• TA

    tabar(d) (manteau court et ample, à manches formant ailerons, à fentes latérales, porté au Moyen Âge par dessus l'armure ou la cotte de maille).    xiiie s. tabairt « manteau porté par les gens de guerre » (Pastourelles, éd. J.-C. Rivière, no VII, 8); id. tabar (La Contrecengle, B.N. fr. 837 ds Montaiglon et Raynaud, Rec. gén. Fabliaux, t. 2, p. 260); 1240-80 tabart (Baudoin de Condé, Dits et contes, 207, 61 ds T.-L.). Orig. obsc., peut-être germ., le mot étant originaire du Nord de la France (v. Cor.-Pasc. et FEW t. 21, pp. 519b-520a, qui rejette l'étymol. précédemment proposée au t. 20, p. 21).

    tacon    1. a) xiies. tacun « pièce de cuir que l'on remet à un soulier » (Gloss. Tours, éd. L. Delisle, p. 329 ds T.-L.); xiiies. tacons (Du Vallet qui d'aise a malaise se met ds A. de Montaiglon et G. Raynaud, Rec. de fabliaux, t. 2, p. 165); b) déb. xves. taichon « pièce servant à raccommoder un vêtement » (Ponthus, ms. Gand, fo69 rods Gdf.: pelerin [...] qui avoit toute sa robe par taichons); 1436 taccon (Rec. diplom. du canton de Fribourg, t. 8, p. 84 ds Pierreh.); 2. a) 1690 typogr. taquons « ce qu'on met sur le grand tympan sous les caractères afin que l'impression vienne bien » (Fur.); b) 1723 tacon « entaillure faite à la frisquette pour imprimer en rouge une partie de la forme » (Savary t. 2, p. 1645). De l'a. b. frq. *takko « languette; pointe », qui corresp. au m. néerl. tacke « objet ayant une extrémité pointue; branche; languette », à l'angl. tack « petit clou, pointe » et à l'all. Zacke « languette, dentelure; pointe, dent » (cf. FEW t. 17, p. 302). Cf. également le lat. médiév. tacones « morceaux de cuir pour raccommoder les souliers » (1036 à Arras ds Fagniez t. 1, p. 64).

    talmellier (vx. boulanger)    1260 talemelier (Estienne Boileau, Métiers, 4 ds T.-L.); ca 1301 talmelier (doc. ds  Fagniez t. 2, p. 1); 1637 talmellier (doc. ds Gdf.). De l'a. b. frq. *tarewamelo « farine de froment », cf. le m. néerl.  tarwenmeel, néerl. tarwemeel « id. », comp. de tarwe « froment » et de meel « farine ».

    tamis, tamiser    Peut-être issu d'un lat. pop. *tamisium « tamis, crible » d'orig. gaul. (FEW t. 13, 1, p. 75). D'apr. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982, tamis serait issu de *estamis, dér. à l'aide du suff. -is sur le modèle de treillis*, de l'a. fr. et a. prov. estam « laine peignée et destinée à former la chaîne de drap; partie la plus fine de la laine cardée », lequel remonte au lat. stamen, -inis « chaîne de tissage » (étamine*). Cette hyp. fait difficulté du point de vue formel et sémantique.
        Bourguig. taimi ; provenç. tamis ; espagn. tamiz ; ital. tamigio ; vénit. tamiso ; bas-latin, tamisium, d'origine incertaine. Diefenbach l'a tiré du celtique tamma, mettre en pièces ; mais Diez objecte qu'il faudrait admettre un suffixe itium qui serait rendu en provençal par tamitz, non par tamis. Il propose le néerlandais teems, tamis. à son tour, Scheler demande si ce mot teems, dont on ne sait pas l'origine, ne serait pas un emprunt aux langues romanes. (Littré).

    tangon (poutre horizontale)    Orig. incertaine, peut-être empr., d'apr. FEW t. 17, p. 306a, au néerl. tange « tenailles », avec le suff. -on* fréq. dans les noms d'outils. L'esp. tan-gón, de même sens, att. dep. 1884 (Cor.-Pasc.), est empr. au français.

    taper    Dér. du rad. onomat. tapp- qui évoque un bruit bref et sourd; dés. -er. Du néerl. tappe "bouchon". Voir l'a.fr. taperel, "tampon, refouloir" et taperelle "cale de bois" et "nom, en Bourgogne, d’un jouet que font les enfants avec un bout de sureau et qui lance par compression et avec une petite explosion un tampon d’étoupe." (Littré). Dérivés : tapage, tapant, tape, tapiner, tapoter, retaper, tape-cul et tapoir.
    Esp. tapar, boucher, couvrir ; du germanique : all. zapfen, boucher ; isl. tappi ; suéd. tapp. L'ital. zaffo, bouchon, est de même origine. (Littré). L'esp. tapar, provient de tapa, lui-même du gothique *tappa.
    tapin     I (racoler) dér. de tapin* étymol. 2; dés. -er. II (tapoter) mot région. att. au sens de « frapper longtemps et à petits coups » en Normandie et de « tapoter » dans les Vosges, le Morvan et en Provence (v. FEW t. 13, 1, p. 100b) dér. de tapin* au sens de « taloche, gifle », sens bien conservé dans les dial.: Wallonie, Flandres (cf. Hécart: donner l'tapin « rosser »), Bourgogne (Jossier: tapin « soufflet »), fr.-prov., prov. et savoy. (FEW, loc. cit.) ainsi qu'en norm.; suff. -iner*. Déjà en m. fr., forme tappigner « maltraiter, attaquer en mordant (en parlant d'un chien) » 1411 (Lit. remiss. in Reg. 165 Chartoph. reg. ch. 408 ds Du Cange, s.v. tapponnare).

