• RI

    ribaud, e ; ribauder    1. a) Subst. α) masc. ca 1165 « homme débauché » ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 592: Laissiés ce truant, ce ribaut); β) fém. déb. du xiiies. ribaude « femme de mauvaise vie » (Gloss. Harley, 2742, 68 ds T.-L.); b) adj. 1391 « débauché » (Registre criminel du Châtelet, t. 1, p. 22: un ribaut putier); 2. subst. a) ca 1200 « homme ou femme qui suit l'armée en vue du pillage » (Antioche, I, 135 ds T.-L.); b) 1269-78 roi des ribauz (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 10908). Dér., à l'aide du suff. -aud*, de l'a. et m. fr. riber « se livrer au plaisir » (ca 1210, Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, II, 404 ds T.-L.), lui-même empr. au m. h. all. rîban au sens de « être en chaleur, s'accoupler », propr. « frotter », sens déjà att. par l'a. h. all. rîban.

    ribaudequin    1346 « sorte de canon monté sur roues » (Comptes comm. d'Audenarde ds Gay). Empr. au m. néerl. ribaudekijn « id. » (v. Verdam), dimin. de ribaude « canon » (1340 ds Gay), lui-même empr. au fr. ribaud, ribaude, cet engin étant confié à la garde des ribauds.

    ribote, riboter    1755 « faire la noce, mener joyeuse vie » (J.-J. Vadé [né à Ham], La Pipe cassée, 3eéd., p. 37). Prob. dér. de ribaud*; dés. -er. Un autre dér. de ribaud: ribauder « paillarder » (1260, Étienne Boileau, Métiers, 236 ds T.-L.; encore en usage au xviies., v. Gdf.), est parfois considéré comme la base de riboter qui en serait issu par substitution de suff. (v. Bl.-W.1-5et Dauzat 1938-1981).

    ricaner    Var., prob. sous l'infl. de rire1*, de l'a. fr. rec(h)aner « braire », d'orig. norm. (1121-34, Philippe de Thaon, Bestiaire, 44 ds T.-L.). Rechaner est dér. de l'a. norm. cane « dent », qui représente l'a. b. frq. *kinni « joue », v. quenotte. Voir G. Roques ds Mél. K. Baldinger, 1979, t. 2, pp. 586-587.
        Provenç. reganhar ; cat. regunyar ; espagn. regañar. Le sens propre est braire comme un âne, et montrer les dents comme un chien : de sorte que ce verbe paraît avoir une certaine analogie avec rechigner ; le fait est que Oudin dans son Dictionnaire le donne sous la forme ricagner ; il en a aussi avec l'anc. français recaner, qui a les deux sens de ricaner. Diez y voit l'équivalent du lat. cachinnare, rire à bouche ouverte, ri y étant venu à cause de l'influence de rire ; mais cela, et même le sens, fait difficulté, car ricaner n'est pas rire à bouche ouverte. Il reste fort difficile de déterminer les rapports et l'origine de rechigner, recaner et ricaner ; mais, en prenant en considération le sens, on peut conjecturer que ricaner vient de l'anc. haut-all. geinôn, ouvrir la bouche, avec re ou ri préfixe. Le bas-latin gannare, se moquer, ne va pas pour le sens ; le latin gannire, qui signifie grogner ou gémir comme un chien, n'est peut-être pas à rejeter. Le mot du Berry ricasser paraît formé de rire. (Littré)

    ricochet     Tiré de l'anc. loc. la fable du ricochet (xiiies., Biens d'un ménage, éd. U. Nyström, p. 79, 131), reprise à l'époque de la Renaissance sous la forme la chanson du ricochet (1538, Des Périers, Cymbalum, IV (I, 377-378) ds Hug.), qui désigne une ritournelle de questions et de réponses sans fin. L'orig. du mot ricochet est obsc. Un rapport avec la famille de coq, cochet (cf. xiiies. la fable du rouge kokelet, Adam de La Halle, Partures d'Adan, éd. L. Nicod, p. XI, 41-42 et l'ital. la favola ou canzone dell'uccellino « oiselet ») est possible. Le préf. ri- est p.-ê. à mettre en parallèle avec des termes pat. comme potte « cane » et ripoton « petit canard », le norm. recoquet qui se dit d'un oiseau dernier né. Dans cette hyp., ricochet a p.-ê. désigné à l'orig. un « petit coq ». Il n'est pas impossible non plus que le préf. ri- ait une valeur itér. (Pour l'hist. de ricochet, v. en partic. Romania t. 28, pp. 50-53 et Fr. mod. t. 32, pp. 286-295). L'hyp. de Guiraud Lex. fr. Étymol. obsc. 1982 selon laquelle ricochet serait formé de l'élém. ric- (riguer) « donner un coup » qui proviendrait du rad. onomat. rikk-, rokk-, et de hocher « secouer » paraît peu vraisemblable.

