blague (à tabac), blague (histoire drôle), blaguer Empr. au néerl. balg « gaine, enveloppe » et aussi « dépouille, peau dont on dépouille un animal, surtout un oiseau » cf. Van Dale, Handwoordenbock der Nederl. Taal, 1915, 17 cité par Barb. Misc. 21, no4 et aussi Gallas (hyp. de Barb., loc. cit.; Bl.-W.5; FEW t. 15, 1, pp. 34-35); la métathèse -al- > -la- s'explique par la rareté en fr. non savant du groupe -lg-. Le sens de « menterie » est issu de la notion de « gonflé, boursouflé », la blague à tabac semblant être gonflée d'air. Cf. le sens de « jabot de pélican servant de sac » attesté en fr. en 1722 (Labat, Nouveau voyage aux Iles [éd. 1742], VIII, 299 cité par Buffon dans Barb., loc. cit., p. 183) et en 1758 (Le Page Du Pratz, Hist. de la Louisiane, II, 113 cité par le même, ibid.); de plus, l'hyp. d'un empr. au néerl., lang. d'un peuple colonisateur, est en accord avec les textes cités par Buffon, et avec le milieu, vraisemblablement celui de la marine, où est né le mot fr. Pour ces raisons, un empr. au b. all. blagen « bouffer, se boursoufler » (EWFS2; Dauzat 1968) est moins vraisemblable.
blaser Terme implanté dans le domaine pic. : rouchi blasé « blême par l'usage fréq. des liqueurs fortes » (Hécart), wallon blasé « atteint d'une maladie qui se manifeste par une enflure, notamment au visage, par suite de l'abus des liqueurs alcooliques » (Verm.), v. aussi Valkh., p. 62; prob. d'orig. néerl. : le verbe m. néerl. blasen est en effet attesté au sens de « gonfler, enfler, » (Verdam), sens qui ne semble cependant pas s'être conservé dans le néerl. mod. blazen, seul susceptible d'avoir été empr. par le fr. mod. et uniquement attesté au sens de « souffler ». Un empr. au prov. blazir « faire faner, détériorer », d'un frq. *blâsjan « être enflammé », à rapprocher du m. h. all. blas « bougie, flambeau » (EWFS2) fait difficulté des points de vue morphol. et géographique.
blèche 1596 bleche « homme mou » (L. Hulsius, Dict. françois-alemand et alemand-françois, Novibergae); 1701 blaiche (Fur.); 1732 blêche (Trév.); 1798 blèche (Ac.); 1794 arg. des typographes (A.-F. Momoro, Traité élémentaire de l'impr., p. 64).
Terme norm. (Moisy); cf. Mén. (Blesche. On appelle ainsi en Normandie un homme de mauvaise foi); application au domaine moral de l'adj. a. fr. fém. blece « blette (en parlant d'un fruit) », v. blet.
Blèche, pâle, blaffard chez Hécart.
bleime (meurtrissure de la sole du talon du cheval) Terme wallon (blême, Haust; blène, blème Haust Etymol., p. 29), empr. au néerl. blein « pustule, ampoule », déjà attesté sous la forme bleine en m. néerl. et corresp. à l'angl. mod. blain, de même sens (De Vries Nederl.; NED). Le fr. a prob. été empr. à une forme ayant subi l'altération fréquente dans ces dial. de -ne- en -me-; la graphie -eime pourrait être le reflet de l'étymon en -ei[n] (Haust Étymol., p. 30; Gesch., p. 21).
blêmir De l'a. b. frq. *blesmjan, issu de *blasmjan (à rattacher au m.h. all. blas « dégarni, faible, mince », all. blass, Lexer; Kluge20) dér. de l'a. b. frq. *blasmi « couleur pâle » (à rattacher à l'a. nord. blàmi « couleur sombre », De Vries Anord.), hyp. de EWFS2, reprise par FEW t. 15, 1, p. 157; v. aussi Gam. Rom.2, p. 334. Le recours à un croisement avec le verbe blesser pour expliquer les formes en -s- en l'hyp. d'un étymon germ. blām- « couleur bleuâtre » (REW3, no1147) est à écarter car l'a. fr. ne connaît que la forme blecier. Cf. bleime, blesser, blet, blétir.
