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    rogue (air, ton, voix rogue), roguerie    Du subst. a. nord. hrokr « excès, insolence »; le passage du subst. à l'adj. s'est peut-être fait au moment où le mot est entré en fr. La forme rogue est issue de rogre p. dissim. (v. Hue de Rotelande, op. cit., p. 552, note), v. FEW t. 16, p. 249b.
        Diez le tire de l'islandais hrok, insolent, et croit que le mot a été apporté par les hommes du Nord qui s'établirent dans la Neustrie ; il regarde l'équivalent celtique comme emprunté au mot scandinave. Cependant la plupart des dialectes celtiques ont le mot : bas-bret. rok, rog, fier ; gaél. rucas, fierté ; irl. rucas, rocas, fierté. Cela rend douteuse l'opinion de Diez. Dans l'anglais, rogue signifie coquin et aussi espiègle. (Littré).

    rogue (oeuf de poisson), rogué    Essentiellement att. en Normandie, rogue est prob. issu, malgré la date tardive de la 1reattest., de l'a. nord. hrogn « frai de poisson », cf. le dan., norv. rogn « id. ». Voir FEW, loc. cit.
        Danois, rogn ; holland. rogher ; angl. roe ; allem. rogen, oeufs de poisson, peut-être dit ainsi, d'après M. Baudry, de l'all. Roggen, suédois rog, seigle, à cause des grains. (Littré).

    roie    1319 subst. fém. raye « filet de pêche » (Acte, ap. Le Héricher, Gloss. Norm. ds Gdf.), att. à Amiens sans date raie (Ch. de Philippe, comte de Flandres, sur les prestations d'Amiens ds La Curne), en 1390 reye (Dénomb., év. d'Amiens, Arch. Somme ds Gdf., s.v. tent 2); puis 1769 subst. fém. plur. en Picardie royes « portions de filet dont se compose le manet employé pour pêcher les harengs et d'autres poissons qui vont par bandes » (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches mar., Explication de plusieurs termes, p. 127b); 1952 roie (Gruss: Roie. Chacun des éléments d'un filet dérivant mouillé par un drifter pour la pêche du hareng). Forme avec -e de l'a. fr. roi subst. fém. « filet » déb. xiiie s. (Maurice de Sully, Homélies, éd. C. A. Robson, § 27, ligne 15) et « filet de pêche » ca 1260 (Ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, § 162), rei « filet » v. rets.

    rondache (bouclier)    Prob. mot normanno-pic. formé par substitution du suff. péj. -ache (fr. -asse*) à -elle de rondelle « bouclier rond », mot dont la polysémie devenait embarrassante (v. rondelle; FEW t. 10, p. 524 et 528, note 18; W. v. Wartburg ds R. Ling. rom. t. 24, p. 289).

    roquet    Prob. dér. du verbe dial. roquer (roquentin*) d'où sont aussi issus roké « rainette » en usage dans le Pas-de-Calais et roké « crécelle » att. dans le Nord (v. FEW t. 10, p. 449b); suff. -et*.

    rosse et rossard    Empr. au m. h. all. ross « cheval », prob. introd. en fr. par les mercenaires all. L'a. fr. a connu un subst. ros, rattaché par le FEW t. 16, p. 735b et T.-L. t. 8, col. 1469, 38 au m. h. all. ross, mais qu'il faut plutôt considérer comme un empl. subst. de l'adj. ros « roux », i.e. « cheval roux ».

    rosser    Du b. lat. *rustiare « battre », dér. de *rustia « gaule », lui-même dér. de rustum « ronce », att. par le corse rustu, le napolitain rusta « ronce » (FEW t. 10, p. 595b; André Bot., p. 277). Rosser est prob. issu de roissier sous l'infl. de rosse*, littéral. « traiter comme une rosse ».

    roublard    Orig. inc.; Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. y voit un dér. arg. de râbler1* « ramasser avec un râble », dont les formes rouabler, robler dial. sont bien att. (cf. FEW t. 10, pp. 598b-599a; v. aussi les formes dial. du subst., s.v. râble1); de roubler « racler », par le sens passif on aurait « raclé » donc « mal mis; misérable » et par le sens actif « râcleur » qui tire les marrons du feu avec un râble » d'où « extorqueur de tripot » 1858 (Figaro, 27 nov. d'apr. Littré Suppl.). Esn. voit dans les différents sens un empl. métaph. de « feu » et rattache le mot à la famille de roubliou att. dans l'arg. de Fribourg dès 1699 (v. FEW t. 10, p. 536a) du lat. rubeus « roux, roussâtre », de ruber « rouge ». Un rattachement (FEW t. 20, p. 44b) à rouble* se heurte au fait que le sens « richard, homme cousu de roubles » donné seulement en 1859 par Larch., p. 92, semble peu att., et surtout, n'est pas le sens primitif.

    rouet    1. 1re moit. xiiie s. « roue pour monter l'eau » (Pean Gatineau, St Martin, 4114 ds T.-L.); 2. a) 1371 rouwet « petite roue qui porte une gorge à sa circonférence et qui fait partie d'une poulie » (Lille, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Compl.); b) 1660 « garde de la serrure pour empêcher qu'on ne crochète » (Oudin Fr.-Esp.); 3. ca 1393 « machine à filer le chanvre » (Ménagier de Paris, éd. G. Brereton et J. Ferrier, I, 9, p. 113, 26); 4. 1555 « rondelle destinée à battre sur le silex, dans une arme à feu » (Ronsard, Meslanges, éd. P. Laumonier, t. 6, p. 211, 122). Dér. de roue*; suff. -et*.

    rouf (petit logement de bateau)    1582 (doc., Liège ds Les Dialectes belgo-rom., t. 9, 1952, p. 133); 1752 (P. Marin  ds Jal1). Empr., d'abord au m. néerl.roef, roof « toit; pont (d'un navire); espace couvert habitable sur un navire »,  puis, au xviiies., au néerl. roef « rouf ».

    roupiller    Prob. issu d'un rad. onomat. roup- évoquant un ronflement saccadé. Roupiller est également att. dans plusieurs dial. aux sens de « ronfler; grommeler; râler, etc. ».

    rouquin    a) 1845 Reims « homme qui a les cheveux roux » (Saubinet, Vocab. du bas lang. rémois, Reims, p. 83); b) 1914 « vin rouge » (d'apr. Esn.). Mot des parlers du nord de la France, formé de roux et du suff. dimin. -quin (empr. au néerl. -ken) ou plus vraisemblablement du pic. quin « chien ».