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étran(n)er, étron(n)er
Définition : étrangler
Prononciation : j’ai toujours entendu la prononciation étroner, qui est une déformation de la forme étran.ner [etrãne], le son de la nasale se rapprochant du [o]. On trouve dans les dictionnaires picards les orthographes étraner, étranner, étran.ner, . À Ath, René Huvelle indique èstran.neu, stran.neu, ètran.neu.
Répartition : Picardie, Nord, Belgique (en wallon, on trouve (e)s(i)tronner ou stronler, en lorrain Léon Zéliqzon note les formes proches tran’wo, trènower et trôgni).
Dérivés : s’étronner, étrane-midi et étraner d’faim ("affamé, qui meurt de faim" chez Hécart)
(à ne pas confondre avec le mot d’argot étronner qui vient de "étron" et signifie donc "déféquer“).
Synonyme : étoquer/étotcher (pour estomaquer), énoquer (pour étouffer), égavioter (pour égorger) …
Origine : du latin strangulare : comme en français l’association str- a donné étr- ou str-, par contre l’association -ngul- / -ngl- connaît une transformation similaire à l’association -nbl- (cf. trembler = tranler > tranner, sembler = sanner, ensemble = ensanne, ébranler = ébranner, esseigler = essoiler).
Alain Dawson, Variation phonologique et cohésion dialectale en picard
(HAL.archives-ouvertes.fr Id tel-01387600)Exemple :
On retrouve souvent l’exemple d’étrangler pour tuer une poule : "Les chiens et les renards, les putois et les fouines étrannent les poules. Un chien en étranne un autre" ; "La bête al a étranné no glingne" (chez Haigneré). Il semble que ce soit un sens élargi également présent en ancien-français : « Li lions qui gardoit le sanc Nostre Seigneur / Les estranla tous deux...» (Chanson de Baudouin de Sébourg)
In disant o, su chl’inocint,
Conme un furibond, ch’leu i seute
Et pi ll’étranne d’un boin coup d’dint.
Gaston VASSEUR (1955), traduction de la Fable de La Fontaine, Le loup et l’agneau (Chu leu pi ch’piot égneu (L. I, 10), https://lanchron.fr/fable.htm)
Chou qu’j’sais ben, ch’é ki féso traner, braire et rire chés geains tout al fos. I moutro comme i fo à tertain et à tertous qu’chel lo d’Disjonction kalle n’serviro mi qu’à étraner chez liberté. (L' z' Épistoles kaimberlottes d' Jérôme Pleumecoq dit ch'Fissiau, par M. Henri Carion)
I s'étoque, i s'étran-ne, i s'époumon-ne ! I' l'in d'vient tout aussi bleu qu'd'él porée d'choux rouches ! El vlà qu'i tousse, à n'in raquer ses dominos, aveuc des rassaquées d'halein-ne pires qu'eunne chasse d'iau qui s'désarmorce !
Raymond Coudert (Picartext)
alorss min tayon i cminchoait à rire, à rire, i s'étran.noait d'rire, il évnoait tout rouge
Jean-Pierre Calais (Picartext)
Avant d'alli s'rassir tous deux, da leu cado,
Ercantant ech viu air d'leu gazious qui s' étrannt' …
Emoustillis tous deux par un tchout doui d'vin blanc,
Nord-PdC COLLECTIF (Picartext)
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