• CAB > CAF

    cabajoutis    1833, supra, qualifié de ,,populaire`` dep. Ac. Compl. 1842. Terme normanno-angevin attesté dans ces dial. sous la forme cabagétis au sens de « cahute, bicoque » (Verr.-On.) et de « vieux meubles, vieilles hardes jetées en monceau » (Dum.), du norm. cabas « vieux meubles, meubles encombrants » (Moisy; Dum.), même mot que cabas*; la 2epartie est constituée, pour cabagetis « vieux meubles, vieilles hardes » par le verbe jeter* (suff. -is*), et pour cabajoutis par ajoutis*; v. aussi cagibi.

    cabane    1387 « petite habitation sommaire » (G. Phébus, La Chasse, 197, Lavallée d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 285); 1462 « abri pour les animaux » (Lettres de rémission dans Du Cange, s.v. cabanacum); 1928 « prison » (J. Lacassagne, L'Arg. du « milieu »).
    Empr. au prov. cabana « cabane, chaumière » attesté en 1253 dans Rayn. (v. aussi Du Cange, s.v. capanna), du b. lat. capanna (d'orig. prob. préromane), attesté a) dans le domaine hisp. comme synon. de casula par Isidore, XV, 12, 2 (ds Sofer, p. 124 : capanna), et très fréquemment comme topon. dans le domaine catalan à partir de 854 (ds GMLC : capanna); b) dans le domaine ital. ca 800, utilisé par le scoliaste de Juvénal (H. Rönsch, Lexikalisches aus Leidener lateinischen Juvenalscholien der Karolingerzeit dans Rom. Forsch., t. 2, p. 305 : cabanna); la mention du mot dans les Gloses de Reichenau (éd. Klein-Labhardt, München, 1968, Glossaire alphabétique, no 1619, p. 195 : cauanna) atteste aussi sa présence au viiie s. dans la France du Nord.

    cabaret    1275, Tournai tenir kabaret (Livre des bans et ord. de Tournay, ms. 215, fo 9 ro, Bibl. Tournai dans Gdf. Compl.); 1694 ameubl. cabaret de Chine (Nouvelles archives de l'art fr. t. XV, 1899, p. 87 dans IGLF).
    Terme attesté presque exclusivement en pic. et en wallon aux xiiie et xive s. (Baudouin de Sebourc, Gilles Li Muisis, Froissard, v. Gdf. Compl. et T.-L.), empr. au m. néerl. cabaret (caberet, cabret) « auberge, cabaret, restaurant à bon marché », Verdam, forme dénasalisée de cambret (aussi cameret, camerret) « id. », ibid., lui-même empr. à l'a. pic. camberete « petite chambre » (ca 1190, Herman, Bible dans Gdf. Compl.) corresp. à chambrette*.
    Louis Quarré-Reybourbon renseigne que l'enseigne d'un chat barré d'un trait noir (cat barré en patois) était suspendu au-dessus d'un estaminet à Lille, s'appelant le Cat barré.

    cabaretier    Dér. de cabaret1*; suff. -ier*; du xive au xvie s. l'aire du mot, ainsi que celle du synon. m. fr. cabareteur est pic. et wallonne. Cabaretier s'est exporté au Canada, mais est également sorti de l'usage. C'est en Allemagne et aux Pays-Bas que les cabarettistes ont trouvé une nouvelle vie, à la télévision.

    cabarouet, cabrouet    (Petit chariot à deux roues, Petite charrette à deux roues que l'on emploie dans les plantations des Antilles pour transporter les cannes à sucre) Composé à partir de brouette*; ca- est d'orig. peu claire; il peut être soit le préf. péj. ca-, mais dans ce cas le genre masc. du mot ne s'explique pas; soit une forme normanno-pic. de char (FEW t. 1, p. 375b, s.v. *birotium), soit la 1re syllabe de cabriolet* (bien que ce dernier mot soit un peu postérieur), ces deux dernières hyp. ayant l'avantage de rendre compte du genre du mot.

