• Définition : plaisanteries, mensonges (mentiries), garlousettes/garnousettes, bétises ; billevesées, histoires à dormir debout ; mésaventures, mauvaires histoires...

    Répartition : Belgique, Nord

    Dérivés : carabistouilleur, euse (adj. et nom, rare et non employer dans la zone de diffusion du mot carabistouille, mais semble plutôt une imvention parisienne)

    Origine : composé de cara- (cf. l'article sur garlousette/garnousette et le préfixe ca- / car- / cal-) et de bistouille/bistrouille, d'origine incertaine et que l'on rencontre aussi en français.
        On fait dériver bistouille de bi-/bis- (marque qu'un processus a lieu deux ou plusieurs fois, cf. biscornu, biscuit, bistourné, bissextile...) et de touiller/trouille, terme dialectale du Nord, cf. FEW t. 13, 2, pp. 392-397 (premières attestations en Flandre et en picard : touellier, touyî "traîner dans la boue, mélanger", cf. dépatouiller/dépatrouiller, tartouiller, ratatouille, barbouiller qui est probablement issu de barboter*, avec substitution de finale d'après des verbes tels que souiller, brouiller, cf. aussi touiller, patrouiller), remontant au latin tŭdĭcŭlare « broyer, triturer », dér. de tŭdĭcŭla, -ae « machine à écraser les olives », de tundere « écraser, piler », d'abord « frapper, battre à coups répétés ».

    carabistouille (une)
    séquence de l'émission Quotidien sur TMC concernant le Président français


    Exemple : raconter des carabistouilles (rendu célèbre maintenant dans toutes les France par le président Emmanuel Macron, né à Amiens, qui a déclaré à Jean-Pierre Pernaut "Il ne faut pas raconter non plus des carabistouilles à nos concitoyens"). Un article de rtbf.be (13 avril 2018) termine par un état des lieux :
        "Le mot semble séduire la France et ses personnalités politiques. Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, parlait déjà de "carabistouille" (au singulier) en janvier 2017 sur RTL. Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, ne manque pas de rappeler que ce dernier emploie le terme "régulièrement". Deux ans plus tôt, Nathalie Kosciusko-Morizet, alors députée UMP, déclarait déjà : "Ceux qui promettent l'abrogation de la loi Taubira racontent des carabistouilles".
        Et Michel Francard de rappeler que Bernard Pivot classe "carabistouille" dans ses "100 mots à sauver". L'ancien présentateur de l'émission "Apostrophes" le trouve "aussi amusant à prononcer que facile à comprendre". En tout cas, le mot fait parler."

        Tout ça, c'est de la carabistouille / une carabistouille / des carabistouilles (expression courante)

        En voilà des carabistouilles (Paul Burani, Le Cabinet Piperlin, grand roman comique inédit, chap. XVIII, 1878)

        Elle n'était pas calmée ; même elle eût voulu provoquer le vieux chaudronnier, un diseur de carabistouilles. (Camille Lemonnier, Happe-Chair, 1886)

    carabistouille (une)


    Notons la pièce de théâtre "Les Carabistouilles du fantassin Gaspard", farce belge en trois actes (1913) de Fernand Wicheler, auteur du célèbre "Mariage de Mademoiselle Beulemans" coécrit en 1910 avec Frantz Fonson, et la scène comique Les Carabistouilles de van der Pett (paroles de Gerny, musique de Laurent Halet, 1899), et enfin l'album de Sttellla "Les carabistouilles de Jean-Luc Fonck" (2018).

        "Notre confrère Henri Buguet ne se contente pas de faire des Revues de la Bastille à la Madeleine, il prend le chemin de fer et pousse jusqu’à Bruxelles, où il va donner, au Casino des Galeries Saint-Hubert, une revue intitulée : Tout ça, c'est des Carabistouilles.
        Il parait que « carabistouilles » veut dire farces, plaisanteries, blagues.
        La revue annoncée est en quatre actes et cinq tableaux ; c’est beaucoup d’actes et de tableaux, mais noua sommes certain, qu’Henry Buguet aura su les remplir, car il n’y a pas dans toute la Belgique un carabistouilleur de sa force. (L'Intransigeant, 21 janvier 1881)

        "Ces sociétés musicales, groupées par les soins de nos excellents confrères de l'Association des correspondants de journaux belges en France, ont animé de leur gaieté communicative ce beau dimanche parisien par elles, c'était bien le pays de la zwanze » et de la « carabistouille » qui était joliment représenté. Leur défilé pittoresque, le matin, de la place de l'Opéra à l'Exposition des Arts décoratifs, a soulevé partout des applaudissements unanimes. Ce cortège de quinze cents joyeux lurons et joyeuses luronnes, en costumes d'une fantaisie amusante, avec des orphéons et des fanfares composés d'artistes de valeur, a changé les Parisiens des défilés miteux qu'ils sont malheureusement accoutumés de voir sur les
    boulevards. La Belgique est le pays des cortèges et des musiques elle nous l'a montré hier, et nous n'avons pas ménagé nos applaudissements à ses représentants. (Amitié franco-belge, Le pittoresque cortège des Sociétés belges a soulevé l'enthousiasme des Parisiens, par M. Armand Villette, in Le Gaulois, 8 juin 1925)

