• RE

    rébellion    Ca 1250 [ms. fin xiiie s.] Lille « action de se révolter contre une autorité » apierte rebellion (ds Statuts d'hôtels-Dieu, éd. L. Le Grand, Paris, 1901, p. 89); spéc. 1664 dr. pénal faire rébellion (Molière, Tartuffe, V, 4); 2. 1326 « ensemble de rebelles » abattre la rebellïon (Vie de St Grégoire, 1348 ds T.-L.); 3. 1370-72 fig. « refus de se soumettre » (Oresme, Ethiques, I, 21, éd. A. D. Menut, p. 144, note 7: en celui qui est fort, yre, couardie, hardiesce ne font nulle rebellion contre raison). Empr. au lat. rebellio « reprise des hostilités; révolte ».

    rebiquer    1933 part. prés. adj. (A. de Châteaubriant, Réponse du seigneur, 239 ds Fonds Barbier: cheveux tirés sur le plat des tempes, et allongés jusque vers l'occiput où ils étaient tassés en une petite queue rebiquante); 1945 fig. trans. « hérisser » (Sartre, loc. cit.); 1954 intrans. « se dresser, se retrousser (de quelque chose) » (Beauvoir, loc. cit.). Orig. obsc.; prob. d'orig. dial., cf. en 1834 le rouchi rebiquer « faire dresser quelque chose, le faire tenir raide » (Hécart), biquer « se dit de tout ce qui est saillant » (ibid.), dér. de bique* au sens dial. de « corne » d'apr. Dauzat 64-73.

    rébus     B. Av. 1535 « jeu d'esprit consistant en mots, lettres, objets figurés qui évoquent par homonymie un mot ou une phrase à deviner » rebus de Picardie (Cl. Marot, 2e Coq a l'asne, 129 ds Œuvres, éd. C. A. Mayer, t. 2, p. 128: Une estrille, une faulx, ung veau, C'est à dire estrille fauveau, En bon rebus de Picardie [allus. au Roman de Fauvel, xive s., dont le personnage principal, le cheval Fauvel, dispense tous les biens à ceux qui l'étrillent; v. aussi éd. C. A. Mayer, note 3]). De rebus, ablatif plur. du subst. lat. res « chose », le point de départ de l'appellation étant controversé. D'apr. FEW t. 10, pp. 287b-288a, parce que ce jeu a d'abord consisté à représenter un mot, une phrase à deviner, par des dessins (rebus, p. oppos. à litteris); cette explication ne rend cependant pas compte du fait que A 1 ne semble pas supposer de représentation fig. L'explication de Mén. 1650 prenant comme point de départ rebus de Picardie (parce que dans cette province les clercs de la Bazoche lisaient dans les rues lors du Carnaval, des libelles ,,de rebus quae geruntur'' − qui pouvaient comporter des équivoques), est écartée avec raison par FEW, loc. cit., l'expr. étant postérieure à l'apparition du mot, rebus de Picardie, d'Arras (Hug.) s'expliquant par une particulière faveur de ce jeu d'esprit en pays pic. Compte tenu de son sens init. [A 1], rebus serait pour Guir. Étymol. obsc., une forme de rebours*, également rebous en a. fr. (1268 Claris et Laris, 26589 ds T.-L.: a rebors rime avec estous; xiiie s. rebous « émoussé » ds Gdf.) empl. subst. au sens de « contrepied, contraire de ce qui devrait être », relevé au xviie s. au sens de « devinette » (FEW, loc. cit., p. 137b), le sens B « rébus en images » étant une accept. second., facilement reliée au lat. rebus (prononcé rebous); cette hyp. se heurte cependant au fait que dans les premiers ex., rebus rime avec abus et imbutz (supra A 1).
         Le mot "rébus" vient de France. A une certaine époque, des clercs de notaires picards ont donné des spectacles sarcastiques en posant des devinettes sous forme d’images. Ils les appelaient De rebus quae geruntur, ce qui signifie en latin: "A propos de ce qui se passe". Au cours des deux derniers siècles, les rébus sont devenus des tests d’intelligence dans les livres pour enfants. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Rébus)
        Sur la façade de l'hôtel de ville de Saint-Quentin, on trouve un rébus sur la date de sa construction, ce rébus est signé Charles de Bovelles (savant, écrivain, habile mathématicien, géomètre, philosophe, théologien, et grammairien). Cf. p.138 note 1, Battard, Beffrois, Halles, Hôtels de Ville
        Les rébus sont étudiés dans le Tome IV des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie, 4e série, 1903, (p.499-700)[http://www.archive.org/details/memoirespicardie34soci]

    rébus : Devinettes
    Haüt montay
    Court vétu
    Douche conme cranme
    Amér conme sine ?
    Réponse : La noix.

    Tété de bô, boyau d'étoupe, panché de cailleüs ?
    C'est un puits.

    Quoy que ch'ést le pus crôs de nou mason ?
    C'est la bouteille à l'huile (à brûler).

