étai (cordage) De l'ags. staeg, de même sens (av. 1100 ds NED, s.v. stay3); le mot a dû subir l'infl. de étai2*.
étai (pièce de charpente) De l'a. b. frq. *staka, de même sens, cf. le m. néerl. stake « perche » (Verdam), m. b. all. stak « id.; poteau » (Lübben); étaie est la forme la plus répandue jusqu'au xviiie siècle.
étalinguer (amarrer avec une étalingue), talinguer, détalinguer, étalingue, étalingure 1690, du néerl. staglijn (Valkh.). Parfois dit d'origine scnadinave par le normand, à rapprocher de ralingue, empr. à l'a. nord.*rár-lík, comp. de rar, génitif de rá « vergue » et de lík « bord d'une voile »; cf. d'autres comp. de rá en a. nord.: rár-endi, rár-hlutr (FEW t. 16, pp. 667-668).
Espagn. entalingar. (Littré) On fait parfois remonter l'esp. entalingar, entarlingar au français étalinguer, entaliguer (cf. Diccionario de la lengua española de la Real Academia Española ; Don Eduardo de Echegaray, Diccionario general etimologico de la lengua española, Faquineto, Madrid, 1887 ; Martín Fernández de Navarrete, Diccionario marítimo español, Imprenta real, 1831) ou au catalan etalingar, de même sens (Elena Varela Merino, Los galicismos en el español de los siglos XVI y XVII, CSIC-Dpto. de Publicaciones, 2009).
étambot (partie de la quille du bateau) 1573 estambor mar. (Dupuys); 1643 estambord (G. Fournier, Hydrographie, p. 31); 1691 étambot (Ozanam, p. 280, 9). De l'a. nord. *stafnbord « bord de l'étrave », composé de stafn « étrave » et de bord « bord (d'un bateau) » (De Vries Anord.).
étangue (Terme des monnaies. Nom d'une grande tenaille, qui sert à tenir les flans et les carreaux) Ital. stanga ; de l'ancien haut allem. stanga ; allem. Stange, perche : ce qui est composé de deux perches ou branches. (Littré)
Le Traité de la formation de la langue (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmester et al.) y voit un emprunt au néerlandais.
étape Empr. au m. néerl. stapel, attesté au sens 1 (Verdam).
étarquer (tendre le plus possible un cordage, une voile) Empr. au m. néerl. sterken « raffermir, consolider » (Verdam), v. FEW t. 17, p. 229a, Barbier Misc. 5, 11); le mot fr. signifie proprement « hisser une voile jusqu'à ce qu'elle soit tendue, raide ».
éteule Esteule, var. dial. prob. pic. (v. ibid. éd. P. Ruelle, p. 47 et Fouché, p. 617), de estoble, du lat. stupula « chaume, paille », Varron et basse époque, var. du lat. class. stipula (v. Ern.-Meillet, s.v. stipula).
étincelle Du lat. vulg. *stincilla, issu par métathèse du lat. class. scintilla de même sens; v. Jud ds R. Ling. rom. t. 1, 1925, p. 232; la forme étincelle, pic. et du Nord-Est, s'est généralisée; cf. cintre, pinte.
étiquette (petit écriteau) dér. avec suff. -ette* du rad. du verbe a. fr. estechier, estichier, estequier, pic. estiquier « enfoncer, ficher, transpercer », v. astic;
Ontleend aan Frans étiquette ‘papiertje met opschrift’, Middelfrans estiquette ‘paal als doel in sommige spelen, paal als merkteken, merkteken op een paal’ [1387; Rey], met een verkleiningssuffix bij *estique (nu alleen nog in sommige noordwestelijke Franse dialecten, zoals bijv. Luiks stitche ‘uitstekende punt’), afgeleid van Oudpicardisch estiquier, estequier ‘insteken’ < Frankisch *stikkjan, *stikkan ‘steken’ (FEW, Rey) of < onl. *stekon, zie → steken. Misschien had het etiket oorspr. de vorm van een staafje [Wartburg].
étrain *stranda-, *strandu-, "plage" (cf. Strand en néerlandais et allemand). Cf. estran.
étrave (pièce de la proue) 1573 estrave (Dupuys). De l'a. nord. stafn, de même sens (De Vries Anord.); l'absence d'attest. plus anc. s'explique prob. par la technicité du terme.
étrille (brosse ; crabe bon à manger, sur les côtes entre Caen et le Havre) 1. Ca 1245 estrille « brosse pour étriller » ici fig. (H. de Cambrai, Regrets N. D., 59, 9 ds T.-L.); 2. 1769 « sorte de crabe » (Duhamel du Monceau, Traité des pêches, 3e section, p. 64). Du lat. pop. *strigila, réfection du class. strigilis « sorte d'étrille » d'apr. strigilare, v. étriller.
Wallon, sitreie ; cat. estrijol ; ital. streglia, stregghia ; du latin strigilis, qui a l'accent sur stri. (Littré).
ÉTRILLE, ESTRILLE, it. stregghia, striglia, all. striegel, du L. strigitis (stringere), m.s. - D. étriller. (Scheler)
Guiraud le donne comme d'origine normande (XIIIe s.).
alld. Striegel m. kammartiges Instrument zur Pflege bestimmter Haustiere, bes. ‘Pferdekamm’, ahd. strigil (9. Jh.), mhd. strigel, entlehnt aus lat. strigilis f. ‘Schabeisen zum Abreiben der Haut’; zu lat. stringere in der Bedeutung ‘abstreifen, abscheren’. Im Dt. erfolgt in Analogie zu anderen Gerätebezeichnungen auf -el (s. Schlüssel, Wirbel, Zügel) Übergang zum mask. Genus. – striegeln Vb. ‘mit dem Striegel bearbeiten, glätten, pflegen’, mhd. strigelen.
ériller (nettoyer [avec l'étrille] ; malmener) Ca 1170 estrillent « frotter un cheval avec une étrille » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 359). Du lat. pop. *strigiliare, dér. de *strigila (v. étrille).
Étrille ; wallon, strii ; provenç. estrilhar ; catal. estrijolar ; ital. stregghiare, stregliare. (Littré).
étriquer (néerl. par le normando-picard) Prob. issu d'un plus anc. étriquer « allonger, étendre » (un objet s'amincissant lorsqu'on l'étend), empr. au m. néerl. striken « s'étendre » (Verdam) : 1604 [éd.] estriquer ses pieds « appuyer ses pieds contre quelque chose en s'allongeant en arrière pour pouvoir tirer avec plus de force » ; 1625-55 en norm. étriquer « lancer; allonger », s'étriquer « s'élancer, s'étendre » (D. Ferrand, La Muse normande ds Héron). Étriquer « allonger, étendre » appartient prob. à la même famille que le plus anc. estrikier « caresser » (xiiie s. ds T.-L.), « aplaigner (le drap) ».