    taque (Plaque de fonte ; Plaque du contrecœur d'une cheminée ; (Belgique). ,,Plaque de fonte servant à couvrir un fourneau, un égout'')    1. 1568 « plaque du contrecœur d'une cheminée » (Cout. de Sedan, Cout. gén., II, 1013, éd. 1604 ds Gdf. t. 7, p. 620b, s.v. tache1); 2. 1964 « plaque de fonte dressée formant table, fixée sur le sol et utilisée dans certaines machines-outils » (Lar. encyclop.); 3. 1973 région. (Belgique) « couvercle d'un poêle de cuisine ou d'une citerne » (Mél. Imbs (P.), p. 304). Mot du nord-est et de l'est du domaine d'oïl, empr. au b. all. tak « plaque de cheminée ».

    taquin    De l'a. fr. taquehan « assemblée illicite d'ouvriers, émeute » (1245 [n. st.] doc. ap. G. Espinas, H.  Pirenne, Rec. de doc. relatifs à l'hist. de l'industr. drapière en Flandre, t. 2, p. 22), att. d'abord en Picardie et en  Flandre, empr. à un m. néerl. *takehan, qui est prob. comp. de l'impér. de taken « saisir » et de han, abrév. de  Johan (Jean), aussi « individu mâle », littéral.: « saisis, bonhomme! ».
        Chez Godefroy : caquehan, quaquehan, taquehan, taqueham, takehan, taquehain, taquehein, taguehon,  tanquehan, s.m., assemblée, et en particulier assemblée illicite, attroupement, coalition d'ouvriers, cabale,  conspiration, émeute, soulèvement populaire, tel qu'il existait souvent, aux XIIIe et XIVe siècles, dans ls villes  industrielles du Nord, de la part des ouvriers contre leurs maîtres et l'autorité communale. En 1279, un takehan  se forma à Douai, parmi les tisserands, parce que les échevins voulaient prélever un impôt inaccoutumé sur les  draps. Un soulèvement beaucoup plus considérable eut lieu, vers la même époque, à Arras : ce takehan souleva  la commune contre les échevins et la bourgeoisie et occasionna de nombreux désordres.
        Maurice Tournier dans ses Propos d'étymologie sociale 1: Des mots sur la grève propose : Des étymologistes  font venir "taquehan" d'un terme néerlandais qui lui ressemble ; d'autres "taquin" de la germania, ancien argot  allemand. Une hypothèse unifiante est envisageable : tout simplement l'onomatopée "tac", que reproduit le verbe  "taquer", frapper un grand coup du plat de la main, saisir d'un coup. n'y aurait-il pas là un signal ? "Taque, Han  !", "Taque, Jean !", suggère Wartburg, et la grève se répand dans toute la boutique, quelle que soit la langue du  compagnon. On pourrait aussi, dans le même ordre d'idées, penser à l'expression anglaise citée par Jehan  Palsgrave en 1530, "I take in hande" pour dire "je prends !", doublet de "Stryke handes" (glosé par "Si tu veulx  tenir promsee, touches la !"). Curieux rapprochement entre "taquehan" et "strike", qui va bien au-delà des  relations entre le français et l'anglais. Serments, signes, apparentements ou analogies, messages secrets derrière le  brouillard des langues... (Maurice Tournier, Propos d'étymologie sociale 1: Des mots sur la grève, ENS Editions,  Lyon, 2002, p.36)
        Dans le Vocabulaire du Haut-Maine de Charles Montesson, on trouve taquédent, taquident, adv. D'accord.  Comme je l'ai dit à Dequedent, je crois que c'est pour dire qu'on accède. En prononçant c'est accédent, on aura  été amené à dire taccédent. V. Daquédant.
    Daquédent, daquident, adv. D'accord, c'est-à-dire qu'on est accédent. V. Taquédent. Suivant Borel, quédent était  synonyme de disant, et suivant Du Cange (nihilominus), et Raynouard (nequedonc), l'adverbe néquédent,  néquidant, nékédant ou nékidant indiquait une contradiction.
        Du Cange, cite l'équivalent latin trouvé dans les chartes : tanqhanum, voulant dire originellement "d'accord".
        Alexander Bugge dans The earliest guilds of Northmen in England, Norway and Denmark (1900) propose lui  d'y voir une origine norroise : A.N. taka hondum saman or handtaka "to shake hands" also signifies "to promise  something bu handtak (i.e. "the shaking of hands"). Men who entered a guild or who made solemn covenants or  compacts shook hands. Expressions like handtaka, handsala etc. therefore often ocur in the ancient Norwegian  laws. Taka up hondum signifies "to take one's oath". I suppose that tanghanum, takehan, and the curious form  takehans are corruptions of taka hondum. If this is right, we understand why the word signifies "conspiracy" as  well as "agreement, pactum". The oath and the shaking of hands were essential parts of all medieval  "coniurationes", as well as of guild ceremonies (cf. hantachensele) ; but ordinary agreements or contracts were  likewise concluded by the shaking of hands.
    1244 (janvier). Ban des échevins de Douai qui défend les coalitions des artisans désignées sous le nom de  takehan.
         On fait le ban ke nus ne soit si hardis en toute ceste vile borgois ne borgoises ne serjans ne baissielle (femme  du peuple) ki face takehan et kicunques le feroit il kieroit el fourfait de LX lib. et seroit banis ung an de le vile. Et  se nus a fait takehan kil le defface sour le fourfait de LX lib. et sour banir ung an de le vile ; et kicunques feroit  asanlee encontre le vile de quel mestier ke ce fust il seroit en cel meisme fourfait. En lan M CC et XLIIII el mois de  genvier.
                           Archives de Douai
        Au moyen-Age , aux XIIIe et XIVe siècles notamment, les villes industrielles du Nord de la France sont maintes  fois le théâtre de ces tumultueuses coalitions formées par des ouvriers turbulents, qui tout a coup, sous un  prétexte quelconque, refusent de travailler ou s'insurgent contre l'autorité communale. A plusieurs reprises, dans  ces mouvements populaires, les rues sont ensanglantées et les échevins voient leur vie en péril. Ainsi, à Douai, ces  takehans, que ce ban de 1244 interdisait ou ordonnait de défaire, se renouvellent plus tard avec violence. En  1279, les échevins ayant mis une taxe sur les draps afin d'acquitter un subside demandé par le comte de Flandre,  les tisserands de draps refusent de le payer, se révoltent, tuent onze échevins et plusieurs autres bourgeois. Le  comte Gui de Dampierre envoie dans Douai un corps de troupes et fait pendre aux gouttières de leurs toits ceux  des meneurs qu'on peut saisir. Plus tard intervient un ban ainsi conçu :
        On fait le ban kil ne soit nus tisserans si hardis ki faiche taquehein ne ki deffende l'œuvre a faire (empêche  l'ouvrage à faire) en tout le pooir de ceste vile, ne ki laist a ouvrer pour froidure sour le fourfait de L lib. et si seroit  banis deux ans et deux jours.
        A Arras, vers la même époque, éclate un takehan ou soulèvement populaire semblable : au scandale de toute  la ville, des gens du peuple fondent avec impétuosité et sans retenue sur une chasse remplie de reliques, envoyée,  pour cause de dévotion, par le chapitre de la cathédrale, sur le petit marché, près du lieu où brûle la sainte  chandelle féconde en miracles. Ils enlèvent cette chasse, envahissent les maisons des maîtres des guidons,  s'emparent des bannières qu'ils y trouvent, soulèvent la commune d'Arras contre les échevins et les principaux  bourgeois, les attaquent à main armée, et courant par les rues avec les bannière, poussent des cris de mort et  commettent beaucoup d'énormités au grave péril de toute la ville. Les hommes du comte d'Artois, quand le  tumulte est apaisé, vont arrêter les malfaiteurs jusque dans le cloilre de l'abbaye de St-Vaast. Les religieux se  plaignent de la violation de leurs privilèges. Un conllit de juridiction s'élève et le parlement de Paris, saisi de  l'affaire, décide, par un arrêt rendu à la pentecôte de 1285, que ce takehan constitue un crime capital  ressortissant de la haute justice et rentrant dans les attributions du comte. (V. les olim publiés par M. Beugnol, t.  II, p. 245.) (Eugène François J. Tailliar, Receuil d'actes des xiie. et xiiie. siècles, en langue romane wallonne du  nord de la France, Adam D'aubers, Imprimeur, Douai, 1849, p.119-120)

