• LO

    loch (appareil simple servant à mesurer la vitesse du navire)    Empr. au néerl.log « bûche, poutre ».

    locman, lodesman (Pilote d'un port, d'une rade, d'une rivière)    néerl. lootsman, cf. lamanage, lamaneur

    lof    Peut-être empr. au m. néerl. loef « côté du vent », attesté dep. le xvies. seulement (Kilian ds FEW t. 16, p. 478a), mais qui est prob. plus anc., cf. le m. b. all. lôf « côté du vent » (FEW, loc. cit.). La localisation géogr. des 1resattest. en a. fr. (norm.) ferait plutôt penser à un étymon a. nord., qui n'est cependant pas attesté.

    logeur    A. 1. 1461-66 « celui qui doit trouver où loger les troupes » (Jean de Bueil, Le Jouvencel, éd. L. Lecestre, t. 1, p. 179); 2. 1495 « personne qui offre un logement » (Jean de Vignay, Miroir historial, XVIII, 24, éd. 1531 ds Delb. Notes mss : hosteliers ou logeurs de pelerins); 3. 1798 « personne qui loue des garnis » (Ac.). B. 1636 (Monet d'apr. FEW t. 16, p. 449b); 1885 « personne qui loge chez une autre » (Zola, loc. cit.). Dér. de loger*; suff. -eur2*; cf., pour le sens B, le terme région. de Wallonie et du Nord de la France logeux « ouvrier en pension dans une famille », v. FEW loc. cit. et Haust, p. 372b : lodjeû.

    loque (à reloqueter)    torchon, chiffon, serpillère. Empr. du m. néerl. locke « boucle, mèche de cheveux », d'où aussi l'a. fr. lok « mèches de laine grossière ».

    lo(c)quet (brosse ; laine)    Dér. du m. néerl. locke « boucle, mèche de cheveux » (loque*); suff. dimin. -et*.
        Allem. Locke, boucle de cheveux ; comparez LOQUE. (Littré).

    loquet (fermeture)    Soit dimin. de l'anglo-norm., norm. loc « loquet » (1174-76, Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas; 1474, Myst. de l'Inc. et Nativ. ds Gdf.), lui-même empr. de l'a. angl. loc. « id. », soit empr., avec suff. dimin. -et, du correspondant m. néerl. loke (FEW t. 16, p. 475a).
        Wallon, lokè, cadenas ; ital. lucchetto ; angl. locket. Diminutif de l'anc. français loc, venant du germanique : anglo-saxon, loc, fermer ; anglais, to lock ; flamand, luycke ; islandais, liuka. (Littré)

    lorgner, lorgnon, lorgnette    Dér. de l'adj. lorgne « qui louche » (1202, Jean Bodel, Congés, éd. P. Ruelle, 419, en emploi subst.), issu d'un germ. *lurni-, dér. du rad. *lūr « guetter, espionner ».
        Diez, d'après Frisch, citant le normand loriner, regarder, tire lorgner du germanique : allem. lauern, épier, regarder ; suisse, loren, luren ; suéd. lura. Cette étymologie ne tient aucun compte des anciens adjectifs lorgne et lour qui signifient louche et qui ne paraissent pas pouvoir être séparés de lorgner, tant pour la forme que pour le sens, lorgner étant, comme loucher, regarder de côté. Mais on peut concilier l'adjectif et le verbe, en dérivant l'adjectif lui-même de ces verbes germaniques qui, signifiant regarder, auront pris le sens de loucher. Cependant cela n'est pas tout à fait sûr. Tout l'Ouest dit calorgne pour borgne, et, en Normandie, pour louche ; patois lorrain, calougnâ, loucher, calougnâr, louche ; calorgne est sans doute formé de la particule péjorative ca, et de lorgner. Il y avait un autre lorgner qui signifiait frapper et qui paraît sans relation avec lorgner, regarder de côté :
    - XVe s. COQUILLART, Le blason des armes et des dames On crye haro, qui vive, tue, Alarme, au guet, rens toy, ribault, Torsche, lorgne, depesche, rue, Frappe, combat, taille, remue
    - XVIe s. DESPER., Contes, XCVIII Et à grands coups de poing il lorgnoit dessus lui Ce lorgner se trouve encore dans Régnier : Ces gens à se piquer ardents, S'en vinrent du parler à tic tac, torche, lorgne ; Qui casse le museau, qui son rival éborgne, Sat. X. (Littré).
        Auguste Brachet (Dictionnaire étymologique de la langue française) le rattache au normand.

    lori (perroquet)    Empr., par l'intermédiaire du néerl.lory, au malais nori « id. » (ca 1430 ds Fried., s.v. loro). La forme lori, donnée comme malaise par le hollandais Lodewijcksz, en 1601 (v. Arv., p. 306), s'est fixée en fr. grâce à un ouvrage de zool. écrit en lat. par l'Anglais Ray, qui a lui-même empr. le mot au néerl. (1713, Syn. avium, p. 151 ds Arv., p. 306). Cf. Arv., pp. 305-306 et FEW t. 20, p. 103a.

    loris (lémurien)    Empr. au néerl.loeres « fou, nigaud, rustre »; aussi lori « singe ». Cf. FEW t. 15, 2, p. 192b.

    loterie    Empr. au néerl. loterij «id.» (cf. loteria dans une lettre en lat. de 1513 de Chr. Longolius d'apr. FEW t. 16, p. 482b; v. aussi Kluge20), dér. de lot (lot*).
    Ontleend aan Frans loterie [1538; TLF], eerder al in een Latijnse brief van de Fransman Christophore de Longueil loteria [1513; Fokker 1862, III]. Dit Franse woord is een vertaling van mnl. en vnnl. lotinghe ‘evenement waarbij geloot wordt om prijzen’ (Brugge, Oudenaarde) [1445; Fokker 1862, 9], afleiding van → loten met het achtervoegsel → -ing.

    louche (ustensile)    Forme normanno-pic. (encore considérée comme pic. par Nicot 1606 et Cotgr. 1611), de l'a. fr. louce, loce (lousse dans les dial. de l'Ouest; cf. FEW t. 16, p. 483 a); lui-même de l'a. b. frq. *lôtja «grande cuiller», que l'on suppose d'apr. le m. néerl. loete, loet «nom donné à différents instruments en forme de cuiller à long manche pour puiser ou creuser». Les sens techn. s'expliquent par une anal. de forme.

    louchée (mesure)    a) 1273 «mesure à céréales» (Doc. ds C. Brunel, Recueil des actes des comtes de Pontieu, p. 621); b) xves. [ms.] lochié «contenu d'une louche » (Songe de Pestilence, fol. 202 vods G. Tilander, Glanures lexicographiques, p. 158), rare avant 1822 (Mézière, Jargon ds Esn.); mot essentiellement pic. et flam. (wallon) à l'origine (cf. FEW t. 16, p. 483a), de louche2, suff. -ée (v. -é).

    louchet (bêche, pelle, godet de drague)    Dér. de louche2* au sens de «bêche»; suff. -et*. Louchet à l'origine et jusqu'au xvie s. n'est usité qu'en pic. et en flam. (cf. FEW t. 16, p. 483b-484a).

