• PA

    pacant    Orig. obsc. Un empr. à l'all. arg. Packan (att. au xviie s. ds Weigand) «assaillant, poursuivant», impér. subst. de anpacken «saisir» (suggéré par Behrens, Beiträge zur französischen Wortgeschichte und Grammatik, 1910, p.196 et repris par REW1-3, 6137, Bl.-W.1-5et FEW t.16, pp.607-608) s'explique difficilement en raison de la très large répartition du mot dans toute la France aux sens de «paysan» et de «rustre», v. FEW t.16, p.607 (Wartburg l'explique par la rapidité avec laquelle les mots d'arg. se propagent). Une survivance du lat. paganus «de la campagne, paysan» (v. païen) devenu pagan, puis, pour des raisons d'expressivité, pacan, pacant «paysan grossier, rustre» (hyp. de R. Sindou ds Mél. Séguy (J.), t.2, pp.347-365) se heurte à la quasi disparition de pagan «paysan» en occitan (FEW t.7, p.466a) et supposerait un traitement particulier de [g] devant [a] dans le domaine d'oïl, et le maintien du sens lat. de «paysan» pour un mot qui n'aurait survécu qu'oralement.
        Norm. pagnant, lourd, grossier. Pacan paraît être le même que l'espagnol pagano, paysan et païen ; prov. pagan (voy. PAÏEN). (Littré)
        Origine du Nord-Est (XVIe s.)pour Guiraud.

    pacquer (Terme de pêcheur. Presser et fouler le poisson salé, à mesure qu'on le tire du sel et qu'on l'arrange dans des futailles)    Dér. du m. fr. pacque (v. paquet); dés. -er. On trouve plus anciennement l'agn. enpaker «emballer» (1294 ds NED; 1410 ds Gdf.) et le lat. médiév. impaccare «id.», dans le domaine anglais (1280 ds Latham et NED), paccare «id.» (1341 ds NED), tous trois prob. dér. de termes empr. à l'angl. pack «paquet» (av. 1225, ibid.), to pack «emballer» (xives., ibid.), eux-mêmes empr. au mot néerl. qui est à l'orig. du m. fr. pacque. Cf. paquet.

    pagnot (lit), pagnoter (se), pagneuter (se)    I. Pagne 1872 (d'apr. Esn.). II. Pagnot 1900 (ibid.). I prob. issu, par apocope, de panier «id.» (1878, Rigaud, Dict. jargon paris., p.245). II dér. de pagne2; suff. -ot*.
        Origine picarde ou italienne (1859) pour Guiraud : PAGNOTER, 1878. Coucher, dormir, se coucher ; coucher (sexuellement). Ancien verbe argotique, de pagne = linge dans lequel on s'entortille, et par conséquent, drap, toile (AYN) / P.-ê. (selon Ménage) de soldats de la pagnot(t)e «mauvais soldats», ital. pagnotta «petit pain», ou de l'esp. pagno «chiffon», du lat. panneus, de pannus, mais le franç. a paniot «housse», d'où pourrait venir le mot (P. Guiraud) (Bob, dictionnaire d'argot).

    paletot    1370 paltoke «sorte de justaucorps» (Texte ds Skeat, Etymol. Dict. of the English lang. ds Gdf. Compl.); 1403 palletot (Tut. de Henriot de Frasne, A. Tournai, ibid.); 1819 (Boiste: Paletot, s. m. justaucorps espagnol. R.V. habit veste); 1857 paletot de sapin (Flaub., loc. cit.); 1932 secouer le paletot (Aymé, loc. cit.); 1936 tomber, sauter sur le paletot (Céline, loc. cit. et p.479). Empr. au moy. angl. d'orig. obsc. paltok (xives. ds NED); paletoc, paletot a désigné un vêtement de personnes de basse condition (les laquais, selon Cotgr. 1611, ,,les paysans, & particulièrement en Espagne`` selon Fur. 1690), d'où le sens du dér. paltoquet*; l'usage du terme a connu un renouveau au début xixes. att. notamment par le réemprunt par l'angl. de la forme paletot (1840 ds NED), et par Boiste qui n'attestait que le sens de «justaucorps espagnol» dans les éd. ant. à 1819. Cf. paltoquet.
        Bourg. pauletô ; esp. paletoque ; bas-breton, pal-tôk. Diez croit que ce mot est composé du latin palla, manteau, et toque ; mais un des exemples de l'historique montre que ce vêtement ne couvrait pas la tête, puisqu'il y est dit que les gens prirent leurs paletots avec leurs bonnets. La vraie étymologie est le hollandais paltsrok, robe de gros drap, formé de palster, pèlerin, et rok, robe, habit ; robe de pèlerin. Palster est le vieux français paumier, pèlerin, de palme. (Littré).
    angl. paltock    Origin uncertain; perhaps from pall (fine cloth) +‎ -ock, though the T is unexplained. Compare paletot.
    alld. Paletot    Übernahme (um 1840) von frz. paletot, wie der um diese Zeit in Paris in Mode gekommene Herrenmantel genannt wird. Zuvor bezeichnen mfrz. paltoke, mfrz. frz. palletoc, paletot wie mengl. paltok einen ‘kurzen, mit Ärmeln versehenen Überrock’, wahrscheinlich ein Kleidungsstück der engl. Invasionsarmeen in Frankreich. Die weitere Herkunft ist nicht geklärt; Verwandtschaft mit aengl. pæll, engl. pall (älter) ‘Mantel’ und voraufgehendem lat. pallium ‘Überwurf’ ist fraglich.

    palissandre (bois)    Empr. au néerl. palissander, de même sens que le fr., lui-même prob. empr. à un parler indigène de la Guyane (tupi-guarani ?) de même que sakkerdaan, "sarcanda" confondu avec le jacaranda, le palissandre étant surtout importé de la Guyane hollandaise (Suriname).

    paltoquet    Dér. de paltoke, palletoc, anc. forme de paletot*, avec suff. -et caractérisant substitué à -é dans pall(e)toqué «revêtu d'un paletot» (1546, Rabelais, Tiers Livre, chap.26, éd. M. A. Screech, 188; 1611, Cotgr.), le paletot étant considéré comme un vêtement d'hommes de basse condition (v. paletot étymol.).
        Bourguig. paltoquai, paysan ; de paletoc, paletot : celui qui est vêtu d'une casaque, paysan, de là le sens péjoratif. (Littré).

    pamplemousse    Empr. au néerl. pompelmoes, fém., au sens 1 a, qui est prob. comp.de pompel «gros, enflé» et de limoes «citron» (Boulan, p.148; König, pp.159-160). Apparaît d'abord dans des textes fr. qui le donnent comme mot néerl.: 1665 pompelmoes (J. Le Carpentier, L'Ambassade de la Compagnie orientale des Provinces Unies... [trad. d'un ouvrage néerl.], II, p.88 ds Arv.); 1666 pompelmous (M. Thévenot, Relation de divers voyages curieux... t.3 ds König).

    panais / panet (pan de chemise)    Mot dial. (wall., lorr.), dér. de pan1* au moyen d'un suff. -é qui, dans qq. dial., notamment liégeois et lorr., correspond au suff. fr. -eau*, issu du lat. -ellus (cf. J. Haust, Dict. fr.-liégeois, p.XIII; O. Bloch, Les Parlers des Vosges méridionales, p.5, § 2; Fouché, p.319, 17-20; FEW t.7, p.558a).

