• Définition : scieur (de long) et faucheur, par extension un cerf-volant (l'insecte Lucanus cervus), un casse-pied


    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais, Picardie
       

    Dérivés : soïer (scier), soïore (scie), soïette et soïelette (petite scie), soïache (sciage), soïure (sciure, endroit où l'on a scié)

    Origine : Du latin classique sĕcare « couper, découper » d'où les formes d'ancien français seier, soyer (seyra) que l'on rencontre encore dans les patois (FEW t. 11, p. 363b, 364 et 366) ; sier s'est développé en ancien et moyen français d'après les formes accentuées et le substantif scie ; le c, introduit dans l'orthographe d'abord dans le substantif scieur pour le distinguer de sieur « seigneur », v. ce mot (FEW loc. cit., p. 371, note 1) a été étendu au verbe seulement au XVIe siècle, en particulier aussi pour rappeler le verbe latin. Le sens 1 a existait déjà en latin dans l'expression pabulum (« fourrage ») secare et s'est conservé encore actuellement dans les dialecte (FEW, loc. cit., p. 363b et 364) ; cf. aussi l'ancien provençal segar, ca. 1140 (Trad. du Code de Justinien, fol. 17 ds Rayn.) et l'italien segare, XIIIe siècle (DEI).
    https://www.cnrtl.fr/definition/scier

    Le sens de "personne ou chose désagréable ou ennuyeuse" et de "phrase, moquerie, farce faite pour scier, exaspérer quelqu’un" existe en français depuis 1800 environ.

    Exemple :
        Vlà l'cas, dit l'avocat, vlà l'noeud dit l'soïeux : l'affaire se corse, tomber sur un os (dans Gabriel A. Hécart, Dictionnaire rouchi-français, 1834).
          Té m’soie l’dos avec eune late, dit-on à un importun, à un ennuyeux ()
        Il s'agit également d'un objet emblématique des estaminets. Un site lui est consacré : http://lesoyeu.free.fr/
    Suivant MAES, LEON 1898-1956 : Pantin que les tenancières de café faisaient balancer au bord du comptoir pour prévenir la clientèle attardée que l’heure de fermeture était proche ou que la conversation oiseuse ferait bien de cesser. En flamand, il s'appelle zoegeman (zoegemanneke, zageman ou zagmanneke)

    soïeux (un)

    source : http://lesoyeu.free.fr/


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  • Définition : fumée


    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais, Picardie
        Fumière se retrouve aussi, comme dans les dialectes voisins (wallon, lorrain, normand), ou funmée, feumée, ou fémée (équivalent au français fumée).

    Dérivés : funquer/finquer, funqueriau, funqueron (charbon fumant), funquière (endroit plein de fumée)
    Défunquer (décéder. mourir) vient du latin defunctus (cf. le français défunt).
     

    Origine : Alors que le français descend du latin classique fumare, le picard descend du latin vulgaire fumicare/fumigare (faire, émettre de la fumée) ou fumificus (qui donne tardivement fumiger en français). On trouve en portugais également fumegar, en italien affumicare et en roumain a fumega.

        On fait remonté le terme anglais funk à cette même racine :
    "bad smell," 1620s, probably from the verb funk in the sense "blow smoke upon; stifle with offensive vapor" (though this is not recorded until later 17c.). It is from dialectal French funkière "to smoke," from Old French fungier "give off smoke; fill with smoke," from Latin fumigare "to smoke" (see fume (n.)).
    In reference to a style of music felt to have a strong, earthy quality, it is attested by 1959, a back-formation from funky.
    https://www.etymonline.com/word/funk

    funky (adj.)
    1784, "old, musty," in reference to cheeses, then "repulsive," from funk (n.2) + -y (2). It began to develop an approving sense in jazz slang c. 1900, probably on the notion of "earthy, strong, deeply felt." Funky also was used early 20c. by white writers in reference to body odor allegedly peculiar to blacks. The word reached wider popularity c. 1954 (it was defined in "Time" magazine, Nov. 8, 1954) and in the 1960s acquired a broad slang sense of "fine, stylish, excellent."
    https://www.etymonline.com/word/funky
     

    Exemple :

        Finquer com' eune quémininée : fumer (du tabac) comme une cheminée (en français l'expression est  fumer comme un sapeur, mais en portugais, l'expression idiomatique est fumar como uma chaminé).


