• 4. Évolution du latin au picard - Conjugaison

    • anciennement désinence de la 4° personne en -omes (cf. somes < SUMUS, -um en normand) à l'Ind. Prés. (< -ĀMUS) et Fut., et en -iemes à Ind. Imp. et Cond. (< -ĀBĀMUS/-(I)ĒBAMUS/) (cf. plus loin, l'influence du français),

    • désinence de la 4° personne en -omes1 à l'Ind. Imp. et Cond. (< -ĀBĀMUS/-(I)ĒBAMUS/), et en -iemes à Ind. Parf. (passé simple) : os cantônmes (nous chantions), os cantrônmes (nous chanterions), os cantinmes (nous chantâmes, normand : j'cantîmes)...

    • désinence de la 5° personne en -otes (cf. êtes) à l'Ind. Imp. et Cond.., et en -ietes à Ind. Parf. (passé simple) : os cantôtes (vous chantiez), os cantrôtes (vous chanteriez), os cantites (nous chantâtes, normand : vos cantîtes)...

    • désinence de la 6° personne en -ottes à l'Ind. Imp. et Cond.., et en -ietes à Ind. Parf. (passé simple) : is cantôttes (ils chantaient), is cantrôttes (ils chanteraient), is cantittes (ils chantèrent, normand : il cantîtent)...

    • HABUĪ, SAPUĪ représentés par oc(h), soc(h)(normand), cf. les Ind. Prés. de la 1° pers. phonétique fac(h), senc(h) > SENTIO, dont la désinence s'est étendue à d'autres Ind. Prés. de la 1° pers. : demanc(h), tienc(h), poc(h) (> *POSSIO), prenc(h), etc. comme le Subj. Prés. s'est étendu à d'autres Subj. Prés. : demeur(e)che, go(e)che (< *GAUDĪRE), doi(ve)che, mec(h)e (< MITTERE),

    • parallèlement, Subj. Prés. en -ge (normand) sans doute inspirés de plange, sorge (< PLANGAM, SURGAM, phonétiques, ou faut-il poser des *PERDIAM, *PRENDIAM analogiques ?) : renge (< *RENDERE), prenge, perge (PERDERE),2

    • absence d'action de -w- sur -i- dans les Part. en -UĪ (wallon) : HABUISTĪ > euis > u, SAPUISTĪ > seuis > su, d'où les Subj. Imp. euisse > euche, seuisse > seuche, *BIBUIT > biut > bu, etc.

    • Parfait/Prétérit de l'Ind. de la 6° pers. en -is(s)ent modelé sur -is, -ist (pers. 2 et 3), d'où conservation prolongée des types mesis, mesisse, presis, pressise, etc.

    • forme svarabhaktiques (apparition d'une voyelle d'appui dans un groupe de consonnes) au Fut. (normand) : devera, metera,

    • confusion des classes I à radical palatal et III en raison de la réduction phonétique de -ier (Ind. Fut.) et -ierent (Parfait/Prétérit de l'Ind. 6° pers.) en -ir et -irent.

    • La 1er pers. du futur ne se confond pas avec la 1er pers. du conditionnel : je seray (je serai) ; je seroys/seroué/seros (je serais)...

    • Pour les temps composés, l'aux. avoir est toujours employé (ce qui simplifie le problème de l'accord du part. passé)(wallon) : i s'avot pourméné, achteure i a rintré à s'mason (il s'était promené, maintenant il est rentré chez lui), os avons sorti (nous sommes sortis), os avez venu (vous êtes venu), i s'o piqué (il s'est piqué), je m'ay annuyé (je me suis ennuyé)...

    • passé défini et l'imparfait du subjonctif complètement disparu, sauf dans certaines localités près de Mons et en Normandie.

     

    1 C'est plus proche du latin (< -ĀMUS), que le francien en -ons (dont l'origine n'est pas élucidée). En ce qui concerne l'évolution phonétique de -Ā- en -o-, on pense à une analogie avec SUMUS > (nous) sommes. Burguy dit : «  Cet o de omes, ons provient de l'assourdissement de l'a long en o. Omes, ons, dérivé de amus, servit pour les quatre conjugaisons et pour tous les temps, à l'exception du parfait [passé simple]. - On trouve aussi les variantes oumes, onmes ». (c'est cette dernière forme qui est encore courante dans la conjugaison picarde pour l'Ind.Imp., et le Conditionnel présent).

    2 Au subjonctif, analogie de la forme -che (anc.fr. -je que je meurje < lat. iam/eam) pour les verbes de la 1er et 2e conjugaisons terminés par une voyelle ou r, l, et les verbes de la 3e et 4e conjugaisons : que je payche (que je paye), que je le nétchiche (que je le nettoie), que je tirche (que je tire), que je brulche (que je brûle), qu'i vachte (qu'ils aillent), qu'i finiche (qu'il finisse)... mais que j'apèle, que je cante (que je chante), qu'is sèmte (qu'ils sèment)..., qu'il pleuche (qu'il pleuve), que cha vauche (que ça vale), que nous connoichonche (que nous connaissons), qu'is doichte (qu'ils doivent), qu'i renche (qu'il rende)... On retrouve le -ch- pour les 1er et 2e pers. du pl. : qu'os partonche (que nous partions), qu'os partéche (que vous partiez). Quant à l'époque à laquelle remonte l'adoption de la finale -che pour marquer le subjonctif, elle paraît être assez reculée puisqu'elle est antérieure au changement de a accentué en o ouvert comme en témoignent les formes bache, batte, à l'indicatif bôt, bat ; vache, aille, à l'indicatif vô, va... (L.Brébion, p.20).


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