    panique    1. a) 1534 terreur Panice (Rabelais, Gargantua, XLII, 69, éd. R. Calder et M. A. Screech, p.249); b) 1828-29 panique subst. (Vidocq, Mém., t.1, p.299); 2. 1546 «relatif au dieu Pan» (Rabelais, Tiers Livre, XXXVIII, 121, éd. M. A. Screech, p.265: fol panicque), empl. isolé; 1866 (Hugo, loc. cit.). Empr. au gr. πανικός adj. «de Pan», employé surtout avec un subst. signifiant «terreur», le dieu Pan passant pour produire les bruits entendus dans les montagnes et les vallées.

    pand, pant "pour un créancier, sécurité d'approvisionnement du nombre précisé de tissu" du néerl. pant, "objet  d'une garantie, garantie de paiement d'une dette" (alld. Pfand)

    panicaut (plante aux feuilles piquantes)     litt. pain chaud < panis calidus, réfection, p.étymol. pop., du lat. des gl. panecardus, paniscardus, comp.de panis «pain» et cardu(u)s «chardon», littéral. «pain chardon [les jeunes feuilles de cette plante étant appréciées en salade]», lui-même altér. de cardopanus.

    panne (poutre)    Ca 1160 pasne «pièce de bois qui porte les chevrons du toit» (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, 5731); ca 1170 pannes (Rois, éd. E. R. Curtius, III, VII, 5, p.132). Terme très att. dans le nord et l'est de la France (cf. FEW t.8, p.6), prob. à rattacher comme l'a. prov. padenal, le gasc. padeau (ibid., p.6b), le galicien padea, l'all. pfette (J. Jud ds Z. rom. Philol. t.38, p.53) au b. lat. patĕna «crèche, mangeoire» (iv-ve s.), empr. au gr. πάθνηv. Chantraine, s.v. φάτνη, également att. au plur. au sens de «lambris d'un plafond disposé par compartiments» et «râtelier», la transposition de sens s'étant faite à partir de la notion de position horizontale et de longueur des poutres d'une mangeoire, alors que celle de cavité n'aurait joué aucun rôle (p. anal. avec l'assemblage de larges barres de bois que forme le râtelier posé sur l'auge) (v. FEW t.8, p.6b).
        Autre forme de pan, dans le sens de pièce, morceau. (Littré)

    pape (B)(bouillie)    Fin xies. judéo-fr. pape (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, p.107b, no775); 2emoitié xiiies. dial. de l'Ouest papa (Anc. serm. fr., éd. P. Meyer ds B. de la Sté des anc. textes fr., 1903, p.51); ne subsiste plus guère que dans le dial. wallon 1812 (Ph. Delmotte, Essai d'un glossaire wallon, p.496). Du lat. pap(p)a, mot expressif dont les enfants désignent la nourriture (v. aussi Ern.-Meillet), att. dans les autres lang. romanes: ital. pappa (xives. ds DEI), esp. papa (1400 ds Cor.-Pasc.) et également en angl. (ca 1430 ds NED).

    papelard (faux, hypocrite)    Ca 1190 subst. faire le papelart (Renart, éd. M. Roques, 8699); ca 1200 subst. papelarde (Auberée, 517 ds T.-L.); ca 1223 adj. pappelars, pappelart (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. F. Koenig, I Mir 10, 511; 1876), (cf. Id., op. cit., 1 Mir 11, 1379: Tex fait devant le pappelart Qui par derriere pappe lart); 1310 adj. la papelarde religion (Gervais du Bus, Fauvel, 883 ds T.-L.). Orig. discutée. Papelart serait un dér. en -ard*: −d'apr. une 1re hyp., d'un verbe a. fr. *papeler «manger; marmonner (des prières)», lui-même dér. en -eler* du verbe a. fr. paper «manger» (ca 1223, Gautier de Coinci, supra), du lat. pappare «manger», d'orig. onomat. (papp- exprimant le mouvement des mâchoires pendant la mastication) le mouvement des lèvres marmonnant étant assimilé à celui de la mastication (G. Baist ds Z. rom. Philol. t.32, p.45); *papeler peut se déduire de papeloter «bavarder» relevé dans le dial. de Mouzon (Ardennes) par FEW t.7, p.585b, et est à rapprocher de l'a. fr. papeter, v. papoter; pour une dér. en -ard* à partir d'un verbe (voir l'objection d'ordre morphol. ds FEW t.7, p.587b, note 28, reprise par F. Koenig ds Rom. Philol. t.22, p.493) cf. au xiiies. grognard*, de grogner*; −d'apr. une 2e hyp., émise par F. Koenig, loc. cit., pp.492-97, papelart serait dér. de papel, papal* s'appliquant aux Ultramontains tenants du pape, vilipendés par divers aut. des xiie-xives., notamment pour leur hypocrisie; cette hyp. se heurte à une difficulté chronol., papal n'étant pas relevé av. le xives. (T.-L.; cf. Eustache Deschamps, V, 280, 5: Puis qu'il vint tant de cardinaulx, De compteurs, de divers papaulx...). L'hyp. selon laquelle papelart serait comp. d'une forme verbale de paper «manger» et de lard* en réf. à Gautier de Coinci, 1 Mir 11, 1379 supra (A. Jeanroy ds R. crit. hist. et litt., 1897, 1, p.367; Sain. Sources t.1, p.207) paraît à écarter, ce rapprochement ne représentant qu'un jeu de mots.

    papoter    1. 1611 «manger sans entrain, chipoter» (Cotgr.); 2. 1737 «bavarder» (Mirabeau in G. Streckeisen-Moultou, J.-J. Rousseau, ses amis et ses ennemis [Paris, 1865], II, 363 ds Barb. Misc. XII, no 29). Dér., avec suff. -oter*, du rad. onomat. papp- exprimant le mouvement des lèvres, que l'on retrouve dans le verbe lat. pappare «manger» (d'où le verbe a. fr. paper, v. papelard). Cf. le dér. en -eter*: papeter ca 1223 «dépouiller (quelqu'un) de ses biens [lui manger son bien]» (Gautier de Coinci, Miracles, éd. V. F. Koenig, 2 Mir 11, 616); 1234-40 pic. «babiller» (Chansons et dits artésiens, éd. R. Berger, XXII, 54).

    paquet    Dér. du m. fr. pacque «ballot (d'étoffe)» (1410 pakke, Stat. Henri VI, an XI ds Gdf. t.3, p.51c [celui-ci prob. empr. à l'angl. pack]; 1510 pacque, Rouen ds Gdf.), empr. au néerl. pak (att. en 1199 dans un texte de lat. médiév. sous la forme pac, v. NED, s.v. pack subst.1. Dans le domaine angl., pacca «paquet» est att. en 1286 (Latham), et l'angl. pack «id.», prob. empr. au néerl., av. 1225 (NED). Cf. aussi le lat. médiév. d'Angleterre paccettum (1304 ds Latham). Au sens 5, francisation de pack2*. Cf. pacque.