    taraud (outil de filetage)    Altér. par substitution de suff. de *tareau, var. de tarel « tarière », 1216 (Charte de la commune d'Oisy, du 8 des Kalendes de may, Arch. mun., Douai ds Gdf., s.v. onecerec), lui-même var. de tarelle « id. » 1342 (Renart contrefait, 40728 ds T.-L.), forme dissimilée de tarere, v. tarière.

    tas    poche (en Artois, Edmond Lecesne, 1874), du néerl. tas, sac, sacoche.

    tas    Étymol. incertaine. FEW t. 17, p. 320b rattache le mot à un a. b. frq. *tas « amas », corresp. au m. néerl. tas « id.; foule », m. b. all. tas « endroit où l'on entasse le blé ». H. Meier (Neue lat.-rom. Etymologien, Bonn, 1980, pp. 102-107) rejette l'hyp. d'un étymon germ. à cause de la diversité des sens des différents représentants du gallo-rom. tas et de leur répartition géogr. Selon lui, les parlers gallo-rom. postulent un étymon ayant à la fois les sens de « rangement », « entassement » et « alignement », plutôt que celui, plus gén., de « amas ». Cet étymon pourrait être un mot de la famille du lat. stare « se tenir debout ».
        (amas) Berry, à tas : il y avait du monde à tas dans l'assemblée ; provenç. tatz ; du germanique : anglo-sax. tass ; néerlandais, tas, amas de blé ; anc. haut-allem. zas ; ou du celtique : gaélique, tas ; kymri, dâs ; bas-breton, dastum. (Littré)
        (enclume d'acier) D'après Scheler, tas représente le radical de tasseau ; mais tasseau est le lat. taxillus, osselet, et de là on ne peut tirer tas. Le sens propre est instrument à faire des boutons ; et c'est de là qu'il a pris dans d'autres métiers le sens de petit bloc, de petite enclume. Il semble probable que ce n'est pas autre chose que le mot tas 1. (Littré)

    tatouille (raclée, volée de coups ; défaite)    Ca 1812 Mons. [Wallonie, Belgique] « brouille, discussion; volée de coups » (Ph. Delmotte, Essai d'un gloss. wallon, 1907-09 [ms. terminé en 1812] d'apr. FEW t. 13, 2, p. 395a et Beiheft Ortsnamenregister, 1950, p. 36b); 1866 « coups, raclée » (Delvau, p. 372). Déverbal de tatouiller* « rosser » (dep. 1866, Delvau, p. 372), d'abord tatouiller dans la boue « renverser, jeter (quelqu'un) dans la boue » (dep. 1821, J. C. Desgranges, Petit dict. du peuple d'apr. Goug. Lang. pop., p. 171), issu du croisement de touiller* au sens de « traîner dans la boue » avec la particule onomat. tat- évoquant le bruit d'un coup, FEW t. 13, 1, p. 128b; cf. l'a. fr. tatin « coup » (2emoit. xiiies. ds T.-L.).