    Breunnète vô, Breunnète vient
    Et Breunnète racourche toudis sen loyen.
    Réponse : L'aiguille.
    L.Brébion, Etude philologique sur le nord de la France, p.187

     

    rechigner, requigner    1. Ca 1155 trans. reschinner denz « montrer les dents en grimaçant, grincer des dents » (Wace, Brut, 1137 ds T.-L.); 2. a) ca 1175 intrans. « montrer les dents en grimaçant » (Benoit, Chronique Ducs Normandie, 30703, ibid.); b) 1176-81 rechigné « grimaçant » (Chrétien de Troyes, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 5149); ca 1200 rechigner « montrer, par l'expression de son visage, sa mauvaise humeur, sa répugnance » (Chevalier au cygne, 89 ds T.-L.); 1798 rechigner à (Ac.). Dér., à l'aide du préf. re-*, d'un verbe non att. à date anc. *chignier (v. cependant chigner), issu de l'a. b. frq. *kι ̄nan « tordre la bouche », cf. le m. néerl. kinen « fendre, ouvrir (la terre, en parlant de la sécheresse) » et l'a. h. all. kînan « s'ouvrir, éclater » (FEW t. 16, p. 324). Cf. chigner
        "Or s'en vont eskignant, truffant, riant, disant [les séculiers] : "Chis bobus trop bien sanle li fieuls d'un paysant." (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 108)

    regretter    Étymol. discutée, v. FEW t. 16, p. 53b-54a et P. Skårup ds St. neophilol. t. 37, 1965, pp. 45-50 et t. 41, 1969, p. 25-30. On a voulu y voir une orig. lat. (la dernière hyp. étant celle de H. Meier ds Arch. St. n. Spr. t. 117, 1965-66, p. 266-269, qui propose un lat. *requĭrĭtāre, dér. à itératif double de quĕrι ̄ « se plaindre »), mais les étymons lat. présentant de graves difficultés, il vaut mieux accepter un étymon germ. pourvu du préf. re- prob. tiré p. anal. d'autres nombreux verbes de la vie affective et intellectuelle (repentir, remembrer, recorder, etc.). Wartburg propose l'a. scand. grāta « pleurer » (apparenté aux got. gretan « id. » et m. h. all. grāzen « id. ») dont le résultat regreter au lieu de regrater (forme rarement att., en a. fr.: ca 1180 « se livrer à des lamentations » Guillaume de Berneville, Gilles, 3562 ds T.-L.) fait difficulté; Wartburg l'explique comme acheter* en face de achater. Pour aboutir à regreter, Skårup propose de partir d'un a. b. frq. *greotan « pleurer » (d'apr. l'ags. gréotan « pleurer » et l'a. sax. griotan/greotan « id. »).
        Regret ; wallon, rigreté ; génev. regretter une chose à quelqu'un, la lui envier ; prov. regretar, dans Gir. de Ross. p. 294. (Littré).

    relayer    Formé de re-* et de l'anc. verbe pic., wall. et lorr. laier « laisser » (fin xiie-déb. xves.) d'orig. discutée, mais prob. sans rapport étymol. avec laissier; peut-être d'un frq. *laibjan (cf. a. h. all. leiben « laisser »), v. H. Stimm, Philologica Romanica, 383 et aussi 376, n. 12.

    reloqueter (B)    Av. 1812 dial. de Mons « laver le plancher avec une loque mouillée » (Ph. Delmotte, Essai de gloss. wall., 1907, v. FEW t. 16, p. 476a), v. aussi M. Piron ds Mél. Imbs, p. 303. Terme wall., dér., à l'aide du préf. re-*, du verbe loqueter « id. » (av. 1812 Mons, Ph. Delmotte, loc. cit.), lui-même dér. de loque* (relevé en Flandre fr. au sens de « lavette »); suff. -eter*; FEW, loc. cit.

    reluquer     (du néerl. par un dialecte du Nord) Ca 1730 « regarder avec une curiosité indiscrète ou avec admiration, avec convoitise » (Caylus, Le Bordel ou le Jean-foutre puni, 67 d'apr. F.-J. Hausmann ds Aufsätze zur Sprachwissenschaft, 2, 1980, p. 37, 44); 2. 1828-29 « considérer (une chose) avec convoitise; guigner » (Vidocq, loc. cit.).
        Dér., à l'aide du préf. re-*, de luquier, intrans. « regarder », trans. « id. », empr. au m. néerl. loeken « regarder; regarder en cachette, épier »; cf. aussi le dér. alukier « regarder curieusement » et warlousquier « loucher ».

    remarquer, remarque    Dér. de marquer*, préf. re-*; remarquer est la forme normanno-pic. qui a remplacé l'a. fr. remerchier (1376 « observer où une perdrix se cache après le départ » Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 116, 24), remerquer (ca 1393 « même sens » Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 159, l. 35). Les formes a. fr. ont été rapidement supplantées par remarquer sous l'infl. de marquer*, lui-même forme dial. normanno-pic. corresp. à l'a. fr. merchier « faire (sur un objet) une marque pour le distinguer d'un autre », dér. de l'a. fr. merc (v. marque).

    rémoulade    Peut-être dér. des formes pic. et wall. ramorache « raifort » (1528), ramonache (1584, De l'honneste Volupté, 60 r o ds A. Delboulle, Mots obscurs et rares ds Romania t. 34, p. 606), ramonasse « radis noir », rouchi remola « raifort gris », « radis noir » et ramolos « raifort », au suff. -asse s'étant substitué -ade, suff. cour. dans les termes culin. (v. salade, orangeade, marmelade); ces formes pic. seraient empr. à l'ital. ramolaccio, lat. armoracea « raifort sauvage », qui aurait été transmis par les cuisiniers italiens exerçant dans les régions sous domination espagnole et qui de là aurait pénétré les lang. des pays avoisinants, Belgique, Luxembourg, Flandre.