    rigole    1. Ca 1210 regol « partie d'un fossé où coule l'eau » (Folque de Candie, 10609, 10620 ds T.-L.); 1339 rigolle « petit conduit creusé dans une pierre, petit fossé aménagé dans la terre, qui sert à amener ou à évacuer l'eau » (Cart. de S. Jean de Laon ds Gdf., s.v. rigollas, cf. Gdf. Compl., s.v. rigole); 2. 1660 constr. (Oudin Fr.-Esp.); 3. 1667 hortic. (doc. ap. J.-J. Guiffrey, Comptes des bâtiments du roi, t. 1, p. 186). Empr. au m. néerl. regel « rangée, ligne droite », richel « fossé d'écoulement dans les étables », empr. au lat. regula (v. règle). FEW t. 16, pp. 687-688.
        le sens rigoler (rire, prob. issu d'un croisement de riolle* (dér. s.v. rire2) et de gale « réjouissance, plaisir », galer intrans. « s'amuser, mener joyeuse vie » (v. galant).) appraît plus tard.
        Galant : Part. prés. de l'anc. verbe galer « dissiper (en plaisirs) » (ca 1223, waler, G. de Coinci, Miracles de la Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 39, 128), lequel vient de l'a. b. frq. *wala « bien » (cf. m. néerl. wale, wal, wel, de même sens), d'où un dér. gallo-rom. *walare « se la couler douce ».

    ringard    (oïl du Nord) 1731 (Corneille). Empr., avec substitution du suff. -ard à la finale -èle, au wall. ringuéle, ringuèle « levier », lui-même empr. à l'all. dial. Rengel « bûche, rondin ».

    riper, ripailler (dér. de riper « gratter »; suff. -aille), ripailler, ripailleur    Prob. empr. au m. néerl. (ou peut-être déjà issu de l'a. b. frq.) rippen « tirailler, palper », var. phonét. de rîban « frotter » (v. ribaud); cf. l'a. h. all. rippeln, propr. « faire passer le lin dans un peigne de fer qui sépare la graine des tiges », le flam. rippen « ouvrir brusquement, déchirer » et le m. néerl. ribbelen « mettre en mouvement, tirailler, palper ».

    risban (terre-plein garni de canons pour la défense d'un port)    Empr. au néerl. rijsbank « id. », propr. « banc de branchages », de bank « banc » et rijs « branchages, fascines ».

    risberme (talus recouvert de fascinages)    Empr. au néerl. rijsberme « digue formée de fascines » (de rijs, v. risban et berm, v. berme).

    risée (vent)    1689 rizée (Journal de la route du vaisseau le Môre, 26 janv., par Ant. Fabre, pilote, ms. Arch. de la Mar. ds Jal); 1808 risée (Boiste). Dér. de ris2*; suff. -ée*. ris2 : Prob. issu d'un plur. *rifs, empr. à l'a. nord. rif « ris ».
        Danois, riv, rift, ris ; suéd. ref ; angl. reef ; comparez le danois reep, anglais, rope, corde. (Littré).

    rivelaine (pic à deux pointes utilisé dans les mines)    Mot pic. et wall., dér. de river « rafler », empr. au m. néerl. riven « râper ».

    rixdale, risdale, richdale (ancienne monnaie)    Empr. au néerl. rijksdaalder, rijksdaler, comp. de rijk « Empire, royaume » et de daalder « thaler » (Valkh, pp. 219-220; FEW t. 16, pp. 691-692). On relève riches talers en 1607 en Suisse dans le canton de Neuchâtel, richstaller en 1637 dans le canton de Berne (Tapp. t. 2, p. 129), empr. à une forme alémanique de l'all. Reichstaler.