• bucail / bucaille / blocail / beaucuit (blé sarrasin ou blé noir)    Fin xves. pic. houckaie − pour bouckaie (FEW t. 1, p. 425b) − « blé sarrasin? » (Valenciennes, ap. La Fons, Gloss. ms. Bibl. Amiens dans Gdf.); 1600 bucail subst. masc. « blé sarrasin » (O. de Serres, p. 110 dans Hug.); 1700 bucaille subst. fém. (Liger dans DG). Empr. au m. néerl. boecweit « sarrasin » (Verdam) avec assimilation de la finale aux mots fr. en -ail (Behrens D., p. 61; Valkh., p. 71; FEW t. 15, 1, p. 173b).
        Le m. néerl. est composé du m. néerl. boeke, néerl. mod. beuk « faîne » et de weit « froment » (De Vries Nederl.), les graines de la plante ayant une certaine ressemblance avec les faînes. L'étymon b. all. bōkwēt (Joret dans Romania, t. 13, 1884, p. 407; REW3) est moins vraisemblable des points de vue phonét. (étant moins proche de la finale -ail) et géogr. La forme mod. beaucuit, d'abord attestée sous la forme boecaut 1582 (Description des Pays-Bas, 363 dans Romania t. 31), est issue de bucail avec altération d'orig. populaire.

    buée, buer    De l'a. b. frq. *bûkôn « tremper dans la lessive » (Brunot t. 1, p. 127; Kuen dans Festschrift Wechssler, Jena-Leipzig, 1929, pp. 337-342 dans FEW t. 15, 2, p. 12; EWFS2; Gam. Rom.2t. 1, p. 311; REW3, no1379), reconstitué d'apr. m. b. all. būken, m. h. all. tardif buchen [all. bauchen], m. angl. bouken, d'apr. Kluge20, s.v. bauchen; dans le domaine gallo-rom. se serait formé le part. passé substantivé *bucata d'où l'a. prov. bugada (xiiies., Deudes de Prades dans Rayn.) et le fr. buée. Étant donné l'antériorité et l'aire géogr. du verbe buer, seulement attesté dans la France du Nord, cette hyp. semble préférable à celle d'un dér. subst. en -ata préexistant au verbe, et fait sur le modèle d'un coll. germ. qui correspondrait au suisse aléman. (Soleure) buchete « ensemble du linge mis dans la lessive » (FEW t. 15, 2, pp. 11-12).

    buquer    1 (frapper) peut-être forme pic. corresp. à bûcher2* « abattre du bois » (FEW t. 15, 2, p. 27a), « frapper » étant issu de ce dernier sens; cependant dans la mesure où l'on peut dissocier du m. h. all. bûsch « bourrelet, coussinet » (à rattacher au germ.* būsk « buisson ») un bûsch homon. « gourdin, verge » (à rattacher au m. néerl. buuschen, m. h. all. biuschen, bûschen « battre », v. J. Hubschmid dans Vox. rom., t. 29, 1970, pp. 114-119, et le mot bûche1), buquer serait plutôt à rattacher à cette seconde famille de mots, par l'intermédiaire d'un a. b. frq. *buskan « battre ». L'hiatus chronol. entre bûcher2* « abattre du bois » 1420 et busquier « frapper » dès 1206 semble en faveur de la 2e hyp. 2 (arg. voler) issu de 1, prob. à travers le sens de « faire un coup » (Sain. Sources Arg. t. 2, p. 299); buque « vol de bijoux », bien qu'attesté en 1821 (Ansiaume dans Esn.) n'est prob. qu'un déverbal.

    buquet (instrument pour agiter l'indigo dans la cuve)    Ancien français, buquer, frapper, heurter, autre forme de bûcher (voy. BÛCHER, verbe)(Littré).

    bure (puits de mine)    [1316 a. liég. (Acte du Val St Lambert dans Haust Étymol., p. 26 : parmi le fosse et le bure)]; 1751 « puits profond dans une mine » (Encyclop. t. 2 : une bure). Mot liég. bur(e), beur masc. « puits de mine s'ouvrant au jour » (Haust, op. cit., p. 26; FEW t. 15, 2, p. 14a), cf. bruire.
        Probablement de l'allemand bohren, trouer, percer (Scheler).

    burguet     Bas-latin burca, burga, « cloaque », Ancien nom, dans le département du Nord, d’un puisard. et Escalier extérieur permettant de descendre à la cave sans passer par la maison. "Attendu qu’il constate qu’Anthoine-Guillaume a par requête remontré et supplié le magistrat [de Lille] qu’il lui soit accordé de pouvoir faire une voussure sous le flégard au-devant de sa maison, et qu’il lui soit permis en outre de faire faire un burguet joignant à sa dite maison pour prendre en ladite voussure." (Gazette des Tribunaux, 6 septembre 1876, page 869, 4e colonne)

    buriot de blé (pour buriau), régionalisme de l'Aisne, les Ardennes et la Marne, signifiant tas de paille.

    buse ("conduit")(néerl. par les dialectes picard et wallon)    Orig. discutée; prob. dér. de l'a. fr. busel « tuyau, conduit (d'un instrument de musique) », lui-même issu, avec substitution de suff. (-ĕllu), du lat. būcǐna, v. buis(i)ne. L'aire géogr. du mot, pic. et wallonne (v. Gdf.) a suggéré à Valkh., l'hyp. d'un étymon m. néerl. buse, buyse « tuyau », très vraisemblable au point de vue géogr.; cependant d'apr. De Vries Nederl. et Etymologisch Woordenboek, le néerl. serait empr. au français. On pourrait envisager aussi l'hyp. d'un būcina survivant en zone marginale et dans les domaines spéciaux (méd.) et évoluant de ce fait comme des mots ,,savants`` tels que imaginem (> image), terminum (> terme) et donnant de ce fait *bu(i)sene, puis buise, buse, qui serait ainsi le doublet de buisine, busine < būcína.
        Cf. le verbe busier, businer, buseler, bisié. v. n. hésiter, balancer, réfléchir. Flam. beuzelen, vétiller, baguenauder, lanterner (Glossaire etymologique montois, par Joseph Desiré Sigart).
        Noël Dupire rapproche buisine (et buse, buise qui en dérivent) de buhot (Noël Dupire, Alternances phonétiques en picard, in Romania, 1927, T.53, p.159)

    butin, butiner    Terme d'orig. germ., prob. empr. au m. b. all. būte « échange, partage, ce qui échoit en partage, butin », Lasch-Borchl., à rattacher au verbe m. b. all. būten « échanger, troquer, partager, répartir ». Le b. all. pourrait être parvenu en France par les voies maritimes à la faveur des relations commerciales avec la Hanse. Certains y voit une origine néerlandaise.
        Espagn. botin ; ital. bottino ; tous deux du français butin, qui vient du scandinave byti ; moyen allemand, bûten ; allemand moderne, Beute, proie, angl. booty. (Littré).