    remugle / remeugle (odeur de renfermé)    Dér., à l'aide du préf. re- marquant la durée nécessaire au processus de moisissure (cf. aussi relent), d'un mot empr. à l'a. nord. mygla « moisissure », et qui est att. vers 1330 sous la forme mugle « maladie des yeux » (Plantaire, éd. M. A. Savoie, 163, cf. Romania t. 63, 1937, p. 542).
    Provenç. remueyll, remoil ; catal. remull ; espagn. remojo ; portug. remolho. Les langues soeurs font voir que remugle, remeugle, sur lequel on aurait pu être fort embarrassé, vient de re..., et mouiller ; ce que montre aussi le poitevin remeil, remeuil, pis de la vache. Cela confirme d'autant l'étymologie de relent. Au reste ce mot (remulge) a dans Paré le sens d'humide. On dit en Normandie remucre. (Littré)

    renâcler    Altér. tardive, peut-être par croisement avec renifler*, du m. fr. renaquer (1355 renaquer arriere) « réfréner par des tergiversations » (lat. retro revocanda, Liv. II, 45,7) Bersuire, Tit.-Liv., Bibl. nat. fr. 20312 ter, fol. 44 r o ds Gdf. Compl.; av. 1555 renasquer « témoigner sa colère en ronflant, jurant » Tahureau, Prem. dial., p. 31 ds Hug., s.v. renaguer), dér. à l'aide du préf. re-*, de l'a. fr. naquier « flairer » (1260-80 pic., Guillaume d'Amiens, Dit, éd. A. Jeanroy, 135 ds Romania t. 22, 1893; encore relevé au xvie s., Hug.), nascïer « parler du nez » (fin xiiie s., Gautier de Bibbesworth, Traité, 1074 ds T.-L.), le type en [-K-] relevé bien au-delà du domaine pic. (cf. bourg. naquai) s'expliquant plutôt par une infl. des dér. du rad. nak-, de sens voisin, (m. fr. naquer « mordre (en parlant d'un chien); ronger » Cotgr. 1611; v. FEW t. 7, p. 27b) que par une ext. du type dial. Nascier est issu du lat. vulg. *nasicare, dér. de nasus, v. nez.

    renard    Empl., comme n. commun, de Renart, nom du héros du Roman de Renart, qui remonte au frq. *Reginhart. La forme latinisée Reinardus se trouve dans l'Ysengrimus de Nivardus (1151-52), précurseur du Roman de Renart (Bossuat, Le Roman de Renard, p. 68). A remplacé l'a. fr. volpil, goupil*, qui s'est maintenu jusqu'au xviie s.

    renflouer    Formé à partir du subst. norm. flouée « marée » (1604, Beaurepaire, Vicomté de l'eau de Rouen, 160 ds Romania t. 33 1904, p. 358), tiré du subst. norm. et agn. flot « marée » (v. flot1); du préf. re-*; de -en2et de la dés. -er.

    reprocher    A. Verbe trans. 1. ca 1145 « rappeler à quelqu'un quelque chose de désagréable » (Wace, La Conception Nostre Dame, éd. W. R. Ashford, 290); 2. 1170 « blâmer quelqu'un en le rendant responsable d'une faute » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 238); 3. 1339 reprocier un compte « contester » (Tabul. S. Joan. Laudun ds Du Cange, s.v. reprochare); 1538 reprocher tesmoings « refuser des témoins en alléguant des raisons » (Est.); 4. 1718 reprocher les morceaux à qqn « faire sentir à quelqu'un qu'il mange trop » (Ac.). B. Verbe réfl. 1671 (Bouhours, Les Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 135 ds Quem. DDL t. 31). Du lat. pop. *repropiare « rapprocher; mettre sous les yeux », p. ext. « remontrer, objecter », dér. de prope « près, auprès de »; préf. re- à valeur intensive, sur le modèle du lat. appropiare (v. approcher).

    reproche    1. 1100 reproce « honte, opprobre » (Roland, éd. J. Bédier, 2263); 2. ca 1165 « action de reprocher quelque chose à quelqu'un » (Benoît de Ste-Maure, Roman de Troie, 3657 ds T.-L.); 3. a) 1339 reproce « contestation (d'un compte) » (Tabul. S. Joan Laudun. ds Du Cange, s.v. reprochare); b) 1402, juin « récusation en justice » (Compte de l'hôpital St-Jacques, Arch. Tournai ds Gdf.); 1549 reproches « raisons qu'on produit pour récuser les témoins » (Est.); 4. fin xves. le chevalier sans reproche (Olivier de La Marche, éd. H. Beaune et J. D'Arbaumont, I, 90). Déverbal de reprocher*.