Origine scandinave pour Henriette Walter.
blesser 1. Mil. xies. blecier « meurtrir (des olives, des fruits, pour les faire mûrir) » (Raschi, Gloses dans Levy Trésor), encore attesté dans les dial. du Nord et de l'Est, notamment le liég. blessi « broyer, piler » (Haust), le suisse romand (Genève) blyési « amollir (un fruit), blettir » (Pat. Suisse rom., s.v. blesser); ca 1100 blecer « mettre à mal, porter atteinte à (qqn) » (Roland, éd. Bédier, 590); 2. 1165-70 « porter une blessure à qqn » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, 3792 dans T.-L.); 1176 fig. (Id., Cligès, 2119, ibid.); 2etiers xiies. paroles blesantes (Everard de Kirkham, Distiques de Caton, str. 102adans Gdf. Compl.); 1541 « enfreindre, offenser » (Calv., Instit., 103 dans Littré). D'un gallo-roman *blettiare « meurtrir » dér. du subst. a.b.frq. corresp. au subst. a.h.all. bleizza « ecchymose suscitée par un coup; trace d'une blessure, cicatrice » (Steinmeyer, Sievers, Die althochdeutschen Glossen, 2, 198, 61 dans Karg-Gasterstädt et Frings, s.v. bleizza) et attesté lui-même dans le composé frq. freobleto, frioblitto « plaie qui s'étend » (Pactus legis salicae, éd. Eckhardt, II, 1, 65 Titel-Text, art. XVII, § 7, p. 176); ce subst. a.b.frq. est aussi à rapprocher de l'adj. ags. blate « pâle, blême » (ca 1000, Cod. Vercell., I, 63 dans NED, s.v. blate). Blesser, au sens 2, a supplanté l'a.fr. nafrer, navrer* un peu plus anc. que lui en ce sens (Roland), également d'orig. germ. Voir aussi blèche et blet.
blet Blette, fém., réfection d'apr. les adj. en -et, -ette, de l'adj. a.fr. blece, fém. « blette » (Moniage Guillaume, v. 2198, var. du ms. C [2emoitié xiiies.]), lui-même issu du verbe a.fr. blecier (blesser*) pris au sens de « meurtrir (des olives, des pommes pour les faire mûrir) » xies., v. blesser. En a. fr. les adj. fém. précèdent les masc. parce qu'à cette époque les fruits connus étaient presque exclusivement de genre féminin.
blétir terme des dial. du Nord et de l'Est, notamment Suisse romande (Genève) blyèti (Pat. Suisse rom., s.v. blet), liég. blèti (Haust), rouchi blètir (Hécart); cf. 1807 (J.-F. Michel, Dict. des expr. vicieuses, p. 24). Dér. de blet*; dés. -ir; la forme blessir dér. de l'adj. blesse, blece (v. blet).
blinquer (faire ~) (B) (faire) briller (du néerlandais blinken)
bloc (masse) Empr. au m.néerl. bloc (néerl. mod. blok) (Valkh., p. 63; FEW t. 15, 1, p. 168; EWFS2) dont les différents sens (v. Verdam) ont peut-être fait l'obj. d'empr. successifs. Cet étymon semble préférable au m. b. all. blok qui convient au point de vue phonét. et présente sensiblement les mêmes accept. que le m. néerl. (Lasch-Borchl.), mais convient moins bien du point de vue hist. (v. Valkh., pp. 38-39).
blocail : Cf. bucail / bucaille.
blocus Empr. au m. néerl. blochuus « maison faite de madriers », « fortin », Verdam (composé de bloc, v. bloc, et de huus « maison ») corresp. à l'all. mod. Blockhaus, v. blockhaus (Valkh., p. 64; Gesch., p. 23; EWFS2; FEW, t. 15, 1, p. 162); l'aire géogr. du mot fr. dans les régions limitrophes du territoire néerl., ainsi que les formes blokehus, supra; bloxhus 1380, Chart. S. Lamb.; blocquehuys 1485, Mons; blochuysse 1584, Chart. S. Lamb. dans Gdf. Compl. (ces 2 dernières formes reflétant le néerl. mod. blokhuis) confirment cette hyp. et infirment celle d'un étymon m. h. all. blokhūs (DIEZ5; REW3); le sens 3 (arrêt de ravitaillement), non attesté en néerl. est une ext. propre au français.
