• II. Le picard 2. Les chartes communales

     

     

     

    Avec le texte littéraire principalement religieux, apparaît également très tôt le texte de droit ou d'affaire. Les Serments de Strasbourg notamment, en 842 en sont le premier témoignage. Selon Gaston Paris, la langue des Serments est le picard1, mais hormis la forme unique du pronom sous une forme masculine (suo part pour sua part), et le pronom mi (in o quid il mi altresi fazet), on ne trouve pas de traces de picardismes probants dans ce court texte. Au contraire les mots prindrai et sindra (avec d épenthétique) sont typique des dialectes d'oïl du Centre de la France au contraire du picard-wallon. De plus, le document conservé est de 150 ans après l'alliance entre Karle (Charles le Chauve) et Lodhuwig (Louis le Germanique).

     

    Pro Deo amur

    et pro christian poblo

    et nostro commun salvament,

    d'ist di in avant,

    in quant Deus

    savir et podir me dunat,

    si salvarai eo cist meon fradre Karlo

    et in aiudha et in cadhuna cosa,

    si cum om per dreit son fradra salvar dift,

    in o quid il mi altresi fazet

    et ab Ludher

    nul plaid nunquam prindrai

    qui, meon vol,

    cist meon fradre Karle in damno sit.

    Pour l'amour de Dieu

    et pour le peuple chrétien

    et notre salut commun,

    de ce jour en avant,

    autant que Dieu

    me donnera le savoir et le pouvoir,

    je défendrai mon frère Charles,

    par mon aide et en toute chose,

    comme on doit de droit secourir son frère,

    pourvu qu'il en fasse autant à mon égard,

    et jamais avec Lothaire

    aucun arrangement je ne prendrai

    qui, de ma volonté,

    à mon frère Charles, puisse être dommageable.

    Si Lodhuvigs sagrament,

    que son fradre Karlo iurat, conservat,

    et Karlus meos sendra de suo part

    non lo tanit,

    si io returnar non l'int pois :

    ne io ne neuls,

    cui eo returnar int pois,

    in nulla aiudha contra Lodhuvig

    nun li iu er.

    Si Louis observe le serment

    qu'il jure à son frère Charles

    et que Charles, mon seigneur, de son côté,

    ne le maintient pas,

    si je ne puis l'en détourner,

    ni moi ni aucun de ceux

    que j'en pourrai détourner,

    d'aucune aide contre Louis,

    nous ne lui serons.

     

    Les chercheurs se mettent plutôt d'accord pour dire que le texte serait écrit dans « une langue artificielle conventionnelle, d'une sorte de roman commun »2. Donc une koinè, langue commune, ou plutôt une scripta, forme écrite consensuelle d'une langue, influencée ici par le latin, plus tard par le français en formation. Ce terme de philologie, scripta, est du à Louis Remacle, dialectologue wallon. Il démontra en 1948 dans Le problème de l'ancien wallon (et dans La différenciation dialectale en Belgique romane avant 1600) que, pour ce qui concerne en tout cas la littérature française écrite en Wallonie au Moyen Âge, il ne s'agit pas à proprement parler du wallon comme tel, mais d'une langue française parsemée de traits dialectaux. C'est cette langue centrale avec ces traits dialectaux qu'il nomme scripta (en allemand Schriftsprache). Cependant « [Dees] montre clairement que la standardisation du système d'écriture n'a commencé à être une réalité qu'au XVe siècle. [...] L'attribution à des copistes monastiques du Xe siècle d'un projet à long terme pour l'unification linguistique de la nation est tellement anachronique qu'elle ne doit pas retenir notre attention ».3

    Les Serments de Strasbourg sont le premier texte juridique en langue vulgaire qui atteste, de plus et malgré tout, la volonté d'écrire en langue vulgaire, au contraire des Gloses de Reichenau et de Kassel, et au contraire des mots et phrases en occitan dans les chartes des VIIe-IXe siècle.

    Ce sont surtout les chartes qui fournissent également leur lot de scripta picarde. Jusqu'au XVIe siècle, un franco-picard sera pratiqué par écrit. C'est un des rares dialectes d'oïl dont on puisse dire qu'il a évolué jusqu'à un moyen-picard, même si celui-ci est en décalage (plus tardif, du XVIIe au XVIIIe siècles) par rapport au moyen-français4. Carl-Theodor Gossen est unanime : « Trotzdem und trotz aller Wechselfälle im Schicksal von Douai, müssen wir abschliessend feststellen : Eine pikardisch gefärbte Kanzleisprache hat sich in Douai vom ersten Auftreten vulgärsprachlicher Dokumente bis zum Ende des Mittelalters in ausserordentilicher Konstanz und Lebenskraft erhalten. »5

    Comme le dit Henriette Walter, « parmi les dialectes d'oïl, ceux du nord et de l'est sont ceux qui se différencient le mieux de celui qui est devenu le français. Face au francien, le picard a pu apparaître au Moyen Age comme une sérieux rival ayant des chances de devenir la langue commune, car c'était alors une langue de chancellerie dans le nord et il jouissait aux XIIIe et XIVe siècles d'un grand prestige littéraire. »6

    Serge Lusignan et Diane Gervais ajoutent : « Certains estimaient même qu'il pouvait rivaliser sur ce point avec l'occitan des troubadours et qu'ils pouvait trouver sa place dans l'histoire littéraire et linguistique nationale. »7 Et précisent : « Le premier modèle de représentation graphique du français a été mis au point en Angleterre au début du XIIe siècle. On voit ensuite apparaître les scriptae lorraine, picarde et wallonne entre la toute fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle. Quant à la scripta centrale, elle n'émerge qu'après les années 1250. Le large fonds commun partagé par toutes s'explique à notre avis par les emprunts entre scriptae et par le modèle latin qui les inspire toutes. »8

     

    Le premier document administratif que nous ayons est la Charte-Loi de Chièvre, datée de 1194. La ville obtient alors un statut juridique privilégié en tant que « franche ville » du comté de Hainaut. Le premier article est celui-ci :

     

    Sacent chil ki sunt present et chil ki a venir sunt ke mesire Nichole de Rumegni et mesire Rasse de Gavre le vile et le sart de Cirve ont mize a assize a LXXXXII l. de blans deniers, par tel condisiun ke a leur se[rs] et a leur ancheles ne retienent se le parçon non a la mort, et as borjois, afforains et a cels de chiesedé le meleur catel a la mort, et le sanc et les burines et les altres forfais.

