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    ébrouer    1250 esbroer (Document de Douai cité ds de Poerck t. 2, p. 70); 1390 esbrouer (ibid.). Prob. empr. au m. néerl. broeyen « ébouillanter » (Verdam), d'où « plonger dans l'eau (des tissus que l'on veut nettoyer) » (Valkh., pp. 125-126).

    s'ébrouer    Prob. dér. du même rad. germ. que brouet*; les parlers norm. ont développé le sens d'« écume qui vient à la bouche des animaux », d'où 1, sens qui s'est ensuite appliqué à l'homme et à d'autres animaux, « secouer (la tête, le corps) » étant devenu la notion dominante (FEW t. 15, 1, pp. 292-293, 299-300). Pour d'autres hyp., cf. Romania t. 67, 1942-43, p. 82 et FEW t. 17, pp. 191-192 (a. b. frq. *sprôwan « jaillir » d'où a. fr. esproer « s'ébrouer », xiiies. ds Gdf. et T.-L., proche d'ébrouer), ainsi que Romania t. 67, pp. 87-89 (orig. onomatopéique).

    écaffer, écafer    Terme de vannier. Partager l'osier en deux dans le sens de son épaisseur. (Littré). Donné comme picard (1680) pour Guiraud. Déformation de écailler (de l'a. b. frq. *skala, même mot que le germ. *skalja, v. écaille, cf. a. h. all. scala « coquillage; coupe »). Cf. Grandgagnage. En néerl. klieven expliquerait le f.
        Ecafoter, P., écaler. p. e. des noix : leur ôter la capote. Ecafote, en rouchien, veut dire pelure de légumes; écapote, en pic. la moitié d'une coquille dont on se sert pour écrémer le lait, — écaflot, écaille de noisette, kaf, en holl., balle de blé. (Timmermans).

    écagne (portion d'un écheveau qu'on a divisé)    Bas-lat. scagna. Origine incertaine. Comparez écheveau : Orig. discutée. Prob. issu du lat. class. scabellum « escabeau » (REW3, no7633; FEW t. 11, pp. 259-262) qui aurait été employé pour désigner les dévidoirs ressemblant à certains escabeaux en X, puis, p. méton., on serait passé du dévidoir à l'écheveau (cf. à partir du lat. *scamnium pour scamnum « escabeau » l'a. prov. escanh « banc, escabeau » et le fém. escanha « dévidoir » ds Pt Levy ainsi que l'a. fr. escagne, escaigne ds T.-L. et Gdf.). L'a. prov. escavel (xiiies. Don. Prov. 4665 ds Levy Prov. et Pt Levy), le prov. escavel et escabel signifiant à la fois « dévidoir » et « écheveau » et, pour escabel « escabeau » (Limousin ds Mistral) illustrent cette évolution sém. L'étymon *scapellum dér. de scapus « tige, support servant à enrouler les papyrus » (EWFS2) ne peut être retenu.
        Echeveau, anc. eschevel. La chose désignée par ce mot et la définition que lui donne Nicot « spira filacea, orbis filaceus » font préférer l'étymologie L. scapellus, dimin. de scapus, rouleau, à celle de chevel , cheveu = L. capillus. Le même primitif scapus a donné échevette, petit écheveau, et vfr. eschavoir, dévidoir. Chevallet s'est singulièrement mépris en mettant ces mots sur la même ligne avec vfr. eschagne, escaigne (auj. écagne, angl . skain), qu'il fait venir de primitifs celtiques. (Scheler)
        Pic. ékignée, écagnon, écaigne, écane, échet, échit ; génev. échevette ; wallon, echè ; rouchi, échè, équè ; bas-lat. eschaota. Les formes de l'ancienne langue ou du patois, telles que escaigne, ékignée, écagnon, écaigne, écane, viennent de l'anglais skein, écheveau, lequel provient probablement du celtique : gaél. sgein, sgeinne ; irl. sgaine, écheveau. Les formes qui ont un t ou une f, eschaota, eschez, eschiefs, échet, échit, ne paraissent pas pouvoir y être rattachées ; à ces formes tiennent sans doute échié, quantité de fil sur un dévidoir. D'autre part la langue a aussi echeau, ancien terme qui désignait une sorte de bois pour la tonnellerie (Chacun echeau de grand bois à faire pipes, Arr. du parlem. 16 sept. 1577), et escheveau, poutre (Icelluy trayné après eulx, menacé de pendre à l'eschéveau de sa maison ou au premier arbre qu'ilz trouveroient, Ordonn. juillet 1498). On a proposé pour écheveau l'étymologie es-chevel, comme qui diroit échevelé ; le sens n'est pas bon. Scheler propose scapellus, diminutif du latin scapus, rouleau ; scapollus pourrait donner en effet eschevel, et le sens de poutre ou poutrelle qu'a eu escheveau vient grandement à l'appui de l'opinion de Scheler. (Littré)
        L'ancien français escagne, dévidoir, et escaigne, écheveau, aujourd'hui écaigne, sont généralement mis en rapport avec l'anglais skein, écheveau, en considérant le terme comme d'origine normanno-picard. Or, les patois du nord de la France ignorent complètement écagne, qui est, par contre, familier à ceux du sud-est (escagno), embrassant (selon l'Atlas) les départements suivants : Lozère, Aveyron, Gard, Vaucluse, Basses-Alpes, Alpes-Maritimes, Var, Hérault et Bouches-du-Rhône. C'est donc du Midi que le terme a passé dans les patois du Centre, sous la double forme : écaigne (v. ci-dessus) et écang (1756), broie, maque (cf. étang pour étagne), d'où écanguer (= écagner), broyer le chanvre. Ce fait de géographie linguistique et la nasale mouillée écartent définitivement la dérivation du germanique; l'origine du mot est ailleurs.
        On a vu , à diverses reprises, quelles images les noms du chien et de la chienne ont fournies à la nomenclature technique et spécialement à celle du filage (31d, 41d). Rappelons le fr. chien, dans ses rapports avec le vocabulaire du fileur et du tisserand; l'it. cagna, scagna, désignant à la fois le rouet à tordre et le dévidoir, à côté de l'allem. Hund, maque sur quatre pieds, etc.; et surtout le pr. cagno, machine à branches mobiles servant à assujettir un fuseau (et cagnoto, dévidoir), escagno, dévidoir et écheveau (tiré de escagna, dévider). C'est le support du dévidoir qui a fait donner le nom de l'animal à cet appareil dont la charpente rappelle grossièrement l'image d'un chien assis (cf. pr. gousset, support d'une roue à dévider, propr. petit chien).
        Les termes synonymes français : chignole, devenu échignole (1769) sous l'influence analogique de écaigne, et signole, dévidoir construit sur l'axe d'un treuil, font allusion à une autre partie essentielle de l'appareil, à sa manivelle (sens de l'anc. fr. ceoignole, dial. soignole), propr. cigogne, par analogie avec le cou de l'oiseau. (L.Sainéan, Les noms romans du chien, in Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, vol. 14, 1906-1908, p.272-73)

