• TR

    trac    Mot onomat. issu du rad. expr. trak- qui dépeint le bruit de la marche. L'orig. néerl. proposée par Diez, à partir du mot trec « trait, ligne » est peu prob. en raison de l'aire géogr. et de la chronol. des premières attest.

    tracasser    Dér. de traquer* ou de trac1* ; suff. -asser*. Bourg. traicaissai ; picard. trécasser, aller et venir. Diez le tire de trac, et Scheler de traquer ; ce qui revient au même. (Littré).

    traquer    Orig. incertaine. Prob. dér. du m. fr. trac « piste, trace » (trac1*).
         Berry, trac ; angl. track, trace, ornière, que Diez et Scheler rattachent au néerlandais trekken, tirer et aller. Il est certain que traquer a eu le sens de tirer. (Littré).

    traque    Déverbal de traquer*. Cf. wall. traque « enceinte d'hommes pour chasser le gibier » (1789, à Bouillon d'apr. FEW t. 13, 2, p. 191a).

    traquenard    Même radical que tracanoir, sorte de dévidoir. Le piége, qui est du genre des trébuchets, a donné son nom à l'allure dans laquelle le cheval semble trébucher. (www.dico-definitions.com)

    trass (tuf volcanique pour mortier)    Empr. au néerl.tras « ciment; trass », contraction de terras, empr. au  fr. terrasse* (De Vries Nederl.). Le mot est signalé comme néerl. en 1786 par Buffon, Hist. nat. des minéraux, t. 4,  p. 415.

    traversin    1396-97 trevessains « traverse, croisillon » (Compte, Arch. mun. Mézières, CC 30, fo19 ro, ibid.); 1476 traversain « id. » (18 mai-17 août, Comptes d'ouvrages, 6esomme de mises, Arch. Tournai, ibid.);
    Dér. de travers*, suff. -in*, a absorbé orthographiquement traversain plus usuel, originellement adj. au sens de « qui traverse, transversal » et utilisé jusqu'au xvies. (v. Gdf., T.-L., Hug.).
        Travers ; wallon, tiepsî, trevsî. (Littré)

     

    tribord    Empr. au m. néerl. stierboord, de même sens, var. de stuurboord, comp. de stuur « gouvernail » et de boord « bord, côté », littéral. « côté où se trouve le gouvernail »; celui-ci se trouvait autrefois du côté droit des navires. V. aussi bâbord.

    tricher         D'un lat. *triccare, du b. lat. tri̊care, lat. class. tri̊cari « chercher des détours, chicaner » par redoublement expr. de la cons. finale du rad.; cf. aussi l'ital. treccare « abuser, tromper; embrouiller, duper » et l'a. prov. trichar « tricher, tromper, trahir » xiies. (G. Faidit, Chant e deport ds Rayn.); l'a. fr. a deux formes: trichier (supra) et trechier (1174-76, Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 1224 ds T.-L.), ce double vocalisme s'explique par le fait que i̊ de tricare est devenu ĭ par suite du redoublement de la cons. finale du rad. mais que, ensuite, sous l'infl. de tricare (avec ị), ị a été rétabli dans trĭccare (FEW t. 13, 2, p. 261a).

    trick     Empr. à l'angl.trick « ruse, artifice frauduleux » d'où « astuce, moyen habile » att. comme terme de jeux de cartes dep. 1599 (NED) pour désigner une main puis une levée, notamment une levée supplémentaire permettant d'assurer le point, appelée odd trick ou overtrick (v. NED, s.v. odd A I 1 et NED Suppl.2, s.v. overtrick). L'angl. est empr. au Moy. Âge à une forme normanno-pic. corresp. au fr. triche*.

    tringle    Altér., par l'introd. d'un r parasite (cf. Nyrop t. 1, § 504, 1), du m. fr. tingle (1328 au sens A 1, Compte de Ordart de Laigny, Arch. KK 3A, fo86 rods Gdf.), lui-même empr. au m. néerl. tingel, var. de tengel « tringle, cale, garniture de bois entre des pièces de charpente qui ne se touchent pas comme il faut » (FEW t. 17, p. 331).

    trique    Var. de estrique « bâton que l'on passe sur une mesure pour faire tomber le grain qui est en trop » (att. à St-Omer en 1429 ds Gdf.), issu du verbe corresp. estriquer (fin du xve s., J. Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 1, p. 511), de l'a. b. frq. *strîkan « passer un objet sur un autre », duquel est aussi issu l'a. fr. estrikier « aplaigner (le drap) » (1275 ds De Poerck). FEW t. 17, p. 260a. Dans 3 a-b, trique remplace canne, de même sens (dep. 1843 au sens 3 a d'apr. Esn.), v. Esn., s.v. canne III.

    triquard (Personne interdite de séjour)    1896 (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg. ds Quem. DDL t. 31); de trique, suff. -ard*.