     

     

    La première charte communale d'Europe occidentale (en latin) serait celle de Huy (1066), puis les premières en langue d'oïl est celle de Tournai en 1206, puis Courtrai en 1221, Mons en 1222. En wallon, les premières sont celles de Liège en 1233 et Namur en 1240. Dans la Principauté de Liège, terre dont le seigneur est un prince-évêque, le latin concurrencera longtemps la langue vulgaire. Mais le picard, sur son territoire (de même le lorrain et en anglo-normand, et contrairement au francien), est très tôt utilisé comme on le voit, en concurrence avec le latin. En provençal, on a déjà des chartes de 1034.

    La première lettre administrative en français date de 1168, il s'agit d'une Ordonnance de Louis VII (le Jeune) faite à Paris en 1168. Elle est légèrement mélangé de picard, mais c'est probablement une traduction dont le texte ne remonte pas au XIIe siècle. Le premier acte en langue française de la chancellerie royale date de 1254. D'après Gustave Fallot, le français fut fortement influencé par le picard : notamment dans une lettre de Louis IX (Saint-Louis), datant d'octobre 1245 à Pontoise, contenant plusieurs traits typiquement picards.

     

    « D'anchien tamps, & mesmement par les Ordonances de bon Eurée recordation Saint Loeys de France nostre predecesseur Roy, et temps qu'il vivoit, eust esté establi & ordené, que Toutes fois que aucuns descordes, tenchon, meslée, ou delict estoit meus en caude-meslée entre aucuns de nostre Royaume ou par agait, & de fait appensé, desquelles coses plusieurs occisions, mutilations, & plusieurs autres injures souventesfois avenoient, li ami carnel de chiauls qui les dites mellées & delicz faisoient, demouroient, & demeurer devoient en leur estat, du jour du dit assault, ou mesfait, jusques à quarante jours continuelement ensuivans, excepté tant seulement, les queles persones pour leur mesfait, pooient estre prins & arresté, tant durant les dis quarante jours, come aprés, & pooient estre emprisonnez es prisons des justiciers, en le juridiction desquels li dit malefice avoient esté perpetré, pour estre justicié de leurs malefices, selon le qualité du delict, ainsi qui li ordres de droit l'enseigneoit. Et se en dedens le terme des quarante jours devans dis aucuns du lignage, progenis, consanguinité, ou affinité d'aucunes des parties principalment mesfesans, en aucune maniere sourfaisoit, ou malfaisoit pour chelle cause, en prenant vengeance, ou en aultre maniere, excepté les malfaiteurs principauls devant dis, liquel, si come dit est, pooient estre prins & puni, si come li cas le desiroient. Ichiauls, come traistes & convaincus du mesfait, & come enfraigneurs des Ordenances & statuts Royauls, devoient estre puni & justicié par le juge ordinaire, sous qui jurisdiction li delict avoient esté perpetré, ou el lieu, ou quel il estoient dudit crime convaincu, ou condempné. Lesqueles Ordonances encore plusieurs & diverses parties de nostre Royaume, non mie sans cause, sont tenuës, & fermement pour le bien publique, tuition du pays, & des habitans en nostre dit Royaume demourans & manans, loialment wardees, si come est dist, &c. »

     

    Ordonnances des roys de France de la troisième race. Premier volume, Contenant ce qu'on a trouvé d'ordonnances imprimées ou manuscrites, depuis Hugues Capet, jusqu'à la fin du règne de Charles Le Bel, Impr. royale (Paris), 1723, p.56

     

    Remarquons tenchon (pour tension), caude-meslée (chaude-mêlée), coses, demeurer, occisions, chiauls, li, ami carnel (pour ami charnel, qui désigne les membres de la famille), chelle, ichiauls (pour iceux, ceux-là), wardees. Cause est un emprunt tardif au latin datant de cette époque (la première attestation comme latinisme date de 1170). Malefice, justicié, demouroient sont franciens. Et signalons les variantes delict et delicz, demouraient et demeurer.

     

    Signalons qu'il existe des chartes conservées dans la région de Toulouse et datant du XIe siècle, écrite en ancien occitan. Un acte de foi et de fidélité et hommage prêté, vers 1062, par Roger Ier, comte de Foix, à Perron, évêque de Carcassonne est rédigé en latin, avec des mots d'occitan.

    Guilhem Naro, rend compte également que le provençal a aussi été un rival sérieux du français dans le Sud de la France. Au Moyen-Age, quand le français se confondait en un continuum de dialecte, avec la prédominance du normanno-picard, dans le Sud, le limousin était déjà la langue commune des troubadours, jusqu'en Italie et en Espagne.9

     

    Les chartes les plus importantes sont les chartes communales, apparentées au fors en Béarn, en Navarre et dans la péninsule ibérique du XIe au XIIIe siècles (Oloron en 1220, Morlaàs en 1101...), ou les bastides désignant trois à cinq cents villes neuves (Carcassonne, Montségur) fondées dans le sud-ouest de la France au XIIe siècle, répartis sur 14 départements.