    loure    1. 1555 «instrument de musique champêtre» (Vauquelin de La Fresnaye, Les Foresteries, I, 6 ds Hug.), terme relevé en Normandie (FEW t. 5, p. 465a), donné comme poit. par Cotgr.; 1559 (Ronsard, 2eLivre des Mél., éd. P. Laumonier, t. 10, p. 54, 89); 2. 1702 «danse paysanne» (Dufreny, Double veuvage, III, 7, éd. Paris, Briasson, 1731, t. 2, p. 110). Orig. obsc. L'étymon b. lat. lūra «ouverture d'un sac de cuir ou d'une outre; sacoche, bourse», convenant du point de vue sém. pour désigner cette sorte de cornemuse, fait difficulté du point de vue phon., loure supposant un -u-, FEW, loc. cit.; l'étymon a. nord. luþr «cor» évoqué par FEW, loc. cit., note 1, n'est pas traité au t. 16.
        On a indiqué le vieux scandinave lûdr, danois luur, flûte de berger. D'autres regardent loure comme une altération de outre (d'une cornemuse), avec agglutination de l'article. Ne pourrait-on pas songer au latin lura, sacoche, bourse, et, par suite, musette ? (Littré)

     


  • macler    Orig. obsc. Peut-être empr. au m. holl. *maschelen, dimin. de maschen «mélanger, mêler» (de l'a. b.  frq. *mascan «id., remuer»; cf. le m. b. all. mâschen); cf. aux xvieet xviies., le holl. et le flam. misschelen (de  misschen) et le m. holl. menghelen «id.», du holl. menghen. Cf. Barb. Misc. 14, p. 104.

    maclotte (B)(contre-danse)    Mot wallon (Ardenne, Hesbaye), attesté en 1780 (sous les formes maclote et mat(e)lote) par le poète liégeois J. J. Hanson (cf. Piron ds Mél. Bruneau, p. 202); issu par altération du fr. matelote «id.» (v. ce mot), lui-même dér. de matelot*, cette danse étant pratiquée surtout par les matelots (cf. FEW t. 16, p. 543b; Piron, loc. cit. et Haust, s.v. makelote).

    macquer (Briser les tiges de chanvre et de lin avec une macque pour séparer la filasse et la chènevotte) et macquage    Var. dial. picarde de mâcher. Cf. mâquer.

    macreuse (canard ; épaule du boeuf)    Altération, par substitution de suff., du norm. macrolle «foulque noire» (vers 1300 [date du ms.], Caresme et Charnage, éd. G. Lozinski, p. 181, 7), macroule «diable de mer» (1555, Belon ds Gdf.). Macrolle est prob. empr., malgré la date tardive des attest. en germ. par rapport à celles du gallo-roman, soit du frison markol «poule d'eau» (xviies. ds FEW t. 16, p. 525b), soit du néerl. septentrional meerkol, var. de meerkot (de la même famille que l'angl. coot: 1382 ds NED). La forme macr- au lieu de marc-, s'explique par le déplacement du r à l'intérieur du mot (cf. aussi 1554, marquerolle ds Poppe, p. 49). Comme terme de bouch., prob. p. compar. avec la macreuse, admise au xviies. parmi les aliments autorisés les jours d'abstinence (v. Bl.-W.1-5).

    maelstrom     Emploi comme nom commun de Maelstrom, nom d'un tourbillon situé près de la côte  norvégienne (1765, Encyclop.), empr. au holl. Maelstrom «id.» (1595 ds NED), lui-même composé de mal- (var.  du holl. wall «tourbillon» et de strøm «courant» (cf. Falk-Torp et Hellquist, Svensk etymologisk Ordbok, s.v.  malströmmen).

    mafflu, ue       (du néerl. par un dialecte du Nord) Issu, par substitution de suff., de maflé «id.» (1666, [éd.] Furetière, Roman bourgeois, 287), part. passé de mafler «manger beaucoup» (1642, Oudin, Seconde part. des Recherches ital. et françoises) lui-même empr. au néerl. maffelen «remuer les mâchoires, mâchonner». Cf. galimafrée, camouflet
        On le lit aussi chez la Fontaine (La Belette entrée dans un grenier)

    maguette (Nord)    du flamand maagde et geyte, vierge, pucelle, chèvre, d’où chèvre qui n’a pas encore eu de portée.
        maguète     de marguète, du lat. class. capra, fém. de caper « bouc » > gade et préfixe mar- (Jouancoux). Gate  viendrait du flamand geyte, chèvre.

    maheutre, mahoître    Orig. inc. Il est difficile d'admettre, comme le fait G. Alessio ds R. Ling. rom. t. 17, 1950, pp. 185-186, un lat. *omo-osteum, gr. ὠμο-όστεον «os de l'épaule», qui aurait donné *mouistre en fr., le mot apparaissant d'abord en agn. et en pic. (FEW t. 21, p. 306a).

    maise (enclos, terrain entourant une habitation, un bâtiment)    du lat. mansus
    maizee (Assemblée (ici, de tous ceux, échevins, conseillers et autres qui assistent le maire de Rouen dans la gestion de la commune))

    maïeur, mayeur (B)    terme utilisé pour désigner familièrement le bourgmestre en Wallonie, 1160-74 major, maior «officier domanial (ou peut-être magistrat urbain)» (Wace, Rou, éd. J. Holden, II, 759 et 2310); 1225 maor (Cart. du Val St Lambert, Richel. 10176, fol. 5b ds Gdf.). Substantivation de l'adj. a. fr. maior «plus grand» (fin xes., Passion, éd. D'Arco S. Avalle, 183), cas régime de l'adj. maire, v. ce mot, représentant de l'acc. majorem, compar. de l'adj. lat. magnus «grand», v. aussi majeur et major.

    malard (canard mâle)    1174-77 (Renart, éd. M. Roques, IIIa, 4071). Dér. de mâle*; suff. -ard*. (FEW t. 6,1, p. 426a).

    manne    1. 1467 «grand panier d'osier» (Statuts des tourneurs ap. R. de Lespinasse, Les Métiers et corporations de la ville de Paris, t. 2, p.683: corbeilles et corbillons, picotins, paniers à vendengier, mannes et mannequins); 2. 1680 manne d'enfant «berceau d'osier» (Rich.). Empr. au m. néerl. manne «panier», var. de mande, qui avait été empr. par l'a. fr. (1202 mande «panier» ds Gdf.) et qui s'est maintenu en wallon et en pic. (FEW t. 16, p. 510).

    mannette (Mine. Petite manne)    De manne2, suff. -ette v. -et. Cf. mannequin.