     

    by (Fossé qui traverse un étang, aboutissant à sa bonde)    Du néerlandais buis, « conduit ». (Antoine de Rivarol, Dictionnaire classique de la langue française, 1827)


  • cabajoutis    1833, supra, qualifié de ,,populaire`` dep. Ac. Compl. 1842. Terme normanno-angevin attesté dans ces dial. sous la forme cabagétis au sens de « cahute, bicoque » (Verr.-On.) et de « vieux meubles, vieilles hardes jetées en monceau » (Dum.), du norm. cabas « vieux meubles, meubles encombrants » (Moisy; Dum.), même mot que cabas*; la 2epartie est constituée, pour cabagetis « vieux meubles, vieilles hardes » par le verbe jeter* (suff. -is*), et pour cabajoutis par ajoutis*; v. aussi cagibi.

    cabane    1387 « petite habitation sommaire » (G. Phébus, La Chasse, 197, Lavallée d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 285); 1462 « abri pour les animaux » (Lettres de rémission dans Du Cange, s.v. cabanacum); 1928 « prison » (J. Lacassagne, L'Arg. du « milieu »).
    Empr. au prov. cabana « cabane, chaumière » attesté en 1253 dans Rayn. (v. aussi Du Cange, s.v. capanna), du b. lat. capanna (d'orig. prob. préromane), attesté a) dans le domaine hisp. comme synon. de casula par Isidore, XV, 12, 2 (ds Sofer, p. 124 : capanna), et très fréquemment comme topon. dans le domaine catalan à partir de 854 (ds GMLC : capanna); b) dans le domaine ital. ca 800, utilisé par le scoliaste de Juvénal (H. Rönsch, Lexikalisches aus Leidener lateinischen Juvenalscholien der Karolingerzeit dans Rom. Forsch., t. 2, p. 305 : cabanna); la mention du mot dans les Gloses de Reichenau (éd. Klein-Labhardt, München, 1968, Glossaire alphabétique, no 1619, p. 195 : cauanna) atteste aussi sa présence au viiie s. dans la France du Nord.

    cabaret    1275, Tournai tenir kabaret (Livre des bans et ord. de Tournay, ms. 215, fo 9 ro, Bibl. Tournai dans Gdf. Compl.); 1694 ameubl. cabaret de Chine (Nouvelles archives de l'art fr. t. XV, 1899, p. 87 dans IGLF).
    Terme attesté presque exclusivement en pic. et en wallon aux xiiie et xive s. (Baudouin de Sebourc, Gilles Li Muisis, Froissard, v. Gdf. Compl. et T.-L.), empr. au m. néerl. cabaret (caberet, cabret) « auberge, cabaret, restaurant à bon marché », Verdam, forme dénasalisée de cambret (aussi cameret, camerret) « id. », ibid., lui-même empr. à l'a. pic. camberete « petite chambre » (ca 1190, Herman, Bible dans Gdf. Compl.) corresp. à chambrette*.
    Louis Quarré-Reybourbon renseigne que l'enseigne d'un chat barré d'un trait noir (cat barré en patois) était suspendu au-dessus d'un estaminet à Lille, s'appelant le Cat barré.

    cabaretier    Dér. de cabaret1*; suff. -ier*; du xive au xvie s. l'aire du mot, ainsi que celle du synon. m. fr. cabareteur est pic. et wallonne. Cabaretier s'est exporté au Canada, mais est également sorti de l'usage. C'est en Allemagne et aux Pays-Bas que les cabarettistes ont trouvé une nouvelle vie, à la télévision.

    cabarouet, cabrouet    (Petit chariot à deux roues, Petite charrette à deux roues que l'on emploie dans les plantations des Antilles pour transporter les cannes à sucre) Composé à partir de brouette*; ca- est d'orig. peu claire; il peut être soit le préf. péj. ca-, mais dans ce cas le genre masc. du mot ne s'explique pas; soit une forme normanno-pic. de char (FEW t. 1, p. 375b, s.v. *birotium), soit la 1re syllabe de cabriolet* (bien que ce dernier mot soit un peu postérieur), ces deux dernières hyp. ayant l'avantage de rendre compte du genre du mot.

    cabestan    1382 mar. cabestant (Compte du clos des galées de Rouen, 123, Bréard d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 285); 1382-84 cabesten (id., p. 50 dans IGLF Techn.); 1548 capestan (Rabelais, Quart Livre, p. 22 dans Hug.); 1648 cabestan (E. Cleirac, Termes de marine dans Jal1 1848). Orig. obsc.; la plupart des dict. étymol. y voient un empr. au prov. cabestan, altération de cabestran : pour FEW t. 2, pp. 252-253, Bl.-W.5, Mach., s.v. cabrestante et NED, s.v. capstan, ce mot prov. serait le part. prés. substantivé au sens de « instrument à enrouler les câbles » d'un verbe cabestrar, cabestra, dér. de cabestre « corde de poulie » (v. chevêtre). Mais le prov. cabestan, cabestran n'est pas attesté dans les anc. textes, non plus que cabestrar qui a pour seul sens « mettre le licou à une bête » (v. Mistral, s.v. cabestra et Alib., s.v. cabestre). L'hyp. d'un empr. à l'esp. cabr(-)-estante, propr. « chèvre (appareil de levage) dressée » (Diez3, Rupp., p. 108) attesté dep. 1518 d'apr. Cor., convient sur le plan sém., mais un empr. aussi anc. du fr. à l'esp. n'est pas vraisemblable. C'est à cette dernière difficulté que se heurte également l'hyp. d'un empr. au port. cabre(-)estante, propr. « socle de câble » (O. Nobiling dans Arch. St. n. Spr., t. 125, p. 155); ce mode de compos. n'est d'autre part possible que dans les lang. germaniques.