    L'origine, dans le Nord de la France, en est la même : elles proviennent généralement de l'essor des villes commerçantes après les dévastations des incursions normandes du IXe siècle. Ces villes sont souvent construites le long des vallées fluviales : Amiens (Somme), Bruges (sur le canal d'un bras du Zwin), Valenciennes, Tournai et Gand (Escaut), Douai (Scarpe), Dinant, Namur, Huy (Meuse)... C'est principalement le commerce du drap qui fait la richesse de ses villes, dès le XIe siècle, Bruges, Ypres, Gand, Lille, Arras, Douai étaient de petits centres d'industrie drapière d'où les étoffes étaient exportées en Angleterre, dans le Sud de la France, en Allemagne et même en Italie. Le commerce est organisé en ghilde (Cambrai, Saint-Omer), carités (Douai, Arras), frairies ou hanses.

    Dans le Nord de la France et en Belgique, l'acquisition d'une charte communale allait généralement de paire avec la possibilité de construire un beffroi pour y pendre la cloche et porter une girouette, deux symboles des pouvoirs rivaux, l’Église et le Seigneur. D'après Jean Lestocquoy, ces beffrois « sont les témoins d'une civilisation municipale comme les châteaux de la Loire indiquent une civilisation royale »10.

    M. Battard distingue « quatre périodes dans l'histoire municipale des Pays-Bas. La période pré-communale du Xe au XIIe siècle qui vit la création des « portus » et l'apparition des premiers monuments municipaux ; la période échevinale au XIIIe siècle, où la commune devenue un riche seigneur féodal eut ses halles marquant sa prospérité économique et son beffroi symbolisant son indépendance politique ; la période démocratique au XIVe siècle caractérisée par le triomphe du commun et une crise démagogique peu favorable à l'architecture civile ; enfin la période monarchique au XVe et XVIe siècles marquée par la disparition lente de l'autonomie communale, mais pendant laquelle grâce à l'ordre et à la paix, les bourgeois brabançons, flamands, artésiens purent faire construire des hôtels de ville presque aussi célèbres que les cathédrales françaises. Après le XVIe siècle et jusqu'à notre temps les hôtels de ville sont encore considérés par nos villes comme une parure indispensable. Lille, capitale de la Flandre française, vient de bâtir une flèche moderne qui rejoint l'esthétique de la célèbre mangia de Sienne. »11 Cela était vrai à la publication de ce livre référence, mais l'est encore de nos jours, comme le prouve les beffrois d'Abbeville, Lallaing et Sains-en-Gohelle (1960), Marcinelle (en Belgique, 1963), Outreau (1969), Cappelle-la-Grande (1985), Saint-Pol-sur-Mer (1993) et la tour du Siège de Région Nord-Pas-de-Calais à Lille (2006), qu'on appelle le troisième beffroi de Lille...

    On a vu que le picard était, avec le normand, le dialecte d'oïl qui avait le mieux conservé le caractère latin, et en cela qu'il se rapprochait des dialectes d'oc et de l'italien. Annelieke Carlier a trouvée dans des sentences civiles de Bruges du XVe siècle que les étrangers étaient jugés en néerlandais ou en français selon qu'il étaient « germaniques » ou « romans ». Apparemment les Hanséates, les Anglais et les Écossais comprenaient sans trop de difficultés le néerlandais local, tandis qu’on utilisait le français avec des Espagnols et des Italiens.12 On a vu l'influence italienne déjà à l'époque romaine. On peut dire qu'elle continue ici.

     

    De façon anecdotique, on peut parler également de la rivalité des villes du Nord avec les villes italiennes dans le domaine du commerce : on compare ainsi le beffroi de Bruges avec le Palazzo Vecchio de Florence. Bruges était aussi la rivale de Venise, puisqu'elle était une ville de banque, la première bourse de commerce y fut fondée pour tous ces négociants dans la maison d'un certain Van den Beursen qui portait trois bourses dans ses armoiries. C'est la bourse d'Anvers, construite en 1531, qui servit de modèle aux édifices analogues (notamment Gand, Londres, Amsterdam...). A Lille, la Vieille Bourse datant de 1651, est aussi célèbre pour son architecture de Renaissance flamande. Comme en Italie, les villes de l'aire picarde ont connues un régime démocratique au Moyen-Âge : Arras la première, élut des magistrats annuels en 1194, dès l'obtention de sa charte de franchise par Philippe Auguste, et fut imitée par la plupart des autres villes. Sa richesse lui vient de ses draps, ses sayes (serge légère en laine, en latin sagum, gaulois *sagos, grec ancien σάγος, sagos, désignant une étoffe), ses sayettes (la même serge mêlée de fil d'or), ses ostades (étoffe de pure laine) et ses banques. Mais surtout de sa tapisserie de haute-lisse (tissée de laine, de soie et d'or), en concurrence avec Audenarde.

    Arazzo signifie toujours « tapisserie » en italien (la plus célèbre est celle de la Chapelle Sixtine, fabriqué à Bruxelles d'après les cartons de Raphaël), et arazzière est un « tapissier », comme arras (apocope de draps d'Arras) en Angleterre, ainsi que Arras, Arreis (formes disparues dans ce sens) et Rasch (dans Raschmacher, « tapissier ») en Allemagne, et peut-être ras, arres aux Pays-Bas, désignant une étoffe de tissu croisé. D'autres (Scandinavie, pays slaves et baltes, hébreu) désigne la tapisserie d'après la Manufacture des Gobelins de Paris qui tire son nom de la rue où elle était située, car là habita Jehan Gobelin vers le milieu du XVe siècle, un teinturier de laine réputé pour ses rouges à l'écarlate. Mais c'est en avril 1601 que la tapisserie façon de Flandres fait son apparition lorsqu'Henri IV fait installer dans « une grande maison ou antiennement se faisoit teinture » Marc de Comans et François de la Planche, tapissiers flamands associés depuis le 29 janvier 1601. En 1629, Charles de Comans (ou Coomans) et Raphaël de la Planche (Van den Plancken) succèdent à leurs pères.