    requin    Orig. controversée. Peut-être de quin, forme norm. de chien (cf. chien de mer « requin », 1re moit. xiiie s., v. chien1 étymol. B 1, encore att. en Normandie, v. FEW t. 2, 1, p. 194a); FEW t. 2, 1, p. 197a, note 16 doutait de cette étymol. en raison du préf. qui présente aussi la forme ra- (Marseille ds Mistral; Wallonie d'apr. Sain. Sources t. 3, p. 418); Bl.-W.5 propose d'interpréter le préf. comme un intensif. En tout cas le mot est souvent associé à chien de mer d'où la forme rechien (1614, Yves d'Evreux, p. 132 ds Fried. 1960, p. 544) et dès 1578 requien (Léry, pp. 32-33, ibid.), puis requiem 1695 (Le Maire, p. 116, ibid.) par l'effet d'un rapprochement avec requiem* d'où l'étymol. de Huet ds Ménage 1750: « quand il a saisi un homme... il ne reste plus qu'à faire chanter le Requiem, pour le repos de l'âme de cet homme-là ».

    requinquer    Mot d'orig. incertaine, popularisé par une chanson, connue déjà au temps de François Ier, où l'on se moquait d'une vieille femme coquette cherchant à se parer comme une jeune, et dont le refrain était: « Requinquez-vous, vieille, Requinquez-vous donc » (cf. Gaultier Garguille, Chansons, éd. E. Fournier, pp. 31-34; Bayle, Dict. hist. et crit., t. 10, 1820, p. 327; O. Douen, Cl. Marot et le psautier huguenot, t. 1, p. 709). Requinquer est donné par Cotgr. comme pic., mais il était également connu en Provence et Languedoc (cf., dans la version toulousaine de la même chanson: « Requinque te vieillo, requinque te donc » 1578, Odde de Triors, Joyeuses recherches de la langue tolosaine, éd. P. Jannet, 1847, p. 23 ds G. Garguille, op. cit., p. 33. Odde de Triors définit le langued. requinqua: « s'égayer, se reverdir » [en parlant de personnes habituellement tristes et taciturnes ou de vieillards], v. aussi Mistral, s.v. requinca et requinquiha). D'apr. Bl.-W., requinquer pourrait être une altér. d'un anc. *reclinquer (dér. de clinquer, v. clinquant) qui aurait signifié « se donner du clinquant »; d'apr. Rob., on pourrait également rapprocher requinquer du m. fr. reclinquier « reborder à clin (un bateau) » 1382-84, Compte du Clos des Galées de Rouen, éd. Ch. Bréard, p. 76 et parsim.

    rescapé    1906 subst. « personne qui a échappé à un accident, un sinistre » (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 26 mai, p. 117: les rescapés de Courrières). Mot répandu lors de la catastrophe minière de Courrières (Pas-de-Calais) qui a coûté la vie à plus de mille mineurs le 10 mars 1906. Part. passé de rescaper, forme wall. de réchapper*; la forme pic. corresp. est récapé, mais c'est la forme rescapé, utilisée par les mineurs et sauveteurs belges, qui a été retenue par les journalistes.

    reverquier     FEW X lat. *reverticare, a.fr. revercher (retourner, rechercher), verchier (contrarier)
    reverquier, revertier (Variété du jeu de trictrac, où les dames font le tour du tablier pour revenir à leur point de départ)        Altér. phonét. de reverquier (1672, Mmede Villedieu, Œuvres, éd. 1702, t. 7, p. 372 ds DG), dér., à l'aide du préf. re-* indiquant la réitération, de verkier (1657, Journ. de voyage de deux jeunes Hollandais à Paris en 1656-58, éd. L. Marillier, p. 198), lui-même calqué sur le néerl. verkeerspel « id. » (v. Mél. Thomas, 1927, p. 170).

    revolin (tourbillon, changement de direction du vent lorsqu'il est réfléchi par un obstacle)    1. 1451 a. norm. le revollin des arbres « ce que le vent emporte des arbres » (Aveu de J. de la Houssaie, A.N. P 305, n. ijcxxiiij ds L. Delisle, Ét. sur la condition de la classe agric. en Normandie, p. 378) − ca 1556 à Rouen revolin au sens de « balle de blé que le vent emporte » (Discours sur les Pions ds Rec. de poés. fr. des xveet xvies., t. XI, p. 77); 2. 1609 [1reéd.] « répercussion du vent, du courant » (Marc Lescarbot, Hist. de la Nouv. France, II, 518, Tross. ds Gdf. Compl.). Mot de l'Ouest (v. Thomas (A.) Essais 1897, pp. 375-376), comp. de re- préf. à valeur intensive et d'une forme issue du lat. pop. « volimen, var. du class. volumen, v. volume; à rapprocher de l'a. prov. revolim « tourbillon » (Marcabru, Poés. compl., éd. J.M.L. Dejeanne, XIII, 18, p. 54; cf. aussi Girart de Roussillon, éd. N. Mary Hackell, 2672), de même étymol.

     

    révoquer        1. Ca 1200 revochier « faire revenir, rappeler » (Dialogue Grégoire, éd. W Foerster, p. 148, 17: lur anrmes de repons sont revochies a la char); ca 1355 revoquer (Bersuire, Tite Live, BN 20312 ter, f o114b ds Gdf.: Camillus fut révoqué de exil); 2. 1261 « annuler, déclarer nul » (Chartes et doc. poit. du XIIIes., éd. M. S. La Du, n o215, 50: que tout fust revoqué e aneenté); 3. 1404-06 « destituer (quelqu'un) » (E. Deschamps, Ballade, 1248, 9 ds Œuvres compl., éd. de Queux de Saint-Hilaire, t. 6, p. 261: Revoquez fu); 4. ca 1500 revoquer en doubte (A. de La Vigne, Voyage de Naples, éd. A. Slerca, 3383). Empr. au lat.revocare « rappeler, faire revenir; ramener à la vie; retirer, rétracter », dér. de vocare « appeler », préf. re- marquant ici le mouvement en arrière.


