• PO

    pogner, poigner    attest. a) 1582 poigner «toucher avec le poing, empoigner» (Ch. et privil. des .XXXII. mét. de la cité de Liège, p.81 ds Gdf.) −xviies. dans le domaine wallon, v. Gdf. et a survécu dans certains parlers région. au sens de «prendre à pleines mains, prendre violemment», v. FEW t.9, p.515, b) 1935 arg. se pogner «se masturber» (Lacassagne, Arg. «milieu», p.259); de pogne arg. «main», v. poigne, d'origine lorraine.

    poignard    Ca 1460 poignart «sorte d'arme» (Villon, Ballade de fortune, 34 ds Le lais Villon et les poèmes variés, éd. J. Rychner et A. Henry, t.1, p.65, v. aussi note, t.2, p.103); 1611 coups de poignard «paroles blessantes» (Larivey, Constance, III, 6 ds Anc. théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t.6, p.253). Réfection, par changement de suff. (et peut-être par infl. de termes comme hansart «couperet», v. FEW t.16, p.140), de l'a. m. fr. poignal, poignel adj. «qu'on tient dans la main, qu'on manie avec le poing (d'armes, de projectiles)» (ca 1165, Benoît de Sainte-Maure, Troie, 20073 ds T.-L. −1498 pierre poignal, v. Gdf.), et subst. «poignée d'une épée» (xiiies., Robert de Boron, Merlin, éd. A. Micha, p.275 −1358, v. Gdf.), att. dep. le xives. au sens de «poignard» (1364 poing[n]al dans un texte lat., 1412 poingnel, v. Gdf.); poignal remonte à un adj. lat. pop. *pugnalis «qu'on manie avec le poing» dér., sur le modèle de manualis «qu'on tient dans la main», de pugnus «poing».
         Froissart utilise puignis, poigneis pour poignard dans ses Chroniques (cf. Godefroy).

    polder    Empr., unerefois au m. néerl. polre, polder (1), puis au néerl. polder (2), FEW t.16, p.644a.

    polochon    Orig. obsc. Un empr. au m. néerl. poluwe, néerl. peluw, proposé par FEW t. 16, p. 644 supposerait  soit que le mot soit bien plus anc. en fr., soit qu'il ait été pris au xixes. comme Wartburg, loc. cit., le suppose, à  une forme dial. ayant gardé le -o- du m. néerl. poluwe.

    pommage     subst. masc.,agric., région. a) ,,Cru du cidre ou production de cidre en Normandie`` (Fén. 1970). Georges (...) me fit part de ses ambitions électorales, se plaignit du pommage de l'année (Coppée,Contes en prose, 1882, p.189).b) Nom qu'on donne en Normandie aux diverses variétés de pommiers. Un pommage précoce. (Dict. xixeet xxes.).
        Cru de cidre. Un des meilleurs pommages de Normandie. Production de cidre. Le griset dont les branches filent en l'air presque parallèlement au tronc, et qui d'ailleurs est un pommage énergique et vineux, Avranchin, 22 mars 1868. (Littré).

    pomme de terre    1 est comp. de pomme* A 2 a, de de* et de terre* sur le modèle du lat. malum terrae, terme désignant le cyclamen (Pseudo-Apulée; Oribase), l'aristoloche (Pline, 25, 95), la mandragore (Isidore; Pseudo-Dioscoride, André Bot., p.198) et un tubercule −ou une sorte de courge −(s.d. Collectio salernitana, II, 87 ds Nov. Gloss., s.v. malum). Étant donné que la pomme de terre, venue des Andes du Chili et du Pérou, répandue en Allemagne, via l'Espagne et l'Autriche, dep. la fin du xvies., a pénétré en France par les régions de l'Est, il est probable que 2 s'est formé indépendamment de 1, qu'il a supplanté, comme calque du néerl. aardappel ou de l'all. dial. Erdapfel «pomme de terre», termes désignant antérieurement diverses plantes à racines tubéreuses ou à gros fruits ronds (cf. le m. néerl. erdappel «racine de mandragore», l'a. h. all. ertapfel ,,pepo, pomum in terra crescens'', erdaphel ,,terre malum'' d'apr. E. Björkman, Die Pflanzennamen der altdeutschen Glossen ds Z. für deutsche Wortforschung, t.3, 1902, p.285), l'all. ayant désigné le solanum tuberosum esculentum dep. le xviies. et demeurant dans les dial. de l'Ouest et du Sud, v. Paul-Betz, s.v. Erdapfel; Kluge20, s.v. Kartoffel. Le sens 2 s'est généralisé dans la seconde moit. du xviiies. avec l'action de l'agronome philanthrope A. Parmentier, qui, à partir de 1773 (Examen chimique des pommes de terre), s'efforça de répandre en France l'usage du nouveau tubercule dont il avait étudié les propriétés alimentaires durant six années passées en Allemagne. Sur l'appellation de la pomme de terre dans le domaine gallo-rom., v. ALF, carte 1057; Roll. Flore t.8, pp.106-107; A. Litaize ds Mél. Lanly, pp.571-575; v. aussi patate et truffe (cf. m. fr. cartoufle 1600 O. de Serres, Theatre d'agriculture, Paris, Jamet-Métayer, p.563; suisse alémanique Cartoffel, all. Kartoffel; FEW t.13, pp.386b et 387b-388b).
        Origine néerl. pour Henriette Walter.