    cabillaud    Ca 1250 ichtyol. cabellau (Arch. comm. Lille, AA 155 no 2858 dans IGLF Litt.); 1278 cabillau  (Chirogr., A. Tournai dans Gdf. Compl.); 1762 cabillaud (Ac.)
        Empr. au m. néerl. cab(b)eliau [néerl. kabeljauw],  De Vries, Nederl., attesté dans un doc. flam. sous la forme cabellauwus (1163, Charte de Philippe comte de  Flandre, Chambre des Comptes de Lille, Cartulaire de Flandre, 1 ch. 325 dans Du Cange t. 2, p. 8a).

    cabine     1. 1364 a. pic. « cabane (où l'on se réunit pour jouer) » (Franchises de Lille, éd. Roisin, 176, 26 et 27); considéré comme vieilli en 1771 par J.J. Schmidlin, Catholicon, cité par Behrens dans Z. fr. Spr. Lit., t. 23, 2e part., p. 18; 2. 1530 mar. cabain « petite chambre à bord d'un bâtiment » (Palsgr., p. 202a); 1759 cabine (Rich.); 3. 1866 « petite pièce dans laquelle on se déshabille avant de prendre son bain » (Lar. 19e).
        Orig. obsc. Étant donné que d'une part, cabine est, par ses signif., étroitement lié à cabane dont il partage les sens 1 (supra) et 2 (cabane, terme mar., Rabelais, Quart. livre, 63 dans Hug.) et que, d'autre part, le m. angl. caban, empr. au fr. cabane (MED; NED), est attesté sous la forme de l'angl. mod. cab(b)in (1530, Palsgr., loc. cit.) dans tous les sens qu'il présentait en m. angl. (NED), il est difficile de dissocier cabine de cabane. Il est possible que cabane empr. par le m. angl. caban (peut-être à la faveur de la domination angl. en Aquitaine) au sens de « abri provisoire, refuge » avec divers emplois techn. (notamment mar. « petite chambre à bord d'un bâtiment » 1342 dans MED), devenu l'angl. cab(b)in, ait été sous cette forme réempr. par le m. fr. (pic.) cabine. L'hyp. selon laquelle cabine serait une altération de cabane par suff. -ine* (EWFS) offre peu de vraisemblance. Étant donné que tout point d'appui manque pour déterminer un rad. corresp. néerl. ou flam., l'hyp. d'une orig. flam. (FEW t. 2, p. 13; Bl.-W.5) fait difficulté.
        wrsch. een variant van cabain, cabane ‘plaggenhut’ < Laatlatijn capanna, cavanna ‘hut’, dat van niet-Indo-Europese oorsprong is.

    câble    Le type normanno-picard en ca- a concurrencé de bonne heure la forme francienne en cha- et l'a définitivement évincée au cours du xviiie s. (Trév.), à la faveur du vocab. maritime. Les formes du type cheable, chaable (xiiie et xive s. dans Gdf. Compl. et T.-L.), d'où le fr. mod. câble avec a long, sont dues à un croisement avec l'a. fr. chaable « catapulte », v. chablis, les câbles servant à la manœuvre de cette machine. Cf. accabler.

    caboche (et cabochard)    Composé de ca- et de l'a. fr. boce (bosse1*); l'intermédiaire de l'a. fr. cabocier (cabosser*; EWFS2) ne semble pas nécessaire; caboche est une forme normanno-picarde. Ca- est un pseudo-préf. entrant dans la compos. de nombreux mots fr. et dial., d'orig. discutée.

    cabochon     Dér. de caboche*; suff. -on*.

    cabot    1821 arg. « chien » (Ansiaume, Arg. en usage au bagne de Brest, fo 7 ro, § 109); 1836 cabe (F. Vidocq, Les Voleurs, t. 2, p. 278); 1896 cabja (G. Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p. 334); 1901 cabji (Bruant, p. 104). Mot d'orig. obsc. (FEW t. 22, p. 7a); peut-être à rattacher au lat. caput « tête » par l'intermédiaire d'une forme mérid. ou picarde, v. chabot. L'hyp. d'une altération de clabaud* (Esn.) « chien qui aboie fortement » sémantiquement recevable, fait difficulté du point de vue phonétique.

    cabotin, -ne, cabotiner    Orig. incertaine. Soit du nom de Cabotin (hyp. adoptée par la plupart des dict. ainsi que par W. F. Schmidt, p. 17) qui aurait été un célèbre comédien ambulant à la fois directeur de théâtre et charlatan sous le règne de Louis XIII (M.E. Fournier dans Courrier de Vaugelas, 15 juill. 1875, p. 43 cité par Littré), hyp. repoussée par F. Letessier dans Fr. mod., t. 20, 1952, pp. 116-117, le nom de Cabotin n'étant cité, selon lui, que fort tardivement (1858) par E. Fournier, loc. cit. [à la suite de Littré, le nom de Cabotin est attesté dans Lar. 19e et 20e et Lar. encyclop.]. Soit, dans la mesure où l'existence de Cabotin paraît hypothétique, extension de sens du pic. cabotin « homme de très petite taille » (Jouanc.; cf. se caboter « rester petit ») terme attesté dès la fin du xviiie s. dans P. Daire, Dict. pic., gaul. et fr. au sens de « petit badin », c'est-à-dire « petit sot » (Fr. mod., loc. cit.) à rattacher au lat. caput « tête » (FEW t. 2, 1, p. 335a); v. aussi P. Emrik, Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1949, pp. 148-165. L'hyp. d'une dérivation de caboter*, les acteurs ambulants voyageant par petites étapes (DG), est séduisante mais insuffisamment étayée.

    cacheron (sorte de ficelle grossière)  Originaire de Picardie (XIVe s.) pour Guiraud.
        Cachoire ou écachoir veut dire fouet en picard, de cacher ou encacher, "chasser" (L. Brébion, Étude philologique sur le nord de la France, 1907 ; Hécart, Dictionnaire rouchi-français, 1834 ; Jouancoux, Etudes pour servir à un glossaire étymologique du patois picard, Tome 1). Quasser, chez Borel, traduit le verbe lat. quassare, secouer (Adrien Timmermans, Dictionnaire étymologique, 1903).
        Cacheron, mèche de fouet (syn. cachuron) ; cachure "licou" (Jules Corblet, Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, 1851).
        Cacheron - Ficelle - cachoire, bout de ficelle pour jouet à la toupie, fouet des charretiers (Edmond Lecesne, Observations sur le patois artesien, in Annuaire du Pas-de-Calais, 1874).
        Cacheron, S. m. (ficelle servant de) mèche au fouet ou à la cachoire (Daniel Haigneré, Le patois boulonnais, 1901).

    cafouiller    Terme pic. (Hecart. Corblet) et wallon (Vermesse, Haust, Grandg.), issu de croisement de cacher* et de fouiller*. Cf. caboche.
        Cafouiller, P., chercher : pour escafouiller, au sens propre éplucher, en rou. écafouiller, écafoler, décafoler, éplucher des noix, leur ôter la cape, la coquille. Ecaflot, en pic, veut dire écaille de noisette. (Timmermans).