  • RI

    ribaud, e ; ribauder    1. a) Subst. α) masc. ca 1165 « homme débauché » ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 592: Laissiés ce truant, ce ribaut); β) fém. déb. du xiiies. ribaude « femme de mauvaise vie » (Gloss. Harley, 2742, 68 ds T.-L.); b) adj. 1391 « débauché » (Registre criminel du Châtelet, t. 1, p. 22: un ribaut putier); 2. subst. a) ca 1200 « homme ou femme qui suit l'armée en vue du pillage » (Antioche, I, 135 ds T.-L.); b) 1269-78 roi des ribauz (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 10908). Dér., à l'aide du suff. -aud*, de l'a. et m. fr. riber « se livrer au plaisir » (ca 1210, Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, II, 404 ds T.-L.), lui-même empr. au m. h. all. rîban au sens de « être en chaleur, s'accoupler », propr. « frotter », sens déjà att. par l'a. h. all. rîban.

    ribaudequin    1346 « sorte de canon monté sur roues » (Comptes comm. d'Audenarde ds Gay). Empr. au m. néerl. ribaudekijn « id. » (v. Verdam), dimin. de ribaude « canon » (1340 ds Gay), lui-même empr. au fr. ribaud, ribaude, cet engin étant confié à la garde des ribauds.

    ribote, riboter    1755 « faire la noce, mener joyeuse vie » (J.-J. Vadé [né à Ham], La Pipe cassée, 3eéd., p. 37). Prob. dér. de ribaud*; dés. -er. Un autre dér. de ribaud: ribauder « paillarder » (1260, Étienne Boileau, Métiers, 236 ds T.-L.; encore en usage au xviies., v. Gdf.), est parfois considéré comme la base de riboter qui en serait issu par substitution de suff. (v. Bl.-W.1-5et Dauzat 1938-1981).

    ricaner    Var., prob. sous l'infl. de rire1*, de l'a. fr. rec(h)aner « braire », d'orig. norm. (1121-34, Philippe de Thaon, Bestiaire, 44 ds T.-L.). Rechaner est dér. de l'a. norm. cane « dent », qui représente l'a. b. frq. *kinni « joue », v. quenotte. Voir G. Roques ds Mél. K. Baldinger, 1979, t. 2, pp. 586-587.
        Provenç. reganhar ; cat. regunyar ; espagn. regañar. Le sens propre est braire comme un âne, et montrer les dents comme un chien : de sorte que ce verbe paraît avoir une certaine analogie avec rechigner ; le fait est que Oudin dans son Dictionnaire le donne sous la forme ricagner ; il en a aussi avec l'anc. français recaner, qui a les deux sens de ricaner. Diez y voit l'équivalent du lat. cachinnare, rire à bouche ouverte, ri y étant venu à cause de l'influence de rire ; mais cela, et même le sens, fait difficulté, car ricaner n'est pas rire à bouche ouverte. Il reste fort difficile de déterminer les rapports et l'origine de rechigner, recaner et ricaner ; mais, en prenant en considération le sens, on peut conjecturer que ricaner vient de l'anc. haut-all. geinôn, ouvrir la bouche, avec re ou ri préfixe. Le bas-latin gannare, se moquer, ne va pas pour le sens ; le latin gannire, qui signifie grogner ou gémir comme un chien, n'est peut-être pas à rejeter. Le mot du Berry ricasser paraît formé de rire. (Littré)

    ricochet     Tiré de l'anc. loc. la fable du ricochet (xiiies., Biens d'un ménage, éd. U. Nyström, p. 79, 131), reprise à l'époque de la Renaissance sous la forme la chanson du ricochet (1538, Des Périers, Cymbalum, IV (I, 377-378) ds Hug.), qui désigne une ritournelle de questions et de réponses sans fin. L'orig. du mot ricochet est obsc. Un rapport avec la famille de coq, cochet (cf. xiiies. la fable du rouge kokelet, Adam de La Halle, Partures d'Adan, éd. L. Nicod, p. XI, 41-42 et l'ital. la favola ou canzone dell'uccellino « oiselet ») est possible. Le préf. ri- est p.-ê. à mettre en parallèle avec des termes pat. comme potte « cane » et ripoton « petit canard », le norm. recoquet qui se dit d'un oiseau dernier né. Dans cette hyp., ricochet a p.-ê. désigné à l'orig. un « petit coq ». Il n'est pas impossible non plus que le préf. ri- ait une valeur itér. (Pour l'hist. de ricochet, v. en partic. Romania t. 28, pp. 50-53 et Fr. mod. t. 32, pp. 286-295). L'hyp. de Guiraud Lex. fr. Étymol. obsc. 1982 selon laquelle ricochet serait formé de l'élém. ric- (riguer) « donner un coup » qui proviendrait du rad. onomat. rikk-, rokk-, et de hocher « secouer » paraît peu vraisemblable.