    mannequin    1. Ca 1450 «figurine» (Archives du Nord, B 3501, no 123745, fo 18 ds IGLF); 2. 1671 «statue articulée, à laquelle on peut donner diverses attitudes» (Pomey); 3. 1797 «homme sans caractère que l'on mène comme on veut» (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, p. 38); 4. 1806 «moulage, armature servant de modèle pour la confection de vêtements» (Delille, Imag., t. 1, p. 157); 5. a) 1814 «présentateur de mode masculine» (E. F. Bazot, Nouv. parisiennes, I, 215 [Déterville] ds Quem. DDL t. 20); b) 1865 «jeune femme employée par un couturier pour la présentation des modèles de confection» (Goncourt, Journal, p. 207); 6. 1832 «figure imitant grossièrement un être humain» (Hugo, N.-D. Paris, p. 107). Empr. au m. néerl. mannekijn «petit homme» (le fr. l'a également empr. dans ce sens: 3e quart du xve s., Jean Molinet, Le Naufrage de la pucelle, 2e partie ds N. Dupire, Jean Molinet, p. 252), également «petite poupée».

    manoeuvre    2. 1248 «opération impliquant le mouvement de la main» ici «corvée manuelle» manuevres (Réglem. des droits de la ville d'Aumes, Cart. blanc de Corbie, Richel. 1. 17759, fo 74 ro ds Gdf.); 1309 maneuvre d'homme «travail manuel» (Charte, Reg. 5o, Chartoph. reg. ch. 35 ds Du Cange t. 5, p. 225b).
        Du lat. pop. manuopera, littéralement «travail fait avec la main», formé du lat. manū, ablatif de manus «main» et de opera «activité», dér. de opus, operis «oeuvre, ouvrage». Manuopera se rencontre au sens de «corvée» dans un Capitulaire de Charlemagne (ca 800).
        eerder al maneuvre ‘handarbeid’ [1309; TLF], Picardisch manuevre ‘karwei met de hand’ [1248; TLF], en Provençaals manevre ‘arbeid’

    manoque, manoquer    1. 1679 «bottillon de tabac en feuilles» (Liger, Nouv. Mais. Rustique, I, 632 ds Delb. Notes mss: Quand il est sec, on met toutes les feuilles ensemble en paquets qu'on appelle magnotes ou manoques); 2. p. anal. 1831 mar. (Will.). Mot dial. pic. où la culture du tabac était très répandue, dimin. de main (FEW t. 6, p. 289a).

    manoqueux (pédant ou paresseux)    de mannekijn, mannequin en français ou de manoque.


  • maquée (B)(caillebotte, fromage blanc et mou ; séré en Suisse romande ; Quark en allemand ; tvarog pour les Slaves)    1741 maquaye (doc. ap. L. Remacle, Notaires de Malmedy, Spa et Verviers, 1977, p. 165a); 1781 macquee (doc., ibid.). Mot wallon, part. passé subst. de maken «frapper, presser» (b. lat. *maccare, v. mâcher2et macquer), littéralement «(masse) pressée ou pressurée», v. Haust; FEW t. 6, 1, pp. 72-73. Cf. estoffée.

    mâquer (manger)    Forme normanno-picarde de mâcher (masquier xiiies. ds T.-L.) att. au sens de «manger» (p. ext. du sens de «mastiquer») dep. la fin du xvies. (1577 G. Meurier, Trésor des Sentences ds Le Livre des proverbes fr., éd. Le Roux de Lincy, t. 2, p. 257). Cf. macquer.

    maquereau, -elle, mac, maquereauter, maquereller, maquer    1269-78 makerele «tenancière de maison close» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 10066); 1269-78 maquereaus «homme qui vit de la prostitution des femmes» (Id., ibid., 11706). Empr. au m. néerl. makelare «intermédiaire, courtier» (également att. en Flandre et en pic. dans des textes fr.: fin du xiiie s. ap. G. Espinas, H. Pirenne, Recueil de doc. relatifs à l'hist. de l'industr. drapière en Flandre, t. 3, p. 234; fin du xiiie s. ap. A. Giry, Hist. de la ville de Saint-Omer, p. 503, 526); le m. néerl. makelare est dér. de makeln «trafiquer», lui-même dér. de maken «faire».

    maquiller     (néerl. par le picard) Terme arg. pic., dér. à l'aide du suff. -iller*, de l'a. verbe pic. maquier «faire» (2 attest. en Artois au mil. du xiiie s. ds T.-L., v. aussi FEW t. 16, p. 505a), lui-même empr. au m. néerl. maken «faire»; id. en néerl.

    maquignon    Prob. issu de maquereau2* «courtier», avec substitution de suff. sous l'infl. de barguigner* (FEW t. 16, p. 504). Ou du néerlandais makelen (trafiquer). (wiktionnaire).
        Marchand de chevaux. J. B. ROUSS., Épigr. I, 24 Un maquignon de la ville du Mans Chez son évêque était venu conclure Certain marché de chevaux bas-normands.
        Maquignon paraît avoir le même radical (maq) que maquereau 2, et tenir au flamand maeken, trafiquer. On a dit aussi macquillon : Les estreines universelles de Tabarin, édit. des Joyeusetez, p. 5, dans FR. MICHEL, Argot Aux macquillons [je donne] les chevaux de poste du mont de la Bouille de Pontaudemer avec les asnes d'Arcadie. (Littré).

    maraud    Mot d'orig. discutée. D'apr. FEW t. 6, 1, p. 361b et 362a, il s'agirait d'un emploi métaphorique de maraud, nom du matou dans les dial. du centre et de l'ouest de la France qui aurait pris le sens de «vagabond, mendiant». Maraud serait formé du rad. onomatopéique mar(m)- qui imite le ronron des chats ou le miaulement des chats en rut (marmonner*, marlou*) et du suff. péj. -aud*. C. Schmitt (Französisch maraud, marauder, maraudise ds Mél. Gossen, t. 2, 1976, pp. 865-873) propose de rattacher le mot au lat. marra «sorte de houe» (marre1*). Cette hyp. paraît convaincante étant donné que maraudise signifie «acte, travail de paysan (sens obscène)» (2e moitié xiiie s., Gautier Le Leu, 252, 29 ds T.-L.) et que marault est att. au sens de «artisan qui travaille le bois et qui fabrique des coffrets» (Charles de Bovelles, Liber de differentia vulgarium linguarum et Gallici sermonis varietate, p. 76, s.v. queste; cf. aussi marreux «ouvrier qui travaille avec la marre» att. en 1463 Arch. JJ 109, pièce 174 ds Gdf.). La valeur péj. qu'a pris marault au xve s. est peut-être due au fait que les personnes exerçant cette activité menaient une vie errante, ce qui ne leur attirait guère la sympathie de leurs contemporains. Cf. Maronner

    marcassin    1496 marquesin zool. (Lille, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Compl.); 1549 marcassin (Est.). Prob. dér. de marque*, les marcassins portant des raies sur le corps. La finale pourrait venir de bécassin et agassin, bécassin «petite bécassine» étant compris comme l'«oiseau au long bec» (v. G. Tilander ds Romania t. 63, 1937, pp. 494-506).  Donné comme d'origine picarde par H.Walter.

