• cosse    prob. du b. lat. *coccia, altération de cochlea « escargot, coquille d'escargot », peut-être par croisement avec coccum (coque*). II empr. au néerl. kous « bas; cosse » (FEW, loc. cit., Valkh., p. 98), lui-même empr. à l'a. pic. cauce, correspondant à l'a. fr. chausse « bas » (chausses*). L'évolution sém. de « bas » à « anneau métallique » est obscure, Valkh., p. 98 suppose qu'on a appliqué kous à l'anneau d'un câble « peut-être parce qu'il protégeait, « chaussait », un autre cordage qui y passait ». D'apr. Jal1, il faudrait lire costes pour cosses dans Rabelais.

    costresse (Mine. Galerie horizontale reliant les chantiers en exploitation à la galerie d'évacuation)    1491 wallon costereche (G. Decamps, Mém. hist. sur l'orig. et les développements de l'industrie houillère dans le bassin du Couchant de Mons, I, 171, 1880 et 1889). Terme wallon, dér. de côte*; suff. -eresse* (v. Ruelle, p. 57).

    coterie     A dér. en -erie* (exprimant le lieu où s'exerce une action, un droit) du rad. de cotier (1086 subst. lat. médiév. coterius « tenancier d'une petite tenure rurale », Domesday Book ds Du Cange); ca 1283 adj. « [d'un cens] payé pour cette tenure roturière » (Beaumanoir, Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 704), dér. de l'a. fr. *cote « cabane » que l'on peut restituer d'après les toponymes normands (v. Longnon, p. 183) et le dér. cotin « maisonnette » (Wace, Rou, III, 1653 ds Keller, p. 209 b), issu de l'a. b. frq. *kot « cabane » (pour les dér. localisés dans l'est de la Normandie et la Picardie) et du correspondant a. nord. de même forme (De Vries, Anord., pour les dér. localisés dans l'ouest de la Normandie; FEW t. 16, p. 346a; H.-E. Keller ds Mél. Delbouille (M.) t. 1 1964, pp. 354-359); le subst. coterius de 1086 étant dér. de l'anglo-saxon cot (ixe s. ds NED, s.v. cot subst. 1). En B le suff. exprime une idée collective. V. aussi cottage.


  • COU

    coumaille, coumaye, goumaye (roche des mines dans lesquelles la houille est divisée)    du wallon selon Guiraud.
        Le fr. dial. et techn. coumaille, terme de minéralogie, a reçu les honneurs du Dictionnaire général ; mais l'article qu'on lui consacre laisse bien à désirer. La définition : « roches des mines où la houille est divisée » manque de clarté. La plus ancienne mention serait de 1818 ; or nous trouvons le mot cité dès 1768. Enfin on le déclare d'origine inconnue ; nous pouvons assurer qu'il est emprunté du dialecte liégeois, comme beaucoup d'autres termes de « houillerie ». Une description de cette industrie au pays de Liège, faite en 1768 par Morand et rééditée en 1780 à Neufchâtel, porte ce qui suit : Dans le deie [= dèye, sol de la galerie] et de tems en tems dans le toit, se rencontrent des marrons, gros et petits, bien polis, de couleur noirâtre, qui font feu contre l'acier et gâtent les outils ; ces clous... sont appelles à House, pays de Dalem [= Housse, lez Dalhem] klavais, koyons de chien ; lorsqu'ils sont d'un très grand volume, on les y nomme koumailles.
        Le liégeois coumaye ou. plus souvent, goumaye a, d'après G., 1131, trois significations : « 1. bloc de briques réunies par un commencement de fusion ; 2. mâchefer ; 3. t. de min., rognon arrondi, très pesant et très dur, de chaux carbonate fétide ». Le sens 1 est le plus connu du vulgaire et de nos lexicographes. Hubert et Forir ajoutent une acception figurée : « femme courtaude et indolente », qui rappelle notre goumê de tantôt. Et, de fait, nous trouvons dans goumâye le même radical avec le suffixe collectif -âye, lat. -alia (comp. le fr. ferraille, pierraille, rocaille). Le sens étymologique est donc : « agglomérat de substances (minerai, argile durcie au feu, etc.), dont la masse et la dureté rappellent une enclume ». (Jean Haust, Etymologies wallonnes et françaises, 1923). Cf. klavais.

    couque     du néerl. koek, gâteau et bakken, faire cuire), gâteau, ex. couque suisse (brioche en forme d'escargot au raisin).     1790 pic. (St Omer) couque (ds R. Lang. rom., 3esérie, t. 1, 1879, p. 60 b); 1862 couques d'Assche (Belgique) (Reider, op. cit.). Terme wallon (Haust, Grandg.) et pic. (Hécart, Corblet), empr. au néerl. kock « gâteau, pain d'épices », v. Gesch., p. 79.