  • cagnon, kignon, s.m., petit chien :  "Et puis l'aplanoit (le lion) de sa main tout ausi com çou fust uns kignons" (Kassidor.). Cagnon es encore usité à guernesey avec le même sens ; dans la vallée d'yères il désigne un méchant cheval ; dans la Picardie, Vermandois, il signifie homme mal conformé, pauvre diable disgracié de la nature. (Dictionnaire d'ancien-français de Godefroy)

    cagoule (et cagoulard)    Ca 1175 cogole « vêtement de moine » ([B. de Ste Maure], Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 13539); 1552 cagoulle (Rabelais, Quart Livre, chap. XI). Du lat. chrét. cuculla « vêtement de moine » (v. aussi cucul(l)e) qui est la forme fém. correspondant au masc. cucullus « voile, capuchon couvrant la tête » (Columelle ds TLL s.v., 1280, 70); en tant que terme d'Église et parce qu'originaire de la zone sud-ouest de la langue d'oïl (cf. a. prov. cogola), a conservé, sous la forme -g-, le -c- intervocalique; passage de o initial à a par dissimilation.

    cague (sorte de petit bâtiment hollandais qui sert à naviguer sur les canaux)    1702 (Aubin, Dict. mar. ds Boulan, p. 137). Empr. au néerl. kaghe, kaag « bachot » d'orig. incertaine (Verdam Nederl., s.v. kaag).

    cahoter    Orig. obsc. L'unique attest. du mot en a. fr. (s'il s'agit bien du même mot), ne permet guère d'accepter l'hyp. d'un étymon frq. *hottôn « secouer » [dont est dér. le frq. *hottisôn, v. hocher] (FEW t. 16, p. 233b; Bl.-W.5). Le corresp. m. néerl. hotten « secouer », Verdam (Valkh., p. 330) est un étymon plus vraisemblable.

    cahute    Soit croisement de hutte* et de mots tels que cabane*, caverne*, soit dér. de hutte* avec préf. péj. ca- (v. caboche; FEW t. 16, p. 277a et b, EWFS2, s.v. ca- et s.v. cahute). Cf. cajute.

    caïeu, cayeu (bourgeon)    1625-51 norm. cayeux plur. (David Ferrand, Muse Normande, III, 291, 2 ds A. Héron, Gloss. de la Muse Normande, Rouen, 1891-95, rééd. Slatkine Reprints, Genève, 1969); 1651 (N. de Bonnefons, Le Jardinier françois, Paris, p. 226 : la plante grossissant toûjours par les Cayeux qu'elle jette en abondance). Terme norm.; même mot que l'a. fr. caiel/chael « petit chien » empl. p. métaph. (FEW t. 1, 1, p. 497b; EWFS2) forme normanno-pic. de l'a. fr. chäel (Wace, Rou, II, 4186 ds T.-L.) qui désignait également les petits de toutes sortes d'animaux (cf., p. ex., Psautier Cambridge, XVI, 12, Michel ds Gdf. : Li chael del luin), du lat. catellus « petit chien ».

    caille (oiseau)    Issu d'une forme d'orig. onomatopéique quaccola attestée ds les gloses de Reichenau (éd.  H.-W. Klein, Beiträge zur romanischen Philologie des Mittelalters, t. 1, 1968, 2975 quaccola, 530 quaccoles, 317a  quacules). Sur l'hyp. d'un étymon frq. *kwakla induit du néerl. kwakkel (Gam. Rom. t. 1, p. 214; v. aussi  EWFS2; cf. W. von Wartburg, Mots romans d'orig. germ., Mélanges J. Haust, Liège, 1939, p. 426), il est  vraisemblable que le néerl. se rattache directement à quaccola, qui semble avoir vécu en milieu ouest-germ. (cf.  Kluge, s.v. wachtel).
        Picard, coaille, coille ; wallon, quaie ; provenç. calha ; catal. guatlla ; vieux espagn. coalla ; ital. quaglia ;  bas-lat. quaquila ; de l'allemand : flamand du moyen âge, quakele ; anc. Haut allem. wahtala ; allem. moderne,  wachtel.    Au XIIe siècle, dans Ch. d'Ant. IV, 381: Ses escus ne li vaut le pan d'une ouaille, L'elme ne le clavain  vaillant un oef de quaille, Tout soef l'abat mort que gaires n'i bataille (Littré).
    caillette (pétrel)    Dér. de caille*1, prob. à cause de la couleur de certaines variétés de ces oiseaux et de la  confusion entre les pétrels (notamment les pétrels-tempête, de petite taille) et les cailles venant d'Angleterre par la  Picardie lors des migrations; suff. -ette*.
    cailleter (bavarder)    Dér. de caillette; dés. -er.
        Dans le commencement du XVIe siècle, il y avait un personnage fictif, très populaire ; c'était l'innocent  Caillette, sur lequel on trouve beaucoup de renseignements dans la Vie et Trespassement de Caillette, 1514  (Recueil des poésies françoises des XVe et XVIe siècles, par A. de Montaiglon et James Rothschild, t. X, 1875). Ce  personnage (pauvre idiot mendiant aux halles de Paris, mort a l'Hôtet-Dieu en 1514) explique fort bien l'emploi  que la Satire Ménippée, d'Aubigné et d'autres font du mot caillette (voy. l'historique). (Littré)
    caille : du néerlandais kakkel, onomatopée. 12ème siècle (http://www.latinistes.ch/Textes-etymologie/flamand-medieval.htm)

    caqueter    Dér. du rad. onomatopéique kak- reproduisant le piaillement de certains oiseaux; dés. -er. À  rapprocher du b. lat. cacabare (cacaber*).
        Malgré le dire de Pasquier, il est difficile de passer de coquet à caquet ; ce changement de l'o en a, possible en  soi, n'étant pas justifié ici par l'historique, qui n'a jamais que la forme en a. Jusqu'à plus ample informé, il ne faut  voir dans ce mot qu'une onomatopée. (Littré)


    cacaber    Empr. au b. lat. cacabare; lui-même empr. au gr. κακκαϐίζειν.