    mare    De l'a. nord. marr masc. «mer; lac», cf. l'a. sax. meri fém., l'a. h. all. meri masc. et neutre, l'all. Meer, l'ags. mere masc. et fém. «marécage; lac»; le genre fém. peut venir de l'ags. Cette étymol. est soutenue par le FEW t. 16, pp. 533-534, qui souligne l'importance des attest. de mare à époque anc. en norm. et en anglo-normand.

    marécage    Dér. norm. ou pic. de maresc (v. marais); suff. -age*; cf. mareschage adj. «marécageux» (1213 ds Romania t. 65, 1939, p. 495; v. encore T.-L.).

    margaille (B)(dispute)    Mot wallon liégeois d'orig. incertaine. Peut-être dér. du m. néerl. marg(h)elen «enduire de marne», qui a dû prendre dans les différents dial. le sens de «souiller»; cf. le frison margeln «souiller», v. FEW t. 16, p. 516b. On note plus anciennement les sens de «péronnelle» (1812, Delmotte, Essai d'un glossaire wallon), «gourgandine» (1845, Simonin d'apr. Grandg. t. 2, 1, 1850, p. 82) et «mauvaise viande» (1880, ibid., t. 2, 2, p. 542), ce qui amène Haust, p. 391 puis Goosse, loc. cit. à rattacher margaye, pour lequel on suppose un sens propre «gâchis», à margouiller «souiller, salir; gâcher», margouillis* «gâchis», mais le FEW, loc. cit. écarte cette hypothèse et distingue deux étymons.

    marlou     Orig. incertaine; selon Cellard-Rey emploi fig. d'une var. de merle* avec une finale tirée de filou*. Le merle a une réputation d'habileté (cf. l'expr. fin, rusé comme un merle, v. p. ex. Roll. Faune t. 2, p. 248) que l'on retrouve dans les premières attest. du mot, d'autre part le nom du merle entre dans des expr. à connotations péj. beau merle «homme niais»; vilain merle «homme désagréable», marle «gars de peu de valeur» (régions de l'Ouest) (v. FEW t.6, 2, p.36 pour marle); l'hyp. d'un emploi fig. de marlou, marou «matou», d'orig. onomatopéique, rad. -mar(m) «qui imite le miaulement du chat», répandu dans les parlers du Nord, avec influence phonét. de loup*, v. marloup «loup-garou», forme dial. rencontrée dans le Centre (v. FEW t. 5, p. 459a et t. 6, 1, p.360b) est moins satisfaisante.
        Au Canada, on a marcou, "chat mâle".

    maronne (pantalon)    Le dictionnaire wallon-français (de Martin Loubet, 1854) a maronn et renvoi à marann (grosse toile grise que les mineurs, les briqueteurs mettent pour travailler). Grandgagnage le rapproche du bourguignon mareneire de maronière, qui signifie marinière, vêtement de marin.
        Chez Godefroy, on trouve marinier / maronier / mairenier (marin), mariner / maronner (faire le métier de marin). mairenerie ; maronne "pantalon", déjà en 1568.
        Le Dictionnaire walon-françois de Cambresier (1787) recense maronne : gregue, s.f. Espèce de haut-de-chausses, il est vieux, on ne le dit plus qu'au pluriel & quand quelques phrases proverbiales.
        A Ath, la Ducasse débute le vendredi avec le brûlage de la maronne du géant Goliath (depuis 1987) (La ducasse d'Ath est inscrite depuis 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l'UNESCO, après sa proclamation en 2005, comme élément des Géants et dragons processionnels de Belgique et de France).
        expression wallonne : siketer s' dierinne marone (risquer sa dernière chance) que l'on retrouve dans Lolotte, du chansonnier carolo Jacques Bertrand, un des hymnes des étudiants de l'UCL (Université catholique de Louvain) : Mins dje sketterais jusqu'à m'dérenne maronne, / Pou m'apougnî avou s'mâme èyè s'pa. (Mais quand bien même je devrais y laisser ma dernière culotte / Pour en découdre avec son père et sa mère).

    maronner    (exprimer un mécontentement)    Mot dial. des parlers du Nord et de l'Ouest signifiant «miauler, grogner, murmurer» (v. FEW t. 6, 1, p.360a), dér. du rad. onomatopéique mar(m)-, (v. maraud, marmonner).

    marque    Au sens de «signe», on trouve en a. fr. les subst. merc, masc. et merque, fém. (v. Gdf. et T.-L.), déjà merc «limite» en agn., norm. et pic. (v. amers), empr. à l'a. scand. merki «marque»; cf. a. h. all. merken, all. marken «marquer, remarquer». Comme terme de sports le mot est empr. à l'angl. mark (1887)

    marquer    Var. de l'anc. verbe agn., norm. puis pic. merchier «faire une marque (sur un objet) pour le distinguer d'un autre» (1121-34, Philippe de Thaon, Bestiaire, 1994 ds T.-L.; encore en usage jusqu'au xvie s., cf. FEW t. 16, p.550b); dér. du subst. merc (v. marque). La forme avec a est prob. due à l'infl. de marcher* au sens de «fouler aux pieds, presser» ou peut-être aussi à l'infl. de l'ital. marcare «marquer» (xiiie s. ds Batt.), dér. de marca «marque» qui remonte au germ. *marka «id.»; cf. all. Marke «id.» et dont le prototype est à la base du verbe germ. *markôn. Comme terme de sports marquer est empr. à l'angl. to mark (le sens de «empêcher (un adversaire) d'agir» est déjà att. en 1887, en angl.; v. NED).  Cf. remarquer

    marsouin    Prob. empr. au danois ou au suédois marsvin «marsouin», peut-être par l'intermédiaire du m. néerl. meerswijn «id.», littéralement «cochon de mer». L'exemple de 1086 pourraît être une latinisation du terme ags. correspondant; voir les doutes exprimés à son sujet ds Latham.
        Anc. h. allem. merisuîn : allem. mod. Meerschwein, de Meer, mer, et Schwein, pourceau. (Littré).

    mastiquer        1. Ca 1370 mastiguer «mâcher (terme de physiol.)» (G. de Chauliac, La Grande Chirurgie ds Sigurs, p.66); 1561 (Paré, Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, XV, 23); 2. 1425 fig. «bien étudier» (O. de La Haye, Poème sur la grande peste de 1348, 29 ds Delb. Notes mss). Empr. au lat. méd. masticare.

    mastroquet  (marchand, débit de vin)(et troquet, issu par aphérèse de mastroquet)    Orig. incertaine. Un rapprochement avec mastoc* (proposé par FEW t.16, p.542a, note 3) paraît impossible. On a aussi proposé un néerl. meesterke «petit patron» (G. Esnault ds Fr. mod. t.19, 1951, p.305, après Delesalle en 1896), ou un flam. meisterke, qui serait l'appellation usuelle d'un tenancier d'auberge

    masure    Du lat. pop. *ma(n)sūra «demeure» (de mănĕre, mansum «rester, demeurer dans ses foyers», v. aussi maison, manoir, mas), lat. tardif mansura «tenure domaniale, manse*» (1re moitié viiie s.) «demeure, maison» (950). Att. fin xive s. au plur. «baraquements qui servent de logement provisoire à une armée» (Froissart, Chroniques, éd. L. Mirot, t.12, p.31).