    pasquin    1. 1558 «écrit satirique» (B. Des Périers, Nouv. récréations et joyeux devis, 66, éd. Kr. Kasprzyk, p.247: un Pasquin qui avoit esté nouvellement faict à Romme); vx dep. 1788, Fér.; 2. 1571 nom d'une statue de Rome sur laquelle on placardait des écrits satiriques (M. de La Porte, Les Epithètes, 307 ro ds Hug.: Pasquil, Pasquille ou Pasquin. Ainsi est nommee une vieille statue de marbre à Romme, sur laquelle on a accoustumé d'attacher ou plaquer les dictons, sornettes, rimes et autres inventions de mesdisance, contre les plus apparens de la ville: lesquels dictons pour cela sont appellez pasquins); 3. 1798 «méchant diseur de bons mots, bouffon» et p.ext. «homme qui affecte ce caractère» (Ac.). Empr. à l'ital. Pasquino, nom d'une statue antique découverte en 1501 à Rome, et à laquelle les étudiants adressaient des écrits satiriques le jour de la Saint-Marc; on y afficha par la suite des pamphlets. Pasquil(le) «écrit satirique», att. au xvies. dep. 1536 (Rabelais, Lettre à Mgr. de Maillezais ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.3, p.363; cf. Gdf. et Hug.) est empr. à l'ital. pasquillo «id.» (dep. 1re moitié du xvies., B. Segni ds Tomm.-Bell.), altér. de Pasquino par substitution de suff. Voir Migl. Nome propr., p.174, FEW t.7, p.707b-708a, et Hope, p.214.
        Autre origine : Dérivé de pasquille (Lille, pasquille, wall., pasqueille, pasquèie, pasquée.) Ecrit satirique, qui aurait été à l'origine compté dans les pâturage (pasquil en ancien-français, cf. Godefroy. Le mot est bien présent dans tous le Nord de la France et en Wallonie).

    patard    [1330 d'apr. Bl.-W.5]. 1429 «petite monnaie de peu de valeur» (Lettre du roi aux gouverneurs, 20 mars ds H. Morin-Pons, Numismatique féodale du Dauphiné, Paris, Rollin, 1854, p.316); 2. a) 1547-57 ne point priser deux patardz (Moralité ds Ancien Théâtre français, éd. Viollet-le-Duc, t.3, p.99); b) 1762 cela ne vaut pas un patard (Ac.). Altér., par substitution du suff. -ard* à la finale -ac, de l'a. subst. patac «id.» (1374: patas, plur., G. Espinas, Draperie dans la Flandre fr. au Moy.-Âge, t.2, p.937; 1448: patac, Comptes du roi René, éd. A. Lecoy de la Marche, § 669), lui-même soit empr. à l'a. prov. patac «id.» (1404, Chronique Boysset ds Archiv. für Literatur-und Kirchengeschichte des Mittelalters, t.7, 1900, p.371; déjà pataquus en 1362 dans un doc. lat. concernant Nîmes, v. Du Cange), att.à côté de patar (1348, Comptes des Frères Bonis, éd. E. Forestié, t.2, p.269) et patat (1361 ds Pansier t.3; déjà patatius en 1343 dans un doc. lat. concernant le Dauphiné, v. Du Cange); soit empr. à l'ital. patacca «id.» (fém. de patacco «id.», mil. du xives.) att. indirectement par le dér. patachina (1327 ds Arch. St. n. fr. t.149, 1926, p.277; peut-être déjà en 1254, ibid.; v. aussi R. numism., t.37, 1934, p.XXVI), tous deux d'orig. inc. (v. Cor.-Pasc., s.v. pataca et Rom. Jahrb. t.8, 1957, p.43). Le mot patard et ses var. a désigné des pièces de monnaie en usage dans différents pays :
        * une monnaie frappée au XVe siècle aux Pays-Bas bourguignons (aujourd’hui Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, et le nord de la France). Elle est frappée premièrement en 1433, en Flandre, dans le Brabant, au Hainaut, et en Hollande. Cette monnaie était utilisée dans la plupart des Pays-Bas de l’époque et est pratiquement devenue leur monnaie commune. Philippe le Bon frappa le patard au Luxembourg, les évêchés de Liège et d’Utrecht, et le duché de Gueldre;
        * une pièce de monnaie des Papes d'Avignon ;
        * une pièce de deux sous en France au XIe siècle ;
        * un patronyme français.
    Tombé en désuétude, le mot ne s’emploie plus guère que dans quelques tournures familières :
            * Je n’en donnerais pas un patard.
            * Cela ne vaut pas un patard.
            * Il n’a pas un patard.
    wikipedia & wiktionary
    Poilly cite pater sans le sens de "sou".

    patin    1. a) 1260 «chaussure à semelle épaisse» (Etienne Boileau, Métiers, 286 ds T.-L.); b) 1933 «pièce de tissu sur laquelle on pose le pied pour avancer sans salir le parquet» (Malègue, loc. cit.); 2. a) α) 1427 «sorte de galoche qu'on transforme en patin pour aller sur la glace, par la simple addition, soit d'une ferrure pour patiner, soit de clous pour éviter de glisser» (Laborde, Ducs de Bourgogne, t.2, p.384: pour ferrer iij paires des dits patins pour aler sur la glace); de nouv. ca 1475-1506 patins de Hollande (Jean Molinet, Chron., éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t.1, p.421); β) 1864 «le patinage» (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, p.157); γ) 1876 romand «pièce placée sous certains traîneaux» (Chabloz, Hist. du Canari Abram Nicole ds Pierreh.); 1916 can. patins du traîneau (Hémon, loc. cit.); 1935 fr. (Ac.); b) 1845-46 «patins à roulettes» (Besch.); 1868 patins à roulettes (Littré); 3. a) α) 1676 techn. (Félibien, pp.683-684: On nomme ... Patins des pieces de bois posées sous les Eschiffes et dans lesquels sont assemblés les noyaux des Escaliers, et encore dans la construction de plusieurs machines où les patins servent comme de pieds); β) 1832 chaise à patins (Balzac, Curé Tours, p.197); b) 1908 frein à patin (Alvin, loc. cit.); 4. 1927 rouler un patin (d'apr. Esn.); 1928 (Lacassagne, Arg. «milieu», p.181).
    Dér. de patte*; suff. -in*. Patin au sens 4, est peut-être un déverbal de patiner2* et l'expr. rouler un patin est elle-même prob. due à la vogue du patin à roulettes, d'apr. rouler à patins (cf. Cellard-Rey). Pour l'hist. du mot, v. R. Ling. rom. t.49, 1985, pp.319-320, note 4.
        Origine du Nord (1660) pour Guiraud.
        PATIN, it. pattino, angl. patten, d'abord une espèce de soulier fort haut; dérivé (ou du moins de la famille) de patte. Ou bien le v.flam. plattynen = soulier de bois (soulier plat ?) engagerait-il à chercher une autre étymologie ? - D. patiner, -eur. (Scheler).
    néerl. platijn, plattijn znw. m. Ook platine, znw. vr. Hetzelfde als patijn; z. ald. (het fra. platine heeft andere beteekenissen).     Benaming van eene soort van muilen of pantoffels, deels van hout en deels van leer; ook wel geheel van hout, in welk geval het woord gelijkstaat met klomp, holsblok. Somtijds waren zij voor de stevigheid van onder met ijzer beslagen. Teuth. holsch, tryp, stilleganck, plattijn, colopes, colopedium, colopedius. Plant. plattijnen, des galloches (vgl. galootse), semelles de bois et le dessus de cuir, Gallicae, soleae ligneae; de plattijnen wachten, agere Veneris excubias. (zie beneden). Kil. plattijn, calo, baxea, calceus ligneus, calopo, dium j. crepidae, gall. patin en Waasch Idiot. 525: platijn, sandaal.
              (klemt. op de 2de lettergr.), znw. m., mv. -en. Daarnaast plattijn. Mnl. platijn, m., naast platine, vr. Bijvorm van Patijn met epenthesis van l (verg. SALVERDA DE GRAVE, Fr. Woorden 289). Zie PATIJN (I). Thans alleen nog gewestelijk in gebruik (b.v. in ZeeuwschVlaanderen en het Land van Waas).    Benaming van zeker schoeisel, dat in verschillende tijden een verschillenden vorm had; inzonderheid een schoeisel, bestaande uit een houten onderstuk, met van boven een riem om het onder den voet te bevestigen. Trip, muil op houten blok. Eertijds soms ook van een ijzeren beslag voorzien. De platijnen dienden om den voet in te steken als men dezen bij het gaan niet vuil of nat wilde maken, of om des winters niet met den kouden vloer in aanraking te komen.