    écaille    De l'a. b. frq. *skalja, dont le type est répandu dans tous les parlers germ. : got. skalja (Feist), ags. sciel « écaille » (ODEE, s.v. shell), angl. shell « coquillage », m. néerl. schelle « écaille »; coquillage; carapace (de tortue) (Verdam), néerl. schil, m. b. all. schelle « écale; coquille, coquillage; écaille » (Lasch-Borchl.). En a. fr., la distinction des représentants de *skalja et de *skala (v. écale) est difficile à établir, en raison notamment de l'ambiguïté des graphies -ail- et -all-.

    écale (Enveloppe extérieure de la coque de certains fruits)    De l'a. b. frq. *skala, même mot que le germ. *skalja, v. écaille, cf. a. h. all. scala « coquillage; coupe » (Graff, t. 6, col. 474), all. Schale « id.; coquille d'œuf; gousse de pois ». En fr., c'est la forme normanno-picarde en -k- qui s'est généralisée. Le maintien de -a- s'expliquerait par une forme *scalla, issue de *skala à cause du -a- bref (EWFS2).

    écamoussure (partie d'une charrue)    Terme d'orig. dialectale, relevé en wallon sous la forme escoum'sure (FEW t. 2, p. 955 a), en anc. neuchâtelois sous la forme equemoussieure (1674, Pierreh.), dér. d'un simple relevé en wallon sous la forme comossure (FEW, loc. cit.), anc. neuchâtelois comossure (1587, Pierreh.), camossure (1639, ibid.), lyonnais commisura (Du Puitsp.), du lat. class. commissura « joint, assemblage ».

    échoppe (boutique)    Empr. au m. néerl.schoppe « id. » (Verdam; Valkh., p. 121); le mot est attesté d'abord dans le Nord de la France, cf. Gdf. Compl.