    matelot     Empr. au m. néerl. mattenoot, signifiant littéralement «compagnon de couche», deux matelots partageant autrefois un seul hamac. Le sens étymol. a existé en fr. (xve s., Rôles d'Oléron, XX ds The Black book of the Admiralty, éd. T. Twiss, t.2, p.454), et subsiste dans vaisseau matelot. V. aussi amateloter, amatelotage.
    matelot 1. 1357 «homme d'équipage, participant à la manoeuvre ou à l'activité d'un navire, sous la conduite des officiers et des maîtres» (Jean de Venette, Histoire des trois Maries, ms. B.N. fr. 12468, fo179b ds Gdf. Compl.); 2. 1690 «bâtiment qui précède ou qui suit un autre navire dans une ligne de file» (Fur.); 3. 1840 «costume d'enfant imitant celui des matelots» (Ac. Compl. 1842). Empr. au m. néerl. mattenoot, signifiant littéralement «compagnon de couche», deux matelots partageant autrefois un seul hamac. Le sens étymol. a existé en fr. (xves., Rôles d'Oléron, XX ds The Black book of the Admiralty, éd. T. Twiss, t.2, p.454), et subsiste dans vaisseau matelot. V. aussi amateloter, amatelotage.
        Alld Matrose : Das Wort wurde um 1600 aus niederl. matroos entlehnt, das aus französisch matelot (Seemann) umgebildet ist. Das französische Wort selbst stammt vermutlich aus mittelniederl. mattenoot, das wohl eigentlich Matten-, Schlafgenosse bedeutet. (http://www.uni-muenster.de/HausDerNiederlande/Zentrum/Projekte/Schulprojekt/Lernen/Literatur/86/einfluss_auf_andere_sprachen.html)

    mauve, mauvis, mauviette    Empr., en anglo-normand au vieil angl. maew (FEW t.16, p.495b), terme germ. (allemand Möve, qui donne le picard mauve) propre aux contrées maritimes.
        Mauviard en picard : merle.
    mazette (un mauvais cheval ; un maladroit ; interj.) Prob. emploi métaphorique (att. en norm. dep. le xviie s. aux sens 1 et 2 ds Héron), du norm. mesette «mésange», issu, par substitution de suff., de mésange*. Cf. un développement sém. analogue pour criquet* et mauviette*. Guiraud émet l'hypothèse d'une origine normande (1622).
        Bas-lat. mesgetus, mauvais cheval, dans un texte du commencement du XIIIe siècle. Mais d'où vient mesgetus ? On a indiqué l'allemand matz, maladroit, bûche. Il y a dans le Berry mazet ou mazette, fourmi ; il est possible que ce soit là l'origine de mazette, la fourmi étant un très petit animal, un rien, et ayant servi métaphoriquement à dénommer une mauvaise rosse. Mazet, diminutif de maze, fourmi, vient-il de l'allemand Ameise, fourmi ? (Littré)

        MAZETTE. mauvais cheval, joueur maladroit; d'après Frisch, de l'all. matz, maladroit, bûche (?) (Scheler).

  • ME

    ménie    Maisniée est issu du b. lat. *mansionata dér. de mansio, v. maison (cf. le lat. médiév. mansionare «exiger le droit de gîte» 821 ds Nierm.); maisnie par réduction de la diphtongue -ié- à -i- devant -e propre à la région normanno-picarde (Pope, p. 488, § V, p. 494, §iii; Gossen, § 8).

    mencaud (ou menchaud)    Mesure pour le grain. (1 mencaud = 1 demi setier)

    mencaudée (ou menchaudée) :    (dérivé de coude ?)(Histoire) (Belgique et Nord de la France) Ancienne unité de surface agraire valant environ 35 à 45 ares selon les lieux. La mencaudée a 32 valeurs différentes dans le Nord.
              * Eh bien! demain, au petit jour, nous irons dans la forêt et tu m'abattras cent mencaudées de bois. (Charles Deulin, Martin et Martine)

    mercerie 1. Ca 1187 mercherie «toute sorte de marchandises dont les marchands du corps des merciers ont le droit de faire trafic, telles que des objets d'ameublement, vêtements, bijoux, etc.» (Itinéraires à Jésus, éd. H. Michelant et G. Raynaud, p. 26); fin xiiies. [date du ms.] mercerie (Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 114, 21); 2.a)1227 mercerie meslee «toute sorte de menues marchandises débitées par les petits merciers, telles que rubans, peignes, gants, fil, aiguilles, etc.» (Doc. hist. inédits, éd. Champollion Figeac, III, 469); b)1497 petite mercerie «id.» (doc. ds La Curne); 1675 menue mercerie (Savary, Le parfait négociant, p. 43); c) 1690 mercerie (Fur.); 3. a) 2emoitié du xiiies. «boutique du mercier» (Lévy Trésor 1964); b) 1507 «commerce du mercier» (Ordonn. 2 mars ds Littré). Dér. de mercier*; suff. -erie*.
    Dér. de l'a. fr. merz «marchandise», du lat. merx, mercis, de même sens.
    Berry, marcier ; bourg. marcei ; prov. mercer, mercier. (Littré)
          Proverbialement & populair. en parlant d'Un homme à qui il est arrivé quelque succession ou quelque autre chose d'utile, on dit, qu'Il a plu dans son écuelle. Et en parlant d'Un homme qui est déchu d'une vigoureuse santé, ou d'une fortune éclatante, on dit, qu'Il a bien plu sur sa friperie, sur sa mercerie. (Académie, 4e édition, 1762)
        Pleuvoir sus la mercerie de quelqu'un : le battre, l'étriller. On disoit aussi anciennement tomber sur la draperie, et à présent, la friperie. (de Roquefort, Glossaire de la langue romane)
        (Rigaud, 1888): Ses affaires vont mal, il est sur le point de faire faillite. (Le Roux, Dict. comique.) Peu usitée à Paris, l’expression est encore très répandue dans la Province et principalement en Picardie.