    Une autre ville vaut d'être cité ici : Cambrai. En français, elle donne la chambray et la cambrésine. En fait l'invention serait due à (Jean-)Baptiste de Cambrai (ou Chambray), dont une statue le représente dans le jardin public de Cambrai. En portugais cambraia (anc. cambraya)13 désigne le lin (de la ville de Cambrai qui prospère et s'agrandit grâce à la production de draps et de toile de lin au XIIIe siècle). Cambrai s'utilise dans le sens de linon en : portugais (cambraia), espagnol (cambray), italien (cambrì), roumain (chembrică), suédois (kambrik), indonésien (kambri), albanais (kambriku), danois (kammerdug), irlandais (cáimric), gallois (cambrig)...

     

    Cambric14 en anglais est un synonyme de lin qui se dit batiste. Autrefois en lin, le chambray15 anglais est aujourd’hui un textile en coton, tissé avec une chaîne indigo et une trame blanche ou écrue. Le procédé est identique pour le denim, aussi confond-on souvent les deux tissus. Mais si le chambray est une armure toile, le denim, lui, est une armure serge.

    La batiste s'utilise encore en allemand (Batist), roumain, néerlandais, danois, norvégien, suédois, slovène, tchèque, estonien (batist), polonais (batyst), hongrois (batiszt), letton (batists), lituanien (batistas), grec (βατίστα), géorgien (batista, ბატისტი), esperanto (batisto), italien, portugais, espagnol, catalan (batista), corse (battista), finnois (batisti), hébreu (batist, בטיסט), indonésien (batis), russe (батист ), turc (patiska)...

    La valenciennes est une dentelle très fine et solide fabriquée à l'origine à Valenciennes, exécutée aux fuseaux et comportant des dessins floraux et des réseaux réguliers (depuis 1761). De même malines, une autre dentelle très fine primitivement fabriquée à Malines, ville de Flandre (1752, mel(l)inas en a. dauph. (1429), a. esp. et a. aragonnais). On parle également de tulle de Bruxelles, de Calais... Citons encore l'anascote (serge)16 et l'escot (étoffe de laine)17.

    On peut citer un passage d'Au bonheur des Dames d'Emile Zola (chap.XIV) pour se rendre compte de l'importance de l'industrie drapière du Nord : « L’écrasement, aux dentelles, croissait de minute en minute. La grande exposition de blanc y triomphait, dans ses blancheurs les plus délicates et les plus chères. C’était la tentation aiguë, le coup de folie du désir, qui détraquait toutes les femmes. On avait changé le rayon en une chapelle blanche. Des tulles, des guipures tombant de haut, faisaient un ciel blanc, un de ces voiles de nuages dont le fin réseau pâlit le soleil matinal. Autour des colonnes, descendaient des volants de malines et de valenciennes, des jupes blanches de danseuses, déroulées en un frisson blanc, jusqu’à terre. Puis, de toutes parts, sur tous les comptoirs, le blanc neigeait, les blondes espagnoles légères comme un souffle, les applications de Bruxelles avec leurs fleurs larges sur les mailles fines, les points à l’aiguille et les points de Venise aux dessins plus lourds, les points d’Alençon et les dentelles de Bruges d’une richesse royale et comme religieuse. Il semblait que le dieu du chiffon eût là son tabernacle blanc. »

    Le dynamisme des villes du Nord encourage le passage du latin au vernaculaire, tandis que des centres plus reculés comme Bapaume, qui ne passe au français qu’en 1268, ou comme Aire-sur-la-Lys, en 1290, prennent du retard. Dans les campagnes, le mouvement est encore plus précoce et il est ici symptomatique de changements profonds dans les rapports entre seigneurs et paysans. L’usage précoce du vernaculaire pourrait donc être un signe de l’émancipation socioculturelle et des ambitions économiques d’une population.18

    « La scripta picarde soutenue par la prospérité économique des villes du nord de la France est très ancienne et plus nettement dialectale que les autres. Ensemble avec la scripta wallonne, elle a rivalisé avec la scripta centrale de Paris et a résisté plus longtemps, jusqu'en 1400 quand l'historien Froissart, né à Valenciennes, s'en sert encore dans ses chroniques sur la guerre de Cent Ans. Le picard a été également utilisé comme langue administrative dans la partie flamande du comité de Flandres à partir du XIIIe siècle, lorsque le français supplante le latin comme langue écrite. »19

     

    Après l'industrie drapière, ce sont les universités qui feront la richesse des villes, amenant des professeurs et des étudiants originaires de toutes les contrés voisines : français et flamands, mais aussi anglais, écossais et irlandais. L'université de Louvain est fondé en 1424, celle de Douai, dans le cadre de la Contre-Réforme catholique, en 1559. Dès 1565, L'évêque de Cambrai devient alors archevêque et métropolitain de tous les Pays-Bas.

    Puis au XIVe siècle, ces villes connurent un régime ploutocratique, voire une vraie dictature des bourgeois, tout en étant toujours bien administrées et riches. Cette dictature aristocratique abouti à une mainmise économique et politique d'un petit nombre sur l'ensemble de la population, mais aussi, par le protectionnisme, à la compétition entre les divers types d'entrepreneurs. Ceci amena un facteur d'agitation sociale. L'histoire de la draperie flamande au XIIIe siècle et au XIVe siècle est émaillée de takehans (probablement du flamand taken « saisir » et de han, abréviation de Johan (Jean), nom courant, signifiant donc par généralisation « individu mâle »20, donc littéralement : « saisis, bonhomme ! ») : en 1245, à Douai, puis Ypres et Bruges, les takehans se multiplient. En Italie, on connaîtra également le ristopio, premier mouvement social.