    caillebotte    Composé tautologique (Guir. Étymol., p. 11) à partir de la forme verbale caille (v. verbe cailler) et de botter* au sens de « s'agglomérer » qui est prob. bien ant. à sa 1reattest. en ce sens (en parlant de la boue sur les chaussures ds Fur. 1690).

    caillebot(t)is    Issu de caillebotte* (FEW t. 2, p. 817b et 818a) p. réf. à l'empreinte des claies sur lesquelles on fait égoutter le lait caillé et qui ressemblent à des caillebottis (cf. H. Coulabin, Dict. des loc. pop. du bon pays de Rennes en Bretagne, 1891, p. 68 : Cailles ou Caillibottes, espèce de fromage au lait cuit, puis divisé par carrés dans la forme d'un damier); l'hyp. d'un empr. à l'ital. carabottino (EWFS2), attesté dep. le xixes. notamment au sens de caillebottis (Batt.), fait difficulté des points de vue chronol. et phonétique.

    cailler    Début xiies. « se coaguler, se figer » (Psautier Oxford, CXVIII, 70 ds Gdf. Compl.); début xives. subst. masc. caillé issu du syntagme lait caillé (Fab. d'Ov., Ars 5069, fo193e ds Gdf. Compl. : caillié fres). Du lat. class. de même sens coagulare.
        Espagn. cuajar ; portug. coalhar ; ital. quagliare, cagliare ; de coagulare (voy. COAGULER). Formation régulière, l'u bref ayant disparu, il est resté coaglare d'où coailler dans un texte du XIIe s., et finalement cailler. (Littré).
        Rabelais utilisa ce mot en 1546 probablement en faisant référence à la cuisine de sa région d'origine. Mais la plus ancienne mention de la caillebotte se trouve dans le Catholicon, le premier dictionnaire trilingue du monde (breton-français-latin), rédigé par Jehan Lagadeuc en 1464, c'est le premier dictionnaire de breton et le premier dictionnaire de français. C'est la forme « caillibote » que l'on trouve dans le Catholicon, c'est à dire la forme gallèse de la Haute-Bretagne romane, et « coulet » en breton pour la Basse-Bretagne (« kaouled » en breton moderne). Il semble donc bien que ce soit à l'origine une spécialité bretonne, les « Caillebottes de Bretagne » étaient d'ailleurs particulièrement renommées, et citées dans les livres de cuisine comme celui du Sieur de La Varenne : Le cuisinier françois (éd. de 1680), ou comme celui de Cora Millet-Robinet : Maison rustique des dames (éd. de 1859). La Caillebotte est restée bien vivante en Bretagne avant d'être détrônée par le yaourt dans les années 1950-1960, elle est décrite dans la Cuisine traditionnelle de Bretagne de Simone Morand (1998). Ce fromage a donné son nom à des étagères à claire-voie, les caillebots sur lesquelles il est mis à égoutter. De là le terme de caillebottis, puis caillebotis, donné au capot à claires-voies couvrant une écoutille et tout plancher à claires-voies. Selon la région, il s'écrit caillebotte ou caillebote / caillibote avec un seul t. (wikipedia).

    caillette (4e estomac des ruminants)    Dér. d'un a. fr. *cail, caille « présure, ou organe digestif dont on fait la présure » postulé par de nombreuses formes dial., p. ex. cail (région de Nantes) « partie du tube digestif du veau dont on fait la présure » et l'a. prov. calh « lait caillé » (cf. également le m. fr. caille « lait caillé, petite masse de lait caillé », et l'arg. caille « indélicatesse » qui semble issu d'un type *caille « estomac »), du lat. coagulum « présure »; suff. -ette*.

    caillou    la forme normanno-pic. caillou a supplanté la forme francienne chaillou, ainsi que le m. fr. chail (1470), directement issu de *caljo, et ses dér. c(h)aillo(t) et c(h)aillel (région.)

    cajoler    Orig. incertaine; peut-être adaptation sous l'infl. de cage* du m. fr. gayoler « caqueter, babiller comme un oiseau » (1525, Banquet du boys ds Gdf.), dér. de gaiole forme pic. de geole* « cage » (xiie s. d'apr. FEW t. 2, 1, p. 554b; 1278, Roman de Hem., ds T.-L.) avec infl. sém. de enjôler* « attirer (dans une cage) par des vocalises qui flattent » (Dauzat 1973). − Cette hyp. semble préférable à celle qui consiste à dissocier cajoler « caqueter, babiller » et cajoler « flatter » (EWFS2 et REW3, no 1790 et 3640) et considérant le premier soit comme un dér. de l'anthroponyme Jacques désignant la pie dans certains dial., soit comme une formation onomatopéique à partir de cacarder* « caqueter », le second comme un croisement soit de enjoler et de caresser, soit de l'a. fr. jaiole « petite cage » et de caresser.
        Le Dictionnaire d'ancien-français de Godefroy donne cageoler, cajoler, cajoller, "chanter, en parlant des geais et des pies", puis "chanter". Wall. crajoler, "bigarré" ; namurois, cajoler, "enjoliver".

    cajute [kaʒyt]    Empr., par l'intermédiaire de la lang. écrite, au néerl. cajuit « cabine dans un bateau », m. néerl. kayhute, mar., 1455, lui-même empr. au fr. cahute*. Le b. all. kajute « id. » est un étymon moins probable, les échanges avec la Hanse ayant été paralysés par la Guerre de 30 ans. Cf. cahute.


  • CAL

    calamine, calaminaire, calaminer    1. xiiie s. forme normanno-pic. calemine « silicate hydraté de zinc » (Rem. pop., Am. Salmor, ds Études romanes dédiées à G. Paris, p. 259 ds Gdf. Compl.) − 1403, Tournai callemine, ibid.; xive s. [d'apr. Littré] chalemine (Du Cange t. 2, p. 20b); 1390 calamine (Médecine Franche-Comté, 23 ds IGLF Techn.); 2. 1928-33 autom. (Lar. 20e); 1928-33 métall. (ibid.). Calemine, chalemine est une formation semi-sav. à partir du lat. médiév. calamina « id. » (ca 1100 ds Mittellat. W. s.v., 15, 36) transformation du lat. cadmea (cadmie*) par un procédé obscur et très anc., comme le montre son évolution phonét.; v. Romania, t. 33, pp. 605-606; calamine est une réfection savante. Voir La Calamine (commune de Moresnet), en Belgique.