    rigole    1. Ca 1210 regol « partie d'un fossé où coule l'eau » (Folque de Candie, 10609, 10620 ds T.-L.); 1339 rigolle « petit conduit creusé dans une pierre, petit fossé aménagé dans la terre, qui sert à amener ou à évacuer l'eau » (Cart. de S. Jean de Laon ds Gdf., s.v. rigollas, cf. Gdf. Compl., s.v. rigole); 2. 1660 constr. (Oudin Fr.-Esp.); 3. 1667 hortic. (doc. ap. J.-J. Guiffrey, Comptes des bâtiments du roi, t. 1, p. 186). Empr. au m. néerl. regel « rangée, ligne droite », richel « fossé d'écoulement dans les étables », empr. au lat. regula (v. règle). FEW t. 16, pp. 687-688.
        le sens rigoler (rire, prob. issu d'un croisement de riolle* (dér. s.v. rire2) et de gale « réjouissance, plaisir », galer intrans. « s'amuser, mener joyeuse vie » (v. galant).) appraît plus tard.
        Galant : Part. prés. de l'anc. verbe galer « dissiper (en plaisirs) » (ca 1223, waler, G. de Coinci, Miracles de la Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 39, 128), lequel vient de l'a. b. frq. *wala « bien » (cf. m. néerl. wale, wal, wel, de même sens), d'où un dér. gallo-rom. *walare « se la couler douce ».

    ringard    (oïl du Nord) 1731 (Corneille). Empr., avec substitution du suff. -ard à la finale -èle, au wall. ringuéle, ringuèle « levier », lui-même empr. à l'all. dial. Rengel « bûche, rondin ».

    riper, ripailler (dér. de riper « gratter »; suff. -aille), ripailler, ripailleur    Prob. empr. au m. néerl. (ou peut-être déjà issu de l'a. b. frq.) rippen « tirailler, palper », var. phonét. de rîban « frotter » (v. ribaud); cf. l'a. h. all. rippeln, propr. « faire passer le lin dans un peigne de fer qui sépare la graine des tiges », le flam. rippen « ouvrir brusquement, déchirer » et le m. néerl. ribbelen « mettre en mouvement, tirailler, palper ».

    risban (terre-plein garni de canons pour la défense d'un port)    Empr. au néerl. rijsbank « id. », propr. « banc de branchages », de bank « banc » et rijs « branchages, fascines ».

    risberme (talus recouvert de fascinages)    Empr. au néerl. rijsberme « digue formée de fascines » (de rijs, v. risban et berm, v. berme).

    risée (vent)    1689 rizée (Journal de la route du vaisseau le Môre, 26 janv., par Ant. Fabre, pilote, ms. Arch. de la Mar. ds Jal); 1808 risée (Boiste). Dér. de ris2*; suff. -ée*. ris2 : Prob. issu d'un plur. *rifs, empr. à l'a. nord. rif « ris ».
        Danois, riv, rift, ris ; suéd. ref ; angl. reef ; comparez le danois reep, anglais, rope, corde. (Littré).

    rivelaine (pic à deux pointes utilisé dans les mines)    Mot pic. et wall., dér. de river « rafler », empr. au m. néerl. riven « râper ».

    rixdale, risdale, richdale (ancienne monnaie)    Empr. au néerl. rijksdaalder, rijksdaler, comp. de rijk « Empire, royaume » et de daalder « thaler » (Valkh, pp. 219-220; FEW t. 16, pp. 691-692). On relève riches talers en 1607 en Suisse dans le canton de Neuchâtel, richstaller en 1637 dans le canton de Berne (Tapp. t. 2, p. 129), empr. à une forme alémanique de l'all. Reichstaler.


  • RO

    rogue (air, ton, voix rogue), roguerie    Du subst. a. nord. hrokr « excès, insolence »; le passage du subst. à l'adj. s'est peut-être fait au moment où le mot est entré en fr. La forme rogue est issue de rogre p. dissim. (v. Hue de Rotelande, op. cit., p. 552, note), v. FEW t. 16, p. 249b.
        Diez le tire de l'islandais hrok, insolent, et croit que le mot a été apporté par les hommes du Nord qui s'établirent dans la Neustrie ; il regarde l'équivalent celtique comme emprunté au mot scandinave. Cependant la plupart des dialectes celtiques ont le mot : bas-bret. rok, rog, fier ; gaél. rucas, fierté ; irl. rucas, rocas, fierté. Cela rend douteuse l'opinion de Diez. Dans l'anglais, rogue signifie coquin et aussi espiègle. (Littré).

    rogue (oeuf de poisson), rogué    Essentiellement att. en Normandie, rogue est prob. issu, malgré la date tardive de la 1reattest., de l'a. nord. hrogn « frai de poisson », cf. le dan., norv. rogn « id. ». Voir FEW, loc. cit.
        Danois, rogn ; holland. rogher ; angl. roe ; allem. rogen, oeufs de poisson, peut-être dit ainsi, d'après M. Baudry, de l'all. Roggen, suédois rog, seigle, à cause des grains. (Littré).

