lat. naris «narines, nez», v. aussi narine.

    navrer    Altération de l'anc. verbe nafrer, d'orig. incertaine, signifiant «blesser en transperçant ou en coupant» (ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 2093), att. d'abord dans les anc. textes norm. et agn. (encore «blesser; meurtrir» en norm. et dans les parlers de l'Ouest; v. FEW t.16, p.593b-594a), entré ensuite, comme terme de chevalerie, en prov. et fr.-prov. où l'on trouve nafrar à partir de la fin du xiies. (v. FEW t.16, p.593b). Nafrer est peut-être empr. par le norm. à l'a. nord. *nafra «percer (avec une tarière)», que l'on suppose d'apr. le subst. a. nord. nafarr «tarière» (v. FEW t.16, p.595a-b), avec un glissement de sens dû prob. à une mauvaise compréhension du verbe en gallo-rom. en raison de l'absence du subst. corresp. La forme navrer, avec sonorisation de -fr- en -vr-, peut être expliquée par le passage du mot norm. au parler de Paris, où le groupe consonantique -vr- est très fréq. Le point faible de cette hyp. est que le subst. a. nord. n'a pas de représentant en gallo-rom. et, qu'au contraire, le verbe qu'exige le gallo-rom. n'existe pas en a. nord. Selon EWFS et H. Meier, cf. infra, nafrer est issu du lat. naufragare, proprement «faire naufrage» (v. naufrager), qui a pris les sens de «gâcher, abîmer, perdre, ruiner» (viie-viiies. ds Nierm. et Nov. Gloss.), d'où celui de «subir un dommage corporel» (fin du ixes. ds Nov. Gloss.); cf. aussi l'a. esp. nafregar(e), navargar «désoler, détruire» (mil. du xes. ds Cor.-Pasc., s.v. nafrar), «produire une blessure au cheval» (1129, ibid.), «maltraiter» (xiies., ibid.) et l'a. port. ana(u)fragar (1223 ds Mach.3). L'évolution phonét. de naufragare à nafrer s'expliquerait par une réduction de naufragus (analogue à celle de rêver*), ou par une formation régr. de nafregare (issu de naufragare par substitution de suff.; cf. aussi l'esp. doblar/doblegar, desdentar, desdentegar... v. Cor.-Pasc., loc. cit.) ou encore par l'infl. des formes verbales accentuées sur la syll. initiale (naufraga, naufragat...). V. FEW t.16, pp.593b-596b et H. Meier, Lateinisch-romanische Etymologien, 1981, pp.114-151.
        Norm. nafre, coup, blessure ; provenç. nafrar, naffrar ; ital. naverare, dans le composé innaverare ; de l'anc. h. allem. nabagêr ; holland. neviger, neffiger ; scandin. nafar, tous mots qui signifient instrument pour percer. (Littré)

    naze (argot : atteint de syphilis ; ne valant plus rien)    De nazi «maladie vénérienne» (dep. 1878, Rigaud, Dict. jargon paris., p.232), lui-même prob. altération de laziloffe «id.» (dep. 1836, Vidocq d'apr. Esn.), comp. de loffe* (qui avait pris dans les comp. le sens de «mauvais, faux») et de lazi qui pourraît être une formation largonji à partir de nase «morve», vivant en wallon et en mosellan, et empr. à l'all. Nase «nez» (FEW t.16, p.598a). Voir Esn. et Cellard-Rey.

     

    faire la nique    1. Fin xiiies. [ms.] dire nic « ne pas se soucier, se moquer de » (Vies des Pères, éd. A. Weber, 27 ds T.-L.) : ca 1370 faire la nique (Jean Lefèvre, Lamentations de Matheolus, II, 1056 ds T.-L. : On voit que femme qui fornique Seult faire a son mari la nique); 2. xive-xves. nique « rien du tout » [v. FEW t. 7, p. 140b et 142b, note 1] (Renart, éd. E. Martin, XII, 1486, t. 3, p. 460, add. du ms. E : Une sause faite de nique Por lamor de quiqueliquique). Terme expressif issu du rad. nik- marquant l'indifférence, le dédain, la moquerie (cf. le sicilien nnicchitti nnicchitti, loc. négative plais. nicheja « offense, dispute »), de là, la désignation d'objets de peu de valeur, de vétilles (cf. triquenique, troquenoque « baliverne, bagatelle », Hug., ainsi que le port. nica « choses insignifiantes, bagatelles », FEW t. 7, p. 142a).