gambe ([P. anal. avec la forme ou la fonction d'appui d'une jambe] Gambe de hune. Double cordage tendu de chaque bord des haubans de hune aux bas haubans) Forme normanno-picarde de jambe* (v. FEW t. 2, p. 115a et 120a, note 15)
gambette (n.f.) 1re moitié xiiie s. a. pic. ganbete « jambette ». 1880 arg. gambette « jambe ». Var. pic. de jambette*.
gambiller Dér. de la forme norm. ou pic. gambe « jambe » (gambe2*); suff. -iller*, qui s'est substitué à un plus anc. -ier picardisant (< -oiier < lat. -idiare) attesté dans jamboiier/gambier, d'abord « serrer entre ses jambes » (Thèbes ds T.-L.), puis « marcher » (xive-xve s. ds Gdf.) et « faire un croc-en-jambe » (xve s., ibid.), enfin « enjamber » (1530, ibid.) et réfl. se guambayer « étendre, agiter les jambes » (1535, Rabelais ds Hug.).
garer 1. a) Ca 1180 varer a (qqn) « se défendre contre quelqu'un » (Le roman d'Aquin, éd. J. Des Longrais, 2271), hapax, v. discussion ds DEAF, col. 251; b) 1635 se varer a un danger « lutter, se défendre contre » (Monet); 2. 1415 guerrer « amarrer un navire » ici p. méton. son contenu (Ordonnances des Rois de France de la 3erace, t. 10, p. 264); 3. a) 1564 garrer « faire entrer, mettre à l'abri un bateau dans une gare ou un port » (Thierry); b) 1723 se garer « se ranger de côté pour laisser passer un autre bateau » (Savary); c) 1865 garer « mettre un véhicule à l'écart de la circulation » (Littré). Mot du vocab. mar., qui semble n'avoir pénétré à l'intérieur des terres qu'au cours du xves. en raison de son caractère techn. De l'a. nord. *varask « être sur ses gardes » qui est à rattacher au germ. *warôn « faire attention, protéger », v. égarer (du germ. *warôn « faire attention à », cf. all. wahren, bewahren; préf. é-*. Égarer est entré en fr. indépendamment de garer*, plus tardif).
gargouille Gargoule est prob. composé de la racine onomat. garg- et de l'a.fr. goule, v. gueule. Cette racine, qui apparaît dans le vocab. de différentes langues (notamment : gr., v. gargariser, gargarisme; b.lat. garga[ri]la, nom de la trachée-artère, Oribase ds TLL; langues romanes et germaniques), évoque le bruit d'un liquide qui bout, bouillonne ou passe dans la gorge de celui qui avale gloutonnement, d'où la désignation de la gorge elle-même et des organes avoisinants, v. aussi gargantua, gargamelle, gargote. Le maintien de garg- s'explique par le caractère onomat. de la racine qui n'aurait plus été perçu dans *jarg-, résultat de l'évolution phonét. rég. Le type gargouille, prob. par croisement avec jargoillier, gargouiller.
gargouiller Dér. de jargonner*, gargonner par substitution du suff. -ouiller*, cf. barbouiller, brouiller, margoillier (margouillis*), patouiller*; 2 par dér. directe de gargouille*.
gaspiller 1549 (Est.). Gaspiller est prob. issu du croisement de gaspailler, terme dial. de l'Ouest (Nantes, Few t. 14, p. 195a) « rejeter les balles de blé » puis « répandre la paille (du blé) » avec le prov. gaspilha « grapiller, gaspiller » (Mistral), cf. le m. fr. gapiller (1578, La Boderie ds Gdf. Compl.). Gaspailler est dér. de l'a.fr. *gaspail, attesté dans le syntagme jeter à waspail (forme hypercorrecte de la région picarde ou influencée par waster [gâter*]) « gaspiller » (ca 1200, J. Renart, L'Escoufle, éd. F. Sweetser, 1517), cf. lat. médiév. vaspale « balles de blé » (1194), gaspalium (1121 Le Mans ds Du Cange, s.v. gaspaleum), wallon de Jalhay et de Sart-lez-Spa [sud de Verviers, Belgique] wèspa (équivalant à wespail) « déchets de paille, faisceau de déchets » (E. Legros ds Mél. Roques (M.) t. 4, 1952, pp. 164-165), poit. gaspailles « balles de blé rejetées par le van » (1516 ds Gdf.). *Gaspail est dér. d'un type *waspa « déchets » (cf. l'a. prov. gaspa « fromage de [petit] lait caillé » 1450, Pansier, t. 3), d'orig. discutée. Pour FEW, loc. cit., p. 196 ab (v. aussi Bl.-W.5; DEAF, s.v. gaspail) reprenant l'hypothèse de J.V. Hubschmied (ds Festschrift L. Gauchat, 1926, pp. 435-38), *waspa serait un mot gaulois signifiant « nourriture » puis seulement « nourriture du bétail, déchet » (de *wes- « nourrir », avec suff. -pa), auquel se rattacherait un type secondaire *kaspa (par croisement avec des mots sémantiquement voisins), base de mots désignant différentes sortes de déchets dans la Péninsule Ibérique, l'Italie du Nord, la Corse, la Sicile, le Pays basque. Pour Hubschmid fasc. 1, p. 26, *waspa serait un mot de formation préromaine étymologiquement différent du type *kaspa, tous deux étant seulement formés à l'aide du même suff. préindo-européen, p- ayant ici valeur diminutive.