    Tout ces événements, mais aussi la Peste, la Réforme protestante et la Contre-Réforme, et surtout la guerre de Cent Ans, causeront la décadence des villes du XVe au XVIIe siècle. Jean Froissart témoigne...

     

    « des guerres de Flandres, qui commencierent en celle saison, qui furent dures et cruelles et de quoy grant foison de peuple furent mors et exilliéz et le païs contournéz en telle violance que on disoit adonc que en cent a venir il ne seroit mie recouvré ne ou point ou les guerres l’avoient prins et remonstrerons et recorderons par quelle incidence ces mauvaises guerres commencierent. »

     

    A ce moment, la Chevauchée d’Édouard III en 1346, ravage tout le pays de la Normandie à la Flandre et se termine le 12 octobre 1347 par l’arrivée victorieuse du roi d’Angleterre à Sandwich après la capitulation de Calais le 3 août 1347. L'épisode des Six bourgeois de Calais, immortalisé par le groupe en bronze de Rodin dressé devant l'Hôtel de Ville de Calais, est raconté également par Jean Froissart. Après un siège de onze mois, Calais n'a d'autre choix que de se rendre à Edouard III d'Angleterre, qui décide, en vainqueur, d'épargner les habitants de la cité en échange de « VI des plus notables bourgois en purs les chiefs et tous deschaus (sans chapeau et nus-pieds), les hars ou col (la corde au cou), les clefs de la ville et du chastel en leurs mains », afin qu'il en fasse sa « voulenté ». Rassemblé sur le « marchié de Calais », parmi les habitants qui « commencierent a crier et plourer amerement »...

     

    « Adont se leva en piés le plus riche bourgois de la ville qui s’appelloit sire Eustace de Saint Pierre. Si dist devant tous ainsi : "Seigneurs grans et petiz, grant meschief seroit de laissier mourir un tel peuple qui cy est par famine ou autrement quant on y puet trouver aucun moyen. Et si seroit grant aumosne et grant grace envers Mesire qui de tel meschief les pourroit garder. Je endroit moy ay si grant esperance d’avoir grace et pardon envers Nostre Sire, se je muir pour ce peuple sauver car je vueil estre le premier et me met tray voulentiers en pur ma chemise a nu chief, la hart ou col en la merci du roy d’Engleterre." Quant sire Eustace eut ce dit chascun l’ala aourer de pitié et plusieurs hommes et femmes se gettoient a ses pies tendrement pleurans, si estoit grant pitié de la estre.

    « Et secondement un autre tres honneste bourgois et de grant affaire, qui avoit II tresbelles damoiselles a filles, se leva et dist qu’il feroit compaignie a sire Eustace son compere. Cestui avoit nom sire Jehan d’Aire.

    « Aprés se leva le tiers qui s’appelloit sire Jaques de Wissant qui estoit riche homme de meuble et d’eritage et dist qu’il feroit a ses II cousins compaignie. Ainsi fist Pierre de Wissant son frere.

    « Aprés le Ve [Jean de Fiennes] et puis le VIe [Andrieu d'Andres] et se desvestirent la ces VI bourgois tous nuz en pur leurs brayes et leurs chemises en la halle de Calais et mistrent hars en leurs cols. Et prindrent les clefs de la ville et du chastel. Chascun des VI bourgois en tenoit une poingnee. [...]

    « Le roy estoit a celle heure en sa chambre a grant compaignie de contes, de barons et de chevaliers. Quant il entendy que ceulx de Calais venoient en l’arroy qu’il avoit devise, si vint en la place devant son hostel et tous ces seigneurs aprés lui et encore grant foison qui y survindrent pour veoir ceulx de Calais. Meismement la royne d’Engleterre qui moult entainte estoit suivy son seigneur. Lors vint la monseigneur Gautier de Mauni et les VI bourgois deléz lui qui le suivoient, si descendy en la place. Puis s’en vint devers le roy et lui dist : "Monseigneur, veéz cy la representation de la ville de Calais a vostre ordonnance." »

     

    Les bourgeois de Calais supplient le roi d'« avoir pitié et mercy par vostre treshaute noblesce ». Mais le roi « commanda que on leur coupast les testes tantost ». Les comtes, barons et chevaliers implorent également de « refrener [son] courage » en faisant appel à sa « renomme de souveraine gentillesce et noblesce ». Mais le roi refuse encore.

     

    « Adont la royne d’Engleterre qui toute fondoit en lermes se mist aux piés du roy disant : "Haa, gentil sire, puisque je trespassay la mer en grant peril si comme vous savéz, je ne vous ay riens requiz ne don demandé. Or vous pry je humblement et requeer en propre don que pour le filz sainte Marie et pour l’amour de moy, vous vueilliés avoir de ces VI hommes mercy." Le roy attendy un petit de parler et regarda la bonne dame sa femme qui moult estoit encainte et plouroit a genoulx tendrement, si lui amolia le cuer car moult enviz l’eust courroucee ou point qu’elle estoit. Si dist : "Haa, dame, jamasse trop mieux que vous feussiés d’autre part que cy vous me priés si acertes que je ne vous ose escondire. Et comment que je le face enviz tenéz je les vous donne si en faites vostre plaisir." La bonne dame dist : "Monseigneur, tresgrant merciz." Et dont se leva la royne et fist lever les VI bourgois et leur fist oster les chevestres d’entour leurs colz et les en fist mener avec lui en sa chambre si les fist revestir et donner a disner tout aise. Puis donna a chascun VI nobles et les fist conduire hors de l’ost a sauveté.