  • O

    ommegang     A Merris, il y avait un pèlerinage quotidien, surtout pour les gens de la vallée de la Lys, et un pèlerinage spécial, e 10 août et durant l'octav suivant, l'Ommegang de St-Laurent. (Guide de la Flandre et Artois mystérieux, p.179)
        Indépendamment des kermesses «kerk'missen », il y avait chez les Flamands et dans les provinces voisines, des «ommegang » qui se célébraient en faisant une procession de ville en ville avec la relique du saint en vénération, que l'on portait dans une châsse. Le plus ancien «ommegang » connu est celui que firent en 1007, les religieux de l'abbaye  de Lobbes, près d'Avesnes, avec la châsse de leur saint patron Ursmar, et qui traversa la plupart des lieux que ce vénérable apôtre avait évangélisés au septième siècle. Partout sur le passage de «l'ommegang», la présence des reliques de saint Ursmar opéra des choses étonnantes, à la vue d'une multitude de fidèles, soit en apaisant de profondes rivalités, comme à Strazeele et à Bergues-Saint-Winoc ; en arrêtant l'effusion du sang, comme à Blaringhem; soit en opérant de miraculeuses guérisons corporelles, comme à Cassel et à Bergues. «l'ommegang» passa aussi à Bailleul, à Hazebrouck, à Wormhout, à Hondschoote, et poursuivit sa route par Furnes en Flandre, inspirant à toutes les populations les plus vifs sentiments de piété et d'amour.
    source : Annales (1854), Comité flamand de France, Lille

    ordon    type de pierre < *hurd ‘vannerie, claie’(fr. hourd, « charpente en encorbellement au sommet d'une  tour, d'une fortification »  (http://www.etymologiebank.nl/trefwoord/arduin)

    orfraie    Forme altérée d'un a. fr. *osfraie, sans doute par assimilation du s au r suivant, issu du lat. ossifraga. Kristoffer Nyrop, Grammaire historique de la langue française postule une influence picarde.

    orin (cordage d'ancre)    Mot d'orig. obsc. L'hypothèse d'une étymol. néerl. (proposée par D. Behrens, cf.  aussi FEW t.16, p.605a-b) semble devoir être rejetée tant pour des raisons d'ordre chronol. que sém.: le hapax  néerl. ooring (boucle d'oreille) n'étant att., comme terme de mar., qu'en 1861-62, tandis que les lang. rom.  connaissent le mot dep. lontemps (1340, orri en cat.; 1416, ourinque en port.; 1518, orinque en esp.) et le sens  d'«anneau inférieur de l'ancre» du néerl. ooring paraissant bien distinct de celui de «cordage; amarre» att. par les  dial. ibériques. Cf. G. Colon ds R. Ling. rom. t.26, 1962, pp.170-183; M. Höfler ds Z. rom. Philol. t.82, 1966,  pp.460-463 et Cor.-Pasc., s.v. orinque.
    oringuer (soulever l'ancre)    de orin, dés. -er (cf. les formes aurinque en port. et orinque en esp., ainsi que le  verbe orinquear att. en esp. à partir de 1587.

    osier    1. Ca 1190 «saule de petite taille, aux rameaux flexibles» (Hermann de Valenciennes, Li romanz de Dieu et de sa mère, éd. I. Spiele, 178, 186); 2. 1380 «rameau d'osier, employé pour la confection de liens et d'ouvrages de vannerie» (Comptes de l'hostel de Charles VI ds Havard); 3. 1935 «argent» (d'apr. Esn.). Dér. régr. de l'a. fr. osiere, fém. (fin du xies., Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, 757; ca 1215, Aymeri de Narbonne, 1752 ds T.-L.), att. une 1refois au viiies. sous la forme lat. auseria «bosquet, groupe d'arbres» (Vita S. Memorii ds Monumenta Germaniae historica, Scriptores rerum Merovingicarum, t.3, p.103, 104), collectif qui remonte à *alisaria, dér. de l'a. b. frq. *alisa «aune». Le passage de «aune» «saule» peut être dû au fait que les deux types d'arbres croissent au bord de l'eau (FEW t.15, 1, p.25; M. Pfister ds R. Ling. rom. t.37, 1973, p.141). Au sens 3, d'orig. incertaine, Esn., suivi par Cellard-Rey, rapproche osier de os* «argent» et de jonc* «or (métal)», ce dernier servant également en vann.
        Origine du Nord (1552) pour Guiraud.
        Berry, oisi, oisil, oisis, ousier ; wallon, woisir, s. f. ; bourguig. ôseire. Les formes que donne du Cange, oseria, oserius, ozilium, étant du XIIIe siècle, sont non du bas-latin, mais du français latinisé. Il n'en est pas de même de osariae, ausariae, oseraies (voy. OSERAIE), qui sont du IXe siècle ; cela est de la vraie basse latinité. Osier se dit en grec ; mais comment un mot grec serait-il entré dans le français sans passer par le latin ou par l'italien ? Il faut donc suspendre le jugement et dire que ou l'étymologie ou la voie d'introduction reste à trouver. (Littré).
        OSIER, en Berry oisis, bret. aozil, v.flam. wisse, du gr. οἰσός, m.s. - D. osereux, oseraie. (Scheler).
    breton aozil    s. m., osier, mbr. ausill. Empr. bas-latin awsaria « oseraie », mais peut-être rattaché par étymologie populaire à aos, s. f., lit de rivière: suppose un celt. *aues-a, dér. du celt. *auos « rivière », gaul. Aὔoe et Avara (aujourd'hui l'Evre), n. pr. de fleuves; cf. sk. av-ani « eau courante », ava « de haut en bas ». (Victor Henry, Lexique étymologique des termes les plus usuels du breton moderne, 1900)
    néerl. wisse     znw. v. ‘inhoudsmaat voor brandhout’, eig. ‘door twijgen samengebonden hoeveelheid hout’, mnl. wisse v. ‘wilgenloot’, strik, strop; hoeveelheid brandhout’, mnd. wedde, oofri. withthe, owfri. witte, oe. wiððe (ne. withe) on. við, viðja ‘band, van wilgenloten gevlochten’ < germ. wiþja (met overgang van -þþ- > -ss-, zoals in smisse). — Afl. van *wiþō in mnd. wēde, os. with, ohd. wid; vgl. verder got. kunawida, ohd. chunwid ‘boei’ en oe. cynewiððe v. ‘diadeem’. Uitgangspunt van deze woorden is dus een woord voor wilgenloot. — av. vaêti- ‘wilg, wilgetak’, gr. itéa ‘wilg’, ítus ‘wilg, schildrand’, lat. vītex ‘kuisboom’, vītis ‘rank’, vītus ‘velg’, oiers feith (< *veiti) ‘pees, streng’, lit. výtis ‘wilgetak’, lett. vîte ‘rank’, opr. witwan ‘wilg’, osl. vitǐ ‘iets gewondens’, větvĭ ‘tak’ (IEW 1122), een dentaal-afl. van de wt. *u̯ei ‘binden, winden’ (J. de Vries, Nederlands Etymologisch Woordenboek, 1971).

