• CAN

    canapsa (havresac)    Empr. au néerl. knapzak, relevé dep. le xvies. au sens de « sac à vivres » (De Vries Nederl.;  Weigand) ou au b. all. knapsack « sac à vivres pour le voyage; vagabond portant un tel sac », attesté dès le m. b.  all. (Lübben). Le néerl. (b. all.) est composé du verbe knappen « manger, saisir rapidement » et de zak « sac »; le  mot a prob. été introduit par les soldats néerl. ou bas-all. au service des Huguenots français pendant les guerres de religion (Valkh., p. 85; De Vries Nederl.).

    canar    1905, supra. Mot du vocab. des houilleurs borains du département du Nord (J. Bouio, Vocab. techn. des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, Douai, 1906 ds P. Ruelle, Le Vocab. professionnel du Houilleur borain, Bruxelles, 1953, p. 40) de l'Artois (M. Lateur, Lex. du parler pop. et ouvrier des régions minières d'Artois, Arras, 1951, Id., ibid.) et du Centre (L. Mauchard, Le Vocab. du houilleur de la région du Centre, Bruxelles, 1949, Id., ibid.), forme dial. issue du lat. canalis « tube, tuyau », cf. canar (Velay) « fosse d'écoulement » et autres formes dial. du même type ds FEW t. 2, 1, s.v., 169b.
        L'hyp. d'une dér. du m. fr. cane « tuyau » (1527 ds Gdf.) est chronologiquement peu probable les canars n'ayant pas un siècle d'existence (P. Ruelle, loc. cit.).

    cancan     Empr. au lat. quamquam « quoique », conj. empl. dans les disputes d'école, d'où le sens du fr. à l'origine. Le mot caquehan ou taquehan (cabale, conspiration, émeute), qui paraît spécial aux provinces du nord, est moins voisin, par la forme, de cancan que l'ancienne étymologie quamquam.

    canceller (Vx. Annuler un document, un écrit par des ratures en forme de croix ou par des lacérations)    Empr. au lat. cancellare (de cancelli, orum, v. chancel) au sens de « disposer en treillis ».

    cancre (crabe ; niais)    Empr. au lat. cancer, cancri « crabe » attesté dep. Pline, Nat., 9, 43 ds TLL s.v., 228, 41; 2 p. anal. avec la démarche et la lenteur du crabe.
        Prononciation picarde de chancre (voy. ce mot : Provenç. cranc ; ital. granchio, grancio, cancro, canchero ; du latin cancer (voy. CANCER et CANCRE)). (Littré).

    cancrelat    Empr., avec attraction ultérieure de cancre2*, au néerl.kakkerlak (lui-même originaire d'Amérique du  sud ou d'Espagne) « blatte d'Amérique » attesté dep. 1675 (De Vries Nederl.; Kluge20, s.v. Kakerlac) mais que  l'on peut supposer antérieur à cette date d'apr. le b. all. relevé dep. 1524 (ibid.).

    canevas    Issu du croisement entre l'a. fr. chanevas, chenevas [proprement « fait de toile »] « grosse toile » (xie s. judéo-fr. chenevas, Raschi ds Levy Tresor; 1181-90, Chretien, Perceval, éd. W. Roach, 499, forme canevas) et l'a. pic. canevach (1281, St Omer ds Gdf. Compl. qui atteste ce type pic. jusqu'en 1539), dérivés, avec les suff. a. fr. -as/ache (-aceu; pour le pic., v. Gossen, § 39), du rad. c(h)anev- de can(n)apus, v. chanvre. Un étymon ital. pour 2 (EWFS2) fait difficulté, ce sens n'étant pas attesté dans cette lang. av. le xixe s.

    canière, cannière    espèce de brétellière pour prendre les chiens, que les Bas-Normands appellent ainsi. (J. Gussac, J. C***, Pisciceptologie, ou L'art de la pêche aux lignes volantes et flottantes, aux filets et autres instrumens, 1828).
        Terme de pêche. Espèce de bretellière pour les chiens de mer. (Littré).
        De la prononc. normanno-picarde de chien ?

    canif    [Indirectement attesté par son dér. a. fr. canivet « petit couteau », 2e moitié du xiies. (Lai du Cor, 292  ds T.-L.); ca 1165 (Chr. de Troyes, Philomena, 846, ibid.)]; 1441-42 quenif (A. M.-et-L., E 43, fo34 ds Gdf.  Compl.); 1611 canif (Cotgr.). Prob. issu de l'a. b. frq. *knif (REW3, no4723; De Gorog, no212; FEW t. 16, p. 337)  que l'on peut déduire de l'a. nord. knîfr « couteau » (d'où l'ags. tardif cnīf [angl. knife]). Étant données  l'ancienneté et l'aire géogr. des mots fr., l'hyp. d'un empr. au frq. semble préférable à celle d'un empr. soit à l'ags.  ou à l'a. nord. (DIEZ5, p. 539; Dauzat 1968; EWFS2, 1re hyp.), soit au m. néerl. (EWFS2, 2e hyp.).
    La forme ca- (à côté de quenivet, knivet...) semble être originaire de Normandie (nom de sens "petit couteau" ;  noms propres et nom de lieux)(cf. Godefroy).