    pompe (appareil destiné à faire circuler un liquide), pomper, pompiste    Prob. empr. au m. néerl. pompe, de même sens (att. dep. 1463 au sens de «conduite d'eau souterraine», dep. 1556 au sens 1 a du fr.), prob. d'orig. onomat. (FEW t.16, p.645b; Valkh.; De Vries Nederl.). Cf. aussi l'angl. pump «pompe», att. dès ca 1440 (NED). Au sens 1 c, calque de l'angl. heat pump (dep. 1894 ds NED Suppl.2).

    poquer    Empr. au flam. pokken «frapper» (FEW t.16, pp.642-643).

    porion    1775 (doc. 17 nov., Aniche ds A. de Saint-Léger, Les Mines d'Anzin et d'Aniche pendant la Révolution, t.2, 1re part., p.22). Prob. issu par aphérèse (due à l'infl. du flam. porion «poireau») de caporion, att. dans le Borinage au sens de «chef d'escouade» av. 1714 (d'apr. G. Decamps, Mém. hist. sur l'orig. et les développements de l'industr. houillère dans le bassin du couchant de Mons, Mons, 1880, t.1, p.194; cf. caporion «chef de troupe» en 1549, Rabelais, La Sciomachie, ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.3, p.399; v. Ruelle, p.158 et J. Pohl ds Fr. mod. t.31, p.304), empr. à l'ital. caporione «chef de bande» (dep. 1586, G. de Ricci), d'abord «chef de quartier» (dep. av. 1380, Ste Catherine de Sienne d'apr. Cort.-Zolli), comp. de capo «chef» et de rione «quartier». L'hyp. qui fait de porion un empl. métaph. du mot artésien et pic. porion «poireau» (A. Duraffour ds Mél. Jud (J.), Genève-Zurich, 1943, p.381, note 1; Bl.-W.3-5), aussi «verrue» (Guir. Lex. fr. Étymol. obsc.) est moins vraisemblable.

    pot (cible dans un jeu de billes ou balle)    Empr. au m. néerl. pot att. au sens 1, issu de pot «pot, marmite», v.  pot1. Le sens 4 est déjà att. en 1927-31, en wallon (v. B. du dict. wallon, t.16, p.32).

    potasse (hydroxyde de potassium)    Empr. au néerl. potas, comp. de pot «pot, marmite» et de as «cendre».
    potassium    Mot forgé en 1807 par le chimiste angl. H. Davy (Philosophical transactions, t. 98, 1808, p. 32: potasium; p. 336: potassium) sur l'angl. potash, potass «potasse», avec le suff. -ium des noms de métaux. La trad. fr. de l'art. angl. de H. Davy a paru en 1808 dans la Bibl. britannique (cf. supra), puis dans les Ann. chim. et phys., t. 68 (potasium, p. 254).

    potequin    potkin, poetkin, potdequin, s.m. dimin. de pot. Et encore au XVIIIe s. dans des textes du Nord. Picard, Montois, potequin, petit pot. Petit bateau chez Godefroy.

    potin    Empr. au norm. potin «commérage» (1625-55, David Ferrand, Muse normande, éd. A. Héron, t.1, p.5), déverbal du norm. potiner «bavarder» (sans doute déjà en usage vers 1800 d'apr. FEW t.9, p.270b, note 20), prob. issu du subst. norm. potine signifiant «chaufferette» (id.) et dér. de pot1*, en raison de l'habitude qu'avaient les femmes, lorsqu'elles se réunissaient en hiver pour causer, d'apporter leurs chaufferettes (potines). V. FEW t.9, p.265b et p.270b, note 20.
        Hécart donne potin, petit pot.