    ossec, osset ((Marine à voile) Égout au fond du navire, où s'écoule l'eau et où sont placées les pompes)    D'après Jal, du holland. hoozen, épuiser, vider avec une écope. (Littré)

    oyat    1415-16 oiak (Compte de 1415-16, Mém. Soc. Acad. de Boulogne-sur-mer, t.VII, p.87 ds Gdf.); 1608 hoyard (d'apr. le Journal officiel du 15 août 1876, p.6411, 3e col. ds Littré Suppl.); 1810, 14 déc. oyat (Décret, art. 6 ds Littré 1868). Mot pic., d'orig. inconnue.


  • pec (Hareng pec. Hareng fraîchement mis en saumure)    Empr. au néerl. pekelharing «hareng salé» (FEW t.16, p.618b).

    pei (B)    homme (souvent légèrement péjoratif)

    pépie    Pépie est une altération du terme dial. pipie répandu notamment dans l'aire normanno-pic. (FEW t.8, p.618a), issu du lat. vulg. *pippita (cf. ixes. pipita ds CGL t.2, 151, 5), forme assimilée de *pittita, altération du class. pituita «mucus, humeur, pus; pépie [maladie des oiseaux]», v. aussi pituite.

     

    pichenette        Orig. obsc. (FEW t.21, p.385b), aucune des hyp. avancées n'emportant la conviction. D'apr. FEW t.8, pp.610a et 611b, note 2, le mot serait empr. à l'adj. fém. prov. pichouneto «petite» (dimin. de pichouno, v. pitchoun) empl. dans une question du type «veux-tu une petite gifle?», où le subst. aurait peu à peu été omis. Le rapprochement de pichenette avec les synon. pic. piquenotte, piquenaude [FEW t.8, p.453a] suggère à Guir. Lex. fr. Étymol. obsc., l'hyp. d'une dér. de piquer* sous une forme palatalisée dont l'orig. serait soit dial. soit due à un croisement avec le prov. pichoun.  Cf. chiquenaude.

    pichet    Terme dial. notamment de Normandie, des régions de l'Ouest et du Centre (FEW t.1, p.361b), issu par substitution de suff. (-et*), de l'a. fr. pichier (ca 1170 picher, Rois, III, VII, 45, éd. E. R. Curtius, p.128; av. 1188 picier, Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 3981), venu du b. lat. picarium «récipient pour les liquides» (Gl. viiie-xies. ds Mittellat. W., s.v. bicarium; 852; 1041-44 [peccarium] Cambrai ds Nierm., s.v. bicarius; 1059; 1081-82 [pigarium] Saumur ds Du Cange, s.v. pigarium et bicarium). De la forme bicarium (dér. du gr. β ι ̃ κ ο ς «récipient, vase»; FEW t.1, p.361) l'a. wallon bichier, relevé seulement en 1449, Gdf., mais vraisemblablement plus anc. d'apr. bichet* (1226) qui semble en être issu par substitution de suff. Bicarium, picarium seraient d'orig. incertaine v. EWFS2, s.v. bichet. À l'a. fr. pichier a été empr. l'angl. pitcher, de même sens (ca 1290 ds NED), d'où dans un cont. amér. un pitcher [d'ale] de grande capacité, relevé en 1825 (Brillat-Savarin, Physiol. du goût, éd. Lausanne, H. Kaeser, t.2, 1951, p.38).

    pilet (Canard sauvage)    Mot picard qu'il faut très prob. rattacher à l'a. fr. pilet «javelot, trait d'arbalète» et au wallon pilet «flèche» (dimin. dér. au moyen du suff. -et* d'un représentant du lat. pilum «javelot», cf. FEW t.8, p.509), en raison d'une anal. de forme de la longue queue pointue de cet oiseau avec une flèche (Roll. Faune t.2, pp.397-398), cf. les noms all. de cet oiseau: Pfeilschwanz, Spiessente. En conséquence, l'hyp. d'un rattachement avec l'a. fr. pilet «pilon de mortier» (FEW t.8, p.490b) doit être rejetée.

    piller et pillard    1. a) 2emoit. xiiies. «malmener, houspiller» (Gaufrey, 103 ds T.-L.); b) 1288 en partic. «malmener, mordre (en parlant d'un chien)» (Jacquemart Gielee, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 3427); 1680 (Rich.: On dit aussi en parlant à un chien, pille, c'est-à-dire, prend ce qu'on te jette) −xviiies. «assaillir avec violence» (Voltaire ds DG), encore ds Hautel 1808; 2. a) ca 1277 «dépouiller quelqu'un (par la ruse)» (Adam de La Halle, Jeu de la Feuillée, éd. J. Dufournet, 1063); b) déb. xives. peillier «prendre, se saisir de quelque chose (par la violence)» (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, XI, 104); c) 1680 jeux «prendre, enlever» (Rich.). Dér. du lat. pĭlleum «chiffon», v. peille; cf. les comp. espillier, despillier «maltraiter, malmener, houspiller» bien att. aux xiiie-xives., v. T.-L., Gdf. et FEW t.8, p.496 à 501.
        1655 chien pillart «chien querelleur» (R. de Salnove, La Vénerie royale, éd. G. Tilander, p.24); 1903 «chien qui force l'arrêt» (Nouv. Lar. ill.). Dér. de piller*; suff. -ard*.

    pilotis    1365-66 pilotich (Comptes du dom. de Cambrai ds Bull. hist. et philol., 1889, p.64 ds Gdf. Compl.); fin xives. pilotis (Froissart, Chron., éd. S. Luce, t.2, p.64, 21). Dér. de pilot1*; suff. -is*. > pilot    Ca 1372 ici au sens fig. «pieu» (Froissart, Lay amoureus, I, 70 ds The lyric poems, éd. R. R. Mc Gregor, p.67: les pilos Qui sont en mon coer enté); fin xives. (Id., Chron., éd. S. Luce, t.2, p.62, 30: douze cens pilos). Dér. de pile1*; suff. -ot*.

    pinchard (Siège pliant à trois pieds) 1866 (Delvau, p.301). Mot prob. norm. ou pic., dér. de pincher forme normanno-pic. de pincer* (cf. norm. pinchard «pinçon», FEW t.8, p.544b).

    pinque (Voilier de la Méditerranée, à trois mâts, à antennes, à poupe très élevée et à varangues plates, disparu vers 1840)       Empr. au néerl. pink, de même sens.

    pique (arme) et piquer    Empr. au m. néerl. pike, att. au sens 1 a dep. 1290 (FEW t.16, pp.623-624).
    pique (couleur de carte)    Issu de pique1*, les marques de cette couleur du jeu de cartes étant en forme de  fer de lance; le masc. est prob. dû au genre des trois autres noms de couleurs. 1 p.compar. avec l'entrée en jeu de  mauvaises cartes.