    meringue    1691 (F. Massiallot, Le Cuisinier Roial et Bourgeois, pp. 302-303 ds Mél. Gamillscheg, p. 30). Orig. discutée. Meringue est donné comme mot d'orig. inc. par FEW t. 21, p. 494a. Pour A. Dauzat (Fr. mod. t. 20, 1952, p. 53), à la suite d'A. Vaillant, vient du polon. murzynka «négresse» et «meringue au chocolat» (cf. fr. nègre en chemise, gâteau de chocolat entouré de crème blanche). La meringue au chocolat désignée par murzynka devrait être une var. de la recette originale de la meringue. Mais il semble peu vraisemblable qu'un mot aussi compliqué que murzynka ait été introd. en fr. sans hésitations. EWFS fait remonter le mot à l'all. Meringel. Cette hyp. est abandonnée puisque meringue est att. bien avant le mot all. (qui date du xixe s.). C'est en fait l'all. Meringel qui est empr. au fr. O. Jänicke (Z. rom. Philol. t. 84, 1968, pp. 566-568), partant du b. lat. meringa (altération de merenda «collation du soir») att. dans un texte originaire de l'Artois (v. Du Cange), y voit une orig. germ. possible étant donné la localisation du mot et sa finale. Meringue remonterait au m. néerl. meringue «collation du soir» (cf. m. h. all. merunge, m. h. all.-m. b. all. meringe, tous deux dér. de mëren/mern «tremper du pain dans du vin ou de l'eau pour le dîner»). Cette hyp. est douteuse puisqu'on n'a pas relevé d'attest. de meringue «collation» en a. pic. ou dans les parlers du Nord-Ouest. Le même auteur (Z. rom. Philol., pp. 568-570) rattache avec beaucoup de vraisemblance le mot au lat. merenda «collation du soir» orig. de maringue «miche de berger» et wallon marinde «provision qu'on emporte pour le dehors». La distinction entre ã (an) et e (en) s'étant maintenue en pic. et en wallon et la substitution de g à d n'étant pas inconnue (cf. les topon. La Bourguinière/La Bourdinière dans la Sarthe; Boulogne pouldingue «dinde» au lieu de «poule d'Inde»), merenda a pu aboutir à merinde/meringue. -eg > -ed a sans doute été favorisé par l'existence dans les parlers du Nord d'un grand nombre de mots d'orig. germ. en -eg. Le passage de merenda «collation du soir» à «gâteau très léger fait de blancs d'oeufs battus et de sucre, cuit à four doux» peut s'expliquer par les acceptions prises dans les parlers gallo-rom. où le mot désigne une collation prise à n'importe quel moment de la journée (FEW t. 6, 2, p. 27) et les aliments qui la composent (cf. Tournus morande «provision qu'on emporte aux champs», Montceau «gros morceau de pain»).

    merlin (cordelette)    Empr. au néerl. marlijn, meerlijn «corde pour attacher», de marren «lier» (amarrer*).
    Wallon, mârlin ; angl. marline ; du flamand maarline, de maar, mer, et line, corde : corde de mer. (Littré).

    mesquin    plusieurs origines possibles :
    − soit à l'ital. meschino, att. aux sens 1 et 2 dep. le xiiie s. (Pucciandone Martelli et Libro della natura degli animali ds Batt.), proprement «pauvre, chétif» (début xive s., Intelligenza, ibid.)
    − soit à l'esp. mezquino, att. au sens 2 dep. 1526 (Lazarillo de Tormes ds Al.), proprement «pauvre, indigent» (dep. ca 950, Glosas Emilianenses ds Cor.-Pasc.), tous deux empr. à l'ar. miskin «pauvre» (à l'orig. de l'a. prov. mesquin «id.», a. fr. meschin «jeune homme, serviteur»), v. FEW t.19, pp.127-128.
    − dériver de mescheir/mescoir, "arriver malheur"
        Meschin, mescin, mesquin, messin, mischin, s.m., jeune homme, jeune gentilhomme. Au fém. Meschine/mesquine : jeune fille ; jeune fille de noble extraction ; servante ; meubre servant à tenir la vaisselle, servante. (cf. aussi dim. meschinette/mesquinette, pic. petite servante ; en wallon, on appelait méquenette l'homme qui fait le travail de servante.)
        Suivant Prévost, dans son Manuel Lexique, "le mot méquine, servant, s'est conservé dans quelques provinces, pour le même usage. En Artois, le peuple prononce mequaine." De nombreux patois ont gardé ce mot jusqu'à nos jours. Nord-Est, meschène. Wallon, meskène. Rouchi, méquène. Pic. méquène, mekine, servant. Les Picards ont souvent à la bouche ce proverbe : Ce qu'aime la méquène, on le mange sept fois la semaine. Hte-Norm., vallée d'yères, mekaine, servante au sens de meuble.
        Mescheir, meschair, meschoir, mescoir, mesquoir, meskeoir, mescoair, verbe, arriver du mal. Meschief, meschef, meskief, meskiet, s.m., malheur, calamité, infortune. Et les dérives : mescheoite, mescheue/mesqueue,
        Meschever, meskever, mescaver, verbe, avoir du malheur, échouer.
    Godefroy, Dictionnaire d'ancien-français

    met, maie (coffre du moulin qui reçoit la farine)    Du lat. magis, -idis «pétrin» (Marcellus Empiricus, 1, 38; gr. μαγις, -ιδος «pâte, sorte de pain; plateau rond de balance; pétrin», Liddell-Scott), doublet sav. de magida, -ae, «grand plat pour servir à table» (gr. μαγιδα, acc. de μαγις).  Saintongeois et angoumois, met ; provençal mag ; du latin mactra, de même radical que, pétrir. (Littré)

    meunier    Du b. lat. molinarius (TLL), dér. de molinum (moulin*). La forme meunier (plutôt que mounier attendue et attesté) est due à l'infl. de mots tels que meule*, meut (forme anc. du verbe moudre*). Influence picarde possible.


  • moche    Mot d'arg. formé sur le verbe amocher*, dér. de moche «écheveau de fil non tordu, vendu par paquet de 10 livres» (Savary), var. de l'a. fr. moque «mie de pain» (ca 1223, Gautier de Coinci, Miracles N.D., éd. V. F. Koenig, II Mir 24, 168) qui représente un a. b. frq. *mokka «masse informe» que l'on restitue d'apr. l'all. Mocke. FEW t.16, pp.562-563.
        Origine normande (1880) pour Guiraud.
        Chez Littré : 
    - Terme de commerce. Paquet de soies filées. Soies en moche, se dit des soies ainsi disposées.
    - En Normandie, paquet de vers de terre fixé au bout de la ligne, sans hameçon, avec lequel on pêche. On prend beaucoup d'anguilles à la moche. Pêcher à la moche.
        Moche dans les deux sens signifie paquet. L'origine en est ignorée. Le provenç. a mosclar, nasse ; le bas-latin, mosclaris, interprété à tort par hameçon. (Littré). Amocher : Prob. dér. de moche subst. « écheveau de fil non tordu, vendu en gros paquets » (moche*, adj.), d'où « arranger grossièrement » et « défigurer, abîmer »; préf. a-1*.

    moise (pièce de charpente)    Du lat. mensa «table; comptoir de marchand, table de banquier, étal de boucher». Cf. mense. Origine incertaine. Scheler y voit le latin medius (moi, comme dans moyen). Le wallon a amoise, qui signifie amorce ; si on savait la provenance de moise, on pourrait y voir le mot wallon moise, morsure, la moise mordant les pièces de bois. La forme moisine du XVe siècle n'explique rien. (Littré).

