dégingander (du néerl. par un dialecte du Nord) Altération, prob. sous l'infl. du m. fr. giguer « folâtrer » (v. guinguette), de dehingander « disloquer » (Rabelais, IV, 53 ds Hug.), d'orig. obsc., peut-être à rattacher au m. néerl. henge « gond » (FEW t. 16, p. 196 a; deshingander étant proprement « sortir des gonds », d'où « disloquer ») à l'all. hangen, m. h. all. hengen (Haust, pp. 67-68; cf. FEW, loc. cit., p. 140 b) ou au m. h. all. hingeln « boiter » [Lexer] (EWFS2).
Génev. degigandé ; Berry, degiguenandé ; ce paraît être un mot burlesque formé du préfixe dé.... et de gigue, dans le sens de jambe : qui n'est pas bien sur ses jambes. (Littré)
dégringoler (néerl. par le picard) Du m. néerl. crinkelen « friser, boucler (de cheveux) », faisant lui-même partie d'une famille germ. occidentale krink (krank, krunk) ayant le sens gén. de « tourner », cf. m. h. all. krinc, kringe « cercle, anneau » (Lexer), kringel « cercle » (ibid.), m. b. all. krink « anneau, cercle » (Lübben), kringel « id. » (ibid.), m. néerl. crinc, néerl. kring « cercle » (Verdam). La personne ou l'objet qui dégringole semble décrire des cercles successifs, contrairement à celui ou celle qui tombe en chute libre, d'où l'emploi fig. en fr. Cf. encore m. fr. gringoller « dégringoler » (1583, Cl. Gauchet, Le Plaisir des champs, p. 226 ds Gdf.), prob. dér. régr. de dégringoler. Dé- indique ici le point de départ.
dégot(t)er Orig. obsc., peut-être à rapprocher de l'angevin got « trou pour la balle, dans un jeu » (Verr.-On.). Le rattachement à gal, gau « caillou » (v. galet) proposé par Mén., loc. cit. fait difficulté du point de vue phonét.; v. aussi Sain. Lang. par., pp. 61-64.
Origine inconnue. On peut songer à dégoutter, pris transitivement : faire tomber comme une goutte. On lit dans les Excentricités du langage, 4e édit. 1862 : " Dégotter, surpasser. On disait en 1808 dégoutter, qui veut dire être placé au-dessus de quelqu'un, sans quoi on ne pourrait dégoutter sur lui. " C'est une autre manière d'expliquer la transformation du sens de dégoutter en dégoter. Mais puisqu'on a dit effectivement dégoutter en ce sens, il y a lieu de croire que dégoter en est une corruption quelconque. (Littré).
Dégôter, dégotter, P., regarder, chercher, apercevoir, découvrir, trouver, faire un dégotage : au sens propre guetter, en it. guatare, regarder attentivement le but, qu'en norm. on appelle clin.
Dégoter a le sens complexe de démonter de sa butte l'objet, bille, noix, pierre ou autre, en le guettant, en visant bien. C'est par assoc que dégoter a pris le sens de destituer, supplanter, en franç., et de tromper par sa finesse en rouchien. Dégoté, dans ce dial., a le sens de fin, rusé, parce qu'étant dégoté l'objet roule.
La forme correspondante de guetter est dans le verbe holl. wachten, attendre, wacht, garde, guet, en all. Wacht ; d'où en it. guatare, faire attention. A devient facilement v, comme en ly., et dans le Nord, surtout après w = oué ; watch, garde, en angl. se prononce à peu près wotch. (Timmermans).
Guiraud le donne pour normand (XVIIe s.). Scheler émet l'hypotèse de l'angl. got, acquis.
déjuc (Vx. Heure matinale) Déverbal de desjuquer, var. normanno-pic. de déjucher*.
délicoter (pour le cheval, se débarrasser de son licou) Dér. de licou*; préf. dé-*; dés. -er avec intercalation de -t- à partir des formes dial. notamment normanno-pic. licot (FEW t. 5, p. 325 b) ou d'apr. ligote, ligoter*.
déluré Prob. forme dial. (notamment norm., pic., lorr., centre, cf. FEW, loc. cit.) de déleurré, proprement « qui ne se laisse plus prendre au leurre » (1787) déleurrer « détromper » (Fér. Crit.), dér. de leurrer*, dial. lurrer; préf. dé-*.
démarrer de dé- et amarrer.
dépiauter Terme d'orig. dial., dér. de piau forme dial. de peau* avec -t- épenthétique ; préf. dé-*; cf. 2e quart xiiie s. despeler « enlever la peau ». 1834 pic. (Hécart : Dépiauter; écorcher, enlever la peau par un frottement plus ou moins violent); 1846 arg. (Intér. prisons, p. 242 : Dépiotter. Ôter, enlever, priver quelqu'un de quelque chose); 1861 dépioter « enlever la peau ».
déroquer (défricher un terrain) Forme normanno-pic. de dérocher*, spécialisée comme terme d'agriculture.
devinette Dér. de deviner*; suff. -ette*. Mot répandu dans les dial. norm., pic. et de l'est de la France (En 1834, dévinete ds Hécart : énigme, Tout ce qui est à deviner sans être énigme, mais qui sert à l'amusement. À Besançon, devinotte).