• Définition : faire endêver, faire enrager, contrarier, fâcher

    Prononciation : le CNRTL note les prononciation [ãdεve] ou, par harmonisation vocalique malgré l'accent circonflexe, [ãdeve]. je n'ai jamais entendu que la prononciation [ãdəver] ou [ãdever]. En Picardie, on peut entendre [ãdeve].

    Répartition : Nord-Pas-de-Calais, Picardie
      

    Dérivés : la forme intransitive n'est pas employée

    Origine : 1680 faire endéver (Pierre Richelet). Dérivé de l'ancien français desver, derver « devenir fou, enrager » attesté depuis le Xe s. et que la plupart des étymologistes s'accordent à rattacher à l'ancien français resver (v. rêver) sans que le problème de l'origine des deux formes resver et desver ait été résolu de façon décisive. L'hypothèse la plus vraisemblable, bien que manquant de preuves philologiques suffisantes, est celle d'une formation à partir du lat. vagus « vagabond, errant » à partir duquel on suppose le dérivé *evagus renforcé en *exvagus en latin populaire et parallèle au verbe correspondant *exvagare postulé par l'ancien français esvaiier « errer » ; à partir de *exvagus est supposée une série *esvo adj., *esvé part. passé, et *esver verbe (refaits sur le type *esvo parallèlement aux formes régulièrement issues de *exvagare) dont desver et resver représenteraient les formes préfixées. Pour J. Jud, la forme derver ne serait qu'une variante dialectale de desver (cf. varlet et merler pour vaslet et mesler) comme semble le confirmer la localisation dans les dialecte moderne de enderver et endêver.
    https://www.cnrtl.fr/definition/endever

    Exemple :
        Ce soïeux n'arrête pas de m'faire end'ver.
        Ne vient pas ne faire end'ver !
        I m'a fait assez endever. Asteur e j'va in profiter. (Robert FLORIN-Lille-Picardtext)
        Cho foit èndéver sèn mari. (Robert (de) GUYENCOURT-Amiens-Picardtext)


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  • Définition : scieur (de long) et faucheur, par extension un cerf-volant (l'insecte Lucanus cervus), un casse-pied


    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais, Picardie
       

    Dérivés : soïer (scier), soïore (scie), soïette et soïelette (petite scie), soïache (sciage), soïure (sciure, endroit où l'on a scié)

    Origine : Du latin classique sĕcare « couper, découper » d'où les formes d'ancien français seier, soyer (seyra) que l'on rencontre encore dans les patois (FEW t. 11, p. 363b, 364 et 366) ; sier s'est développé en ancien et moyen français d'après les formes accentuées et le substantif scie ; le c, introduit dans l'orthographe d'abord dans le substantif scieur pour le distinguer de sieur « seigneur », v. ce mot (FEW loc. cit., p. 371, note 1) a été étendu au verbe seulement au XVIe siècle, en particulier aussi pour rappeler le verbe latin. Le sens 1 a existait déjà en latin dans l'expression pabulum (« fourrage ») secare et s'est conservé encore actuellement dans les dialecte (FEW, loc. cit., p. 363b et 364) ; cf. aussi l'ancien provençal segar, ca. 1140 (Trad. du Code de Justinien, fol. 17 ds Rayn.) et l'italien segare, XIIIe siècle (DEI).
    https://www.cnrtl.fr/definition/scier

    Le sens de "personne ou chose désagréable ou ennuyeuse" et de "phrase, moquerie, farce faite pour scier, exaspérer quelqu’un" existe en français depuis 1800 environ.

    Exemple :
        Vlà l'cas, dit l'avocat, vlà l'noeud dit l'soïeux : l'affaire se corse, tomber sur un os (dans Gabriel A. Hécart, Dictionnaire rouchi-français, 1834).
          Té m’soie l’dos avec eune late, dit-on à un importun, à un ennuyeux ()
        Il s'agit également d'un objet emblématique des estaminets. Un site lui est consacré : http://lesoyeu.free.fr/
    Suivant MAES, LEON 1898-1956 : Pantin que les tenancières de café faisaient balancer au bord du comptoir pour prévenir la clientèle attardée que l’heure de fermeture était proche ou que la conversation oiseuse ferait bien de cesser. En flamand, il s'appelle zoegeman (zoegemanneke, zageman ou zagmanneke)

    soïeux (un)

    source : http://lesoyeu.free.fr/


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  • Définition : fumée


    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais, Picardie
        Fumière se retrouve aussi, comme dans les dialectes voisins (wallon, lorrain, normand), ou funmée, feumée, ou fémée (équivalent au français fumée).

