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* Vocabulaire venu des parlers du Nord (Henriette Walter)

Vocabulaire venu des parlers du Nord :
- Du Nord :

dépiauter
ducasse
entraver  « comprendre » (N.-E.)
escaloppe (N.-E.)
faille (wallon)
godille

grisou (wallon)
marlou
rabibocher
rémoulade (rouchi)
rescapé (Hainaut)

taule  « chambre » (N.-E.)
terril (N.-E.)
toqué
truelle
usine

- Du picard :

bourriche
brocard « chevreuil »
cabaret
cabine
caïeu « bourgeon »
cajoler
camp (ou prov. ?)
canette (bière)
canevas
catimini
chiquenaude (ou prov. ?)
cloque
compère-loriot
coron (picard-wallon)
dariole
fabliau
figer
flasque (adj.)
gribouille

marcassin
pieu
pilotis
porion
renâcler
requinquer
semelle
usine
vérin « vis »

- Du normanno-picard :

accabler
bercail
biche
boqueteau
caboche
cafouiller
calumet
cambrer
chique
colimaçon
crevette
grincheux
pouliche
vergue

- Du normand :

acre
allier (v.)
brancard
bringue
brioche
câble
caliner
car « véhicule »
cassette
chignole
cottage
cousette

éclair
enliser (s')
équille
étrille
gausser (se)
graillon
grésiller
guibole (ou prov.)
jusant
maronner
pleurnicher
potin
potron-minet
prétentaine
purin
racaille
rancart
renflouer
suroît « vent du S.-O. »
tocard
vareuse
vaudeville

- De l'anglo-normand :
haddock                   pieuvre


Le néerlandais dans la langue française
    Par leur proximité des Pays-Bas, les parlers romans du nord et du nord-est de la France ont également été, avec le normand, de fréquents intermédiaire pour l'introduction du vocabulaire néerlandais en français. Quelques exemples :
- dégingandé, mafflu, reluquer, par un dialecte du Nord ;
- colza, escarbille, par un dialecte wallon ;
- brader et buse « conduit », par les dialectes picard et wallon ;
- cauchemar, corvette, layette, maquiller, vilebrequin, par le picard ;
- coche « bateau », criquet, dégringoler, étriquer, par le normanno-picard ;
- crabe, éperlan, gribiche, macreuse, par le normand ;
- varlope, par un dialecte du Nord-Est ;
- maquereau, par un dialecte champenois.
    Mais cette vingtaine de mots passés par les dialectes du Nord serait fort peu de chose s'il n'y avait aussi les quelques 300 mots empruntés directement (cf. plus loin).

Un peu d'histoire
    Ce grand nombre de mots néerlandais passés en français ne doit pas surprendre, car les relations entre les Pays-Bas et la France ont été étroites dès le Moyen Âge. Les foires de Champagne, au XIIe et XIIIe siècles, étaient des places commerciales où les gens du Nord se rendaient pour vendre du drap, du lin, du miel, de la teinture ds figues, des épices. Les marchands flamands y avaient un contact direct et répété avec des populations auxquelles ils apportaient non seulement les produits de leur pays, mais aussi les mots pour les désigner.
    Au XIVe siècle, le trafic ne se fait plus uniquement par voie fluviale, mais aussi par voie maritime. Ce sont alors des pêcheurs et des navigateurs flamands qui jouent le rôle d'intermédiaires dans l'introduction du vocabulaire, tandis que, pendant tout le XVe siècle, de véritables colonies hollandaises s'implantent dans plusieurs villes maritimes de France : à Dieppe, à Rouen ou à Bordeaux. Pour assécher les marais de Picardie, du Poitou, de Saintonge, de Guyenne, d'Auvergne ou de Provence, c'est encore aux Hollandais que s'adresse Henri IV. Et, au cours du XVIIe siècle, Colbert fait venir à son tour des Flandres les artisans les plus habiles pour réorganiser en France le tissage, la construction navale et l'industrie hydraulique.
    Après quelques années d'interruption à la suite de la révocation de l'édit de Nantes, les relations officielles entre les deux pays reprennent au XVIIIe siècle, mais l'influence linguistique s'estompe alors, car les Hollandais résidant en France prennent l'habitude de parler français.
    C'est seulement au XIXe siècle, avec l'établissement de l'industrie diamantaire en France, grâce à des artisans venus d'Amsterdam et d'Anvers, qu'un nouvel afflux de mots néerlandais pénètre en français.
    Ainsi, du XIIe a XXe siècle, dans le même temps où le néerlandais empruntait au français une grande partie de son vocabulaire dans le domaine culturel, les apports néerlandais n'ont pratiquement pas cessé d'enrichir la langue française dans d'autres domaines.