    taudis    Dér. de tauder (se) « (s')abriter », v. tauder étymol.; suff. -is*. Tauder : Verbe trans., attest. 1825 [éd.] mar. (Will.); de taud, dés. -er. À rattacher à l'anglo-normand telder « établir (une tente) » (ca 1185, Hue de Rotelande, Protheselaus, éd. Fr. Kluckow, 1413), lui-même à rattacher au subst. anglo-normand tialz, « tente dressée sur un navire », anc. scandinave, tialld, tente ; vieux flamand, telde ; allem. Zelt (Scheler trouve plus naturelle de le faire remonter au v. flam. telde). On note aussi au mil. du xves., tauder comme verbe réfl. au sens de « s'abriter, se couvrir, se protéger » (v. Gdf.).
        Taudis et l'ancien verbe taudir, couvrir, viennent probablement de l'anc. scandin. tialld, tente, tiallda, dresser une tente, selon Diez (voy. TAUD). Bouchet, dans ses Serées, fin du XVIe siècle, donne une liste des mots de l'argot de son temps, où se trouve taudis, maison (15e serée). (Littré)

    taule, tôle    Forme dial. de table*; xvie s. fer en taule (Arch. des finances, MM, Abrégé des droits perçus à Bordeaux, p. 52 vo ds Littré), taula, taulo sont les formes gasc. et prov. de table, qui en se francisant ont donné taule; tôle est la forme des parlers du Nord (cf. en 1321 taule « pierre peu épaisse servant de revêtement » ds Doc. ds G. Espinas et H. Pirenne, Rec. de doc. rel. à l'hist. de l'industr. drapière en Flandre, II, p. 44), de l'Est et de la Bourgogne.

    taulard, tôlard    a) 1769 tolard « lit de forçat sur une galère » (Rec. de Planches sur les sc., les arts libéraux et les arts mécan., 7, 7), b) 1915 « militaire puni de prison » (ds Esn.), 1918 tôlard « id. » (Dauzat, Arg. guerre, p. 285), c) 1940 « habitué des prisons » (ds Esn.), d) 1962 adj. mes Noëls taulards (A. Sarrazin, La Cavale, Paris, J.-J. Pauvert, 1965, p. 472); de taule, tôle2, suff. -ard*.


  • TE

    terril    1885 terri (Zola, Germinal, p. 3); 1923 terril (Arnoux, Écoute, p. 106). Terme wall., cf. Grandg. 1880; tèris « amas de terres et pierres qu'on a extraites en exploitant une mine », dér. de terre, suff. -is (lat. icium, cf. Ruelle 1953); ,,la graphie terril, qui tend à s'introduire en Belgique avec la prononciation -il, ne peut se justifier`` (J. Haust, Étymol. wall. et fr., 1923, p. 247, note 1), cf. les formes anc. terys « id. » 1426, Arnould, p. 43 ds Ruelle ainsi que l'a. fr. terris « terrain » xiiie s.


  • TI

    tif    Orig. obsc. Peut-être dér. de tifer, en usage dans qq. dial. aux sens de « parer, orner, habiller, arranger », et en partic. en wall. tiffé « coiffer » (1792, Ph. Aubry, Dict. du patois du duché de Bouillon, éd. A. Gazier ds R. Lang. rom. t. 14, p. 180; cf. Sain. Lang. par., p. 302), issu de l'a. fr. tifer « parer, orner » (v. attifer; FEW t. 17, p. 332a, s.v. *tipfôn), d'où est également dér. l'a. fr. tiffeure « parure, coiffure » (av. 1188, Partonopeu de Blois, éd. J. Gildea, append. I, 1186). Selon Esn., tif serait un empr. au dauph. tifo « paille » (cf. Mistral: tifo, estifo [...] fétu, chose de peu de valeur, en Dauphiné; FEW t. 13, 2, p. 456a, s.v. typhe). Esn. mentionne également un dér. tiffots « cheveux » (1879, récit de Doibel, souteneur, rapporté par Macé, Musée crim., 1890, p. 144: sa serait Casse-Bras qui vous rafraîchirais les tiffots [...] le bourreau se chargerait de vous couper les cheveux).

    tillac    1. 1369 « pont supérieur d'un navire » (ap. A. Merlin-Chazelas, Doc. relatifs au clos des galées de Rouen, t. 1, no736, p. 208); 2. 1895 « plancher d'une embarcation » (Guérin Suppl.). Empr. à l'a. nord. þilja « planche », avec un suff. inexpliqué.

    tique (parasite, acarien), tiquet    Prob. empr., pendant la Guerre de Cent Ans, au m. angl. tike « id. »; cf. angl. tick « id. ».
        Ital. zecca ; du germanique : angl. tick, danois, tege ; bas-allem. teck ; allem. Zecke, tique. (Littré)
        Germanique, cf. anglais tick (en), allemand Zecke (de), neerlandais teek (nl). (wiktionnaire)
        Le néerl. teek provient du proto-germ. *tikkōn-, *tikka-, *tīka.

    tiqueté (marqué de petites taches) et tiqueter    Mot pic. et wall. dér., à l'aide du suff. eté (v. -eter), d'un mot empr. au néerl. tik « légère piqûre » avec, prob., une infl. de tacheté*.