    Dérivés : funquer/finquer, funqueriau, funqueron (charbon fumant), funquière (endroit plein de fumée)
    Défunquer (décéder. mourir) vient du latin defunctus (cf. le français défunt).
     

    Origine : Alors que le français descend du latin classique fumare, le picard descend du latin vulgaire fumicare/fumigare (faire, émettre de la fumée) ou fumificus (qui donne tardivement fumiger en français). On trouve en portugais également fumegar, en italien affumicare et en roumain a fumega.

        On fait remonté le terme anglais funk à cette même racine :
    "bad smell," 1620s, probably from the verb funk in the sense "blow smoke upon; stifle with offensive vapor" (though this is not recorded until later 17c.). It is from dialectal French funkière "to smoke," from Old French fungier "give off smoke; fill with smoke," from Latin fumigare "to smoke" (see fume (n.)).
    In reference to a style of music felt to have a strong, earthy quality, it is attested by 1959, a back-formation from funky.
    https://www.etymonline.com/word/funk

    funky (adj.)
    1784, "old, musty," in reference to cheeses, then "repulsive," from funk (n.2) + -y (2). It began to develop an approving sense in jazz slang c. 1900, probably on the notion of "earthy, strong, deeply felt." Funky also was used early 20c. by white writers in reference to body odor allegedly peculiar to blacks. The word reached wider popularity c. 1954 (it was defined in "Time" magazine, Nov. 8, 1954) and in the 1960s acquired a broad slang sense of "fine, stylish, excellent."
    https://www.etymonline.com/word/funky
     

    Exemple :

        Finquer com' eune quémininée : fumer (du tabac) comme une cheminée (en français l'expression est  fumer comme un sapeur, mais en portugais, l'expression idiomatique est fumar como uma chaminé).


        C'était l'enseigne d'une ferme-auberge du Faubourg Saint-Maurice :

    funquée/finquée (une)

     Il a notamment inspiré le chansonnier Desrousseaux dans "Histoire de P'tit-Price et d' Mariann'-Tambour" dont voici un extrait :

    "Tous les dimanche' à La Funquée,
    (Ch'étot l'pus biell' guinguett' du temps),
    Avecque s' maitress' bien r'quinquée
    P'tit-Pric' faijot l' Roger-Bontemps."
    https://www.lilledantan.com/funquee.htm


    La rue Carrière de la Funquée à Saint-Maurice Pellevoisin rappelle son existence.
     

    5ème couplet de "L' canchon d'Estaires"

    Pour aller à Béthune
    In avot in tramoué
    Mais pour nous faire endéver
    Y faijot del finquée
    Pour monter ch'pont de la Meuse
    Vous l'avez tartous vu
    Y devot prenne des pintes
    In sortant del grand rue.

    https://www.estaires.com/patois/canchon.htm


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  •     On peut s'étonner que le mot soit féminin en picard alors que huis est masculin en français.
    Louis Vermesse
    Joseph Desiré Sigart
    - http://www.chticoin.com/dico.pdf
    - https://fr.wikipedia.org/wiki/Patois_marnais
    - i s'artrouve tout nu pa d'vant es n'huche freumée (Valenciennes Collectif - Picartext)
    - Aussi râte l'huche introuverte, v'là les deux agaces qui s'involent in intrainant leu gaïole dins les airs (Albert-Benoît HANNEQUART - Picartext)
        Seul Jean-Baptiste Jouancoux l'indique masculin, mais peut-être décrit-il le genre ancien du mot, et abbé Daniel Haigneré, qui semble aussi se rapporter à une forme ancienne (huis, hus, huys), car il ne cite que deux sources anciennes et n'emploie jamais ce mot, mais toujours porte (par ex. sur la même page, Che tien huigne à chele porte).
       Est-ce par analogie avec le féminin du français (porte et huche à pain) ?

    Définition : porte

    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais

    Origine : du bas latin ūstium, latin classique ōstium « entrée, ouverture » (huis en français) ; H- graphique a été utilisé pour indiquer la valeur vocalique de u- (uche est aussi "où est-ce" et "eusse"). A presque complètement évincé le latin janua « porte de la ville » et fores « porte de la maison » en protoroman, mais a cédé à son tour la place en français devant porte (latin porta « passage sous les remparts de la ville »), évolution amorcée dès le Moyen-Âge.

    En picard du sud et en boulonnais, hu(s) semble avoir cédé à porte ou à seu (seuil). On ne le retrouve ni chez Alexandre Desrousseaux, ni chez François de Cottignies, dit Brûle-Maison, ni chez Jules Mousseron. Louis Brébion indique dans son Étude philologique sur le nord de la France (Pas-de-Calais, Nord, Somme)(1907), "mot presque perdu mais conservé dans le dicton : i faüt mius éte à che fu qu'à chl'hu, il fait meilleur au feu qu'à la porte.