    échouer     Un étymon cautes « rocher, écueil » (Diez, 566) est peu probable étant donnée la date tardive d'apparition du mot. Un changement de échoir, d'apr. l'ancienne prononciation ešwęr, en échouer (REW3, no2963) suppose une nouvelle conjugaison avec une répartition immédiate et systématique des formes et des sens difficile à admettre. Une altération des formes norm. escouer, écouer correspondant à l'a. fr. escoudre, escourre « secouer » (Gamillscheg ds Z. rom. Philol., t. 41, pp. 510-511 et EWFS2) suppose une reconstitution littér. de escouer en échouer difficile à admettre pour un tel mot. Un étymon *exaquare « enlever l'eau, mettre à sec » (Cor., s.v. Enjuagar) supposerait aussi un traitement phonétique propre à une région qui ne fournit pas d'ordinaire de terme de marine.

    éclabousser    1528 d'apr. le dér. esclabousseure, v. éclaboussure; 1564 pic. esclabocher (Thierry); 1660 esclabousser (Oudin Fr.-Esp.). Var. expressive de l'a. fr. esclabo(u)ter (1225-30 esclabouter, Bueve de Hantone, III, 4626 ds T.-L. − 1660 esclabotter, Oudin Fr.-Esp., s.v. esclabocher) prob. formé à partir du rad. onomatopéique klapp- klabb- (FEW t. 2, pp. 773 b-734 a) et de bouter*.
        La plus ancienne forme est esclaboter, qui paraît une transformation irrégulière de l'ancien verbe esclafer, qui veut dire faire éclater, et dont le radical claf ou clif se trouve sans doute dans clifoire (voy. ce mot). Mais, à mesure qu'on s'est éloigné de la forme primitive pour se fixer à éclabousser, l'usage n'y a plus vu qu'un composé tel quel d'éclat et de boue. (Littré)

    éclair    Déverbal de éclairer*; au sens I b (fin xiies. « lumière vive et soudaine pendant l'orage ») le mot d'abord norm. et agn. a évincé le plus usuel et plus ancien espart (espartir cf. FEW t. 7, p. 684a).
        Bourguign. éclar. Le XIIIe s. a esclaire, et, dans un texte anglo-normand, esclair, Éd. le conf. V. 3500. Dans les anciens temps, espart, éclair, espardre, éclairer (du latin spargere, répandre) était le mot le plus usuel. (Littré).

    éclanche : (chez Rimbaud) De l'ancien français "esclence"
        bras, épaule gauche. Également l'épaule du mouton, détachée du corps.
    1. Ca 1190 (main) esclanche adj. fém. « gauche » (Renart, éd. M. Roques, 7754) − 1547, Cartulaire de Flines ds Gdf.;
    2. xiiies. [var. ms.] esclence subst. « bras, épaule gauche » (Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, t. 1, p. 542), attest. isolée; 1548 esclange art culin. (Rabelais, Quart Livre, VII, éd. R. Marichal, p. 59), graphie isolée; 1552 esclanche (Id., ibid., LIX, p. 240).
        De l'a. b. frq. *slink « gauche », cf. a. h. all. slinc « id. » (Graff t. 6, col. 796), m. néerl. slinc « id. » (Verdam), slinke « main gauche » (ibid.).

    écope, écoper    De l'a.b. frq. skôpa, de même sens, cf. m. néerl. schoepe (Verdam), m. b. all. schôpe (Lübben). Chez Littré : escope, les bateliers de la Seine disent échope. Du germanique : angl. scoop ; holland. schoppen.

    écoute (Cordage fixé à l'angle arrière inférieur d'une voile, pour la maintenir et régler son orientation par rapport au vent.)    Empr. à l'a. nord.skaut, « angle, coin; angle inférieur de la voile », puis, p. ext. « câble attaché à cet angle » (De Vries Anord., Valkh., p. 122; Falk, p. 64). Cf. all. Schote, angl. sheet, néerl. schoot, suéd. skot.
        Le Traité de la formation de la langue (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmester et al.) y voit un emprunt au néerlandais.

    écran    Empr. au m. néerl. scherm « paravent, écran » (Verdam), avec métathèse du e et du r. L'anglais  screen serait issu du picard écrin "écran".

    écrou (prison, registre d'écrou), écrouer    De l'a. b. frq. *skrôda « bout, lambeau », cf. m. néerl. schrode, de même sens (Verdam).

    écrouir (battre un métal à froid)    1676 escroui (Félibien Dict., p. 577); 1704 écrouir (Trév.). Prob. dér. de crou forme wallonne (liégeoise) de cru* (Haust) au sens de « qui n'a pas subi de préparation, brut »; préf. é-*; dés. -ir.

    écornifler    Composé du rad. de écorner* prob. au sens d'« amputer », et du m. fr. nifler*, v. renifler, (1326 Dial. S. Greg. ds Gdf.) avec, peut-être également, infl. du m. fr. rifler « piller » (cf. FEW t. 16, 710a).