  • TO

    tôle et tôlard    voir taule et taulard.

    toqué    1829 adj. « qui a le cerveau dérangé » (Vidocq, Mém. d'apr. Esn. 1966; avec renvoi à L'Héritier [1789-1852] qui note l'expr. elle a toujours été un peu tocquée dans une phrase censée de 1685 env.); b) 1857 subst. « personne qui a le cerveau dérangé » (Clairville, Delacour et Thiboust, Lanterne magique, p. 20 ds Klein Vie paris., p. 247). Part. passé de toquer.

    toquer    Dér. du rad. onomat. tok (fr. toc*); dés. -er. Cf. toucher* issu d'un lat. pop. *toccare « heurter, frapper ». 
    bistoquet    1. 1721 jeux (Trév. : Bistoquet [...] Instrument de billard avec lequel on jouë à coup sec, quand on craint de billarder), chose et mot qualifiés de ,,vieillis`` par Ac. 1835; 2. 1863 jeux, (Littré). Dér. du verbe toquer* « heurter, frapper »; préf. bis- (bi-*); suff. -et*; à noter que l'appellation plaisante de Bistoquet (av. 1611 dans Hug., s.v. bistoquer) donnée à un chien paillard, de même que celle de Marquise de Bistoquet (qui se vante d'être ivrognesse et libertine), 1691 (Regnard, Coquette, II, 12 dans Fr. mod., t. 11, p. 208) n'a qu'un rapport plaisamment paronymique avec le mot étudié et serait plutôt à rapprocher de bistoquer, biscoter*.

    tocard et têtard
        1 de toc* au sens 2; suff. -ard*. Dans l'arg. du turf, le mot semble empr. au norm. toquard « têtu » (v. FEW t. 13, 2, p. 13b), lui-même dér. de toquer1* au sens de « frapper », v. Dum. 1849, s.v. toquer.
        Dér. de tête*; suff. -ard*; à rapprocher de 2 d, 2 f et 2 h α homme de teste « homme intelligent » (dep. ca 1470, Georges Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 228) et de 2 h β grosse tête pour désigner quelqu'un de stupide (ca 1512, Gringore, Œuvres, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. 2, p. 356: grosse teste sans sens; 1640, Oudin Curiositez: grosse Teste et peu de sens; xvie s. en petite teste gist grand sens, v. Leroux de Lincy, Proverbes, t. 1, p. 277).

    tordeur    A. 1. xives. tordeur « ouvrier qui tord la laine, le fil » (doc. ds Coutumes Lille, éd. Brun-Lavainne, p. 152); 1680 tordeuse (Rich.); 2. 1872 (Littré: Tordeuse, machine qui sert à tordre ensemble les fils de fer). B. 1803 (Boiste: Tordeuse, phalènes dont les chenilles tordent les feuilles). Dér. de tordre*; suff. -eur2*, -euse. Cf. dès 1333 tordeur « fabricant d'huile » (Monum. pour servir à l'hist. des prov. de Namur, Hain. et Luxemb., III, 322, Chron. belg. ds Gdf.: torderes), encore usité à Dunkerque, en 1467 tordeux « ouvrier qui tord la laine » (doc. ds Fagniez t. 2, p. 268, no148) et déb. xvies. torderesse « celle qui tord les fils » (G. de Digulleville, Trois pelerin., fo90b, impr. Instit. ds Gdf.).

    torque    1250 torke « ballot (de drap) » (Douai ds Espinas-Pirenne, Rec., II, 81 d'apr. De Pœrck t. 2, p. 205), rare, subsiste dans qq. empl.; 1419 « rouleau de fil de fer » (Exéc. test. des époux de le Forge, Arch. Tournai ds Gdf.); 1690 hérald. (Fur.); 1876 (Lar. 19e: Torque. Nom donné en Provence à des pains en forme de couronne). Forme pic. de torche* au sens premier de « ballot »; au sens de « pain en forme de couronne » cf. le prov. touerquo subst. fém. « sorte de gâteau que les paysans font lors des fêtes des villages » 1785 (Achard, Dict. de la Provence).

    touiller     Terme dial. du Nord, cf. FEW t. 13, 2, pp. 392-393, remontant au lat. tudiculare « broyer, triturer », dér. de tudicula, -ae « machine à écraser les olives », de tundere « écraser, piler », d'abord « frapper, battre à coups répétés ».

    toupie    1. 1202 topoie « jouet en forme de poire à base pointue sur laquelle il tourne lorsqu'on lui donne une impulsion à l'aide d'une ficelle enroulée ou d'un fouet » (Jean Bodel, Congés, éd. P. Ruelle, 175, v. note de l'éd.); 1312 tourpoie (Vœux du paon, éd. R. L. Graeme Ritchie, 6403, t. 4, p. 363); 1361-62 tourpie [1393 ms. B] ou tourpoie [1394 ms. A] (J. Froissart, L'Espinette d'amour, éd. A. Fourrier, 241); 1396 tourpie (Manière de lang., éd. P. Meyer, Rev. crit. d'hist. et de litt., 2esemestre 1870, p. 398); 1530 toupie (Palsgr.); 2. 1765 mar. « instrument utilisant la stabilité verticale de l'axe d'une toupie pour déterminer la hauteur d'un astre par rapport à l'horizon » (Encyclop. t. 16); 3. a) 1754 « catin, femme qui virevolte de l'un à l'autre » fils de toupie (Boudin, Madame Engueule ou les accords poissards, 37 ds IGLF); 1800 (Boiste: Toupie [...] prostituée du plus bas étage); 1896 (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.: Toupie 1. Tête. 2. Terme de mépris à l'adresse d'une femme. Faire ronfler sa toupie, se dit du souteneur qui fait marcher sa maîtresse); b) 1876 (Lar. 19e: Toupie [...] Personne sans volonté, qu'on fait tourner à son gré); c) 1926 « femme désagréable » (Aymé, Brûlebois, p. 205); 4. 1876 « machine à bois dont l'outil tourne à grande vitesse » (Lar. 19e); 5. 1885 « outil de forme comparable à celle d'une toupie » (Fontaine, Électrolyse, p. 87).
        Issu, plutôt que de l'a. b. frq. *topp qui est à l'orig. de toupet*, du vieil angl. top « toupie » (dep. ca 1066 ds NED, s.v. top subst.2) dont le dér. topet, tupet au sens de « toupie » est attesté en anglo-norm. (ca 1200 Les Enseignements de Robert de Ho, éd. M.-V. Young, v. 76 et Glossaires, v. T.-L.). Les deux formes dér. toupoie et toupie sont peut-être dues aux formes verbales de type topoier (toupijer, Sone de Nansay, éd. M. Goldschmidt, 16805) et toupier (v. toupiller), v. FEW t. 17, p. 345b et p. 346, note 13. Le rattachement du vieil angl. top « toupie » à top « sommet, pointe » et par là à la même orig. germ. que celle de l'a. b. frq. *topp n'est qu'une hyp. (v. NED; Klein Etymol. suppose même que l'angl. norm. topet « toupie » serait issu de l'a. b. frq. et que le vieil angl. top « toupie » en serait un dér. régressif). Les formes en -r- tourpoie et tourpie sont peut-être dues à un rapprochement avec les représentants du lat. turbo, -onis « tourbillon » en a. fr. (cf. m. fr. tourbil « toupie, sabot », v. FEW, loc. cit. et t. 13, 2, p. 421b).