    Exemples :
    - mettre/foutre/envoyer à l'uche : jeter à la porte et par extension, mettre à la poubelle (Hécart indique "à l'uche", terme dont on se sert pour chasser un chien)

    - Mais, Noeux-les-Mines, donn'e me eun'e muche / Avint qu'el ciel m'invot à l'uche (Nord-PdC Collectif - Picartext)

    - Noss't homme qu'est cor assez couyon, / Toctée à l'huche d'on air bonasse. / « Intrez ! ». Vèyant qu'on li respond, /V'là l'aute qu'interre dins l' pitite place. (Li Perroquet, in Louis Loiseau (de Moignelée, entre Charleroi et Namur), Echos de Terroir, 1897)

    - Ah oui, dans l'bon temps, on venait à l'maison, on avait des douceurs pou' la vieille, on savait bien qu' c'était chez elle comme chez l'bon Dieu et qu'y n'y avait personne pou' regarder par l'trou de l'huche. (Camille Lemonnier, Un mâle, chap. XXXII, 1881).


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  • Définition :

    (1)   bouillie de farine, de lait (battu) et de sucre

    (2)   bonne chère, bombance

    (3)   cuite, beuverie

    (4)   école buissonnière

    Dérivé : guinser, faire (une) guinse, étre in guinse

    Répartition : Belgique, Nord-Pas-de-Calais (en néerlandais, on appelle la bouillie de farine bloempap).

     

    Origine : Proche du terme guindaille, il proviendrait du francique °winst, « bénéfice, profit, gain ». De là, le sens de bonne chère, et d’excès de bonne chère ou de boisson.

     

     

    Exemple :

        Un jour au soir, Magrite était occupée à faire, pour le souper, une marmitée de guinse à cavrons [petite prunes aigres]. Jéjeph fumait tranquillement sa pipe et attisait le feu de temps en temps ; il touillait aussi le guinse lorsque sa femme avait besoin de quitter la louche pour vaquer aux occupations du ménages.

    Le loup et le boquillon,
    conte en patois par Mlle Pélagie Part, d’Herlin-le-Sec
    in Contes du pays de Saint-Pol, Revue des traditions populaires (Tome XIX, N° 2, Février 1904)
    source : gallise (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58334944)

     

        La messe finie, ils enlevaient bandages & bandeaux, jetaient loin d'eux béquilles & béquillons; & faisaient une guinse, je veux dire une noce, que le diable en prenait les armes. Et c'est pourquoi on n'appelait jamais le pèlerinage de Saint-Calixte autrement que la procession des Réjouis.

    Charles Deulin, Contes d'un buveur de bière
    Librairie internationale (Paris), 1868, p.316
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5471441h) 

     

        A la vue de ce vieux soldat qui mordait à même d'un bel oson de la Saint-Martin, ils s'arrêtèrent.
        — Quelle guinse ! s'écria l'un d'eux.
        Ce qui chez nous se dit pour : « Quelle chère ! »
        — Vous voudriez bien en tâter, hein, fieux ? Leur répondit La Ramée.
        — Ça ne serait pas de refus, notre bourgeois, répliqua l'autre.

    Charles Deuli, Contes du roi Cambrinus
    E. Dentu (Paris), 1874, p.130
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57257110)

     

        Il arrive à s'cuijenne , et y vot chelle tabe aveu des verres d'sus et arringée comme pou faire eune guinse : y d'mande par queul hasard tout cha et si chés filles qu'y n'ont point r'chu quéqu'un pindant qu'il étot in allé.

    Louis Dechristé, Souv'nirs d'un homme d'Douai de l'paroisse des Wios Saint-Albin
    Impr. de A. d'Aubers (Douai), 1857-1861, p.250
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6527379j)

     

        Travaillant ferme, il s'égayait de même. La journée finie, si d'aventure il faisait la rencontre d'un joyeux drille, il avait tôt fait de héler un bambin, à qui il confiait son cheval et sa charrette :
        — Gamin, vos direz à m' femme, qué j'sus in guinse éié qué j' m'inrirai quand j'n'arai pu d' liards.
        Le brave meunier rentrait à l'aube, les poches vides, ainsi qu'il l'avait dit.

    Marc David, Le Moulin Tablette à Maubeuge
    article Le Grand écho du Nord de la France, 30 octobre 1913, p.2
    source : gallica (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4762937w)

     


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