    couquebaque (n.f.)(flamandisme, du néerl. koek, gâteau et bakken, faire cuire)    crêpe    Terme wallon (Haust, Grandg.) et pic. (Hécart, Corblet), empr. au néerl. kock « gâteau, pain d'épices », v. Gesch., p. 79.

    courée    1845 (Saubinet, Vocab. b. lang. rémois, Reims : Courée. Cour commune à plusieurs habitations). Terme régional du nord de la France (FEW t. 2, p. 850 a). Dér. de cour*, suff. -ée*.

    cousette    1. Av. 1876 « jeune ouvrière de la couture » ici fig. « couturière inexpérimentée » (Barbey d'Aurevilly ds Guérin); 2. 1929 (Lar. 20e: Cousette. Petit étui qui contient le nécessaire de couture). Dér. du rad. du part. passé de coudre*; suff. -ette*. Donné comme normand par Guiraud.

    couvet, couvot, couet (pot avec une anse)    1350 wallon couwet (Exéc. test. de la veuve Mahieu Daubi, A. Tournai ds Gdf. Compl.); forme en usage notamment dans les dial. normanno-pic.; 1391 couveau (Archives Histo. Saintonge, XXVI, 247 ds IGLF); 1642 couvoir (Oudin, Dict. ital. fr. ds FEW t. 2, p. 1444); couvot, forme en usage en Lorraine (Zél.). Dér. de couver*; suff. -et* (v. FEW t. 2, p. 1446 a, note 21), -eau*, -oir*, -ot*.


  • CRA

    crabe    Mot norm. (jersiais crabe, fém., Le Maistre-Carré; Bayeux grappe, fém., Roll. Faune t. 3, p. 225; norm. crape, masc., Moisy), wallon (cra(p)pe, fém., Verm., Roll., loc. cit.; crabe, crap, masc., Haust, Gesch., p. 81) et pic. (crabo, crape, Hécart; crampe, Corblet, sans indication de genre), prob. empr. par deux voies différentes : par le norm. à l'a. nord. krabbi, masc. (De Vries Anord.) par le wallon et le pic. au m. néerl. crabbe, fém. (Verdam, Valkh., p. 99) et aussi masc. (FEW, loc. cit.), d'où l'hésitation entre les deux genres, le masc. l'ayant définitivement emporté dep. sa consécration par Ac. 1762. Cf. crapaud.

    crachin, crachiner    Terme de l'Ouest, déverbal du norm. crachiner « pleuvoir en pluie fine et épaisse » (1849 crassiner et crachinage ds Dum.) issu (suff. -iner*) du lat. crassus « épais » (v. crasse1) qui connaissait déjà des emplois pour qualifier la pluie ou le brouillard (cf. TLL s.v. 1104, 40 et Martial ds OLD; FEW t. 2, p. 1281 a). La prononc. -ch- correspondant au fr. -ss-en norm. est notamment illustrée par le norm. crache « crasse » (Moisy) et la collusion avec la famille de cracher* par le norm. crachat « pluie fine » (ds Esnault, Métaph. occid., Paris, 1925, p. 74).

    cramique  (n.m. ou f.)(I. un poids ou un objet pris comme référence ; II. pain brioché aux raisins)    II empr. au flam. kraammik (Valkh.), se rattachant au m. néerl. cramicke, cremicke (VERDAM, s.v. credemicke) d'orig. très discutée; I est soit empr. au m. néerl. (FEW t. 16, p. 353 b), soit au contraire (d'apr. Henry, pp. 62-71) d'orig. romane, composé de crème* et de miche* et empr. par le m. néerlandais.

    cranequin (arbalète à pied)    Cranequin est empr. au m. néerl. cranekijn « sorte d'arbalète » (Verdam); le type  crenequin s'explique prob. par une prononc. dial. du néerl. (Gesch.).

    crapaud    Dér. (suff. -ot* et -aud*) du germ. *krappa « crochet » (en raison des pattes crochues du crapaud), v. agrafer, prob. par l'intermédiaire de l'a. fr. grape, crape (xie s. « rafle, grappe de raisin », v. grappe; 1213 « crampon, grapin », v. agrafer; cf. a. gasc. grape « crampon » 1re moitié xiiie s. ds Rayn.).

    craquelin    1265 Douai (G. Espinas, Vie certaine de Douai, III, 272 ds Barb. Misc. 10, no 3). Empr. au m. néerl. crakelinc, de même sens, dér. de craken « craquer », en raison du bruit sec que fait ce biscuit lorsqu'on le rompt.