    cabestan    1382 mar. cabestant (Compte du clos des galées de Rouen, 123, Bréard d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 285); 1382-84 cabesten (id., p. 50 dans IGLF Techn.); 1548 capestan (Rabelais, Quart Livre, p. 22 dans Hug.); 1648 cabestan (E. Cleirac, Termes de marine dans Jal1 1848). Orig. obsc.; la plupart des dict. étymol. y voient un empr. au prov. cabestan, altération de cabestran : pour FEW t. 2, pp. 252-253, Bl.-W.5, Mach., s.v. cabrestante et NED, s.v. capstan, ce mot prov. serait le part. prés. substantivé au sens de « instrument à enrouler les câbles » d'un verbe cabestrar, cabestra, dér. de cabestre « corde de poulie » (v. chevêtre). Mais le prov. cabestan, cabestran n'est pas attesté dans les anc. textes, non plus que cabestrar qui a pour seul sens « mettre le licou à une bête » (v. Mistral, s.v. cabestra et Alib., s.v. cabestre). L'hyp. d'un empr. à l'esp. cabr(-)-estante, propr. « chèvre (appareil de levage) dressée » (Diez3, Rupp., p. 108) attesté dep. 1518 d'apr. Cor., convient sur le plan sém., mais un empr. aussi anc. du fr. à l'esp. n'est pas vraisemblable. C'est à cette dernière difficulté que se heurte également l'hyp. d'un empr. au port. cabre(-)estante, propr. « socle de câble » (O. Nobiling dans Arch. St. n. Spr., t. 125, p. 155); ce mode de compos. n'est d'autre part possible que dans les lang. germaniques.

    cabillaud    Ca 1250 ichtyol. cabellau (Arch. comm. Lille, AA 155 no 2858 dans IGLF Litt.); 1278 cabillau  (Chirogr., A. Tournai dans Gdf. Compl.); 1762 cabillaud (Ac.)
        Empr. au m. néerl. cab(b)eliau [néerl. kabeljauw],  De Vries, Nederl., attesté dans un doc. flam. sous la forme cabellauwus (1163, Charte de Philippe comte de  Flandre, Chambre des Comptes de Lille, Cartulaire de Flandre, 1 ch. 325 dans Du Cange t. 2, p. 8a).

    cabine     1. 1364 a. pic. « cabane (où l'on se réunit pour jouer) » (Franchises de Lille, éd. Roisin, 176, 26 et 27); considéré comme vieilli en 1771 par J.J. Schmidlin, Catholicon, cité par Behrens dans Z. fr. Spr. Lit., t. 23, 2e part., p. 18; 2. 1530 mar. cabain « petite chambre à bord d'un bâtiment » (Palsgr., p. 202a); 1759 cabine (Rich.); 3. 1866 « petite pièce dans laquelle on se déshabille avant de prendre son bain » (Lar. 19e).
        Orig. obsc. Étant donné que d'une part, cabine est, par ses signif., étroitement lié à cabane dont il partage les sens 1 (supra) et 2 (cabane, terme mar., Rabelais, Quart. livre, 63 dans Hug.) et que, d'autre part, le m. angl. caban, empr. au fr. cabane (MED; NED), est attesté sous la forme de l'angl. mod. cab(b)in (1530, Palsgr., loc. cit.) dans tous les sens qu'il présentait en m. angl. (NED), il est difficile de dissocier cabine de cabane. Il est possible que cabane empr. par le m. angl. caban (peut-être à la faveur de la domination angl. en Aquitaine) au sens de « abri provisoire, refuge » avec divers emplois techn. (notamment mar. « petite chambre à bord d'un bâtiment » 1342 dans MED), devenu l'angl. cab(b)in, ait été sous cette forme réempr. par le m. fr. (pic.) cabine. L'hyp. selon laquelle cabine serait une altération de cabane par suff. -ine* (EWFS) offre peu de vraisemblance. Étant donné que tout point d'appui manque pour déterminer un rad. corresp. néerl. ou flam., l'hyp. d'une orig. flam. (FEW t. 2, p. 13; Bl.-W.5) fait difficulté.
        wrsch. een variant van cabain, cabane ‘plaggenhut’ < Laatlatijn capanna, cavanna ‘hut’, dat van niet-Indo-Europese oorsprong is.

    câble    Le type normanno-picard en ca- a concurrencé de bonne heure la forme francienne en cha- et l'a définitivement évincée au cours du xviiie s. (Trév.), à la faveur du vocab. maritime. Les formes du type cheable, chaable (xiiie et xive s. dans Gdf. Compl. et T.-L.), d'où le fr. mod. câble avec a long, sont dues à un croisement avec l'a. fr. chaable « catapulte », v. chablis, les câbles servant à la manœuvre de cette machine. Cf. accabler.

