bègue, béguer, bégayer Déverbal de béguer*; a supplanté l'a.fr. baube, 1256 dans Gdf., du lat. balbus.
bégayer Dér. de bègue*; suff. a. fr. -oyer (finale -izare, gr. -ι ́ ζ ε ι ν, devenue en lat. vulg. -idiare), devenu -ayer (Nyrop t. 3, § 449). Du néerl. beggen « réciter des prières d'un ton monotone » déduit du flam. beggelen « bavarder à haute voix ». Cf. béguin, bégard.
Berry, bégat ; rouchi, beique, bièque ; ancien espagn. vegue. On ne peut pas remonter au delà d'un radical beg qui exprime quelque infirmité de l'esprit ou du corps, et qu'on ne reconnaît point dans les langues collatérales. (Littré)
bégu ([En parlant d'un cheval, d'une jument] Dont les incisives conservent la cavité externe au-delà de l'âge normal (10 ans en moyenne)) Orig. obsc. Un rattachement au pic. bégu adj. désignant un vice de conformation des mâchoires du mouton, l'empêchant de brouter (Jouanc., s.v. bégu) et au bego de Suisse romande « qui a les dents disposées de façon qu'elles ne se rencontrent pas [d'un cheval, d'un bovidé] », d'où « qui présente des irrégularités dans la conformation de certaines parties du corps » (Pat. Suisse rom.), dér. du lat. beccus (bec*), semble douteux. Il n'est pas certain non plus que le m.fr. donner le bigu « donner le change, tromper » (Brantôme dans Hug.), soit à considérer comme un emploi fig. de bégu.
béguin, bégard, béguine, béguinette, béguinage I forme masc. de béguine. II empr. au m. néerl. beg(g)aert, bagaert « membre d'une communauté religieuse » et aussi « celui qui, en apparence, mène une vie religieuse » (et non « mendiant » comme l'indiquent Brüch dans Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 690-691 et EWFS2; v. De Vries Nederl., s.v. begijn). Le m.néerl. est d'orig. obsc.; Spitzer dans Z. rom. Philol., t. 41, 1921, pp. 351-354 émet l'hyp. d'une dérivation, à l'aide du suff. fr. art, du m. néerl. *beggen « réciter des prières d'un ton monotone » déduit du flam. beggelen « bavarder à haute voix »; à l'appui de cette hyp. la formation du mot Lollards qui désigne des pénitents souvent hérétiques du xives., en Allemagne et aux Pays-Bas et dont le nom est issu du néerl. lollen, all. lullen « chantonner, marmonner à voix basse » (v. Théol. cath. t. 9, 1repart., col. 914). III orig. incertaine. L'hyp. la plus fondée est celle d'une formation à partir de begart par substitution de suff. (J. Brüch dans Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 690-691). L'hyp. d'une formation à partir du surnom de Lambert le Bègue, prêtre, mort ca 1177, considéré comme le fondateur du béguinage à Liège (FEW t. 15, 1, p. 88b; BL.-W.5) se heurte à des difficultés hist., le surnom de li Beges suivi de l'explication : quia balbus erat [...] a cujus cognomine mulieres et puelle que caste vivere proponunt Beguines Gallice cognominantur, ne se lisant que bien postérieurement (ca 1259 dans Gilles d'Orval, Gesta episcoporum Leodiensium, MGH − SS, XXV, 110 cité par E. Mc Donnel, op. cit., p. 71) et ayant au contraire été prob. formé d'apr. béguine. Il paraît en outre peu vraisemblable qu'un prédicateur réputé ait été atteint d'un défaut de parole. L'hyp. d'un empr. au néerl. [begijn], de même sens (Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 138-139) est improbable du point de vue morphol., le suff. n'étant pas autochtone en néerl. (Brüch, loc. cit.); il apparaît au contraire que le néerl. est empr. au fr. (De Vries Nederl., s.v. begijn). L'hyp. d'une formation de béguine à partir de Albigenses (formulée par J. van Mierlods, Verslagen en Medeelingen, 1925, pp. 405-447 et rapportée par E. Mc Donnel, op. cit., p. 431) ne peut convenir du point de vue phonét.; v. aussi Mc Donnel, op. cit., p. 436; Théol. cath. t. 2, 1repart., col. 529.