    roie    1319 subst. fém. raye « filet de pêche » (Acte, ap. Le Héricher, Gloss. Norm. ds Gdf.), att. à Amiens sans date raie (Ch. de Philippe, comte de Flandres, sur les prestations d'Amiens ds La Curne), en 1390 reye (Dénomb., év. d'Amiens, Arch. Somme ds Gdf., s.v. tent 2); puis 1769 subst. fém. plur. en Picardie royes « portions de filet dont se compose le manet employé pour pêcher les harengs et d'autres poissons qui vont par bandes » (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches mar., Explication de plusieurs termes, p. 127b); 1952 roie (Gruss: Roie. Chacun des éléments d'un filet dérivant mouillé par un drifter pour la pêche du hareng). Forme avec -e de l'a. fr. roi subst. fém. « filet » déb. xiiie s. (Maurice de Sully, Homélies, éd. C. A. Robson, § 27, ligne 15) et « filet de pêche » ca 1260 (Ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, § 162), rei « filet » v. rets.

    rondache (bouclier)    Prob. mot normanno-pic. formé par substitution du suff. péj. -ache (fr. -asse*) à -elle de rondelle « bouclier rond », mot dont la polysémie devenait embarrassante (v. rondelle; FEW t. 10, p. 524 et 528, note 18; W. v. Wartburg ds R. Ling. rom. t. 24, p. 289).

    roquet    Prob. dér. du verbe dial. roquer (roquentin*) d'où sont aussi issus roké « rainette » en usage dans le Pas-de-Calais et roké « crécelle » att. dans le Nord (v. FEW t. 10, p. 449b); suff. -et*.

    rosse et rossard    Empr. au m. h. all. ross « cheval », prob. introd. en fr. par les mercenaires all. L'a. fr. a connu un subst. ros, rattaché par le FEW t. 16, p. 735b et T.-L. t. 8, col. 1469, 38 au m. h. all. ross, mais qu'il faut plutôt considérer comme un empl. subst. de l'adj. ros « roux », i.e. « cheval roux ».

    rosser    Du b. lat. *rustiare « battre », dér. de *rustia « gaule », lui-même dér. de rustum « ronce », att. par le corse rustu, le napolitain rusta « ronce » (FEW t. 10, p. 595b; André Bot., p. 277). Rosser est prob. issu de roissier sous l'infl. de rosse*, littéral. « traiter comme une rosse ».

    roublard    Orig. inc.; Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. y voit un dér. arg. de râbler1* « ramasser avec un râble », dont les formes rouabler, robler dial. sont bien att. (cf. FEW t. 10, pp. 598b-599a; v. aussi les formes dial. du subst., s.v. râble1); de roubler « racler », par le sens passif on aurait « raclé » donc « mal mis; misérable » et par le sens actif « râcleur » qui tire les marrons du feu avec un râble » d'où « extorqueur de tripot » 1858 (Figaro, 27 nov. d'apr. Littré Suppl.). Esn. voit dans les différents sens un empl. métaph. de « feu » et rattache le mot à la famille de roubliou att. dans l'arg. de Fribourg dès 1699 (v. FEW t. 10, p. 536a) du lat. rubeus « roux, roussâtre », de ruber « rouge ». Un rattachement (FEW t. 20, p. 44b) à rouble* se heurte au fait que le sens « richard, homme cousu de roubles » donné seulement en 1859 par Larch., p. 92, semble peu att., et surtout, n'est pas le sens primitif.

    rouet    1. 1re moit. xiiie s. « roue pour monter l'eau » (Pean Gatineau, St Martin, 4114 ds T.-L.); 2. a) 1371 rouwet « petite roue qui porte une gorge à sa circonférence et qui fait partie d'une poulie » (Lille, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. Compl.); b) 1660 « garde de la serrure pour empêcher qu'on ne crochète » (Oudin Fr.-Esp.); 3. ca 1393 « machine à filer le chanvre » (Ménagier de Paris, éd. G. Brereton et J. Ferrier, I, 9, p. 113, 26); 4. 1555 « rondelle destinée à battre sur le silex, dans une arme à feu » (Ronsard, Meslanges, éd. P. Laumonier, t. 6, p. 211, 122). Dér. de roue*; suff. -et*.

    rouf (petit logement de bateau)    1582 (doc., Liège ds Les Dialectes belgo-rom., t. 9, 1952, p. 133); 1752 (P. Marin  ds Jal1). Empr., d'abord au m. néerl.roef, roof « toit; pont (d'un navire); espace couvert habitable sur un navire »,  puis, au xviiies., au néerl. roef « rouf ».

    roupiller    Prob. issu d'un rad. onomat. roup- évoquant un ronflement saccadé. Roupiller est également att. dans plusieurs dial. aux sens de « ronfler; grommeler; râler, etc. ».

    rouquin    a) 1845 Reims « homme qui a les cheveux roux » (Saubinet, Vocab. du bas lang. rémois, Reims, p. 83); b) 1914 « vin rouge » (d'apr. Esn.). Mot des parlers du nord de la France, formé de roux et du suff. dimin. -quin (empr. au néerl. -ken) ou plus vraisemblablement du pic. quin « chien ».