  • CRE

    crécelle    Orig. obsc. Un étymon lat. vulg. *crepicella, crepitacillum dimin. de crepitaculum « crécelle » de crepitare « craquer » (FEW t. 2, p. 1321; Bl.-W.1-5), fait difficulté du point de vue morphol.; l'hyp. d'une dérivation d'un rad. onomatopéique *krek (L. Spitzer ds Z. rom. Philol., t. 44, 1924, pp. 192-193; REW3, no4768b) n'est pas à écarter. Le sens B révèle les interférences entre crécelle et crécerelle (v. ce mot).
        CRÉCELLE, moulinet de bois qui fait un bruit aigre. Selon Ménage, de crécerelle à cause de la ressemblance du son de la crécelle avec le cri de cet oiseau (crécelle, crécerelle, écrécelle, crincelle); étymologie bien problématique. Peut-être d'un type latin crepicella, tiré du L. crepare, craquer, rendre un son, pétiller ; ou bien du holl. krekel (all. d'Aix-la-Chapelle krechet), grillon, ou enfin du v. néerl. kreken, craqueter (angl. creak, creek). (Auguste Scheler, Dictionnaire d'étymologie française d'après les résultats de la science moderne, 1862).

    crécerelle    Crécerelle, dér. de crécelle*, par élargissement du suff. (le cri de l'oiseau rappelle celui de la crécelle).
        CRÉCERELLE, anc querquerelle, oiseau de proie ; diminutif de crécelle, homonyme inusité du subst. traité plus haut. Ce primitif crécelle est une modification de cercelle (v.c.m.), et vient du L. querquedula. (Auguste Scheler, Dictionnaire d'étymologie française d'après les résultats de la science moderne, 1862).

    créquier (prunier ; hérald. arbre)    Dér. de creque (fin xiies. ds FEW t. 16, p. 387 b; 1280-90, G. de Bibbesworth, loc. cit.), terme normanno-picard, empr. au m. néerl. de l'est crieke « prune » (Verdam) correspondant au m. b. all. kreke (all. Krieche « Prunus insitiata »).
        créquier    Ook West-Vlaams krekke, krikke ‘bamispruim, wilde sleepruim’, Frans crèque, Picardisch crèquier  ‘wilde pruimenboom’. Wrsch. ontleend aan Laatlatijn graecum als verkorting van *prunum graecum ‘Griekse  pruim’. (> nl. kriek, cerise, bière à la cerise).

    creton (morceau de panne de porc frite)    Prob. du m. néerl. kerte « entaille » d'après l'aspect des cretons.

    crevette    forme normanno-picarde de chevrette* (1552 au sens de « crevette » ds F. Rabelais, Le Quart Livre, ch. LX), la crevette faisant de petits sauts comme une chèvre en liberté. Cf. breton écrevisse = géoren, singulatif sur pl. géor "chèvres", gaour (cf. gaour-vor "chèvre de mer", nom de l'écrevisse marine et de la crevette).


  • CRI

    crique    Empr. à l'a. nord. kriki « creux, cavité; anse, crique » auquel correspondent le n. isl. kriki, norv. krikie « angle », m. angl. crike, creke « anse, crique » (De Vries Anord.).

    crique    A (« personnage mythique destiné à faire peur aux enfants ») expr. peut-être originaire du domaine franco-prov. et de son voisinage (Pat. Suisse rom.), soit issue de l'onomatopée krikk- évoquant un bruit qui fait peur, soit var. apophonique de croque. B (« dent ») terme du patois norm. issu de cette même onomatopée (crique « dent d'enfant » et aussi craque, craquette, criquette ds Moisy); cf. a. pic. crikier les dens, v. criquer.

    crique (fissure superficielle dans une pièce métallique) 1reattest. 1832 (Raymond); malgré la chronologie, prob. déverbal de criquer* (sens 3).

    criquer (METALL. se fendiller en surface)     1. Fin xiiies. [ms.] pic. crikier les dens « grincer des dents » (J. Gielée, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, leçon L du vers 3645), ex. isolé; 2. 1539 « faire un bruit sec » (Est.); 3. 1845 « se fendiller en parlant de l'acier » (Besch.). Dér. de l'onomatopée krikk-, évoquant un bruit sec, strident, un grincement; dés. -er.

    criquet (néerl. par le normando-picard)    Dér. de l'onomat. krikk évoquant le bruit strident fait par le grillon,  d'où A; clé à criquet, même orig. (malgré FEW t. 16, p. 387a qui en fait un dér. de cric*); cf. les formes réunies ds  FEW t. 2, p. 1337 pour le sens de loquet. B 1, 2 en raison de l'impression de maigreur, de chétivité que donne le  corps de l'insecte; 3 p. ext. de la notion de faiblesse, de maigreur. Les rapports de A et de B avec les corresp.  germ. : néerl. krekel « grillon »; norv., danois krikke, krik « cheval malingre » (v. De Vries, s.v. kriland et krikke)  sont obsc. (FEW t. 2, p. 1338a).