    canne    Du lat. canna « roseau » (empr. au gr. κάννα « id. ») qui a connu de nombreux emplois techn. tels que « tuyau (d'un instrument de musique) », Ovide, Met., 11, 171 ds TLL s.v., 262, 4; « mesure de longueur », iie s. Nipsus, Grom., p. 286, 21, ibid., 262, 23; « sorte de récipient » (canna désignant prob. à l'orig. le bec verseur, de là la dénomination du récipient en entier), vie s. Venance Fortunat, Vita Radeg., 19, 44, ibid., 262, 51, bien attestés en lat. médiév. (Du Cange; Nierm.); une partie des sens réunis sous 3 sont des emprunts au prov. qui connaît le sens 3 (début xiiie s., P. Espanhol ds Rayn.) et le sens 3 a (xiiie s., P. Cardinal, ibid.). Le lat. canna subsiste de même dans les domaines ibér. et ital. (REW3, no 1597); il est passé très tôt dans le domaine germ. au sens de « pot » (Kluge20, s.v. Kanne).

    cannette, canette (n.f.)    bouteille, dérivé de canne, "cruche",, issu du latin canna, "roseau" et aussi "récipient" ; XVIIIe s.
    cannette, canette (n.f.)(bobine)    Empr. du dial. de Gênes cannetta (dimin. de canna, v. canne); on faisait, en effet, venir de cette ville le fil d'or et d'argent destiné à l'ornement des habits aux xive-xve s. (FEW t. 2, p. 208b).
    cannette, canette (n.f.)    MINES et CARR. Rouleau de papier couvert de poudre séchée servant à mettre le feu dans les trous des mines et des roches.    Dér. de canne*; suff. -ette*.

    canneberge    Origine inconnu.
        Désigne au Canada (on utilise parfois également « atoca » ou « ataca », noms empruntés aux langues iroquoises ou pomme de pré et mocauque ("marécage"), particuliers au français acadien) la grande airelle rouge d’Amérique du Nord, en anglais cranberry.
        Le nom anglais viendrait de crane-berry, « baie de grue ». Il se peut aussi qu'une plante européenne (Vaccinium oxycoccos) ait eu ce nom, et que la canneberge d'Amérique (Vaccinium macrocarpon) s'est vue donner ce nom par sa ressemblance avec elle. Les Britanniques appelleraient Vaccinium oxycoccos plutôt « marshwhort » (whortleberry en anglais du sud-ouest désigne la hurtleberry "myrtille", hurtle viendrait du vieux-français heurte, terme d'armoirie pour les tourteaux (disques d'émail) d'azur), « marshberry » (baie des marais) ou « fenberries » (baie des fagnes, des tourbières).
        L'appellation « canneberge » viendrait de la ressemblance de la tige terminale supportant la fleur à une canne de berger. (wikipedia)
        Le mot cranberry proviendrait du bas-allemand kraanbere, "baie de grue", parce que ses fleurs, au début de la floraison, poussent vers le sol et ressemblent à une tête de grue.

    canot    Empr. à l'esp. canoa « id. », attesté dep. 1492, lui-même empr. à l'arawak des Bahamas (le taïno) canoa. Le suff. dimin. -ot* a remplacé la finale -oe, inhabituelle en fr. (v. Barb. Misc. 17, no9). L'hyp. de Diez3, suivi par Loewe, loc. cit., selon laquelle canot au sens 2 (« petit bateau utilisé pour le service d'un plus grand ») serait un dér. du néerl. Kaan « bateau » fait difficulté du point de vue sém., canot apparaissant d'abord au sens de « bateau des Indiens ».
        Espagn. et ital. canoa ; angl. canoe. On tire ordinairement ce mot de l'allemand Kahn, danois kane, suédois kana, qui a le même sens. Mais cette rencontre de sens et de forme doit être considérée comme fortuite ; le mot n'est ancien dans aucune des langues romanes ; et l'allemand n'aurait donné ni canoa en espagnol et en italien, ni canoe en anglais ; le mot est américain d'après Colomb et les premiers voyageurs. (Littré).
        Chez Godefroy : cannot, sorte de charrette, rencontré dans un texte. Il dit "peut-être faut-il lire camiot pour camion.