    troquer    1. a) 1280 troquier « donner, céder en échange d'autre chose » (Clef d'Amors, éd. A. Doutrepont, 1067); fin xive s. trochier (E. Deschamps, Œuvres compl., éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 168: car vertu n'est qui en vice ne troche); 1403-04 [date var. ms.] torquer (Christine de Pisan, Mutation de fortune, éd. S. Solente, 6343); 1434 trocher (Lettres de rémission ds Registres [JJ] 175, pièce 296 ds Du Cange, s.v. trocare: laquelle vache le suppliant Trocha ou eschanga à un beuf); 1472 troquer (Lettre de Louis XI ds Ordonnances des Rois de France, t. 17, p. 493 [d'apr. le Registre JJ 197, pièce 326 du Trésor des Chartes]: iceulx biens, denrées et marchandises descharger, vendre, troquer ou eschanger); 1481 absol. « pratiquer le troc » (Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t. 9, p. 135: noz subgetz lesquelx viendront pratiquer et troquer); b) fin xvie s. troquer de « changer de » (D'Aubigné, Tragiques V, 864 ds Œuvres, éd. H. Weber, p. 171); 2. 1652 « abandonner, laisser une chose pour en prendre une autre » (Scarron, Virgile travesti VIII, 294a ds Richardson: maintes filles [...] s'habillèrent en garçons Troquant jupes en caleçons). Orig. incertaine. Peut-être d'un rad. onomat. trokk- (FEW t. 13, 2, p. 317) exprimant le frappement des mains des contractants, dans un geste destiné à valider l'échange (cf. toper). Cf. m. angl. trukie « donner en échange d'autre chose » (av. 1225 Ancren riwle 408 ds NED, s.v. truck) et lat. médiév. trocare (1257 Cartulaire de l'abbaye de Saint-Florent, près de Saumur ds Du Cange, s.v. trocare: equos [...] vendere vel trocare).

    trouille    Peut-être d'un ancien drouille, du néerlandais drollen (« aller à la selle »), (selon le Larousse) ; ou de l'ancien français troillier « broyer, presser (les raisins) », dérivé de truil ou troil, « pressoir à raisins » ; cf. également trouiller, « lâcher des vents » dans les dialectes de Franche-Comté et du Jura (selon le Trésor de la Langue Française informatisé).

    troussequin    Dér. de trousse* à l'aide d'un suff. qui laisse supposer que le mot a été formé en pic. ou dans la Flandre. On pourrait aussi supposer un empr. à un flam. *trosseken, *trosken, dimin. de tros, trosse « paquet ». Le troussequin aurait alors d'abord été un petit paquet de bagages attaché derrière la selle (FEW t. 13, 2, p. 101a, note 62; Valkh., p. 234).

    truc    Déverbal, surtout att. en domaine occit. dep. le Moy. Âge (cf. a. prov. truc « choc » hapax ds far truc a alcun « se heurter au combat à quelqu'un » ds Œuvres de Bertran de Born, éd. G. Goniran, 40a et 22 et anc. dial. landais d'apr. FEW t. 13, 2, p. 327a; cf. aussi le gasc. truc « coup, horion » ds Rabelais, Tiers-Livre, chap. 42, éd. M. A. Screech, p. 289), de l'a. prov. trucar « frapper, cogner, heurter contre » (fin xiiies. ds Levy Prov. t. 8) dont l'aire s'étend aussi (sous les formes turcquer, trucher, truquer) à toute la partie Sud du domaine d'oïl (v. FEW t. 13, 2, p. 326a) et auquel corresp. le cat. trucar « donner des coups » ainsi que différentes formes dial. d'Italie avec l'ital. truccare (v. DEI et FEW t. 13, 2, p. 329a). L'a. prov. trucar représente un b. lat. *trudicare dér. de trudere « frapper, heurter ». L'hyp. d'une orig. germ. apparentant trucar à l'a. h. all. drucken « presser » (DIEZ, p. 332; EWFS2) est peu probable. À l'ital. truccare, DEI rattache trucco désignant une sorte de jeu de billard et qui pourrait être à l'orig. de l'empl. noté en III 3. I est énigmatique. On n'en note que qq. attest. sporadiques au Moy. Âge et chez Gautier de Coincy où truc est difficile à distinguer de trut (que FEW t. 22, p. 140b considère comme issu de truc p. assim. du c au t init.). Le terme mod., att. dès la fin du xviiies., est difficile à rattacher aux sens de III (le sémantisme de « coup » est trop vague). Une infl. de trucher « pratiquer la fausse mendicité » (v. truquer étymol.) n'est peut-être pas à exclure, le passage du sémantisme de « frapper » à celui de « tromper en mendiant » pouvant s'expliquer par le fait que le mendiant frappe à toutes les portes, d'où truche « mendicité frauduleuse » (1628, Le Jargon de l'argot réformé ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 227) et dont truc pourrait n'être qu'une forme masc. désignant toute activité trompeuse ou frauduleuse (v. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc.). II illustre encore la collision avec trut, truc prenant alors les empl. de trut d'orig. onomatopéique. Bbg. Guir. Étymol. 1967, pp. 77-78. − Guiraud (P.). « Tric, trac, troc, truc »... B. Soc. Ling. 1962, t. 57, pp. 103-125. − Quem. DDL t. 2.