        "« Tu sais, ma fille, un de ces quatre il t'arrivera des carabistouilles à défigurer comme ça les gens qui te plaisent »" (Didier Martin, Chargé de famille, 1988)


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  • Définition : plaisanteries, mensonges (mentiries), carabistouilles, plus anciennement pasquilles ; jeune fille vive (Mons)

    Répartition : Belgique, Nord

     

    Origine : je cite ici l'article de Daniel Droixhe (Université de Liège), Beaux vieux mots de Braine-le-Comte (Belgique) 

        Le  terme  fait  plutôt  songer  à  une  famille  qui  rassemble  le  montois  galguezouille « vain propos,   conte-bleu,   bourde,   calembredaine   »   (Delm.)   et   le   liég.   galguizoude,   -oûde      « baliverne, sornette, faribole », que Grandgagnage donne sous la f. garguèzoûte. Haust y voit un  composé  «  probable  »  du  «  préf.  péjoratif  cal-,  gal- et du m. h. all. gezoc (action  de  tirer  qqch en longueur, de perdre son temps) ». Ce préf. est classiquement invoqué pour expliquer calembredaine, le second élément comportant « le radical contenu dans bredouiller » (BVW).  

        Il  est  étonnant  que  Guiraud  conteste  l’existence  d’un  tel  préfixe,  où  il  voit  plutôt  la  présence  de  cale «  coquille  »  au  sens  de  «  chose  vaine,  mensonge  ».  Il  conclut  du  reste  comme  suit  sa  notice  des  Étymologies  obscures  à  propos  de  calembredaine et calibourde «  mensonge  »:  «  Cela  dit,  étant  donné  l’aire  dialectale  et  le  sens  de  ces  mots,  il  est  plus  logique  d’y  voir  des  composés  du  picard-wallon  calender ‘dire  des  balivernes’  (Pic.),  calander ‘bavarder’  (Lorrain).  Cf.  FEW  16,  298,  kallen ‘bavarder’   ».   Le   gaumais   de   Chassepierre a effectivt calander « parler avec profusion, faire beaucoup de racontars, plutôt malveillants   »,   à   côté   de   calambourdin.ne « calembredaine ».   Mais   l’existence   d’un   « wallon » calender serait  en  tout  cas  à  vérifier,  car  l’information  de  Guiraud  paraît  viciée  :  elle  remonte  sans  doute  à  Grandgagnage,  qui  fournit  en  réalité  la  f.  calauder « babiller », précédée  du  sigle  «  R  »  qui  signifie  «  rouchi  »,  et  qui  suppose  égalt l’origine  germ.  alléguée  par le FEW.

        Le  préf.  péjoratif  cal-,  gal-  postulé  par  Haust  et  von  Wartburg  permettrait  aussi  de  rendre  compte  en  partie  de  galimatias,  en  y  ajoutant  éventuellement  l’influence  de  galer «  s’amuser,  se  moquer  »  invoquée  par  Guiraud.  Au  prix  d’un  «  rhotacisme  épenthétique  de  renforcement  »  pour  effet  comique  -  risquons  la  formule  -   il  conviendrait  bien  à  la  caractérisation de propos destiner à « s’amuser » des jeunes filles.

     

    Exemple : A ses cats, ell' fait des risettes / Et t'chant qu'e'l' les d'vins s' nécours / Elle leu raconte des garlousettes / et l'zimbrachent tertus par à tour (Madame à bêtes de Jules Watteeuw, en patois de Tourcoing parue dans le Bulletin des réfugiés du département du Nord, 3 juin 1916)

    - Jean Dauby finit sa présentation des Contes du roi Gambrinus de Charles Delin comme ceci :  "La bière, bien sûr, coule à flots ; dans la fumée des pipes, dans les concerts de carillon. On y va de ducasse en kermesse avec les wiseux, ninoches, campénaires et d'autres garlousettes. On choie, on crosse, on tire à l'arc, on joue à la guiche ou au billon."

    - raconter des garnousettes (cf. ce que dit notre ministre du nord M. Darmanin)

    - Le mot a connu la célébrité avec L'Broutteux (Jules Watteeuw) et est resté célèbre par l'inoubliable Simons dans le Magazine du mineur, dont quelques épisodes sont à voir sur le site de l'INA :

     

         Pour illustrer le deuxième sens de jeune fille vive, disons que c'était le nom d'un cheval de courses ("Le représentant Brossette s'était quelques jours avant piteusement comporté sur le même hippodrome, derrière, Gargoulette, Port-Marly, Me Voici etc., que nous avons vus à Paris", in L'Echo d'Alger, 20 octobre 1924) et citons cet extrait du journal Ambiance (7 janvier 1948) : "Mais d'où viendrait le fiancé ?  Arriverait-il du nord ou du sud, de l'est ou de l'ouest. Pour le savoir la jeune "garlousette" n'avait qu'à écouter attentivement les cris d'animaux du voisinage."