    molequin, mullequin (s.m.), molequiner, molequinerie    etoffe précieuse de lin ; robe faite de cette étoffe. Bas-lat. melocineus, du lat. molochinus, de moloche ; terme grec signifiant mauve (voy. MAUVE 1).
    la Rose, 21206 Le molequin était aussi une étoffe : Cendaus, molequins arabis. Cf. murquénier, mulquinier.
    Voir moleskine, molesquine    1. 1838 mole-skin «étoffe de velours de coton, que l'on emploie pour faire les doublures de vêtement» (Musée des Modes, p.5 ds Bonn., p.95); 2.1858 (Chesn.: Moleskine-cuir ou cuir végétal, matière qui remplace le cuir vernis pour la chaussure et les confections de la sellerie). Empr. à l'angl. moleskin, comp. de skin «peau» et mole «taupe», att. dep.1668 comme terme désignant la fourrure de peau de taupe ou toute fourrure dont le rasage des poils lui donnerait un aspect semblable et att. dep. 1803 au sens 1, la surface du tissu étant rasée au cours de la fabrication de ce velours (cf. NED).

    murquénier, mulquinier    Ancien terme de commerce. Celui qui fabrique des toiles fines. Défendons à tous fabricans, tisserands et mulquiniers, de se servir d'aucun ingrédient pour plaquer, cirer ou gommer les pièces de batiste et linons, Lett. patent. du 9 août 1781, Flandre et Hainaut.
    minutieux, qui fait de petits contes, qui a de petites manières, à l'imitation de ceux qui exercent effectivement ce métier et qui semblent fort sujets à faire ces petits contes. (Hécart, Dictionnaire rouchi-français)
    Ouvrier qui lisse les batistes, les linons. Gattel dit que c'est celui qui recueille les plus beaux fils, notamment ceux destinés à la dentelle ; c'est une erreur. V. les mots mulquinier et musquinier, qui ne sont que deux prononciations différentes du même mot. Boiste écrit mulquinier, comme Gattel, et place devant ce mot le signe qui indique ceux qu'il croit n'avoir jamais été publiés dans aucun dictionnaire. Le mulquinier est l'ouvrier qui met le fil de mulquinerie en œuvre en en fabricant des batistes et des linons, et par extension on a donné ce nom à celui qui recueille ce fil, non pas généralement cependant. Je ne puis me dispenser de placer ici une fort bonne note de M. Lorin. " On dit à Saint-Quentin murquinier, le vrai mot est mulequinier, meulequinier, molequinier, c'est ainsi qu'il se trouve écrit dans plusieurs chartes des XIIIe et XIVe siècles. Le peuple a dit murquinier, en changeant l en r comme dans armanach au lieu de almanach, arquémie pour alchimie, etc. On nommait mulequinier, mollequinier, meulequinter, les ouvriers qui fabriquaient une étoffe fine et de prix, nommée mollekain, mulequin, molquin, dont on lésait les vêtemens légers nommés chainse ou chemises. Le mot molequin, qui se trouve dans nos anciens auteurs, notamment dans le Roman de la Rose peut-être pris du latin mollis, en y ajoutant la désinence quin, qui dans plusieurs mots d'origine belgique, est le diminutif. En effet, dans cette langue, on fait de meulen, moulin, meuleken, moulinet ; manneken, petit homme, etc. "
        Musquenier se trouve aussi dans les écrits, mais plus modernes que ceux cités par M. Lorin.
        " Remontrent les maîtres jurés du stil des murquéniers qu'il n'est plus surprenant... "
        Requête au Magistrat de Valenciennes, du commencement du XVIIIe siècle.
        Murquénier est resté et nous est parvenu jusqu'aujourd'hui avec cette orthographe. (Hécart, Dictionnaire rouchi-français)

    musquinier    Le tisserand est un artisan dont la profession est de faire de la toile sur le métier avec la navette ; en quelques lieux on le nomme toilier, télier ou tissier ; en Artois et en Picardie, son nom est musquinier, Dict. des arts et mét. Tisserand.

    mongy    tramway de l'agglomération de Lille, surnommé le Mongy, du nom d'Alfred Mongy (Lille, mai 1840-juin 1914), concepteur du réseau.

    montagnard    (élimine montain ; ultramontain déjà attesté en 1323 pour « celui qui habite au-delà des monts (par rapport à la France), italien »). 1. Ca 1510 adj. «qui habite les montagnes» (J. Lemaire de Belges, Les Illustrations de Gaule, I, éd. J. Stecher, t.1, p.160); 2. 1549 subst. «habitant des montagnes» (Est.); 3. 1765 adj. «propre aux habitants des montagnes» (Encyclop., s.v. zenda-vesta [Zend-Avesta], t.17, p.701b); 4. a) 1792 patriotisme montagnard (J. des débats, 11 déc., p.1 ds Frey, p.152); b) 1793-94 hist. (Desmoulins ds Vx Cord., p.47: tous mes collègues montagnards). Dér. de montagne*; suff. -ard*.

     

    moque (Mar. Bloc de bois par lequel passe un filin)    Empr. au néerl. mok «bloc de bois».

    moque (littoral de la Manche et de l'Atlantique : petit gobelet, moque de cidre)    Mot qui se rencontre de la Normandie (mogue, moque) à la Gascogne (aussi à Boulogne sur Mer) et qui correspond au b. all. mokke «cruche, pot», m. néerl. moken «petite mesure de capacité», néerl. mok «tasse en fer-blanc», frison de l'Est mukke «vase de terre cylindrique» (cf. aussi angl. mug «cruche, pot» depuis 1570 ds NED). Il est difficile de déterminer avec certitude laquelle de ces lang. est à l'origine du mot en fr. selon FEW t.16, p.563b. Pour l'existence de moque, mok (tasse, boîte en fer) dans les parlers créoles de l'Océan Indien et des Antilles voir R. Chaudenson, Le lexique du parler créole de la Réunion, t.2, pp.812-813. En créole, faire la moque, "mendier".
    mug    "drinking vessel," 1560s, "bowl, pot, jug," of unknown origin, perhaps from Scandinavian (cf. Swed. mugg "mug, jug," Norw. mugge "pitcher, open can for warm drinks"), or Low Ger. mokke, mukke "mug." Certain y voit le normand mogue.

    moquette    Orig. obsc. (v. FEW t.23, p.28b). Prob. à rapprocher de l'angl. mockado «sorte d'étoffe très utilisée aux xvieet xviies. pour l'habillement» (mockeado en 1543 ds NED), qui serait selon NED une corruption de l'ital. mocajardo ou d'un var. de ce mot (cf. mohair, moire; v. Cotgr. qui traduit moucade et mocayart par moccadoe et moncaiart par silke moccadoe). Selon une autre hyp. (Havard, loc. cit.), les anc. formes de moquette: mosquet et mosquete, rappellent le mot mosquée* (dont les anc. formes sont musquette, mosquette, mosquet, etc., v. FEW t.19, p.122a). La moquette aurait donc été à l'orig. un tapis de mosquée.