blottir L'hyp. couramment reçue (Diez5, p. 527; FEW t. 15, 1, p. 169; EWFS2) est celle d'un emprunt au b. all. blotten « écraser », étymon que Diez, qui semble l'avoir proposé pour la 1refois, déduit d'un h. all. blotzen « écraser » et rapproche du néerl. blutsen « contusionner, meurtrir » (dér. de bluts « cloque, ampoule », De Vries Nederl.), mais qui n'est attesté ni dans Lübben, Mittelniederdeutsches Handwörterbuch, ni dans Lasch-Borschl. Mittelniederdeutsches Handwörterbuch.
blouse (terme de billard. Le trou où l'on pousse la bille), blouser Orig. inc. ; l'hyp. d'un empr. au néerl. bluts « bosse, enfonçure » fait difficulté des points de vue phonét. et sém., le néerl. ne connaissant pas cet emploi techn. (Valkh., p. 65); antérieurement 1585 forme belouse, sens libre (Cholières, 5eMatinee, p. 209 dans Hug.).
L'ancienne forme est belouse. On ne trouve que belosius (voy. DU CANGE), sorte de drap ; peut-on y rapporter belouse ? Scheler cite le flam. bluts, trou ; bon pour le sens ; mais belouse ? (Littré).
BLOUSE, sf. Chacun des trous où l'on pousse la bille de son adversaire au billard. [1° Trév. affirme que blouse signifier trou d'un billard; ou d'un tripot, où l'on jette les billes ou les balles; et que ce mot en vi.fr. signifie des terres grasses à bled, qui sont molles et marécageuses,qui ont tiré leur nom du bled qu'on y semait. Cette étymologie rappelle celle de La Monnoie, qui déduit les mots blaude, blouse, espèce de surtout, de bladum, blé, parce que, dit-il, les premiers bliaus, étaient de couleur de blé. 2° Gébelin tire le mot blouse, trou, du b.bret. blada, se tapir. 3° M.Schéler le dérive du néerl, bluts, trou. Ménage pense que blouse a passé du jeu de paume au
jeu du billard.]
Blouser, va. Blouser une bille, c'est la faire entrer dans une des blouses; fig. et fam., tromper, décevoir, faire tomber dans qq. méprise. Blousé, e, p.
Se Blouser, va. pr. Mettre sa propre bille dans la blouse; fig. et fam. se tromper.
Barthélémy Morand, Dictionnaire étymologique de la langue française, 1861.
bluette (étincelle) Ca 1530 bluette « petite étincelle » (Marot, IV, 68 dans Gdf. Compl.); 1550 belluette (B. de La Grise dans Hug.), sens conservé dans les dial. de l'Ouest, FEW t. 9, p. 146b; 1797, 27 août, fig. bluettes littéraires (Beaumarchais à M. T*** [Moland p. 710] dans Proschwitz Beaumarchais 1956, p. 68). Prob. dimin. de l'a.fr. *belue « étincelle » (dont l'existence est assurée par l'a.prov. beluga de même sens xiies., Marcabru, Dirai vos dans Rayn.), d'un lat. vulg. *biluca, issu par substitution de bi-, forme du préf. lat. bis-, à la partie initiale du b.lat. famfaluca, v. berlue.
Norm. beluette, berluette, étincelle ; wall. blawète ; provenç. beluga. Le normand et le provençal indiquent que le mot est, au fond, le même que berlue, c'est-à-dire est composé de la particule ber (voy. BER.... préfixe), qui a un sens diminutif, et d'un thème luca, de lucere, luire : ce qui veut dire petite lumière, fausse lumière, d'où le sens d'étincelle. Le wallon blawète, qui ne vient pas de bleu, vu que bleu est, en wallon, bleûf ou bleus, doit être pour be-lawète. (Littré).
bluter (faire passer par un blutoir, un tamis servant au criblage de diverses matières préalablement broyées) Empr. au m. h. all. biuteln « bluter », dér. du m. h. all. biūtel « blutoir », Lexer (all. mod. Beutel); au verbe m. h. all. correspond le m. néerl. buydelen, Verdam, s.v. budelen (néerl. mod. builen). La forme buleter est dès l'orig. le résultat d'une métathèse des consonnes par assimilation au suff. -eter*. La forme beluter est issue de buleter avec métathèse des voyelles.