        C'était l'enseigne d'une ferme-auberge du Faubourg Saint-Maurice :

    funquée/finquée (une)

     Il a notamment inspiré le chansonnier Desrousseaux dans "Histoire de P'tit-Price et d' Mariann'-Tambour" dont voici un extrait :

    "Tous les dimanche' à La Funquée,
    (Ch'étot l'pus biell' guinguett' du temps),
    Avecque s' maitress' bien r'quinquée
    P'tit-Pric' faijot l' Roger-Bontemps."
    https://www.lilledantan.com/funquee.htm


    La rue Carrière de la Funquée à Saint-Maurice Pellevoisin rappelle son existence.
     

    5ème couplet de "L' canchon d'Estaires"

    Pour aller à Béthune
    In avot in tramoué
    Mais pour nous faire endéver
    Y faijot del finquée
    Pour monter ch'pont de la Meuse
    Vous l'avez tartous vu
    Y devot prenne des pintes
    In sortant del grand rue.

    https://www.estaires.com/patois/canchon.htm


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  • chti ou chtimi, ch'timi : dans le Nord, viendrait soit :

      • de chti (celui) et imi (et moi), explication retenue par Gaston Esnault dans Le poilu tel qu'il se parle en 1919 (« Ch', Ce, ti, Toi, mi, Moi, mots du Nord juxtaposés »), Fernand Carton et Henriette Walter, le Trésor de la langue française précise qu’il date d’avant 19, mais devient populaire durant la guerre pour désigner les gens du Nord. Pour désigner la langue, on peut le lire dès 1929 (lettre d’un Orléanais dans Martin et Martine, bulletin du Groupe de Lille de l'Association des anciens combattants du 1er R. I.). On peut lire un dialogue dès 1885 dans Chair molle de Paul Adam (1862-1920, Issu d'une famille d'industriels et de militaires originaires de l'Artois) qui semble indiquer qu’on jouait depuis longtemps avec la sonorité des mots : « - Oh ! ch’est ti qu’elle ravise comme nô. - Non, ch’est pas mi, ch’est ti. - A ch’t’heure, ch’est mi ? Hé t’es sot, ch’est ti, ch’est ben ti. Oh ! elle ravise cor ; comme elle t’a cher. » (deuxième partie, chapitre IV).
      • de l'équivalent du mot français « chétif », chti dans le sens premier de « méprisable, malheureux » dans l'expression interjective ch'ti-mi, « pauvre de moi ! ». Claude Hagège retient, avec le Robert, cette étymologie, rejetée par Fernand Carton disant que le lat. vulg. *captivus, a donné caitif, caitis « malheureux », avec le k dur caractéristique (chti est une prononciation bourguignonne ou champenoise de « chétif »), que l'on retrouve notamment chez Adam de la Halle dans Li Gieus de Robin et de Marion12, et que l'anglais à emprunté sous la forme caitiff (comme nom et adjectif), utilisé encore dans la langue poétique et signifiant « lâche, misérable », et anciennement (comme nom) « captif, galérien » ; cependant on sait qu'on se nomme rarement soi-même, mais on reçoit son nom d'un autre,
      • pour Albert Dauzat (Linguistique française, p. 295), d'une expression picarde, proprement ch't'i mi, « c'est-il moi ? ». Mais le Trésor de la Langue française précise que celle-ci n'est pas confirmée dans les textes. 

    Ce qui est sûr, est que le terme chtimi s'est propagé durant la Première Guerre mondiale. Chti serait plus récent. Il désigne à la fois la langue (dès 1917) et les gens qui la parlent et semble avoir remplacé le terme platiau puisque Fernand Carton le décrit comme un « mélange d'accent du Nord, de patois plus ou moins déformé, d'argot et de français régional ».13

    Ce nom chtimi est devenu populaire, d'après Fernand Carton, grâce au succès du livre Les croix de bois de Roland Dorgelès (paru en 1919), écrivain picard, né le 15 juin 1885 à Amiens et mort le 18 mars 1973 à Paris. Il présente l'un des personnages Broucke ainsi : « le gars de ch'Nord » et, plus loin, le « ch'timi aux yeux d'enfant ». « C'est un sobriquet assez élastique dans son acception géographique. Au sud de la Loire, chtimi désigne ceux qui vivent au nord de Paris. Pour les habitants de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne, le chtimi est un natif du Nord/Pas-de-Calais. Pour des gens de Montreuil-sur-Mer, du Ternois ou du Boulonnais, ce sont seulement les nordistes, Flandre maritime exceptée. »14

