• FLE

    flèche (de lard)    Croisement de l'a. pic. flec « pièce de lard » (ca 1250, Doon de Mayence, éd. A. Pey, 10595), empr. au m. néerl. vlecke de même sens (Verdam), et de l'a. fr. fliche « id. » (1174-77, Renart, éd. M. Roques, 4079) refait sur le norm. flique (encore attesté de nos jours; cf. FEW t. 15, 2, p. 144a), lui-même directement issu de l'a. nord. flikki « pièce de lard sur le côté du porc » (De Vries). La forme -che au lieu de -que est à rattacher au passage du norm. -que au fr. -che.
    Anglo-saxon, flicce ; anc. angl. flick ; angl. flitch ; allem. Flick, Fleck, morceau. En danois et norvégien, le lard se dit flesk, mais ce mot, qui signifie viande, attribue à lard le sens de viande par excellence.

    flèche (arme de jet)    Prob. du frq. *fliukka « flèche, trait », forme restituée d'apr. le m. néerl. vlieke « penne, rémige; arme de trait » (Verdam) et de l'a. b. all. fliuca « arme de trait » (cf. Galée, Vorstudien zu einem altniederdeutschen Wörterbuche, p. 77). D'apr. Falk-Torp (s.v. flitsbue) le subst. *fliukka lui-même dér. d'un anc. verbe germ. *fleukkon, de *fleugnôn « voler », serait apparenté à l'a. h. all. flucki « arme de trait » Le mot flèche, désignant d'abord la tige de la flèche puis, par synecdoque, l'arme elle-même, a évincé son ancien concurrent saiete, saete « flèche » d'usage cour. en a. fr. (mil. xiies. ds T.-L.) mais dont nous n'avons plus trace que dans les mots savants sagette*, sagittaire*, sagittal* et sagitté*, empr. au lat.
    Wallon, fliche ; provenç. flecha ; catal. fletxa ; espagn. flecha ; portug. flecha, frecha ; ital. freccia ; piémontais, flecia ; du flamand flitz, flitsch, flèche ; moyen haut allem. flitsch ; allem. mod. Flitz-pfeil.

    flégard : dans la toponymie principalement maintenant : a Sain-Omer, Le flégard des ouvriers, Le flégard Pellet, Flégard (ou rue) des Dominicains (mtn. rue Alphonse de Neuville), rue du Griffon (reste d'un ancien flégard que  l'on fermait la nuit par une solide porte cadenassée), rue du Flégard à Wierre-Effroy (62) et Le Flégard lieu-dit à  Linselles (59) : flégard était un passage entre deux rues. Il était parfois fermé aux extrémités, notamment la nuit.  (cf. Littré : Anciennement, en Flandre, place commune, grand chemin, marché, trottoir le long des rues.) Randle Cotgrave (A Dictionarie of the French and English Tongues, 1611) le done comme picard, mais, dit Corblet, il n'est plus guère usité qu'à Boulogne-sur-Mer. Mais il est aussi utilisé à Amiens et Hécart le donne dans son Dict. de Rouchi : "petite ruelle étroite qui reçoit les eaux sales des maisons voisines, qu'elle conduit à la rivière ; elle est  ordinairement fermée. Ce mot est employé en plusieurs endroits, même dans une signification plus étendue,  puisqu'il y signifie tout endroit public à découvert, qui n'est la propriété d'aucun particulier. A common place, or  vay, dit Cotgrave, qui donne ce mot comme Picard, mais qui est employé en Flandre et ailleurs. Furetière écrit  flégard, sans doute par erreur puisqu'il le répète au mot flégard. A Lille, on l'emploie pour le revers des pavés des  maisons, pour les séparer du fil de l'eau ou ruisseau qui les longent.
        D'après le TLFi (Dict. de Moyen-Français) : l'étymon est *vredegaert, "jardin libre". La définition est proche du couderc (dans le Limousin), du quéreux (carreau du Pays de Caux du latin quadrivium) ou du placître (en Bretagne) : c'était un endroit "libre (vrede) dans un village" généralement herbu et planté d'arbres ; une sorte de place publique ou élargisssement de rue. Etant libre, il sera occupé illégalement par les propriétaires voisins et  disparaîtra souvent des cadastres au fil des constructions sauvages. (Jean-René Trochet, Maisons paysannes en  France et leur environnement, XVe-XXe siècles, creaphis editions, 2006, p.68). Historiquement, au Moyen Âge, c'est un grand terrain communal situé au centre du village, souvent à la croisée des routes, et qui sert aux  assemblées, aux foirails, aux fêtes, mais aussi comme pacage banal. Proche donc du pâquis, pâquier (en zone  fancoprovençal que l'on retrouve également dans la toponymie) ou de l'aître, les biens-communaux (à Seraing,  Belgique) dans le sens de pâturage commun, totalement laïque. Dans le Nord, on le retrouve aussi dans les noms  de famille (sieur du Flégard, Cardon de Flégard, Courtois du Flégard...

    flet (poisson)    Empr. au m. néerl. vlete « sorte de raie » (Verdam). Cf. flétan.

    flétan    Soit empr. à un néerl. *vleting, dér. de vlete (v. flet); soit dér. de flet*; suff. -an* (d'apr. éperlan, merlan, etc.).