    calandre, calandrer, calandrage, calendreur    a) [Calendruer*, 1313 (kalendreur) et calendrer*, 1400] 1483 technol. « cylindre pour lustrer les étoffes » (Escript de lewiuer d'entre Jehan Carpentier et Jaquemart Pincemaille, chir., A. Tournai ds Gdf. Compl.); b) 1928, supra; c) 1948 automob. (Nouv. Lar. ill.). Prob. issu par assimilation vocalique d'un a. fr. *colandre, lui-même issu d'un b. lat. *colendra adaptation du gr. κ υ ́ λ ι ν δ ρ ο ς (cylindre*) avec changement de genre peut-être sous l'infl. de columna (colonne*) (Schuchardt ds Z. rom. Philol., t. 26, pp. 410-414; FEW t. 2, p. 935 et Bl.-W.5; v. aussi Brüch ds Z. rom. Philol., t. 65, 1949, pp. 195-222). L'intermédiaire du prov. calandra (calendra 1470 ds Pansier; REW3, no2437) n'est pas justifié. Un empr. au néerl. kalandern « glisser » (EWFS2) est à écarter, le néerl. étant empr. au fr. (De Vries Nederl.).

    calandre (insectes)    xves. calende « charançon » (Catholicon Lille, éd. A. Scheler, s.v. gurgulio [lire curculio]); 1504 calandre (J. Le Maire, IV, 24 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 288). Prob. var. dial. de charançon* (Bl.-W.5), mais dont l'orig. et l'évolution restent obsc. L'hyp. d'un empr. au néerl. kalander « id. » (Behrens D., p. 33) est à écarter, le néerl. étant empr. au fr. (De Vries Nederl.; Valkh.). Un emploi métaph. de calandre « oiseau » (Dauzat 1973) est peu probable.

    cale (Morceau de bois, de fer, etc., qu'on place sous ou contre un objet quelconque, afin de le mettre d'aplomb ou de l'immobiliser), caler (arrêter) et argot calancher (mourir)    1611 (Cotgr.). Prob. empr. à l'all. Keil « coin, cale » (Brüch ds Z. rom. Philol., t. 38, p. 697; FEW t. 16, p. 311; Bl.-W.5), peut-être par l'intermédiaire du mosellan [dial. germ. de Moselle] kall où la diphtongue a été réduite à la voyelle a (FEW).

    calembredaine    1798 (Ac.). Le 2e élément -bredaine est à rattacher à tout un groupe de termes dial. de la famille de bredouiller* (FEW t. 1, p. 541a); à l'appui de cette origine, les formes de Suisse romande ds Pat. Suisse rom., et norm. (Moisy); la forme calembourdaine (Genevois ds Pat. Suisse rom.) est issue du croisement avec bourde* « plaisanterie, parole en l'air » de la même sphère sém.; v. aussi Guir. Étymol., pp. 15-16.
        Le 1er élément est obscur; il est peut-être à identifier avec le préf. péj. ca-, cal(i)- (v. caboche), dont il serait une forme nasalisée; cf. pic. calaimberdaine (Corblet).
        L'hyp. de Guir., loc. cit., qui, rapprochant calem- du wallon calaude « babillarde », calauder « bavarder » et du pic. calender « dire des balivernes », tous empr. au flam. kallen « bavarder » (v. FEW t. 16, p. 298a) suppose un verbe *caller, fait difficulté du point de vue phonét. et géogr., et rend improbable pour ce mot la thèse d'une composition tautologique (*caller + brediner).

    calfeutrer (de feutre, d'origine germanique) Altération de calfater* avec développement d'un -r- épenthétique par croisement sém. avec feutre*, le feutre ayant servi de bourre.  Calfater, rendre étanche, au moyen d'étoupe goudronnée, les points et les interstices des bordages du pont d'un navire. (peut-être d'origine méditéranéenne).

    câliner    Prob. empr. au norm. caliner (Decorde : Caliner. Se dit des animaux qui se reposent à l'ombre dans les grandes chaleurs), dér. (avec dés. -er) du norm. caline (ibid.; Moisy) « chaleur étouffante, lourde » correspondant à l'a. et au m. fr. chaline, attesté du xiies. (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, éd. Fahlin, 21427) au xives. (P. de Crescens ds Gdf.), relevé par Cotgr. 1611 et encore en usage en poit. (Lalanne), d'un lat. vulg. *calina dér. du rad. de calere « être chaud » (v. REW3, no1517); cf. norm. caliner « faire des éclairs de chaleur », calin « éclair de chaleur » (Moisy). Pour l'évolution du sens de « chaleur » à celui de « paresse, indolence » cf. chômer (v. FEW t. 2, pp. 538b-539a); la longueur du a de câliner est peut-être le reflet d'une prononc. dial. − L'hyp. de Gamillscheg (EWFS2) selon laquelle câliner remonterait à l'a. fr. chadeler « conduire, mener qqn » (lat. capitellare, de caput), par l'intermédiaire d'une forme *cadliner supposée à partir du norm. cadeler « choyer, caresser » (Moisy) et de l'empr. m. angl. to caddle « id. » (Cotgr. 1611), fait difficulté du point de vue phonét.; pour les mêmes raisons, l'étymon lat. catellus « petit chien » (Spitzer ds Z. rom. Philol., t. 40, 1920, pp. 697-699; REW3, no1763) ne semble pas recevable.

    câlin    Malgré un léger hiatus chronol., déverbal de câliner*.

    calumet    1625-55 « roseau pour fabriquer des pipes » (Lettre plaisante de Tienote nouriche demeurant o Tronquay à Madame Alix ds La Muse normande, éd. A. Héron, Rouen, 1891, t. 1, p. 46); 1732 « sorte de grande pipe des Indiens d'Amérique » (Trév. : C'est un instrument des Sauvages de l'Amérique). Forme normanno-pic. de chalumeau* avec substitution de suff. (-et*).