Les plus vieux emprunts au néerlandais
    Voici tout d'abord les vingt-neuf premiers mots néerlandais entrés en français (XIIe et XIIIe siècles) :

amarrer
bar (poisson)
béguine "religieuse"
bloc
bluter
boulanger
brique
cabillaud
choquer "heurter"
coche (bateau)
coquemar "bouilloire"
crabe
craquelin (gâteau)
échoppe
écrou
flot
fret
godet
graver
haler "tirer"
hobereau
lest
lippe
maquereau
maquignon
plaquer
ruban
saur "fumé"
vacarme

    On reconnaît déjà, dans cette liste d'emprunts anciens, un vocalubaire essentiellement lié à la navigation (amarrer, coche, flot, lest, haler) et au monde de l'artisanat (bluter, boulanger, échoppe, écrou, godet, graver.

Mots venus du néerlandais

action (finance)
affaler
aiglefin
amarrer
apartheid (de l'afrikaans)
bâbord
bague
bar (poisson)
beaupré
bègue
béguine
bélier
berme
berne
bière
blague (à tabac)
blaser (v.)
bloc
blocus
bluter
botte
boulanger
boulevard
bouquin
brader
brandy
brique
brodequin
buse
cabillaud
cambuse
came
cancrelat
cauchemar
choquer
cliver
coche (nav.)
colin
colza
commodore
coq (cuis.)
coquemar
corvette
couque
crabe
craquelin
criquet
dégingandé
dégringoler
démarrer
digue
dock
doper
doping (angl.)
drille
drogue
drôle
échoppe
écope
écran
écrou
éperlan
épissure
escarbille
espiègle
estompe (crayon)
étai
étape
étriquer
flaque
flétan
flibustier
flot
flotter
foc
frelater
freluquet
fret
frise (cheval de)
frisquet
gin
godet
goupillon
graver
gredin
gribiche
grommeler
grouiller
gruger
gueux
haler
hennin
hisser
hobereau
hottentot
houblon
houppe
interlope
kit
layette
lest
lippe
loch (mar.)
loque
loterie
macreuse
mafflu
malstrom
mannequin
maquereau
maquignon
maquiller
matelot
micmac
mite
mitraille
pack
pamplemousse
paquet
pique
plaquer
polder
pomme de terre
potasse
rabot
radoter
ramequin
rate
reluquer
rigole
ripaille
riper
rouf
ruban
saur "fumé"
stopper (tissu)
tribord
tringle
trique
trouille
vacarme
varlope
vase "boue"
vilebrequin
vrac
wagon (angl.)
yacht
yankee
yole


Quelques domaines privilégiés
    Si l'on étend l'examen à la totalité des emprunts au néerlandais, on remarquera la présence d'un grand nombre de mots concernant :
 - les produits de la mer : aiglefin, bar, cabillaud, colin, crabe, éperlan, flétan, maquereau ;
 - la cuisine et la table : bière, colza, couque, craquelin, gribiche, houblon, macreuse, pamplemousse, ramequin, saur "fumé" ;
 - les techniques : bélier, came, cliver, épissure, rabot, tringle, varlope, vilebrequin.

Une grande majorité de termes intégrés
    Dans cette liste, on pourrait encore relever du vocabulaire concernant la toilette et le vêtement, tel que hennin, houppe, loque, layette, mannequin, ruban, stopper (un tissu), ou des noms de bateaux (corvette, yacht, yole), etc., mais ce qui frappe en réalité, c'est la fusion complette de ce vocabulaire dans les mots du lexique français. Une lecture, même très attentive, de la liste ne laisse transparaître qu'une dizaine de mots trahissant leur origine étrangère, et le plus souvent seulement en raison de leur graphie : apartheid, brandy, dock, doping, kit, pack, wagon, yacht, yankee.
    En dehors de ces quelques exceptions, on a bien l'impression, au contraire, que des mots comme affaler, bâbord ou boulanger, boulevard, drille ou épissure, frelater, houppe ou ruban, trique, maquignon ou vacarme sont et ont toujours été de bons vieux mots bien français.

Dictionnaire des mots d'origine étrangère, sous la direstion de Henriette Walter et Gérard Walter, Larousse, 2000.

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