  • PL

    placard    1. a) α) 1364 «lettre ou pièce quelconque dont le parchemin n'est pas plié» (Archives du Nord, B 10292, fo 4 ds IGLF); β) 1428 en placard «(document, lettre) qui n'est pas plié» (Archives du Nord, B 113, fo 91 vo, ibid.); b) α) 1444 «écrit qu'on affiche sur un mur, un panneau, pour donner un avis au public» (ap. J. Haust, Glossaire philologique des régestes de la cité de Liège, 3 d'apr. FEW t.16, p.630a); β) ca 1552 [éd. 1568] «écrit injurieux et séditieux qu'on affiche dans les rues, qu'on fait circuler dans le public» (Du Bellay, Poésies diverses, II, 304 ds OEuvres poétiques, éd. H. Chamard, t.5, p.250); c) 1832 impr. (Raymond); 2. a) 1549 «enduit dont on revêt un mur» (Est.); b) 1831 «plaque, couche épaisse» (Kock, Cocu, p.278); c) 1859 mar. «pièce de toile de renfort cousue à l'endroit où une voile est usée» (Bonn.-Paris); 3. a) 1572 «assemblage de menuiserie qui s'élève au-dessus du chambranle et va ordinairement jusqu'au plafond» (doc., Toulouse ds Gdf. Compl.); b) 1676 portes en placart (Félibien); c) 1792 «enfoncement, recoin de mur, de cloison fermé par une porte et constituant une armoire fixe» (Inventaire du château de Chavaniac ds Havard). Dér. de plaquer, suff. -ard*. Au sens 3 c, placard est att. dep. 1785 à Marseille (Achard ds FEW t.16, p.629b) et pourrait être un empr. à l'occitan (FEW t.16, p.631b, note 16).

    place (n.f.)        pièce d'une habitation (flamand plekke (néerl. plek) à le sens de "place" et de "pièce d'une maison").

    plamussade (tape donnée du plat de la main)    Dér. de plamuser «gifler», suff. -ade*; plamuser est un mot dial. du Nord de la France qui n'apparaît pas av. le xixes., mais dont un déverbal plamuse «soufflet» (1521, Fabri, Art de rhétorique, 2ep., fo43 vo), laisse supposer une existence bien ant., comp. de plat*, au sens adv. de «brusquement» et de *muser «donner un coup sur le visage»; *muser est à rapprocher de culer «frapper sur le cul» (v. FEW t.2, p.1510a) et du dial. mourâ (Isère) «frapper, calotter», de mourre «visage», «museau» (v. FEW t.6, 3, p.231b, 232a, 235a). V. FEW t.6, 3, p.276a et note 12, pp.283b-284a.

    planquer, et planque ?    Altération de planter* au sens arg. anc. «mettre, cacher» (1455, Villon, Ballades en jargon, éd. A. Lanly, I, 21, VII, 28; cf. aussi l'angl. to plant «cacher [de la marchandise volée]» dans l'arg. des voleurs [NED] et le m. fr. plant «faux lingot», planteur «celui qui écoule de faux lingots», 1455 Jargon des Coquillars, éd. M. Schwob ds Mém. de la Soc. ling. de Paris, t.7, p.179 et 180), peut-être par un croisement avec plaquer* «appliquer, mettre».

    plaquer et plaque    1. Mil. du xiiies. «appliquer (de l'or et de l'argent) sur les cheveux» (Chansons et dits artésiens, éd. R. Berger, XII, 85); 1553 «appliquer (du plâtre, etc.) sur un mur» (J. Martin, trad. de J.-B. Alberti, De re aedificatoria, p.34 ro ds IGLF, cf. déjà av. 1272 un empl. métaph. du terme techn. dans la tournure plaquer un mur de mortier chez Jean Bretel, Jeux-partis, éd. A. Långfors, 45, 37, ici en constr. abs.); 2. a) α) 1288 intrans. «apparaître» (Jacquemart Gielée, Renart le nouvel, éd. H. Roussel, 1240); β) ca 1385 pronom. «se mettre, se placer» (Jean Cuvelier, Bertrand du Guesclin, 22251 ds T.-L.); b) α) 1747 «jeter quelqu'un à terre» (d'apr. Esn.); β) 1881 se plaquer (au sol, etc.) (Rigaud, Dict. arg. mod.); γ) 1886 plaquer qqn contre, sur qqc. (Loti, Pêch. Isl., p.127); δ) 1900 rugby, trans. (L'Auto-vélo, 19 nov. ds Petiot); c) 1838 plaquer un accord (Berlioz, Beethoven, Paris, 1941, p.69); 3. a) 1505 «appliquer (une chose plate) sur une autre» (Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France, t.28, 1901, p.186); b) 1676 «faire un placage de bois précieux sur du bois ordinaire» (Félibien, p.186); c) 1690 «appliquer (une feuille de métal, etc.) sur quelque chose» (Fur.); 1798 plaqué masc. «métal recouvert d'un autre plus précieux» (Ac.); d) 1829 plaqué «surajouté de façon peu naturelle» (Sainte-Beuve, Corresp., t.1, p.128); 4. 1544 «abandonner quelqu'un, quelque chose» (Calvin, Instruction contre les anabaptistes [VII, 82] ds Hug.). Empr. au m. néerl. placken «enduire, rapiécer, coller».
       Déverbal de plaquer*. Plaque «petite monnaie de Flandre» (1425 ds Gdf.) était empr. au m. néerl. placke «id.».
    pleurnicher et pleurnichard    1739 (Caylus, Les Ecosseuses ds OEuvres badines, t.10, p.551). Prob. altération, par dissimilation des deux consonnes labiales, du norm. pleurmicher «pleurer pour peu de chose» (L. Du Bois, J. Travers, Gloss. du pat. norm., Caen, A. Haudel, 1586), comp., en vue d'un renforcement expr., de pleurer* et du norm. micher «pleurer, pleurnicher» (att. ds Du Bois, op. cit., Moisy, Duméril); cf. antérieurement dans un passage burl. géneral pleure-miche (ca 1660, Suite du Virgile travesti de Scarron, éd. V. Fournel, livre X, p.364; v. aussi Sain. Sources t.2, p.326 qui imprime à tort pleure-niche). L'orig. du norm. micher n'est pas élucidée, v. FEW t.22, fasc. 140, p.59.
        1. 1774 pleurnicheur (Diderot, Lettre à Mlle Volland ds OEuvres compl., éd. J. Assézat et M. Tourneux, t.19, p.352); 2. 1878 pleurnichard (J. Vallès, Le Voltaire, 8 août cité ds Annuaire de l'Univ. de Sofia, Fac. des lettres, 1970, p.41). Dér. de pleurnicher*; suff. -ard* et -eur2*; cf. pleurnicheux, pleurnicheuse 1808 Hautel.
    pleutre    Prob. empr. au flam. pleute «chose sans valeur, chiffon; coquin, vaurien», le mot est att. dans les parlers du Nord et du Nord-Est au sens de «lâche, homme sans capacités».
    ploc (laine de vache, chèvre)    Empr. au m. néerl. plock «flocon».
    pluches     1. art culin. 1814 sauce pluche (Cuisin. impérial. loc. cit.); 1861 consommé à la pluche (Carnet, Le Cuisinier modèle, p.66); 2.a)arg. milit. 1908 (d'apr. Esn.); b) 1935 peluches «épluchures de légumes» (G.Dumont, Pt dict. ou rec. de mots, noms et termes en usage à Bourbon). Forme fém. du norm. pluc «épluchure, ordure» (La Muse Normande de David Ferrand, éd. A.Héron, I, 12, 24), déverbal de l'anc. verbe peluchier «éplucher» (éplucher*, peluché*) cf. aussi l'a. pic. peluc subst. masc. «ce qui reste du grain après qu'il a été vanné» (1253 doc. ds Gdf.).

