• 1. Le picard - Le nom de la langue - Origine du mot wallon

    wallon : la première attestation française (dans Les mémoires de messire Jean, seigneur de Haynin et de Louvegnies, 1465-1477, un Hennuyer) sous la forme Vallon désignée un « habitant de la région romane des Pays-Bas. » On le lit aussi chez Jean Molinet (1435-1507). Chez un autre Hennuyer, Jean Lemaire de Belges (1473-après 1515, on lit « nous autres Wallon » (dans son Illustration de Gaule et Singularité de Troie), en regard des Thiois, les peuples qui parlent une langue germanique : « Nous disons encores aujourdhuy la ville de Nivelles estre situee au Romanbrabant, à cause de la difference du langage. Car les autres Brabasons parlent Thiois, ou Teuthonique, cestadire bas Aleman ; et ceux cy parlent le vieil langage Gallique, que nous appellons Vualon ou Rommand. [...] Et de ladite ancienne langue Vualonne, ou Rommande, nous vsons en nostre Gaule Belgique : Cestadire en Haynau, Cambresis, Artois, Namur, Liege, Lorraine, Ardenne & le Rommanbrabant, & est beaucoup différente du François, lequel est plus modernes plus gaillart. » (Jean Lemaire de Belges, Les illustrations de Gaule, Imp. Jean de Tournes, Lyon, 1549, p.44).

    Le mot est issu de wallec, walesch, walesc qui était le « langue d'oïl parlée dans les Pays-Bas. » On l'imagine venir du néerlandais *walesch, *walec, lui même de l'ancien bas francique *walhisk. En germanique, *Walhoz désignait les « Celtes » (d'où la Gaule et les Gaulois) du latin Volcae, (les Volques) nom d'une peuplade celte voisine des Germains. Alors que les locuteurs de langues romanes, se qualifiaient de Romans (Romani), les Barbares (Barbari) nommés plus tard Teutons (Teutonici) désignent ces premiers sous le nom de Welches (Walahen).1

    Ce terme germanique a donné le mot welche, velche, sous lequel les les Allemands nommés les Espagnols, les Italiens et les Français, et sous lequel les Suisses de langue alémanique nomme encore les Suisses romands. De même, le welshe, ou welsche, désigne une dialecte roman parlé principalement dans la vallée de la Bruche, dans l'Ouest du Haut-Rhin. De même encore, les germanophones de Haut-Adige (Italie) appellent Walsche les Italiens et les Rhéto-Romans. Le nom de la Gaule, des Pays de Galles, la Valachie en proviennent également. Jean Ier, comte de Luxembourg, dit l'Aveugle partage en 1340 le comté de Luxembourg en quartier wallon / Walengassen (Orchimont, Bastogne, Chiny, Durbuy, Marche, Neufchâteau, Laroche, Virton en Belgique) et quartier allemand / deutschengassen (Arlon, Houffalize, Saint-Vith en Belgique, Longwy et de Thionville en France, région de Bitburg avec Saarburg en Allemagne et Luxembourg, Vianden, au Luxembourg même).

    Le suffixe -esc > -ois (qu'on a encore pour *walesc > gaulois ou *theudisk > thiois) est remplacé par le suffixe -on pour donner wallon (pendant un temps on trouvera wallin) et teuton (cf. en italien Tedesco pour « Allemand »). En 1900, Séraphin Simon écrit une Grammaire du patois wallon du canton de La Poutroye (Schnierlach), Haute-Alsace, le patois lorrain (roman), appelé maintenant plutôt welche, comme on l'a vu.

    Ainsi on appelle également la Flandre française, la Flandre wallonne (ou romane, ou gallicante), bien qu'on y parle picard, tout comme dans le Hainaut occidental, qui fait partie de la Wallonie, alors que c'est également la partie du pays dans laquelle on parle picard. On a proposé les termes de Wallonie picarde, de Picardie Wallonne, de Picardie hennuyère pour désigner le Hainaut occidental (le département de Jemmapes français de 1795 à 1814). Le premier terme semble maintenant l'emporter. Il comprend la région naturelle hennuyère (jusque Soignies au nord et à l'est, non compris, le sillon Sambre-et-Meuse comprenant la région Centre et le Bassin de Charleroi), donc : le Pays des Collines, le Pays Blanc (Antoing), le Pays Vert (Ath) et le Tournaisis. On considère qu'on parle encore le picard dans le Borinage (avant Mons et la région Centre) et en partie dans l'arrondissement de Thuin (entités d'Erquelinnes et de Merbes-le-Château, à la frontière de l'Avesnois). Dans la région Centre (Binche, entre Mons et le Pays de Charleroi), au Nord de la Thudinie (région de Thuin), on considère qu'on parle l'ouest-wallon, aussi nommé wallo-picard (ou picard wallon), où la langue picarde se fond de plus en plus avec le wallon. Le mot a longtemps servi à désigner le picard tournaisien, Joseph Sigart donne comme titre en 1870 à son dictionnaire : Glossaire etymologique montois, ou, Dictionnaire du Wallon de Mons et de la plus grande partie du Hainaut. Il dit même p.30 : « Le montois lui même qui arrive à Liége ne comprend pas plus que si l'on parlait sanscrit. Lorsqu'il s'est attaché à étudier la loi de transformation des lettres, autrement dit la prononciation, il s'aperçoit que c'est bien son patois qui se parle à Liège ». Frédéric de Reiffenberg (en 1832) parle lui du wallon-hennuyer.

    1 Cf. Gaston Paris, Romani, Romania, Lingua Romana, Romancium, in Romania, I, 1872, p.5.


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