    tourbe    [1200 (doc. ds Tailliar, Rec. d'actes des XIIeet XIIIes. en lang. rom. wall., p. 8)] 1285 (Arch. Nord, B 1586, fol. 223 ds IGLF: torbe). Du frq. *turba, cf. l'all. Torf « id. »; corresp. à l'a. nord. torfa « motte de gazon », v. aussi turf.

    tourniquer    a) 1866 « valser, tourner » (Villars, Précieuses du jour, p. 7); b) 1920 (Martin du G., Testam. P. Leleu, I, p. 1142: la tête elle tournique). Dér. de tourner* d'apr. tourniquet*.
        Dér. de tourner*; le renforcement est parallèle à berniquet (il est allé au berniquet « il a mal fait ses affaires » Rich. 1732) forgé sur berner (v. FEW t. 13, 2, p. 79, note 36).

    tourte    Du b. lat. torta « pain rond, tourte », att. dans l'expr. torta panis (v. Blaise Lat. chrét.), fém. subst. du lat. class. tortus « tordu », v. tort.

    tourteau / tourte (résidu solide de graines ou de fruits oléagineux dont on a exprimé l'huile, présenté sous forme de pains aplatis et employés comme engrais ou pour la nourriture des bestiaux)    xiiies. Flandre agric. (Bans de l'échevinage d'Hénin-Liétard ds Tailliar, Rec. d'actes des XIIeet XIIIes. en lang. rom. wall. du nord de la France, p. 417: tourtiaus, plur.); 1553 fr. « id. » (Belon, Observations de plusieurs singularitez, I, 23 ds Gdf., s.v. tortel1: tourteau). Dér. de tourte*; suff. -eau*.


  • TR

    trac    Mot onomat. issu du rad. expr. trak- qui dépeint le bruit de la marche. L'orig. néerl. proposée par Diez, à partir du mot trec « trait, ligne » est peu prob. en raison de l'aire géogr. et de la chronol. des premières attest.

    tracasser    Dér. de traquer* ou de trac1* ; suff. -asser*. Bourg. traicaissai ; picard. trécasser, aller et venir. Diez le tire de trac, et Scheler de traquer ; ce qui revient au même. (Littré).

    traquer    Orig. incertaine. Prob. dér. du m. fr. trac « piste, trace » (trac1*).
         Berry, trac ; angl. track, trace, ornière, que Diez et Scheler rattachent au néerlandais trekken, tirer et aller. Il est certain que traquer a eu le sens de tirer. (Littré).

    traque    Déverbal de traquer*. Cf. wall. traque « enceinte d'hommes pour chasser le gibier » (1789, à Bouillon d'apr. FEW t. 13, 2, p. 191a).

    traquenard    Même radical que tracanoir, sorte de dévidoir. Le piége, qui est du genre des trébuchets, a donné son nom à l'allure dans laquelle le cheval semble trébucher. (www.dico-definitions.com)

    trass (tuf volcanique pour mortier)    Empr. au néerl.tras « ciment; trass », contraction de terras, empr. au  fr. terrasse* (De Vries Nederl.). Le mot est signalé comme néerl. en 1786 par Buffon, Hist. nat. des minéraux, t. 4,  p. 415.

    traversin    1396-97 trevessains « traverse, croisillon » (Compte, Arch. mun. Mézières, CC 30, fo19 ro, ibid.); 1476 traversain « id. » (18 mai-17 août, Comptes d'ouvrages, 6esomme de mises, Arch. Tournai, ibid.);
    Dér. de travers*, suff. -in*, a absorbé orthographiquement traversain plus usuel, originellement adj. au sens de « qui traverse, transversal » et utilisé jusqu'au xvies. (v. Gdf., T.-L., Hug.).
        Travers ; wallon, tiepsî, trevsî. (Littré)

     

    tribord    Empr. au m. néerl. stierboord, de même sens, var. de stuurboord, comp. de stuur « gouvernail » et de boord « bord, côté », littéral. « côté où se trouve le gouvernail »; celui-ci se trouvait autrefois du côté droit des navires. V. aussi bâbord.

    tricher         D'un lat. *triccare, du b. lat. tri̊care, lat. class. tri̊cari « chercher des détours, chicaner » par redoublement expr. de la cons. finale du rad.; cf. aussi l'ital. treccare « abuser, tromper; embrouiller, duper » et l'a. prov. trichar « tricher, tromper, trahir » xiies. (G. Faidit, Chant e deport ds Rayn.); l'a. fr. a deux formes: trichier (supra) et trechier (1174-76, Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 1224 ds T.-L.), ce double vocalisme s'explique par le fait que i̊ de tricare est devenu ĭ par suite du redoublement de la cons. finale du rad. mais que, ensuite, sous l'infl. de tricare (avec ị), ị a été rétabli dans trĭccare (FEW t. 13, 2, p. 261a).