    pouhon (source d'eau ferrugineuse)    Mot dial. de l'Ardenne septentr. issu, par croisement avec le verbe liég. pühi, pūhī « puiser » (v. FEW t. 9, p. 627b), du lat. potionem « boisson » (v. poison et potion). On note également, en a. pic. et a. wallon, les formes pop. puison (ca 1200, Naiss. du chev. au cygne, Elioxe, éd. E. J. Mikel, 1960 ds The Old French Crusade Cycle, t. 1, p. 44 : puisons saint Rumacle) et poison (2emoit. du xiiies., Gautier le Leu, Du C., 147 ds Le Jongleur Gautier le Leu, éd. Ch. H. Livingston, p. 242 : poisons [de Blanchement]). V. FEW t. 9, p. 256a et M. Piron ds Mél. de ling. fr. offerts à Ch. Bruneau, Genève, E. Droz, 1954, p. 203.

    pouliche    Mot dial. pic. ou norm., terme d'éleveur, qui a remplacé pouline 1664 (Solleysel, Le Parfait Mareschal..., p. 501) fém. de poulin, var. de poulain* (v. pouliner), p. altér. d'apr. la forme normanno-pic. geniche de génisse (v. ce mot).

    pour + pronom personnel + verbe infinitif   
    - Pour elle y aller dîner dimanche qui vient
    - Tu t’ rappelles-ti au moins qu’ c’est elle qu’a vnu pour elle nous dire bonjour
    - l'expression du sujet dans les constructions infinitives : PIC vlo in.ne pème pour ti l'mier = FR littéralement voici une pomme pour toi la manger).
    il veut comme pour    on dirait que, être près de (en allemand, es scheint wie...). En wallon : "j'esteus comme po mori" (j'étais près de mourir)(Jean-Laurent Micheels, Grammaire élémentaire liégeoise, F.Renard, Liége, 1863, p.81)

     

    verbe pouvoir : je peux. o bref latin est devenu eu ou au en picard.
    POUVOIR (v. fo.), posse.
        Ce verbe a eu pour formes infinitives : poor, pooir, (= potere), en Bourgogne et dans le sud de la Picardie ; puer, poer en Normandie ; poeir, dans les dialectes mixtes ; poir, dans le nord-est de la Picardie.
        Toutes ces formes syncopent le t latin ; plus tard, on le remplaça par v, pour faire disparaître le hiatus qui résultait de la contraction du radical. Cette intercalation du t ne se montre que fort tard dans le XIIIe siècle, et encore les exemples n'en sont-ils pas communs ; sans compter qu'il est quelquefois assez difficile de décider si l'on doit lire u ou r. Quant à moi, je pense que l'ou des manuscrits est, dans la plupart des cas, un simple assourdissement de l'o, et non pas notre ov.
         On a déjà vu plusieurs fois que la première personne du singulier du présent de l'indicatif des verbes forts ne correspondait pas aux autres formes renforcées. Tel est encore le cas pour la première personne du présent de pooir : puis.
        Puys ou puis était la forme primitive de la Bourgogme et de la Picardie. Au lieu de puis, on a écrit quelquefois put (Villeh. 451e) et, vers le milieu du XIIIe siècle, on remplaçait ordinairement en Bourgogne le s par x. (Voy. Substantifs t.I, p.95.)
         La Normandie avait puus, pus ou puz ; et par la raison que j'ai donnée à l'occasion du présent de trouver, puis devenait pois dans les dialectes soumis en partie à l'influence normande.
         La seconde et la troisième personne du singulier, et la troisième du pluriel du présent de l'indicatif de pooir, renforçaient régulièrement l'o en ue, dans la Bourgogne et la Picardie : pues (plus tard puez, en Bourgogne), puet, pueent, qu'on écrivit souvent puent, au XIIIe siècle, rejetant ainsi l'e de la diphthongaison.
        La Normandie propre avait à ces mêmes personnes : puz, put, puent ; formes qui devinrent poz, pot, poent sur les confins de cette province, au nord et au sud. Ces formes en o avaient pénétré, à la fin du XIIIe siècle, jusqu'au centre de l'Ile de France. Enfin, de même qu'on vient de voir pois pour puis, on trouve poet au lieu de puet. Je n'ai rencontré nulle part poez pour puez ; on évitait probablement cette forme, parce que, dans les dialectes mixtes, elle aurait été tout à fait semblable à la seconde personne du pluriel.
    Grammaire de la langue d'Oïl, ou Grammaire des dialectes ..., Volume 2
    Par Georges Frédéric Burguy, 1882, p.46