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  • Définition :
    Hâleter, ahaner, hoqueter, respirer fort, toussoter
    de nos jours principalement pour les animaux (notamment les chiens) comme le précise déjà Hécart et Vermesse.

    Répartition : Nord-Pas-de-Calais (sous les formes téguer, téguier, tégler dans d'autres dialectes)
     

    Origine : du latin phthisicus, emprunt au grec φθισικός, dérivé de φθίσις « dépérissement ; consomption », lui-même dérivé de φθίνω « se consumer ». L'équivalent français est donc phtisique.
    L'idée de « toux » et celle de « phtisie » se tiennent de si près qu'il a dû se produire facilement des contaminations : le mot latin tussicus est imité de phthisicus et les deux mots peuvent se confondre. Comparez, par exemple, ces deux passages de Chiron et de Végèce qui dérivent l'un de l'autre : « Ex frigore fiunt opistotoni, podagrici, tussici » (Mulomedicina Chironis, édt. Oder, p.47) - « Ex perfrictione fiunt opisthotonici, podagrici, phthisici (P. Vegetius Renatus, (Mulomedicina , édit. Lommatzsch, p.61). »
    source : https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1906_num_35_138_4888
    et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k16043w/f301.item.r=%22t%C3%A9quer%22.zoom
     

    Exemple :
    Vers lui s'en vint lasse et taygans
    Guillaume de Lorris et Jean de Meung, Roman de la Rose, XIIIe siècle

    Pour don-ner pu d'poids à t'n'effort,
    A chaque fos qu't'éras téqué
    L'écho t'rapport'ra au pu fort
    Un éclat d'rire bin esplosé!
    Raymond Coudert (poète de l'Artois)


    I tèque comme un viux, i a s'malette à sin co (il est mal en point).
    Guy Dubois, Parlez Chti !: Dictionnaire français-chti


    Mais i put pas le digérer ; i téquait... i gosillait tout du long de la route : depuis çu temps-là, quand no cause des rérons, i fait le guenon et pi i s'en va dans un coin...
    Jean Revel (nom de plume de Paul Toutain, écrivain normand), Au village, (in Rustres), 1898


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  • Définition : beaucoup, très (ne pas grinmint = ne pas beaucoup, ne guère)

    Répartition : Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Belgique


    Origine : la forme française est grandement (Ca 1165 grantment « considérablement, à un degré élevé »), mais qui est plutôt du registre soutenu. Grinmint et de langage courant dans le Nord de la France. Grandment peut également être de langage courant dans quelques dialectes d'oïl (Centre, Bourgogne, Moselle).


    Exemple :
        Ti pi mi courir a vif', a s'déquiré, in s'àyant bramint quèr ! (Christian Dequesne)
        Du temps qu'in n'gagnot point gramint / Pou pouvoir él'ver s'tiot' péquée. (Robert BOYAVAL)
        Mais ch'est qu'i sont gramint à cht'heure ! (Eugène CHIVOT)
        Infin tout d'minme pinse un molé, tout cho a n'est point granmint prope ! (Jean-Pierre CALAIS)
        M’ n’ ome avwat co lampeu bran.mét d’ trop. (René Huvelle (picard d'Ath), Le crime de 1653)


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  • Définition : faire endêver, faire enrager, contrarier, fâcher

    Prononciation : le CNRTL note les prononciation [ãdεve] ou, par harmonisation vocalique malgré l'accent circonflexe, [ãdeve]. je n'ai jamais entendu que la prononciation [ãdəver] ou [ãdever]. En Picardie, on peut entendre [ãdeve].

    Répartition : Nord-Pas-de-Calais, Picardie
      

    Dérivés : la forme intransitive n'est pas employée

    Origine : 1680 faire endéver (Pierre Richelet). Dérivé de l'ancien français desver, derver « devenir fou, enrager » attesté depuis le Xe s. et que la plupart des étymologistes s'accordent à rattacher à l'ancien français resver (v. rêver) sans que le problème de l'origine des deux formes resver et desver ait été résolu de façon décisive. L'hypothèse la plus vraisemblable, bien que manquant de preuves philologiques suffisantes, est celle d'une formation à partir du lat. vagus « vagabond, errant » à partir duquel on suppose le dérivé *evagus renforcé en *exvagus en latin populaire et parallèle au verbe correspondant *exvagare postulé par l'ancien français esvaiier « errer » ; à partir de *exvagus est supposée une série *esvo adj., *esvé part. passé, et *esver verbe (refaits sur le type *esvo parallèlement aux formes régulièrement issues de *exvagare) dont desver et resver représenteraient les formes préfixées. Pour J. Jud, la forme derver ne serait qu'une variante dialectale de desver (cf. varlet et merler pour vaslet et mesler) comme semble le confirmer la localisation dans les dialecte moderne de enderver et endêver.
    https://www.cnrtl.fr/definition/endever

    Exemple :
        Ce soïeux n'arrête pas de m'faire end'ver.
        Ne vient pas ne faire end'ver !
        I m'a fait assez endever. Asteur e j'va in profiter. (Robert FLORIN-Lille-Picardtext)
        Cho foit èndéver sèn mari. (Robert (de) GUYENCOURT-Amiens-Picardtext)


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