    trucmuche    Trucmuche, subst. masc.,pop., fam. a) Truc, machin. Ah! oui, avenue du Bois... tu t'imagines, cette cliente, une poétesse qu'il paraît, chez elle c'est rien que des lys noirs, des trucmuches, de l'argenterie partout, du velours (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 367).b) Personne que l'on ne veut pas ou que l'on ne peut pas nommer exactement. « Mmede Saint-Chouette vient de donner une soirée très parisienne en son hôtel, où le comte Le Truc du Machin a convié quelques amis à se réunir pour un bridge », je rigole. Tout cela est très exact, les Saint-Chouette et les Trucmuche du Machin sont gens vivants et dépensants (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 175).

    truchement     1. Fin xiie s. drugement « interprète » (Prise Orange, éd. C. Régnier, 422); fin xive s.  trucheman (Chron. de Flandre ds Delb. ds DG: puis revint ses truchemans); 2. mil. xve s. truchement « personne  qui parle à la place d'une autre, porte-parole, représentant » (Charles d'Orléans, Rondel, 163, 11 ds Poésies, éd. P.  Champion, t. 2, p. 384: ung truchement lui fault querir); 3. 1557 « ce qui exprime, fait comprendre, connaître »  (G. Du Puiherbault, De pénitence..., 17b ds Fonds Barbier: il n'est point de meilleur truchement des loix que la  coustume); 1580 (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, 18, p. 667: la parolle [...] c'est le  truchement de nostre ame); 4. 1893 loc. par le truchement de (Blondel, Action, p. 221). Empr. à l'ar. turǧumān  « interprète, traducteur », dér. de tarǧama « traduire » (cf. drogman, targum).  par le flamand/picard (du  temps des Espagnols, trujaman ?).
        Truchement n. m. est une forme refaite (déb. XVe s.), précédée par trucheman (fin XIVe s.), de drugement (fin  XIIe s.), mot emprunté à l’arabe Targûmân « traducteur » au moment des croisades. […] Ce mot sorti d’usage a  longtemps désigné un interprète travaillant dans les Pays du Levant.
        Un Drogman est le terme utilisé en Orient pour désigner un interprète. Ce mot, utilisé entre les XIIe et XXe  siècles, vient de l'arabe tourdjoumân (ترجمان, traducteur). Certaines familles ont monopolisé à Constantinople  et dans les échelles du Levant les postes de drogmans. Elles ont constitué de véritables dynasties de jeunes de  langues, de drogmans et de diplomates. Jeune de langues est le nom donné aux élèves de l'école des Jeunes de  langues, établissement créé en 1669 à l'initiative de Colbert pour former les futurs interprètes (on disait alors  drogman). Chez Frossart truchement, druchement, drugement (interprète, drogman).
        Trusseman est une sorte de jeu chez Godefroy (une citation d'un texte de Jean de Lannoy, dit "le Bâtisseur"  (1410-1493), aristocrate de la Flandre-Occidentale qui a rempli plusieurs fonctions au service des ducs de  Bourgogne).
        trucher, trocher, troquer : charger, mettre en paquet, monter en épi. Il précise que Saliat, dans sa Traduction  d'Hérodote, a employé troquer pour signifier s'entendre, être d'intelligence. Trochet est un assemblage. Le  trucheman est celui qui dans l'assemblée, permet de "s'entendre, se comprendre".
        Trucher, "mendier" (1628), aujourd'hui sorti d'usage, mais encore usuel dans certains patois, principalement dans  le picard, où il a ces sens : 1° Mendier ; 2° Bavarder (à Béthune) ; 3° Ramasser la sauce dans une assiette avec ses  doigts ou avec du pain (Corblet), ce dernier trait, souvenir de la vie des gueux. (Lazare Sainéan, Les sources de l'argot ancien. T. II. Le dix-neuvième siècle (1800-1850), H. et É. Champion  (Paris), 1912, p.255).

    truelle    Du b. lat. truella (e court), class. trulla (u long) « petite écumoire; truelle de maçon »; truelle [ü] est peut-être issu de *truella (e long), avec voy. prétonique d'apr. trulla (u long). La forme trouelle, relevée en wall., est soit issue de trŭella, soit également de truella (e long), la prétonique étant demeurée.

    trusquin    Issu, p. dissim. du 1er [l], du wall. cruskin, de même sens, empr. au flam. kruisken « petite croix », cet instrument ayant la forme d'une croix; le néerl. l'appelle aussi kruishout, littér. « bois en forme de croix ».