  • PO

    pogner, poigner    attest. a) 1582 poigner «toucher avec le poing, empoigner» (Ch. et privil. des .XXXII. mét. de la cité de Liège, p.81 ds Gdf.) −xviies. dans le domaine wallon, v. Gdf. et a survécu dans certains parlers région. au sens de «prendre à pleines mains, prendre violemment», v. FEW t.9, p.515, b) 1935 arg. se pogner «se masturber» (Lacassagne, Arg. «milieu», p.259); de pogne arg. «main», v. poigne, d'origine lorraine.

    poignard    Ca 1460 poignart «sorte d'arme» (Villon, Ballade de fortune, 34 ds Le lais Villon et les poèmes variés, éd. J. Rychner et A. Henry, t.1, p.65, v. aussi note, t.2, p.103); 1611 coups de poignard «paroles blessantes» (Larivey, Constance, III, 6 ds Anc. théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t.6, p.253). Réfection, par changement de suff. (et peut-être par infl. de termes comme hansart «couperet», v. FEW t.16, p.140), de l'a. m. fr. poignal, poignel adj. «qu'on tient dans la main, qu'on manie avec le poing (d'armes, de projectiles)» (ca 1165, Benoît de Sainte-Maure, Troie, 20073 ds T.-L. −1498 pierre poignal, v. Gdf.), et subst. «poignée d'une épée» (xiiies., Robert de Boron, Merlin, éd. A. Micha, p.275 −1358, v. Gdf.), att. dep. le xives. au sens de «poignard» (1364 poing[n]al dans un texte lat., 1412 poingnel, v. Gdf.); poignal remonte à un adj. lat. pop. *pugnalis «qu'on manie avec le poing» dér., sur le modèle de manualis «qu'on tient dans la main», de pugnus «poing».
         Froissart utilise puignis, poigneis pour poignard dans ses Chroniques (cf. Godefroy).

    polder    Empr., unerefois au m. néerl. polre, polder (1), puis au néerl. polder (2), FEW t.16, p.644a.

    polochon    Orig. obsc. Un empr. au m. néerl. poluwe, néerl. peluw, proposé par FEW t. 16, p. 644 supposerait  soit que le mot soit bien plus anc. en fr., soit qu'il ait été pris au xixes. comme Wartburg, loc. cit., le suppose, à  une forme dial. ayant gardé le -o- du m. néerl. poluwe.

    pommage     subst. masc.,agric., région. a) ,,Cru du cidre ou production de cidre en Normandie`` (Fén. 1970). Georges (...) me fit part de ses ambitions électorales, se plaignit du pommage de l'année (Coppée,Contes en prose, 1882, p.189).b) Nom qu'on donne en Normandie aux diverses variétés de pommiers. Un pommage précoce. (Dict. xixeet xxes.).
        Cru de cidre. Un des meilleurs pommages de Normandie. Production de cidre. Le griset dont les branches filent en l'air presque parallèlement au tronc, et qui d'ailleurs est un pommage énergique et vineux, Avranchin, 22 mars 1868. (Littré).

    pomme de terre    1 est comp. de pomme* A 2 a, de de* et de terre* sur le modèle du lat. malum terrae, terme désignant le cyclamen (Pseudo-Apulée; Oribase), l'aristoloche (Pline, 25, 95), la mandragore (Isidore; Pseudo-Dioscoride, André Bot., p.198) et un tubercule −ou une sorte de courge −(s.d. Collectio salernitana, II, 87 ds Nov. Gloss., s.v. malum). Étant donné que la pomme de terre, venue des Andes du Chili et du Pérou, répandue en Allemagne, via l'Espagne et l'Autriche, dep. la fin du xvies., a pénétré en France par les régions de l'Est, il est probable que 2 s'est formé indépendamment de 1, qu'il a supplanté, comme calque du néerl. aardappel ou de l'all. dial. Erdapfel «pomme de terre», termes désignant antérieurement diverses plantes à racines tubéreuses ou à gros fruits ronds (cf. le m. néerl. erdappel «racine de mandragore», l'a. h. all. ertapfel ,,pepo, pomum in terra crescens'', erdaphel ,,terre malum'' d'apr. E. Björkman, Die Pflanzennamen der altdeutschen Glossen ds Z. für deutsche Wortforschung, t.3, 1902, p.285), l'all. ayant désigné le solanum tuberosum esculentum dep. le xviies. et demeurant dans les dial. de l'Ouest et du Sud, v. Paul-Betz, s.v. Erdapfel; Kluge20, s.v. Kartoffel. Le sens 2 s'est généralisé dans la seconde moit. du xviiies. avec l'action de l'agronome philanthrope A. Parmentier, qui, à partir de 1773 (Examen chimique des pommes de terre), s'efforça de répandre en France l'usage du nouveau tubercule dont il avait étudié les propriétés alimentaires durant six années passées en Allemagne. Sur l'appellation de la pomme de terre dans le domaine gallo-rom., v. ALF, carte 1057; Roll. Flore t.8, pp.106-107; A. Litaize ds Mél. Lanly, pp.571-575; v. aussi patate et truffe (cf. m. fr. cartoufle 1600 O. de Serres, Theatre d'agriculture, Paris, Jamet-Métayer, p.563; suisse alémanique Cartoffel, all. Kartoffel; FEW t.13, pp.386b et 387b-388b).
        Origine néerl. pour Henriette Walter.

    pompe (appareil destiné à faire circuler un liquide), pomper, pompiste    Prob. empr. au m. néerl. pompe, de même sens (att. dep. 1463 au sens de «conduite d'eau souterraine», dep. 1556 au sens 1 a du fr.), prob. d'orig. onomat. (FEW t.16, p.645b; Valkh.; De Vries Nederl.). Cf. aussi l'angl. pump «pompe», att. dès ca 1440 (NED). Au sens 1 c, calque de l'angl. heat pump (dep. 1894 ds NED Suppl.2).

    poquer    Empr. au flam. pokken «frapper» (FEW t.16, pp.642-643).