    trick     Empr. à l'angl.trick « ruse, artifice frauduleux » d'où « astuce, moyen habile » att. comme terme de jeux de cartes dep. 1599 (NED) pour désigner une main puis une levée, notamment une levée supplémentaire permettant d'assurer le point, appelée odd trick ou overtrick (v. NED, s.v. odd A I 1 et NED Suppl.2, s.v. overtrick). L'angl. est empr. au Moy. Âge à une forme normanno-pic. corresp. au fr. triche*.

    tringle    Altér., par l'introd. d'un r parasite (cf. Nyrop t. 1, § 504, 1), du m. fr. tingle (1328 au sens A 1, Compte de Ordart de Laigny, Arch. KK 3A, fo86 rods Gdf.), lui-même empr. au m. néerl. tingel, var. de tengel « tringle, cale, garniture de bois entre des pièces de charpente qui ne se touchent pas comme il faut » (FEW t. 17, p. 331).

    trique    Var. de estrique « bâton que l'on passe sur une mesure pour faire tomber le grain qui est en trop » (att. à St-Omer en 1429 ds Gdf.), issu du verbe corresp. estriquer (fin du xve s., J. Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 1, p. 511), de l'a. b. frq. *strîkan « passer un objet sur un autre », duquel est aussi issu l'a. fr. estrikier « aplaigner (le drap) » (1275 ds De Poerck). FEW t. 17, p. 260a. Dans 3 a-b, trique remplace canne, de même sens (dep. 1843 au sens 3 a d'apr. Esn.), v. Esn., s.v. canne III.

    triquard (Personne interdite de séjour)    1896 (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg. ds Quem. DDL t. 31); de trique, suff. -ard*.

    troquer    1. a) 1280 troquier « donner, céder en échange d'autre chose » (Clef d'Amors, éd. A. Doutrepont, 1067); fin xive s. trochier (E. Deschamps, Œuvres compl., éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 168: car vertu n'est qui en vice ne troche); 1403-04 [date var. ms.] torquer (Christine de Pisan, Mutation de fortune, éd. S. Solente, 6343); 1434 trocher (Lettres de rémission ds Registres [JJ] 175, pièce 296 ds Du Cange, s.v. trocare: laquelle vache le suppliant Trocha ou eschanga à un beuf); 1472 troquer (Lettre de Louis XI ds Ordonnances des Rois de France, t. 17, p. 493 [d'apr. le Registre JJ 197, pièce 326 du Trésor des Chartes]: iceulx biens, denrées et marchandises descharger, vendre, troquer ou eschanger); 1481 absol. « pratiquer le troc » (Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t. 9, p. 135: noz subgetz lesquelx viendront pratiquer et troquer); b) fin xvie s. troquer de « changer de » (D'Aubigné, Tragiques V, 864 ds Œuvres, éd. H. Weber, p. 171); 2. 1652 « abandonner, laisser une chose pour en prendre une autre » (Scarron, Virgile travesti VIII, 294a ds Richardson: maintes filles [...] s'habillèrent en garçons Troquant jupes en caleçons). Orig. incertaine. Peut-être d'un rad. onomat. trokk- (FEW t. 13, 2, p. 317) exprimant le frappement des mains des contractants, dans un geste destiné à valider l'échange (cf. toper). Cf. m. angl. trukie « donner en échange d'autre chose » (av. 1225 Ancren riwle 408 ds NED, s.v. truck) et lat. médiév. trocare (1257 Cartulaire de l'abbaye de Saint-Florent, près de Saumur ds Du Cange, s.v. trocare: equos [...] vendere vel trocare).

    trouille    Peut-être d'un ancien drouille, du néerlandais drollen (« aller à la selle »), (selon le Larousse) ; ou de l'ancien français troillier « broyer, presser (les raisins) », dérivé de truil ou troil, « pressoir à raisins » ; cf. également trouiller, « lâcher des vents » dans les dialectes de Franche-Comté et du Jura (selon le Trésor de la Langue Française informatisé).

    troussequin    Dér. de trousse* à l'aide d'un suff. qui laisse supposer que le mot a été formé en pic. ou dans la Flandre. On pourrait aussi supposer un empr. à un flam. *trosseken, *trosken, dimin. de tros, trosse « paquet ». Le troussequin aurait alors d'abord été un petit paquet de bagages attaché derrière la selle (FEW t. 13, 2, p. 101a, note 62; Valkh., p. 234).

    truc    Déverbal, surtout att. en domaine occit. dep. le Moy. Âge (cf. a. prov. truc « choc » hapax ds far truc a alcun « se heurter au combat à quelqu'un » ds Œuvres de Bertran de Born, éd. G. Goniran, 40a et 22 et anc. dial. landais d'apr. FEW t. 13, 2, p. 327a; cf. aussi le gasc. truc « coup, horion » ds Rabelais, Tiers-Livre, chap. 42, éd. M. A. Screech, p. 289), de l'a. prov. trucar « frapper, cogner, heurter contre » (fin xiiies. ds Levy Prov. t. 8) dont l'aire s'étend aussi (sous les formes turcquer, trucher, truquer) à toute la partie Sud du domaine d'oïl (v. FEW t. 13, 2, p. 326a) et auquel corresp. le cat. trucar « donner des coups » ainsi que différentes formes dial. d'Italie avec l'ital. truccare (v. DEI et FEW t. 13, 2, p. 329a). L'a. prov. trucar représente un b. lat. *trudicare dér. de trudere « frapper, heurter ». L'hyp. d'une orig. germ. apparentant trucar à l'a. h. all. drucken « presser » (DIEZ, p. 332; EWFS2) est peu probable. À l'ital. truccare, DEI rattache trucco désignant une sorte de jeu de billard et qui pourrait être à l'orig. de l'empl. noté en III 3. I est énigmatique. On n'en note que qq. attest. sporadiques au Moy. Âge et chez Gautier de Coincy où truc est difficile à distinguer de trut (que FEW t. 22, p. 140b considère comme issu de truc p. assim. du c au t init.). Le terme mod., att. dès la fin du xviiies., est difficile à rattacher aux sens de III (le sémantisme de « coup » est trop vague). Une infl. de trucher « pratiquer la fausse mendicité » (v. truquer étymol.) n'est peut-être pas à exclure, le passage du sémantisme de « frapper » à celui de « tromper en mendiant » pouvant s'expliquer par le fait que le mendiant frappe à toutes les portes, d'où truche « mendicité frauduleuse » (1628, Le Jargon de l'argot réformé ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 227) et dont truc pourrait n'être qu'une forme masc. désignant toute activité trompeuse ou frauduleuse (v. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc.). II illustre encore la collision avec trut, truc prenant alors les empl. de trut d'orig. onomatopéique. Bbg. Guir. Étymol. 1967, pp. 77-78. − Guiraud (P.). « Tric, trac, troc, truc »... B. Soc. Ling. 1962, t. 57, pp. 103-125. − Quem. DDL t. 2.