  • CAM

    camarin (espèce de plongeon, oiseau aquatique, Gavia stellata L.)    Catmarin. C'est un nom picard prononcé camarin pour ce plongeon au cri rappelent un miaulement. Un nom provençal de cette espèce est miauco (miauleur). (Michel Desfayes, Origine des noms des oiseaux et des mammifères d'Europe, Editions Saint-Augustin, 2000).

    cambrésine    Toile de lin claire et fine qui se fabriquait à Cambrai.
        Cambraia (anc. cambraya) : lin en portugais (de la ville de Cambrai qui prospère et s'agrandit grâce à la production de draps et de toile de lin au XIIIe siècle). O tecido, foi utilizado pela primeira vez em Cambrai, na França, em 1595. O termo cambraia foi, possivelmente, uma alusão à Baptiste de Cambrai que era dono de uma fábrica de tecidos na qual eram produzidas peças leves e de superfície brilhantes.
        Cambric en anglais est un synomyne de lin qui se dit batiste.
        Cambric was originally a kind of fine white plain-weave linen cloth made at or near Cambrai. The word comes from Kameryk or Kamerijk, the Flemish name of Cambrai, which became part of France in 1677. The word is attested since 1530. It is a synonym of the French word batiste, itself attested since 1590. Batiste itself comes from the Picard batiche, attested since 1401, derivation derived from the old French battre for bowing wool. The modern form batiste or baptiste comes from a popular merge with the surname Baptiste, pronounced Batisse, as indicated by the use of the expressions thoile batiche (1499) and toile de baptiste (1536) for the same fabric. The alleged invention of the fabric, around 1300, by a weaver called Baptiste or Jean-Baptiste Cambray or Chambray (see Photo right), from the village of Castaing in the peerage of Marcoing, near Cambrai, has no historic ground. Cambric was a finer quality and more expensive than lawn (from the French laune, initially a plain-weave linen fabric from the city of Laon in France). Denoting a geographic origin from the city of Cambrai or its surroundings (Cambresis in French), cambric is an exact equivalent of the French cambrésine (/kɑ̃.bʁe.zin/), a very fine, almost sheer white linen plain-weave fabric, to be distinguished from cambrasine, a fabric comparable to the French lawn despite its foreign origin. Cambric is also close to chambray (/ˈʃɒmbreɪ/ from a French regional variant of Cambrai, and to chambray (/ˈʃɒmbreɪ/, from a French regional variant of Cambrai, a name which "also comes from Cambrai, the French city, where the material was originally made of linen yarn". Chambray (also spelled chambrai) appears in North American English in the early 19th century. Though the term generally refers to a cotton plain weave with a colored warp and a white weft, close to gingham, "silk chambray" seems to have coexisted. Chambray was often produced during this period by the same weavers producing gingham.
        Cambrai s'utilise dans le sens de linon en : portugais (cambraia), espagnol (cambray), italien (cambrì), roumain (chembrică), suédois (kambrik), indonésien (kambri), albanais (kambriku), danois (kammerdug), irlandais (cáimric), gallois (cambrig)...

    cambrer    Dér. de cambre « courbé, replié » (1350 [date du ms.], pic., Histoires tirées de l'Ancien Testament d'apr. FEW t. 2, 1, p. 164b, note 1 − 1611, Cotgr.), forme normanno-picarde de l'a. fr. chambre, 1204, G. de Dole, Vat. Chr. 1725, fo 93e ds Gdf., issu du lat. camur, camurus, « recourbé » attesté dep. Virgile ds TLL s.v., 222, 51.

    cambriole        (XVIII e siècle) Du provençal cambro (« chambre ») avec le suffixe -iole, -ole.   Les Sources de L'argot Ancien le donne comme d'origine picarde.

    cambuse    Empr. au néerl. kombuis « cuisine de navire, chaufferie », m. néerl. cabūse « id. », Verdam, issu du  m. b. all. kabūse, kambūse « réduit de bois situé sur le pont supérieur du navire, servant de cuisine et de lieu  de repos », Lübben, Kluge20, attesté à Breslau en 1422 d'apr. Valkh.

    came (arbre à cames)    Empr. à l'all. Kamm « peigne; came » (m. h. all. kamp, kambe, kamme « peigne », « crête d'une roue dentée, spécialement d'une roue de moulin », Lexer; v. aussi Kluge20et Behrens ds Z. für das Studium der neueren Sprachen, t. 30, 1repart., p. 160); le mot est entré en fr. comme terme de la technique du bocardage en métallurgie (cf. bocard1, empr. contemporain à l'all.).

    camigeotte    1916 « abri de tranchées », supra. Altération de canichotte « chambre petite et mal tenue », 1896-98, Bercy, XXXIIIeLettre, p. 6 ds Sain. Lang. par., p. 281, terme dial. spéc. normanno-picard canichotte « coin, recoin, niche » (Corblet); canichot « retraite, petite niche, petit trou » (Jouanc.); canichot « tout petit lit pour un enfant » (F. Le Maistre, Dict. jersiais-fr., Jersey, 1966), cf. canigeot « petit nid, terrier, retrait quelconque » (Verr.-On.); devenu canijotte (Bruant, p. 94). Canichot, canichotte sont dér. de caniche « niche », terme norm. (Le Maistre, op. cit.) et de l'Ouest (FEW, s.v. *nidicare), issu du croisement de niche et de cabane.
    camion     orig. inc.. 1352 chamion, camion « espèce de charrette » (Gloss. lat. fr., B.N. 1. 4120 ds Gdf. Compl.). A rapporcher de came* ?
        Dans le lexique de Corblet il est dit que camion est un mot picard passé dans le français. Du reste il est ancien dans la langue et d'origine inconnue. Campolus et camuleus, mots du bas-latin qui signifient chariot, porteraient à croire que dans ces mots est un radical cam, peut-être le latin cama, lit très bas, d'où l'espagnol cama qui a la même signification et de plus celle de fond d'un chariot. À cela se rapporterait aussi le chamuleus d'Ammien Marcellin, sorte de traîneau, de voiture très basse. (Littré).
        Dans la langue française, le mot « camion » désigne d'abord une « très petite épingle ». À partir de sa 6e édition (1832-5), le Dictionnaire de l'Académie française ajoute que « camion se dit aussi d'une espèce de petite charrette ou de haquet, ordinairement traînée par un cheval ou par deux hommes ». Avant cela, le Littré définit le camion comme une charrette dont les roues ont très peu de hauteur (mais aussi comme un « vase de terre servant à délayer le badigeon »). Camion désigne aussi à l'époque une « petite tête de chardon à carder », et encore un « sabot d'enfant ». Littré précisait que le mot a aussi pu s'écrire « chamion » et « gomion » au XVIe siècle. Littré considère l'étymologie du mot comme inconnue, mais le lexique de Corblet estime que camion, ancien dans la langue, est un mot picard passé dans le français. Camion est aussi le nom donné au bac dont se sert le peintre pour tremper son rouleau ou son pinceau !
        Campolus et camuleus, du bas-latin qui signifient chariot évoquent le radical cam (peut-être le latin cama ; lit très bas). L'espagnol cama signifiait à la fois un lit bas et le fond d'un chariot. Le chamuleus d'Ammien Marcellin était une sorte de traîneau, de voiture très basse.
        En 1932, le dictionnaire de l'Académie française définit le camion comme « espèce de charrette basse et lourde qui sert au transport des colis, des pierres, des barriques. Camion à chevaux. Camion automobile. Camion de louage ». « Il désigne aussi le char bas sur roues avec lequel les maçons transportent les pierres de taille » et on l'appelle aussi « fardier ». (wikipedia)
        D’origine inconnue ; une origine picarde et une parenté avec chemin (→ voir camino en espagnol par exemple) ou dans le latin chamulcus (« charriot bas ») sont avancées comme hypothèses. (http://fr.wiktionary.org/wiki/camion)
    camouflet    Issu de chault (chaud*) mouflet p. substitution du préf. ca- (caboche*) à l'adj., peut-être à la faveur d'une forme normanno-picarde caut-; mouflet « souffle », peut se déduire du wallon moufler « enfler ses joues » (Grandg.) dér. de moufle « gros visage aux traits épais [aux joues gonflées comme pour souffler] » (1536, Rouen ds Sotties, éd. E. Picot, t. 3, p. 48) en usage en norm. (Moisy); le sens 2 dériverait plutôt de 1b que de 1 a; cette hyp. semble préférable du point de vue sém. à celle de FEW t. 16, pp. 574b-575a qui considère chault mouflet comme composé de mouflet-moufle « gifle » (terme dial. relevé en Forez; cf. liégeois mofler « gifler », Haust et donner sur la moufle « gifler », Fur. 1690) extension de sens de moufle « visage épais ». Moufle est prob. empr. à l'all. Muffel, v. muffle.