  • RU

    ruban    Issu par labialisation du -i- devant la labiale -b-, de riban « id. » att. à partir de 1394 (ds Gdf. Compl.), mais prob. plus anc. et lui-même issu du m. néerl. ringband « collier ».

    ruse    Déverbal de l'a. fr. reuser, ruser « repousser, faire pencher, faire repartir » et « se retirer, reculer » issu du lat. recusare « repousser, refuser » (v. récuser étymol.), une infl. des formes du Nord de la France expliquant l'effacement du -c- dans le Sud (cf. a. prov. reüsar, raüsar, rahusar).

    ruses (fr. de Belgique)        difficultés (néerl. ruzie, "dispute, querelle")


  • SA

    sabouler (I. malmener ; II. laver, bien se vêtir), saboulée (réprimande)    Peut-être issu, par formation tautologique, du croisement de saboter*, au sens du m. fr. « heurter, secouer » (xives. ds Gdf.) et de bouler* « rouler » relevé en norm. au sens de « jeter bas, jeter par terre » (FEW t. 1, p. 610b); cf., d'autre part, bouler relevé en b. manceau et en poit. au sens de « faire mal, faire avec hâte, saboter [un ouvrage] » (ibid., p. 611a) et sabouler relevé au même sens dans divers dial. (Picardie, Anjou, Aube) (ibid., p. 613b). Les rapports de I et de II sont mal élucidés, il s'agit peut-être de 2 mots différents, l'orig. de II demeurant obscure.

    saie (petite brosse en soies de porc, utilisée par les orfèvres), saietter    Var. normanno-pic. de soie* (v. R. Lepelley, Le Parler normand du Val de Saire, p. 24; L. Du Bois, J. Travers, Gloss. du pat. norm., Caen, A. Hardel, 1856; Le Maistre-Carré 1966).

    salicorne / salicor / salicot    Empr. au cat. salicorn (att. dep. 1490 ds Alc.-Moll), plus prob. issu d'un b. lat. salicorneum, comp. de sal « sel » et de corneum « en forme de corne », que d'orig. ar. Voir Cor.-Pasc., s.v. sal et FEW t. 21, p. 154a. Hatzfeld et Darmesteter le disent d'origine arabe (XVIe Salicor par les Arabes dit salcoran, O. de Serres, VI, 29)). On peut y voir une déformation du néerlandais slikke (slijk « boue »), vasières, des zones recouvertes et découvertes au rythme des marées même lors des marées dites de « morte eau », c'est-à-dire de très petits coefficients.

    saligaud, aude    Issu, par substitution du suff. péj. -aud* à -ot*, de Saligot, en usage d'abord comme nom propre de deux rois sarrasins dans deux chansons de geste d'orig. pic. (ca 1210, Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 9866, etc. et ca 1220, Anseïs de Carthage, éd. J. Alton, 2548), comme surnom à Liège à partir de 1269 (doc. ds B. de la Commission de topon., t. 14, 1940, p. 392) et comme épith. injurieuse vers 1380 (Jean d'Outremeuse, Geste de Liège, ibid., p. 391). Le mot semble avoir été formé, dans un milieu plus ou moins bilingue, à partir de l'adj. frq. *salik « sale » (cf. le m. b. all. salik « id. »), lui-même dér. de *salo (v. sale) et du suff. péj. -ot*. Voir FEW t. 17, p. 12a.

    saqueboute / saquebute (ance dotée d'un crochet utilisée par les fantassins pour désarçonner les cavaliers ; Instrument à vent, à embouchure et à coulisse, dont l'usage a précédé celui du trombone.)    1. 1306 saqueboute « lance à bout crochu destinée à désarçonner un cavalier » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 6971 ds T.-L.); 2. 1466 sacqueboute « trompette grave à pompe mobile » (Pierre Michault, Doctrinal, X, 198, éd. Th. Walton, p. 16). Formé à partir de l'impér. des verbes saquer* et bouter*, littéral. « tire! et pousse! ».

    saquer (MAR. Traîner par à-coups, avec peine. Saquer une voile)    Mot dial. att. d'abord en pic. (sakier « tirer, arracher » 1re moit. du xiiie s., Dit de l'empereur Constant, éd. J. Coveney, 71) et en agn. (sakier « secouer, bousculer », xiiie s., Chardry, Set Dormans, éd. B. S. Merrilees, 1219), puis dans de nombreux autres dial. (v. FEW t. 11, p. 25b et 26), corresp. à l'a. et m. fr. sachier, att. dans les mêmes sens du xiie au xve s. (dep. ca 1135 « tirer », Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 1311; v. Gdf., T.-L. et FEW, loc. cit.), dér. de sac1*.

    sarter, sartage    Terme pic. et wall., dér., à l'aide de la dés. -er, de l'a. wall. sart « lieu défriché, inculte » (1219, Transaction [v. supra] ds Tailliar, op. cit., p. 61; xiiie s. [ms.], réviseur et scribe pic., Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1162, leçon ms. E), issu par aphérèse, de essart*; cf. aussi essarter; FEW t. 3, p. 318a.

    saur (hareng), saurin, sauret    Empr. au m. néerl.soor « (bois, hareng) séché ».

    sautriaux (prononciation picarde de sautereaux ou sauteraux)    FEW XI saltare. (Basse-lisserie) ce sont des especes de petits bâtons dont les basse-lissiers se servent pour attacher les lames où tiennent leurs lisses ; ils sont dans la forme de ce qu'on appelle le fléau dans une balance ; c'est la camperche qui les soutient. (Diderot et d'Alambert).

    savoir (Nord, Belgique, Lorraine)        pouvoir ("cette table ne sait pas passer par cette porte") (cf. néerl. weten ("savoir") et kennen ("savoir, connaître") et l'allemand wissen ("savoir qc, connaître qc") et können ("pouvoir, savoir qc.") ; dürfen ("avoir le droit de, pouvoir"))