    « Ainsi fu la forte ville de Calais assise par le roy Edouart d’Engleterre, l’an de Grace mil CCC XLVI, environ la Saint Jehan De colace, ou mois d’aoust. Et fu conquise en l’an mil CCC XLVII en ce meisme mois. Quant le roy d’Engleterre eut fait sa voulenté des VI bourgois de Calais et il les eut donnéz a la royne sa femme, il appella messire Gautier de Mauny et ses II mareschaux, le conte de Warvich et le baron de Stanfort. Si leur dist : "Seigneurs, prenéz ces clefs de la ville et du chastel de Calais si en aléz prendre la saisine et possession. Et prenéz tous les chevaliers qui leans sont et les mettéz en prison, ou faites leur jurer et fiancier prison. Ilz sont gentilzhommes, je les croiray bien sur leur foy. Et tous autres soudoiers qui leans sont venuz pour gaignier leur argent faites les partir simplement et tout le demourant de la ville, hommes, femmes et enfans. Car je vueil la ville repeupler de purs Englois." Tout ainsi fu fait comme le roy le commanda. »

     

    A partir de cette date, Calais devient anglaise et le reste deux cents ans (jusqu’au 6 janvier 1558) lorsque Henri II de France reprend la ville à Marie Tudor.

     

    La chancellerie des comtes de Flandre se servaient du latin jusqu'au XVe siècle, bien que ce fût simultanément avec le français (avec souvent des traits picards) et le néerlandais.

    Les premières chartes en langue flamande datent de 1168 ou 1191 (Edmond de Coussemaker et Victor Derode), de 1229 (Pierre Borel), ou de 1249 (Claude Thiry). Il faut attendre le XIIe siècle, car les souverains étaient de langue picarde ou française. « Pardonnant à la rébellion de la ville d'Ypres et de la province où les kerles [le peuple flamand] étaient en majorité, le comte de Flandre parle aussi en français : "Faisons savoir à tous ke com il fust insi ke dou grief fait ki en l'an de l'incarnation nostre signeur mil deux cens et quatre-vingt avint en nostre ville de Ypre, lequel grief fait on apiele et apiele la meisme Coquerulle, li Eskevin et li consaus de celi no vile et cil ki a eaus se tinrent d'une part el de metiers de ledite no vile... d'autre part...". Et la même cause continuant à agir, le français était imposé à Gand, comme langue officielle en 1289. Mais au XIVe siècle, lors de l'avènement au comté de Flandre, d'un prince français (Philippe-le-Hardi, duc de Bourgogne), un revirement inattendu se produit. Les flamands demandèrent que leur langue fût employée dans les actes judiciaires, ce à quoi le prince consentit. »21

    À Gand, la première charte en français date de 1251, la première charte en néerlandais de 1253. À Bruges, la première charte en néerlandais est de 1262, la première en français de 1274. À Ypres, la première charte en néerlandais date de 1252-1253, la première en français de 1250. Ainsi les premières chartes en langues vulgaires que l'on peut trouver en Flandre flamingante sont en scripta picarde. Le latin reste la « lingua franca » pour les correspondances et les traités internationaux, et pour les notaires italiens établis à Bruges22.

    « Le magistrat de Bruges a employé le latin comme langue diplomatique, jusque vers 1280. Les pièces en français se montrent à partir de 1281 ; les pièces en flamand depuis 1278. L'incendie des archives, en 1280, peut avoir causé la perte de documents en langue vulgaire plus anciens ; car on possède un diplôme des échevins de Bouchoute, de 1249, rédigé en flamand, et une charte originale, en français de Mahaut, dame de Termonde, de 1221. Le Franc de Bruges écrivait des diplômes en flamand, au moins à partir de 1276. Mais le magistrat de Bruges, dans ses actes, employait généralement le français, à la fin du XIIIe siècle. Il existe cependant deux ordonnances, rédigées en flamand, des Bailli et Échevins de Bruges (1278 et 1280), ainsi qu'un acte constitutif de rente, au grand sceau de la ville, de 1299. »23 A la fin du XIIIe siècle, le flamand l'emporte finalement en Flandre. Cependant « comme MM. Kurth (La Frontière linguistique) et Pirenne (Histoire de Belgique) l'ont établi, le français n'a jamais cessé d'être historiquement la seconde langue de tout Flamand cultivé. Pour toute une élite, il est devenu, sinon dès le XIIe siècle (on l'a soutenu sans invraisemblance), du moins dès l'époque des ducs de Bourgogne, la première langue et l'est resté jusqu'aujourd'hui. Dans les grandes villes flamandes certaines familles (dans les années 30) ne parlent encore que français, et même les membres de ces familles qui parlent le flamand local (plutôt que le néerlandais littéraire) ne s'en servent que dans les rapports forcés avec les gens du peuple, domestiques, ouvriers, etc. »24

    Mais le français dont parle Adolphe Duclos est bien évidemment de la scripta picarde, comme on peut le vérifier, par exemple, avec une Ordonnance du comte de Flandre sur la balance de Bruges du 13 Août 1282 (en supplément de celle du 26 Mai 1282)25 :

     

    « Cest li ordonnance que messires li cuens de Flandres, messires de Guistiele et li Eskievin de Bruges commandèrent à ordonner à vj preudhommes qui pris y furent, des balanches et du pois, en quel manière li peseur doivent peser.

    « Il est asavoir pour chiaux Dalemaigne, sire Jehans de Douay et sire Lambiers le Witte ; pour chiaux Despaigne et qui a ces afierent, Nicolas Garsie de Burs et Pierres Dancoinhan de Montpellier ; et pour chiaus de la ville de Bruges, sire Lambiers Tolnare et sire Nicolai Walkier.

    « Et choir pour la plainte que li estraigne marchant fisent de chou con ne lor pesa mie selon le fourme de le cartre, et pour le tort que il lor sembla con lor fist.

    « Et ont au premier jugiet et dit aux peseurs que les eskales doivent estre hueles et sans contre pois, et quil pengent lors balanches à un piet prez de tiere, et peser droit poix con apele recht clof ywichte, et lors mains oster des balanches sans malengien.