    caboche (et cabochard)    Composé de ca- et de l'a. fr. boce (bosse1*); l'intermédiaire de l'a. fr. cabocier (cabosser*; EWFS2) ne semble pas nécessaire; caboche est une forme normanno-picarde. Ca- est un pseudo-préf. entrant dans la compos. de nombreux mots fr. et dial., d'orig. discutée.

    cabochon     Dér. de caboche*; suff. -on*.

    cabot    1821 arg. « chien » (Ansiaume, Arg. en usage au bagne de Brest, fo 7 ro, § 109); 1836 cabe (F. Vidocq, Les Voleurs, t. 2, p. 278); 1896 cabja (G. Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 334); 1901 cabji (Bruant, p. 104). Mot d'orig. obsc. (FEW t. 22, p. 7a); peut-être à rattacher au lat. caput « tête » par l'intermédiaire d'une forme mérid. ou picarde, v. chabot. L'hyp. d'une altération de clabaud* (Esn.) « chien qui aboie fortement » sémantiquement recevable, fait difficulté du point de vue phonétique.

    cabotin, -ne, cabotiner    Orig. incertaine. Soit du nom de Cabotin (hyp. adoptée par la plupart des dict. ainsi que par W. F. Schmidt, p. 17) qui aurait été un célèbre comédien ambulant à la fois directeur de théâtre et charlatan sous le règne de Louis XIII (M.E. Fournier dans Courrier de Vaugelas, 15 juill. 1875, p. 43 cité par Littré), hyp. repoussée par F. Letessier dans Fr. mod., t. 20, 1952, pp. 116-117, le nom de Cabotin n'étant cité, selon lui, que fort tardivement (1858) par E. Fournier, loc. cit. [à la suite de Littré, le nom de Cabotin est attesté dans Lar. 19e et 20e et Lar. encyclop.]. Soit, dans la mesure où l'existence de Cabotin paraît hypothétique, extension de sens du pic. cabotin « homme de très petite taille » (Jouanc.; cf. se caboter « rester petit ») terme attesté dès la fin du xviiie s. dans P. Daire, Dict. pic., gaul. et fr. au sens de « petit badin », c'est-à-dire « petit sot » (Fr. mod., loc. cit.) à rattacher au lat. caput « tête » (FEW t. 2, 1, p. 335a); v. aussi P. Emrik, Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1949, pp. 148-165. L'hyp. d'une dérivation de caboter*, les acteurs ambulants voyageant par petites étapes (DG), est séduisante mais insuffisamment étayée.

    cacheron (sorte de ficelle grossière)  Originaire de Picardie (XIVe s.) pour Guiraud.
        Cachoire ou écachoir veut dire fouet en picard, de cacher ou encacher, "chasser" (L. Brébion, Étude philologique sur le nord de la France, 1907 ; Hécart, Dictionnaire rouchi-français, 1834 ; Jouancoux, Etudes pour servir à un glossaire étymologique du patois picard, Tome 1). Quasser, chez Borel, traduit le verbe lat. quassare, secouer (Adrien Timmermans, Dictionnaire étymologique, 1903).
        Cacheron, mèche de fouet (syn. cachuron) ; cachure "licou" (Jules Corblet, Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, 1851).
        Cacheron - Ficelle - cachoire, bout de ficelle pour jouet à la toupie, fouet des charretiers (Edmond Lecesne, Observations sur le patois artesien, in Annuaire du Pas-de-Calais, 1874).
        Cacheron, S. m. (ficelle servant de) mèche au fouet ou à la cachoire (Daniel Haigneré, Le patois boulonnais, 1901).

    cafouiller    Terme pic. (Hecart. Corblet) et wallon (Vermesse, Haust, Grandg.), issu de croisement de cacher* et de fouiller*. Cf. caboche.
        Cafouiller, P., chercher : pour escafouiller, au sens propre éplucher, en rou. écafouiller, écafoler, décafoler, éplucher des noix, leur ôter la cape, la coquille. Ecaflot, en pic, veut dire écaille de noisette. (Timmermans).