    porion    1775 (doc. 17 nov., Aniche ds A. de Saint-Léger, Les Mines d'Anzin et d'Aniche pendant la Révolution, t.2, 1re part., p.22). Prob. issu par aphérèse (due à l'infl. du flam. porion «poireau») de caporion, att. dans le Borinage au sens de «chef d'escouade» av. 1714 (d'apr. G. Decamps, Mém. hist. sur l'orig. et les développements de l'industr. houillère dans le bassin du couchant de Mons, Mons, 1880, t.1, p.194; cf. caporion «chef de troupe» en 1549, Rabelais, La Sciomachie, ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.3, p.399; v. Ruelle, p.158 et J. Pohl ds Fr. mod. t.31, p.304), empr. à l'ital. caporione «chef de bande» (dep. 1586, G. de Ricci), d'abord «chef de quartier» (dep. av. 1380, Ste Catherine de Sienne d'apr. Cort.-Zolli), comp. de capo «chef» et de rione «quartier». L'hyp. qui fait de porion un empl. métaph. du mot artésien et pic. porion «poireau» (A. Duraffour ds Mél. Jud (J.), Genève-Zurich, 1943, p.381, note 1; Bl.-W.3-5), aussi «verrue» (Guir. Lex. fr. Étymol. obsc.) est moins vraisemblable.

    pot (cible dans un jeu de billes ou balle)    Empr. au m. néerl. pot att. au sens 1, issu de pot «pot, marmite», v.  pot1. Le sens 4 est déjà att. en 1927-31, en wallon (v. B. du dict. wallon, t.16, p.32).

    potasse (hydroxyde de potassium)    Empr. au néerl. potas, comp. de pot «pot, marmite» et de as «cendre».
    potassium    Mot forgé en 1807 par le chimiste angl. H. Davy (Philosophical transactions, t. 98, 1808, p. 32: potasium; p. 336: potassium) sur l'angl. potash, potass «potasse», avec le suff. -ium des noms de métaux. La trad. fr. de l'art. angl. de H. Davy a paru en 1808 dans la Bibl. britannique (cf. supra), puis dans les Ann. chim. et phys., t. 68 (potasium, p. 254).

    potequin    potkin, poetkin, potdequin, s.m. dimin. de pot. Et encore au XVIIIe s. dans des textes du Nord. Picard, Montois, potequin, petit pot. Petit bateau chez Godefroy.

    potin    Empr. au norm. potin «commérage» (1625-55, David Ferrand, Muse normande, éd. A. Héron, t.1, p.5), déverbal du norm. potiner «bavarder» (sans doute déjà en usage vers 1800 d'apr. FEW t.9, p.270b, note 20), prob. issu du subst. norm. potine signifiant «chaufferette» (id.) et dér. de pot1*, en raison de l'habitude qu'avaient les femmes, lorsqu'elles se réunissaient en hiver pour causer, d'apporter leurs chaufferettes (potines). V. FEW t.9, p.265b et p.270b, note 20.
        Hécart donne potin, petit pot.

    pouhon (source d'eau ferrugineuse)    Mot dial. de l'Ardenne septentr. issu, par croisement avec le verbe liég. pühi, pūhī « puiser » (v. FEW t. 9, p. 627b), du lat. potionem « boisson » (v. poison et potion). On note également, en a. pic. et a. wallon, les formes pop. puison (ca 1200, Naiss. du chev. au cygne, Elioxe, éd. E. J. Mikel, 1960 ds The Old French Crusade Cycle, t. 1, p. 44 : puisons saint Rumacle) et poison (2emoit. du xiiies., Gautier le Leu, Du C., 147 ds Le Jongleur Gautier le Leu, éd. Ch. H. Livingston, p. 242 : poisons [de Blanchement]). V. FEW t. 9, p. 256a et M. Piron ds Mél. de ling. fr. offerts à Ch. Bruneau, Genève, E. Droz, 1954, p. 203.

    pouliche    Mot dial. pic. ou norm., terme d'éleveur, qui a remplacé pouline 1664 (Solleysel, Le Parfait Mareschal..., p. 501) fém. de poulin, var. de poulain* (v. pouliner), p. altér. d'apr. la forme normanno-pic. geniche de génisse (v. ce mot).

    pour + pronom personnel + verbe infinitif   
    - Pour elle y aller dîner dimanche qui vient
    - Tu t’ rappelles-ti au moins qu’ c’est elle qu’a vnu pour elle nous dire bonjour
    - l'expression du sujet dans les constructions infinitives : PIC vlo in.ne pème pour ti l'mier = FR littéralement voici une pomme pour toi la manger).
    il veut comme pour    on dirait que, être près de (en allemand, es scheint wie...). En wallon : "j'esteus comme po mori" (j'étais près de mourir)(Jean-Laurent Micheels, Grammaire élémentaire liégeoise, F.Renard, Liége, 1863, p.81)

     

    verbe pouvoir : je peux. o bref latin est devenu eu ou au en picard.
    POUVOIR (v. fo.), posse.
        Ce verbe a eu pour formes infinitives : poor, pooir, (= potere), en Bourgogne et dans le sud de la Picardie ; puer, poer en Normandie ; poeir, dans les dialectes mixtes ; poir, dans le nord-est de la Picardie.
        Toutes ces formes syncopent le t latin ; plus tard, on le remplaça par v, pour faire disparaître le hiatus qui résultait de la contraction du radical. Cette intercalation du t ne se montre que fort tard dans le XIIIe siècle, et encore les exemples n'en sont-ils pas communs ; sans compter qu'il est quelquefois assez difficile de décider si l'on doit lire u ou r. Quant à moi, je pense que l'ou des manuscrits est, dans la plupart des cas, un simple assourdissement de l'o, et non pas notre ov.
         On a déjà vu plusieurs fois que la première personne du singulier du présent de l'indicatif des verbes forts ne correspondait pas aux autres formes renforcées. Tel est encore le cas pour la première personne du présent de pooir : puis.
        Puys ou puis était la forme primitive de la Bourgogme et de la Picardie. Au lieu de puis, on a écrit quelquefois put (Villeh. 451e) et, vers le milieu du XIIIe siècle, on remplaçait ordinairement en Bourgogne le s par x. (Voy. Substantifs t.I, p.95.)
         La Normandie avait puus, pus ou puz ; et par la raison que j'ai donnée à l'occasion du présent de trouver, puis devenait pois dans les dialectes soumis en partie à l'influence normande.
         La seconde et la troisième personne du singulier, et la troisième du pluriel du présent de l'indicatif de pooir, renforçaient régulièrement l'o en ue, dans la Bourgogne et la Picardie : pues (plus tard puez, en Bourgogne), puet, pueent, qu'on écrivit souvent puent, au XIIIe siècle, rejetant ainsi l'e de la diphthongaison.
        La Normandie propre avait à ces mêmes personnes : puz, put, puent ; formes qui devinrent poz, pot, poent sur les confins de cette province, au nord et au sud. Ces formes en o avaient pénétré, à la fin du XIIIe siècle, jusqu'au centre de l'Ile de France. Enfin, de même qu'on vient de voir pois pour puis, on trouve poet au lieu de puet. Je n'ai rencontré nulle part poez pour puez ; on évitait probablement cette forme, parce que, dans les dialectes mixtes, elle aurait été tout à fait semblable à la seconde personne du pluriel.
    Grammaire de la langue d'Oïl, ou Grammaire des dialectes ..., Volume 2
    Par Georges Frédéric Burguy, 1882, p.46