    « Et quant li peseres ara miz son pois es balanches, si doit il ferir un cop au bauch encontre le langhe, anchois quil juge ; et quant il ara jugiet, dont doit il dire a lacateur et au vendeur tant à chy : se vous volez, vous poez le pois conter, anchois que li peseres oste le pois des balanches ; et li markant doivent dire et respondre oil ou non ; et sil ne dieut ne lun ne lautre, et il nient ne veulent compter, dont puet le peseres son pois oster et mettre hors des balanches, sans mesprendre ; et si doit li peseres lune moitie de lavoir peser et mettre en lune eskale, et lautre moitié en lautre, quant il y a taut davoir con le puet partir.

    « Et si ne doit li peseres peser de nul poix de plonc ; et si doit chascuns pois dont on poise, avoir sou droit enseigne ; et si doivent les cordes des balances estre hueles de longheche ; et si doit li langue des balanches estre si longue kelle aviegne à un doit prez don neu de le casse la li langue ens esta.

    « Si est esclairie par ledit mons, le conte de Flandres, que li tonloiers doit à son coulst mettre le poix es balanches et hors. Et si est li transcript de ceste ordenance el registre de mons, le conte de Flandres.

     

    « Ce fu fait en lan del incarnation Jhu Crist mil cc. lxxxij, le dioes devant lassumption nostre Dame, con dist a mi aoust. »

     

    La scripta picarde est attestée depuis le XIIe siècle dans le comté de Flandre, dans le comté de Brabant (Bruxelles, Anvers), le français n'apparaît qu'au XVe siècle dans les contactes avec l'administration bourguignone. « Toutes les villes flamandes utilisaient le picard à titre de langue seconde écrite lorsqu'il s'agissait de communiquer avec le comte de Flandre ou le roi de France, et avec l'Angleterre, leur grand partenaire économique. […] L'usage de la scripta picarde comme forme dominante du français écrit du Beauvaisis à la Flandre et au Brabant durant deux siècles, régresse à un rythme variable selon les instances d'écriture, à partir de la fin du XIVe siècle. La première onde de choc se produisit avec l'arrivée des duc de Bourgogne. »26 Cependant leurs chroniqueurs ne manqueront pas de conserver quelques particularités picardes dans leurs textes, mais il est vrai beaucoup moins perceptibles.

    En France, la scripta picarde était utilisée jusqu'au porte de Paris. A Senlis, Compiègne, Soissons, la sripta était « francienne », mais à Beauvais, Laon et Noyon, elle était encore picarde. A Amiens, durant tout le XIVe siècle, la scripta picarde est encore couramment usitée. Au XVe siècle, le français utilisé dans les comptes de la ville est encore marqué de traits picards.

     

    1 Cf. Romania VII, p.134, 1878.

    2 Charles Camproux, Les langues romanes, Que sais-je? N°1562, PUF, Paris, 1979, p.70.

    3 R. Anthony Lodge, Francien et français de Paris, in Comme la lettre dit la vie. Mélanges offerts à M. Perret, D. Lagorgette et M. Lignereux éd., LINX, numéro spécial, 2002, p. 241.

    4 Fernand Carton, Ancien picard, picard moderne : quelle continuité ?, Communication au Colloque « Picard d'hier et d'aujourd’hui », Centre d'études médiévales et dialectologiques, Université Lille 3, 4 octobre 2001.

    5 Traduction libre : Malgré tout et malgré les changements dans le destin de Douai, nous devons, à titre de conclusion, constater : une langue administrative colorée de picard s'est conservée à Douai à partir des premières apparitions de documents en langue vulgaire jusqu'à la fin du Moyen-Âge, ce de façon exceptionnellement constante et vivace. Carl-Theodor Gossen, Die Pikardie als Sprachlandschaft (auf Grund der Urkunden), Biel, Graphische Anstalt Schüler A.G., 1942, p.50.

    6 Henriette Walter, Le français dans tous les sens, Le Livre de Poche, Paris, 1988, p.160.

    7 Serge Lusignan, Diane Gervais, « Picard » et « Picardie », espace linguistique et structure sociopolitiques, août 2008, p.15 (http://www.u-picardie.fr/LESCLaP/spip.php?article250).

    8 Serge Lusignan, Diane Gervais, « Picard » et « Picardie », espace linguistique et structure sociopolitiques, août 2008, p.3 (http://www.u-picardie.fr/LESCLaP/spip.php?article250).

    9 Guilhem Naro, Quand le français était langue étrangère en France ou Comment la production lexicographique provençale rend-elle compte de la rivalité entre les langues provençale et française. In Documents pour l'Histoire du Français Langue Etrangère ou seconde, L'universalité du français et sa présence dans la péninsule ibérique, Actes du colloque de la SIHFLES, n°18, Saint-Cloud: École normale supérieure de Fontenay/Saint-Cloud, déc.1996.

    10 Jean Lestocquoy, La Vie sociale et économique à Arras du XIIème au XVème siècles, Arras, 1941, p.3.

    11 M. Battard, Beffrois, Halles, Hôtels de Ville dans le Nord de la France et la Belgique, Brunet, Arras, 1948, p.XIV.

    12 Annelieke Carlier, Taaldiversiteit in de kosmopolitische stad : Taalgebruik, migratie en integratieaspecten in Brugge in de 15de eeuw, mémoire de licence inédit (sous la direction de Th. de Hemptinne), Université de Gand, 2002, p. 151-176 (in Walter Prevenier & Thérèse de Hemptinne, La Flandre au Moyen Âge, Un pays de trilinguisme administratif, in La langue des actes, Actes du XIe Congrès international de diplomatique Sous la direction de Olivier Guyotjeannin).