     

    Signalons que l'historien et romaniste allemand, Grottfried-Heinrich Mayer-Sülzenhofer, propose une autre origine beaucoup plus ancienne : le mot viendrait du latin superstitēs, « survivants » (pluriel de superstes, d'où vient l'italien superstite, survivant), du fait de l'étonnement des Romains à leur arrivé dans les régions de voir un peuple in hac regione impossibile victu (« vivre dans une région si stérile » du fait de la présence de marécage15, et en même temps copiae Romanae hostes impossibiles visu difficillime vicerunt (« leurs expériences douloureuses dans le combat avec un ennemi presque invisible du fait de l'obscurité, la pluie et le brouillard »). Robert Foissier dans son Histoire de la Picardie décrit de la façon suivante : « limons au paysage sans clôtures, sous-sol où domine la craie, altitudes uniformes de plateaux bas que rompent d'amples vallées aux eaux presqu'immobiles, emprise des exigences de la terre. » Le romaniste allemand aurait trouvé, déjà dans les sources ecclésiastiques latines, le terme superstites, raccourci populairement en stites, pour désigner ce peuple du Nord. Et l'origine du mot superstites se serait perdue pour désigner les Gentils (du fait de leur croyance superstitieuses, superstitiosus). Ou pour surnommer un commandant romain, pour le ridiculiser de sa défaite face aux stites. D'autres auteurs du Moyen-Age ont voulu le faire remonter au grec Styx (fleuve des enfers), et plus précisément à l'adjectif latin dérivé stygius (ceux de l'enfer).16 Ce stite serait devenu chti. Mais si on peut expliquer chtimi par le sobriquet repris durant la Première Guerre mondiale avec le mi caractéristique, on explique pas la disparition du -t latin, alors qu'un des traits typiques du picard est justement la conservation du -t latin, comme on le verra plus loin.


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  •     On peut s'étonner que le mot soit féminin en picard alors que huis est masculin en français.
    Louis Vermesse
    Joseph Desiré Sigart
    - http://www.chticoin.com/dico.pdf
    - https://fr.wikipedia.org/wiki/Patois_marnais
    - i s'artrouve tout nu pa d'vant es n'huche freumée (Valenciennes Collectif - Picartext)
    - Aussi râte l'huche introuverte, v'là les deux agaces qui s'involent in intrainant leu gaïole dins les airs (Albert-Benoît HANNEQUART - Picartext)
        Seul Jean-Baptiste Jouancoux l'indique masculin, mais peut-être décrit-il le genre ancien du mot, et abbé Daniel Haigneré, qui semble aussi se rapporter à une forme ancienne (huis, hus, huys), car il ne cite que deux sources anciennes et n'emploie jamais ce mot, mais toujours porte (par ex. sur la même page, Che tien huigne à chele porte).
       Est-ce par analogie avec le féminin du français (porte et huche à pain) ?

    Définition : porte

    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais

    Origine : du bas latin ūstium, latin classique ōstium « entrée, ouverture » (huis en français) ; H- graphique a été utilisé pour indiquer la valeur vocalique de u- (uche est aussi "où est-ce" et "eusse"). A presque complètement évincé le latin janua « porte de la ville » et fores « porte de la maison » en protoroman, mais a cédé à son tour la place en français devant porte (latin porta « passage sous les remparts de la ville »), évolution amorcée dès le Moyen-Âge.

    En picard du sud et en boulonnais, hu(s) semble avoir cédé à porte ou à seu (seuil). On ne le retrouve ni chez Alexandre Desrousseaux, ni chez François de Cottignies, dit Brûle-Maison, ni chez Jules Mousseron. Louis Brébion indique dans son Étude philologique sur le nord de la France (Pas-de-Calais, Nord, Somme)(1907), "mot presque perdu mais conservé dans le dicton : i faüt mius éte à che fu qu'à chl'hu, il fait meilleur au feu qu'à la porte.