Wallon, caspouï ; provenç. guespillar, gispillar, tracasser, taquiner ; du germanique : anglo-sax. gespillan ; anc. h. allem. gaspildan, consumer, prodiguer. Gouspilleur dans Ronsard, et le sens du provençal guespillar permettent-ils de conjecturer que gaspiller est le mème que houspiller (voy. ce mot) ? (Littré)
gaule 1278 waulle « longue perche » (doc. Tournai ds Gdf. Compl.); 1306 gaule « id. » (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. Wailly-Delisle, 13545); b) 1534 « grande perche qui sert à abattre certains fruits » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder-M. A. Screech, chap. 23, 63); 2. 1530 gaulle « petite baguette flexible pour manier un cheval, etc. ou pour frapper une personne » (Palsgr., p. 276); 3. 1554 « canne à pêche » (Ronsard, Le Bocage ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 6, p. 17). De l'a. b. frq. *walu « bâton » que l'on peut restituer d'apr. l'a. nord. volr « id. », le got. walus « id. », l'a. angl. walu « marque laissée par un coup de fouet » (cf. De Vries Anord.).
gauler 1360 wauller « battre avec une gaule » (Lille, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Compl.); 2. 1611 gauler « abattre avec une gaule (surtout en parlant des noix) » (Cotgr.). Dér. de gaule*; dés. -er.
gausser Orig. incertaine, peut-être empr. à l'esp. gozarse « se réjouir » (dep. ca. 1330, J. Ruiz d'apr. Al.; déjà au sens de « jouir de (quelque chose) » dep. 2equart xiiies., Berceo, ibid.; hyp. proposée par Diez5, p. 594 et J. Brüch ds Z. rom. Philol. t. 51, p. 683) qui explique la forme en -ɔ- (supra et ds Hug.) et dont le sens est voisin (cf. N. du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 247 : ils s'esbattroient, deviseroient et gausseroient ensemble); gozarse est dér. de gozo « joie », du lat. gaudium « id. ». Wartburg (FEW t. 4, p. 82b) refuse cet étymon à cause d'un a. fr. gaussetei « moquerie », mais ce mot n'existe pas (v. DEAF s.v.). V. encore FEW t. 22, pp. 72b-73a.
Origine incertaine. Frisch y voit l'italien gavazzare, babiller ; Diez, l'espagnol gozarse, se réjouir. On peut songer à une forme gavisare, tirée du latin gavisum, supin de gaudere. (Littré)
D'autres rattachent gausser au nord. galsi, pétulance, mais le mot est d'introduction trop récente, pour oser se prononcer pour une telle provenance. Une dérivation directe d'un fréq. L. gavisare, de gavisum, supin de gaudere, n'est point probable non plus; je préférerais encore admettre dans gausseur une déduction du subst. gausseur. (Scheler)
gave (gosier d'un oiseau), gaver, gavage (picard), gaviot Ca 1295 gaive « estomac (d'un oiseau), jabot » (J. Gielée, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 1879); 2e moitié xiiie s. gaves « gosier, gorge (d'une pers.) » (Jeux-Partis, éd. A. Långfors, XIV, 28). Terme dial. (Flandre, Picardie) corresp. à l'a. fr. joe, v. joue.
Il exisait, au XVe siècle, un droit de gavène (ou de gavre) consistant en un droit de fief d'une certaine quantité de grain, qu'un seigneur puissant, dans l'Artois et dans le Cambrésis, percevait annuellement sur un vassal qui voulait s'assurer de sa protection en toutes circonsance. (cf. aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Gavène)
-> ingaver en picard
gayant nom du géant de Douai. Géants de processions et de cortèges. En Belgique, on y dénombre plus de 1700 figures de géants, seulement en Flandre. En Belgique totale on estime plus de 2500 géants. Les plus anciens remontent au XVe siècle. On en crée chaque année de nouveaux qui défilent et dansent lors des ducasses, kermesses et carnavals. En France, les géants sont enracinés dans la culture la région Nord-Pas-de-Calais depuis plusieurs siècles. Le premier Mannequin attesté est celui de Douai avec son "Gayant" au XVIe siècle. Chez les Flamands, il est connu sous le nom de Reuze, chez les Picards, il est appelé Gayant. Depuis novembre 2005, les géants et dragons processionnels de Belgique et de France et leurs fêtes sont inscrits au titre de chefs-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l'humanité auprès de l’UNESCO. (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9ants_du_Nord)
gaz Mot créé par le médecin flamand Van Helmont (1577-1644) à partir du lat. chaos (gr. χα ́ος) « masse confuse des éléments répandus dans l'Univers » pour les raisons suivantes : « carbo ergo, et universaliter corpora quaecunque non abeunt in aquam, necessario eructant spiritum silvestrem... Hunc spiritum, incognitum hactenus, novo nomine gas voco... in nominis egestate, habitum illud gas vocavi, non longe a chao veterum » (FEW t. 2, p. 623a) avec graphie g d'apr. la prononc. flam. de ch-.
gazouiller Dér. du rad. onomat. gas-, v. jaser; v. aussi gargouiller. Cf. jaser.