        Moquette : Origine iconnue. Mocade : Nom qu'on donne quelquefois à la moquette. Nous aurions accordé à Philippe le Clercq la permission d'établir dans notre royaume la fabrique et manufacture de mocades ou moquettes façon de Flandres, Privilége de Pierre Maurice pour la manufacture des moquettes, 3 août 1682. On trouve aussi moucade. Tapis de moucade, Décl. du roi, nov. 1640, tarif. (Littré)

        Etoffe de laine sur fil, & qui est travaillée comme le velours. La mocade se fait en Flandre, & est diversifiée de couleurs en rayures ou fleurons. On l'appelle dans plusieurs endroits Moquette. La mocade sert a faire des ameublemens. Il y a à Abbeville une manufacture de mocades & tripes rayées. La chaîne est de lin. La trame est de laine de toutes couleurs par les figures qui se forment de la tirée. (Dictionnaire de Trévoux)

        Mocade, moucade, moquette    étoffe de laine velue ou peluchée, tissée, croisée et coupée comme le velours. D'où vient ce terme ? D'un nom géographique ou d'un type mollicus, mol'cus ? (Auguste Scheler)

    Dérivé, par substitution de suffixe, de l'anc. mocade, encore employée au XVIIe siècle, d'origine incertaine. (Cf. l'angl. moccadoe dans Cotgr., mocado, et le holland. mokfluweel, m.s., l'allem. mokade || 1611. Moucade, Cotgr. (Darmesteter & Hatzfeld)

        Mockado, mugget. Mockado first occurs 1543, is a common word in the sixteenth and seventeenth centuries as a material used for clothes, usually spoken of as inferior, and there is a variety called ' tuft-mockado ' l (contrasted in one example with ' plain '). It was originally made in Flanders. Cotgrave has moucade (not elsewhere recorded). The D.G. quotes a form mocade as occurring in the seventeenth century, now replaced by ' moquette, etoffe pour tapis et pour meubles, veloutee de laine, dont la chaine et la trame sont en fil,' and compares E. moccadoe and Du. mokfluweel. Cotgrave also has mocayart and moncaiart. As an adj. mockado is used in the sense of 'trumpery, inferior' (cf. fustian). There is also an E. ' moquette, a material composed of wool and hemp or linen, chiefly used for carpeting ' (1762), evidently from F. moquette (v.s.). The N.E.D. suggests derivation from It. ' mocajardo, mohair, moire,' which properly means ' camlet,' and is ultimately Arab. I think that mockado may have been confused with this word, which has several Romance variants, but I do not believe in immediate derivation of the one from the other, although Torriano gives ' moccaiaro, moccaiardo (cf. Cotgrave), moccaiorro, the stuff mocado, also a mucketer.' Florio 2 (1598) gives 'moccaiaro, moccaioro, the stuffe we call moccado,' and l moccaiuolo, moccatoio, a mucketer, a handkercher, a snuffer.' Mugget. ' Intestine of a calf or sheep as an article of food,' occurs 1481 (moghettis), also (1578) ' moquet or chauden of a calf.' The N.E.D. has a separate entry moquet (1578) = chawdron, with the example * crompled leaves, wrinckled and . . . drawen togither almost like the moquet or chauden -of a calf.' This is not brought into connexion with the entry mugget, but obviously belongs there, and may be an important clue for both mugget and mockado. It is admitted that mockado was an inferior stuff, and I take it to be very much the same thing as Naples fustian. Gouldman has 'heteromalla, a garment of fustian an apes, or volure, or of mutft (cor. tuft) mockado.' This is from Junius, who has ' vestis heteromalla lanea, Germ, ein kleyd von Bubensammet, Du. een trijpen aft bastaert-fluweelen cleet, F. de tripe, de chamois veloute, It. di velluto de tripa, Sp. de velludo de tripa.' Littleton has ' heteromallus, friezed or shagged only on one side ; of silk it may be taken for velvet or any tufted silk ; of woolen, for mockado or fustian.'
        A similar material was called formerly tripe, and I suggest that in mockado (muckado} and mug get (moquet) we have a similar parallelism. I do not know how old tripe is in this sense, but I give the following dictionary examples :
              Trium linguarum diet. (1587) : * trype, heteromallum, tripe, chamois veloute.'
              Florio : ' trippa, a kinde of tripe velvet that they make women's saddles with called fustian of Naples.'
              Cotgrave : ' tripe, . . . ; also valure, Irish tuftaffata, fustian an apes.'
              Oudin : * terciopelo de tripa, de la tripe de veloux ' (the F. tripe is quoted by the D.G. for 1483).
              Torriano : ' trippa di veluto, tripe-velvet, mock-beggers velvet, fustian of Naples.'
              Sobrino (1744) : * moquette, sorte d'etoffe de laine veloutee, moqueta, especie de tripe.'
              Ebers (1799): ' Bettelsammet, Bubensammet, TK-sammet, mock-velvet, or Irish tuft-taffeta, or fustian-an-apes.'
              The N.E.D. has ' mock-velvet ' (perh. = mockado, 1613), and Sewel (1727) has ' mock-velvet, tryp.'
        Hence it seems that tripe, fustian, mock-velvet, and mockado were practically the same thing. 1 Now mockado, only occurring in English, may very well be one of those pseudo-foreign trade names in which the early merchant venturers indulged (cf. perpetuano, pintado, N.E.D.), and its German and Dutch names are so obviously contemptuous that it must have been generally associated with mock. On the other hand, ' moquet, tripe,' is apparently older, and cloth is more likely to be named from its suggesting the surface of tripe than the converse process. The resemblance of tripe to a material appears in the wide extension of ' tripe, fustian.' An examination of the specimens displayed in a tripe-shop window will convince anyone of the close likeness between tripe and a coarse shaggy fabric. Cf. Germ. ' Gekrose (which Kluge regards as connected with Icrawi), a calf's pluck or chaldron, the guts of a calf, the tripes (of geese), ... is also the name for a kind of a collar that has many plaits, which is worn about the neck by some protestant parsons and magistrates of some towns in Germany' (Ebers). Of. also F. '/raise, ruff,' probably from '/raise, mesentery,' ' a strawberry ; also a ruffe ; also a calves chaldern ' (Cotgrave). See also the N.E.D. quotation under moquet (v.s.).
        I suggest, therefore, that there is a strong probability that the proportion moquet (intestine) : mockado (stuff) :: tripe (intestine) : tripe (stuff) holds true, and that when the origin of tripe is discovered it will throw light on the other words.
        The It. mocajardo is described in " Voc. della Crusca " (1686) and all the eighteenth and nineteenth century dictionaries I have (Yeneroni, Altieri, Baretti, Antonini, Cardinali, Yalentini) as made from hair and identical with ' camotardo, Turkic chamblet ' (Torriano). It was a rare and costly fabric. It is confused with mockado only apparently by Florio, Cotgrave, and Torriano, to whom the English word would be familiar. Torriano even gives
    ' moccado stuff, drappo moccado?
        Since writing the above, I have found ' moucayart, weerschijn aft cantant' (Meurier, Diet. FranQois-Flameng, 1584). I do not understand cantant, but the other word may mean 'sham,' which is rather against my theory, and points to identity of mocado and mocaiardo.
    Etymologies, chiefly anglo-french, in TRANSACTIONS - PHILOLOGICAL SOCIETY, 1907-1910.  By Professor ERNEST WEEKLEY, M.A. [Read at the Meeting of the Philological Society on February 4, 1910.], p.307 ss.