Définition : chemin agricole (utilisé par les fermiers et leurs engins agricoles), carrière. À rapprocher du cache de cars.
Merci à Guy Hurtrez de m'avoir indiqué ce terme
Répartition : Nord
Origine : l'expression "train de car" désigne une carrière agricole dans le Nord de la France. Il existe à Cambrai une Rue du Train de Car qui se trouve en dehors des murs de la ville. À Comines, il y a le Chemin du Haut Train de Char. À Bondues, il existe un chemin « à carriot » – également appelé Train de Car ; il s’agit de la carrière Lagache, qui mène aux quartiers champêtres des Bois Blancs et du Pot de Fer. À Illies, dans les Weppes, on trouve un sentier décrit dans les souvenirs des habitants comme une "voyette [qui] s'est transformée en carrière agricole (train de car) difficilement praticable, avec une multitude d'ornières plus ou moins profondes".
Voici l'étymologie de carrière : l'ancien provençal carreira, de même que l'ancien français char(r)iere, ancien picard car(r)iere, quar(r)iere « chemin (de chars) » (XII e s. ds Gdf. et T.-L.), sont issus du latin vulgaire *carraria « id. », adj. fém. substantivé tiré de (via) carraria « voie pour chars », dérivé de carrus (char*). Le terme vient du monde de l'équitation (terrain entouré de barrières et aménagé pour des courses de chars, des courses à pied, des passes d'armes, puis les courses de chevaux) a fini par désigné plus généralement l'espace à parcourir dans une course, puis un trajectoire, d'où le cours de la vie, la carrière professionnelle, diplomatique ou autres.
Le train désigne tout d'abord une suite d'êtres animés ou de choses formant un ensemble ou fonctionnant ensemble (train d'escadre, train de culture, train d'idées... d'où le train pour la suite de voitures ou de wagons, et d'où viendrait le mot référencé par Jean-Baptiste Jouanceaux atrainquillage "ensemble d'outils pour le labour"), mais aussi l'allure d'un cheval (mener le train, train d'enfer, aller son petit train, être en train de = être en voie de...). Le train désigne enfin la partie antérieure ou postérieure d'un animal de trait (botter le train, se magner le train...) et la partie sur laquelle repose le corps d'un véhicule et qui porte les roues (train avant et arrière d'une voiture, train d'atterrissage).
Cela n'explique que difficilement comment dans le Nord de la France on parle de "train de car". On peut imaginer qu'il désigne ici un chemin dont la largeur représente celle d'un "train de charrue" lui permettant donc son déplacement. on lit dans une chronique de la comune de Buttes (en Suisse) : 1836, 27 novembre. — Le sieur gouverneur fait rapport qu'il a trouvé trois « almands » qui travaillaient à réparer le chemin sur la prise, ce qui est contre la règle de commune. On le leur fit bien voir ; on les condamne à établir ce chemin à 5 pieds de largeur, « afin qu'on puisse y descendre avec un train de char, et cela en ligne droite sans aucun contour ; les dit almands ne pourront le pratiquer que d'après la permission de la Commune ». (Musée neuchatelois, Recueil d'histoire nationale et d'archéologie, 1901). Train est étymologiquement le déverbal de traîner.
Les dictionnaires de picard et patois du nord ne donnent pas ce mot. Joseph Sigart pour le montois indique le mot trainer "ramasser les gerbes dans un champ pour les mettre en madames". Louis Vermesse dans son Vocabulaire du patois lillois indique le mot "trahoire" (d'un mot latin populaire *tragere, réfection du classique trahere « tirer » (tractus au part. passé), peut-être sous l'influence de agere « agir » (part. passé actus) en raison de leurs rapports de sens qui donner tirer, traîner, traire...) "instrument de labourage, herse". Voilà pour ce qui nous rapproche du domaine agricole.
Mais on peut aussi penser à simplement là où on "traîne el car" (traîne la charette), ou encore où "train n' car" chemin qui fait trembler (tranner) la charette (sa prononciation serait alors \tʁɑ̃nkar\, \tʁɛ̃kar\ ou \tʁɔ̃kar\, comme étrangler se dit étronner en picard).
Autre hypothèse, le mot serait formé de trinqueballer, avec le suffixe -ard, très productif en français populaire (www.cnrtl.fr/definition/-ard) et servant plutôt à désigner une personne (toquart, clochard, binoclard, picard, vieillard, banlieusard...) ou des animaux (canard, busard, têtard, charognard...), mais qui peut aussi désigner des objets (billard, brancard, panard, corbillard, placard, puisard...), on trouve par exemple le mot trimard en français désignant "une route, un chemin", sur trimer dont l'étymologie est incertaine (probablement issu de trumer « courir » (fin du XIVe s., Eustache Deschamps, Œuvres), qui appartient à la famille de trumel « jambe » (v. trumeau, d'origine germanique) ; le verbe aurait donc signifié littéralement « jouer des jambes »), le trainnecard serait alors le chemin où on est trinqueballer.
Dans le même ordre d'idée, la base serait étrain, estrain, strain "paille, chaume, litière" (du latin stramen) avec le même suffixe, cette fois-ci avec un -k- de liaison.
Exemple : in va juer dins ch' train de car (exemple donné par Guy Hurtrez)
L'antique chemin noir.
Il menait au vert Touquet Gantois. Paysage boisé jadis, modernisé maintenant par un château d'eau et une cheminée d'usine à l'horizon. Vue encore typique cependant d'une carrière (ou « train de car ») de la campagne flamande.
Le vert Touquet Gantois était situé à la limite de la seigneurie de la Mitterie vers Lambersart. En un tel endroit se tenaient, au moyen âge et conformément au vieux droit germanique, les assises du tribunal féodal dirigé par le prévôt ou le bailli des chanoines.
Jules Brenne, Lomme avant 1789, un village sous l'Ancien régime, André Bonne Éditeur, Paris, 1957