    camp    Plus prob. forme normanno-pic. ou prov. de champ* qu'empr. à l'ital. campo. spéc. terme milit. au xiiie s.

    campagne (et campagnard)     Forme prov. ou plus prob. normanno-pic. correspondant à l'a. fr. champa(i)gne « vaste étendue de pays plat » (v. champagne1) qu'elle a progressivement éliminé en ce sens; l'hyp. d'un empr. à l'ital. campagna (REW3, no 1557; Wind, p. 148) n'est pas nécessaire pour le sens 1 étant donnée l'existence des formes normanno-pic. en a. fr. (xiie-xiiie s. ds T.-L.). Au sens 2 une infl. ital. est possible vu l'antériorité des attest. dans cette lang. (v. Batt. et Prati) et l'infl. de l'Italie sur le vocab. milit. fr. au xvie s. (v. aussi Hope, p. 172).

    camper    dér. de camp*, dés. -er [l'attest. du Rouman d'Alixandre (1288) éd. Michelant, p. 214, var., donnée par Quem. Fichier, où camper a le sens de « placer », est une forme pic. dér. de camp (champ*; cf. dial. de l'est champer « jeter, placer, mettre » ds FEW t. 2, p. 158; v. aussi champer, terme de salines)]; cf. dial. picard camper « exploser » (encore attesté en Belgique)

    camperche (barre de bois placée à travers le métier des ouvriers en basse-lisse).    Mot d'étymologie inconnue, décomposant camperche en perche de chant, c'est-à-dire poutre de côté (Arsène Darmesteter, Traité de la formation des mots composés dans la langue française, comparée aux autres langues romanes et au latin, 1873)

    camus, camard (dér. de camus par substitution de suff. -ard)    Orig. obsc. L'hyp. la plus vraisemblable semble être une dérivation à travers l'a. prov. camus, au fig. « niais » (xiie s. ds Hubschmid, p. 32) du gaul. *kamusio- composé du rad. celt. *kam- « courbe » et du suff. gaul. -usio, fréquent dans les anthroponymes (Hubschmid, pp. 32-33; v. aussi Cor., s.v. Camuesa); cette hyp., qui suppose, pour expliquer le [k] initial un intermédiaire prov., permet de rendre compte de l'antériorité de celui-ci. Le rattachement à un prototype gaul. *kommûssos (EWFS2) ayant pour base le b. lat. musus « museau » supposerait pour ce mot une orig. gaul., ce que rien ne permet d'affirmer (Cor., s.v. camuesa; REW3, no1555; v. museau). L'hyp. d'une formation fr. par préf. péj. ca-* et a. fr. *mus (v. museau) (FEW t. 6, 3, p. 282b; Bl.-W.5; Dauzat 1972) ne rend pas compte de l'antériorité de l'a. prov., ca-* n'existant pas dans cette lang. en tant qu'élément formateur de mots nouveaux.
        Provenç. camus, gamus, niais, sot ; ital. camuso, camoscio. Origine incertaine. On a indiqué le celtique cam, courbé ; mais, comme le remarque Diez, un suffixe us n'existe pas dans les langues romanes ; dès lors il est porté à y voir un mot composé ca-mus, où mus se rapporte à l'italien muso, français museau, et où il y aura un préfixe ca, peut-être péjoratif (voy. CA préfixe). D'autres l'ont rapproché de l'italien camoscio, espagnol camusa, chamois ; le chamois, comme la chèvre, pouvant être dit camus ; la forme des mots parle pour cette dernière étymologie. (Littré)
        CAMUS, it. camuso, camoscio; l'origine de ce mot est fort problématique; les langues romanes n'ont pas de suflixe us qui puisse autoriser à dériver camus de cymr. cam, courbé, tortu. Diez suppose donc une composition dont muso (museau) serait un des éléments. (En provençal, camus équivaut effectivement à musard, sot, inepte.) Le latin présente le mot camurus, avec le sens de recourbé; ni la modification de sens, ni celle de la forme ne s'opposent à ce que l'on y rattache camuso (on voit un passage de r en s encore dans besicle, chaise, poussière). (Scheler).
        Camus. Demeurer camus, être étonné : frappé, avec allus. au coup qui noircit, en v. fr. cameuse, qui change en noir. (Timmermans).
        En picard, champenois, marnais : camoussir, camouser signifie "moisir". Camus, gamus est absent du Dictionnaire étymologique de l'occitan. En italien camoscio, signifie chamois. Sous sa forme picard (camos), le mot chamois a été emprunté au néerlandais kamoos, pour la peau de chamois avec un changement vocalique inexpliqué (kamoesleder, kamuisleder).