    Exemples :
    - mettre/foutre/envoyer à l'uche : jeter à la porte et par extension, mettre à la poubelle (Hécart indique "à l'uche", terme dont on se sert pour chasser un chien)

    - Mais, Noeux-les-Mines, donn'e me eun'e muche / Avint qu'el ciel m'invot à l'uche (Nord-PdC Collectif - Picartext)

    - Noss't homme qu'est cor assez couyon, / Toctée à l'huche d'on air bonasse. / « Intrez ! ». Vèyant qu'on li respond, /V'là l'aute qu'interre dins l' pitite place. (Li Perroquet, in Louis Loiseau (de Moignelée, entre Charleroi et Namur), Echos de Terroir, 1897)

    - Ah oui, dans l'bon temps, on venait à l'maison, on avait des douceurs pou' la vieille, on savait bien qu' c'était chez elle comme chez l'bon Dieu et qu'y n'y avait personne pou' regarder par l'trou de l'huche. (Camille Lemonnier, Un mâle, chap. XXXII, 1881).


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  • Définition :

    (1)   bouillie de farine, de lait (battu) et de sucre

    (2)   bonne chère, bombance

    (3)   cuite, beuverie

    (4)   école buissonnière

    Dérivé : guinser, faire (une) guinse, étre in guinse

    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais (en néerlandais, on appelle la bouillie de farine bloempap).

     

    Origine : Proche du terme guindaille, il proviendrait du francique °winst, « bénéfice, profit, gain ». De là, le sens de bonne chère, et d’excès de bonne chère ou de boisson.

     

     

    Exemple :

        Un jour au soir, Magrite était occupée à faire, pour le souper, une marmitée de guinse à cavrons [petite prunes aigres]. Jéjeph fumait tranquillement sa pipe et attisait le feu de temps en temps ; il touillait aussi le guinse lorsque sa femme avait besoin de quitter la louche pour vaquer aux occupations du ménages.

    Le loup et le boquillon,
    conte en patois par Mlle Pélagie Part, d’Herlin-le-Sec
    in Contes du pays de Saint-Pol, Revue des traditions populaires (Tome XIX, N° 2, Février 1904)
    source : gallise (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58334944)

     

        La messe finie, ils enlevaient bandages & bandeaux, jetaient loin d'eux béquilles & béquillons; & faisaient une guinse, je veux dire une noce, que le diable en prenait les armes. Et c'est pourquoi on n'appelait jamais le pèlerinage de Saint-Calixte autrement que la procession des Réjouis.

    Charles Deulin, Contes d'un buveur de bière
    Librairie internationale (Paris), 1868, p.316
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5471441h) 

     

        A la vue de ce vieux soldat qui mordait à même d'un bel oson de la Saint-Martin, ils s'arrêtèrent.
        — Quelle guinse ! s'écria l'un d'eux.
        Ce qui chez nous se dit pour : « Quelle chère ! »
        — Vous voudriez bien en tâter, hein, fieux ? Leur répondit La Ramée.
        — Ça ne serait pas de refus, notre bourgeois, répliqua l'autre.

    Charles Deuli, Contes du roi Cambrinus
    E. Dentu (Paris), 1874, p.130
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57257110)

     

        Il arrive à s'cuijenne , et y vot chelle tabe aveu des verres d'sus et arringée comme pou faire eune guinse : y d'mande par queul hasard tout cha et si chés filles qu'y n'ont point r'chu quéqu'un pindant qu'il étot in allé.

    Louis Dechristé, Souv'nirs d'un homme d'Douai de l'paroisse des Wios Saint-Albin
    Impr. de A. d'Aubers (Douai), 1857-1861, p.250
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6527379j)

     

        Travaillant ferme, il s'égayait de même. La journée finie, si d'aventure il faisait la rencontre d'un joyeux drille, il avait tôt fait de héler un bambin, à qui il confiait son cheval et sa charrette :
        — Gamin, vos direz à m' femme, qué j'sus in guinse éié qué j' m'inrirai quand j'n'arai pu d' liards.
        Le brave meunier rentrait à l'aube, les poches vides, ainsi qu'il l'avait dit.

    Marc David, Le Moulin Tablette à Maubeuge
    article Le Grand écho du Nord de la France, 30 octobre 1913, p.2
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4762937w)

     


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