    13 O tecido, foi utilizado pela primeira vez em Cambrai, na França, em 1595. O termo cambraia foi, possivelmente, uma alusão à Baptiste de Cambrai que era dono de uma fábrica de tecidos na qual eram produzidas peças leves e de superfície brilhantes. (https://pt.wikipedia.org/wiki/Cambraia).

    14 Cambric was originally a kind of fine white plain-weave linen cloth made at or near Cambrai. The word comes from Kameryk or Kamerijk, the Flemish name of Cambrai, which became part of France in 1677. The word is attested since 1530. It is a synonym of the French word batiste, itself attested since 1590. Batiste itself comes from the Picard batiche, attested since 1401, derivation derived from the old French battre for bowing wool. The modern form batiste or baptiste comes from a popular merge with the surname Baptiste, pronounced Batisse, as indicated by the use of the expressions thoile batiche (1499) and toile de baptiste (1536) for the same fabric. The alleged invention of the fabric, around 1300, by a weaver called Baptiste or Jean-Baptiste Cambray or Chambray, from the village of Castaing in the peerage of Marcoing, near Cambrai, has no historic ground. Cambric was a finer quality and more expensive than lawn (from the French laune, initially a plain-weave linen fabric from the city of Laon in France). Denoting a geographic origin from the city of Cambrai or its surroundings (Cambresis in French), cambric is an exact equivalent of the French cambresine, a very fine, almost sheer white linen plain-weave fabric, to be distinguished from cambrasine, a fabric comparable to the French lawn despite its foreign origin. Cambric is also close to chambray (from a French regional variant of Cambrai, and to chambray (from a French regional variant of Cambrai, a name which "also comes from Cambrai, the French city, where the material was originally made of linen yarn". Chambray (also spelled chambrai) appears in North American English in the early 19th century. Though the term generally refers to a cotton plain weave with a colored warp and a white weft, close to gingham, "silk chambray" seems to have coexisted. Chambray was often produced during this period by the same weavers producing gingham.

    15 1814, Amer.Eng., alteration of Cambrai, city in France (formerly Flanders) where the cloth originally was made. Cf. Cambric, late 14c., from Kamerijk, Flemish form of Cambrai, city in northern France where the cloth was originally made, from L. Camaracum. The modern form of the English word has elements from both versions of the name. (source : Dictionary.com).

    16 Empr., avec métathèse, à l'esp. anascote « sorte de serge » attesté dep. 1527 (Orden. de Sevilla, d'apr. Cor. t. 1 1954, s.v.; cf. 1706, J. Stevens, A new Spanish and English Dictionary ds Gili t. 1 1960, s.v. : Anascote, a sort of Flanders-stuff, which our Merchants call Hounscot, or rather sayes), lui-même issu d'Hondschoote, nom d'une ville flamande (département du Nord) où cette étoffe était fabriquée. Voir G. de Pœrck, R. belge Philol. Hist., t. 21, pp. 155-169; M. Höfler, Z. rom. Philol., t. 81, pp. 543-544; Höfler, pp. 20-21. Voir aussi escot.

    17 1829 « toile de coton » (Boiste); 1832 « sorte d'étoffe de laine » (Raymond). Ell. pour serge de Ascot (1551-56, A. Chamberland, Le commerce d'importation en France en milieu du XVIe ds Höfler, p. 18), serge d'escot (1568, E. Drot, Doc. Arch. de l'Yonne, 39, ibid.), ascot semblant être, d'apr. Höfler, p. 17, plutôt la forme fr. (pic.) du nom de la ville de Hondschoote (département du Nord), centre de textile important au XVIe s., qu'une altération de la ville d'Aerschot (Brabant), v. FEW t. 15, 1, p. 4b, qui paraît n'avoir jamais abrité d'industrie textile. Voir anascote.

    18 Walter Prevenier & Thérèse de Hemptinne, La Flandre au Moyen Âge, Un pays de trilinguisme administratif, in La langue des actes, Actes du XIe Congrès international de diplomatique Sous la direction de Olivier Guyotjeannin.

    19 Eugeen Roegiest, Vers les sources des langues romanes : un itinéraire linguistique à travers la Romania, ACCO, 2006, p.180.

    20 C'était la tradition d'appeler n'importe quel individu Han à Bruges. A Bruxelles, on dit Dag ma Pietke, pour saluer tout le monde, Piet (équivalent néerlandais de « Pierre ») est devenu par assimilation, parce que prénom courant, une forme de salut. De même, ma klaïen Tichke qui vient de Tiste (diminutif flamande de Baptiste), signifie « mon p'tit gars », mais aussi « sexe ». On peut faire le rapporchement avec le mot ch'timi biloute.

    21 Victor Derode, Etude linguistique (in Mémoires de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, vol. 12, p.111-112).

    22 Walter Prevenier & Thérèse de Hemptinne, La Flandre au Moyen Âge, Un pays de trilinguisme administratif, in La langue des actes, Actes du XIe Congrès international de diplomatique Sous la direction de Olivier Guyotjeannin).

    23 Adolphe Duclos, Bruges : histoire et souvenirs, Bruges, K. van de Vyvere-Petyt, 1910, p.266.

    24 M. Wilmotte, Encyclopédie belge, Chap. XI Nos Langues nationaltes, Le Français, La Renaissance du Livre, Bruxelles, 1933, p.422.

    25 Louis Gilliodts-van Severen, Cartulaire de l'ancien grand tonlieu de Bruges, faisant suite au Cartulaire de l'ancienne Estaple, Impr. de L. de Plancke, Bruges, 1908, p.30

    26 Serge Lusignan, Diane Gervais, « Picard » et « Picardie », espace linguistique et structure sociopolitiques, août 2008, p.10 (http://www.u-picardie.fr/LESCLaP/spip.php?article250).

     


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