    trucmuche    Trucmuche, subst. masc.,pop., fam. a) Truc, machin. Ah! oui, avenue du Bois... tu t'imagines, cette cliente, une poétesse qu'il paraît, chez elle c'est rien que des lys noirs, des trucmuches, de l'argenterie partout, du velours (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 367).b) Personne que l'on ne veut pas ou que l'on ne peut pas nommer exactement. « Mmede Saint-Chouette vient de donner une soirée très parisienne en son hôtel, où le comte Le Truc du Machin a convié quelques amis à se réunir pour un bridge », je rigole. Tout cela est très exact, les Saint-Chouette et les Trucmuche du Machin sont gens vivants et dépensants (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 175).

    truchement     1. Fin xiie s. drugement « interprète » (Prise Orange, éd. C. Régnier, 422); fin xive s.  trucheman (Chron. de Flandre ds Delb. ds DG: puis revint ses truchemans); 2. mil. xve s. truchement « personne  qui parle à la place d'une autre, porte-parole, représentant » (Charles d'Orléans, Rondel, 163, 11 ds Poésies, éd. P.  Champion, t. 2, p. 384: ung truchement lui fault querir); 3. 1557 « ce qui exprime, fait comprendre, connaître »  (G. Du Puiherbault, De pénitence..., 17b ds Fonds Barbier: il n'est point de meilleur truchement des loix que la  coustume); 1580 (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, II, 18, p. 667: la parolle [...] c'est le  truchement de nostre ame); 4. 1893 loc. par le truchement de (Blondel, Action, p. 221). Empr. à l'ar. turǧumān  « interprète, traducteur », dér. de tarǧama « traduire » (cf. drogman, targum).  par le flamand/picard (du  temps des Espagnols, trujaman ?).
        Truchement n. m. est une forme refaite (déb. XVe s.), précédée par trucheman (fin XIVe s.), de drugement (fin  XIIe s.), mot emprunté à l’arabe Targûmân « traducteur » au moment des croisades. […] Ce mot sorti d’usage a  longtemps désigné un interprète travaillant dans les Pays du Levant.
        Un Drogman est le terme utilisé en Orient pour désigner un interprète. Ce mot, utilisé entre les XIIe et XXe  siècles, vient de l'arabe tourdjoumân (ترجمان, traducteur). Certaines familles ont monopolisé à Constantinople  et dans les échelles du Levant les postes de drogmans. Elles ont constitué de véritables dynasties de jeunes de  langues, de drogmans et de diplomates. Jeune de langues est le nom donné aux élèves de l'école des Jeunes de  langues, établissement créé en 1669 à l'initiative de Colbert pour former les futurs interprètes (on disait alors  drogman). Chez Frossart truchement, druchement, drugement (interprète, drogman).
        Trusseman est une sorte de jeu chez Godefroy (une citation d'un texte de Jean de Lannoy, dit "le Bâtisseur"  (1410-1493), aristocrate de la Flandre-Occidentale qui a rempli plusieurs fonctions au service des ducs de  Bourgogne).
        trucher, trocher, troquer : charger, mettre en paquet, monter en épi. Il précise que Saliat, dans sa Traduction  d'Hérodote, a employé troquer pour signifier s'entendre, être d'intelligence. Trochet est un assemblage. Le  trucheman est celui qui dans l'assemblée, permet de "s'entendre, se comprendre".
        Trucher, "mendier" (1628), aujourd'hui sorti d'usage, mais encore usuel dans certains patois, principalement dans  le picard, où il a ces sens : 1° Mendier ; 2° Bavarder (à Béthune) ; 3° Ramasser la sauce dans une assiette avec ses  doigts ou avec du pain (Corblet), ce dernier trait, souvenir de la vie des gueux. (Lazare Sainéan, Les sources de l'argot ancien. T. II. Le dix-neuvième siècle (1800-1850), H. et É. Champion  (Paris), 1912, p.255).

    truelle    Du b. lat. truella (e court), class. trulla (u long) « petite écumoire; truelle de maçon »; truelle [ü] est peut-être issu de *truella (e long), avec voy. prétonique d'apr. trulla (u long). La forme trouelle, relevée en wall., est soit issue de trŭella, soit également de truella (e long), la prétonique étant demeurée.

    trusquin    Issu, p. dissim. du 1er [l], du wall. cruskin, de même sens, empr. au flam. kruisken « petite croix », cet instrument ayant la forme d'une croix; le néerl. l'appelle aussi kruishout, littér. « bois en forme de croix ».