• BO

    bocage    1. 1138 agn. boscage « lieu boisé, fourré » (Gaimar, Lestorie des Engles, éd. Sir Th. Duffus Hardy et Ch. Trice Martin, 6237, t. 1, p. 266), graphie sortie de l'usage dep. 1611 (Cotgr.); 1538 bocage (Est.), cont. poét. dep. Trév. 1704; 2. 1732 p. anal. géogr. (Trév. : Bocage [...] C'est aussi le nom d'un petit pays de Basse-Normandie, dans le Diocèse de Lisieux).
        Dér. dial. de *bosc, forme sans doute primitive de l'a.fr. bos (ca 1160, Enéas dans T.-L.), v. bois; suff. -age*; la forme norm. a évincé la forme d'a.fr. boschage (ca 1175, Chr. de Troyes dans T.-L.) le bocage étant un type de paysage caractéristique de l'ouest de la France. Cf. boqueteau, boquillon, bosquet.

    boier (bateau)    Empr. au néerl. boeir, m. néerl. boeyer, boyer « petit bateau à voiles », De Vries Nederl., à rattacher à boei « chaîne », les chaînes étant utilisées au cours de certaines manœuvres, De Vries, op. cit. Cf. bouée.

    bôme (barre rigide prenant appui en bas du mât d'un bateau à voile)    Du néerlandais boom (« arbre, mât »). En fr. de Belgique, poutre de gymnastique.

    bomerie ((Histoire) (Marine) Synonyme de bodinerie, sorte de contrat de prêt à la grosse aventure, qui était assigné sur la quille ou bodine du vaisseau, & où l'on hypothéquait le navire et sa marchandise)       Allem. Bodmerey ; holl. bodmerye ; angl. bottomry ; de boden, bodem, bottom, carène. (Littré)
         S. f. terme de commerce de mer, c'est une espece de contrat, ou de prêt à la grosse aventure, assigné sur la quille du vaisseau, différent de l'assûrance, en ce qu'il n'est rien dû en vertu de ce contrat, en cas de naufrage, mais seulement quand le navire arrive à bon port. On a donné ce nom à l'intérêt des sommes prêtées entre marchands sur la quille du vaisseau, ou sur les marchandises qui y sont chargées, moyennant quoi le prêteur se soûmet aux risques de la mer & de la guerre ; & comme la quille d'un vaisseau s'appelle bodem en hollandois, on a nommé ce prêt bodemerie ou bodmerie, dont nous avons fait celui de bomerie. (http://alembert.fr/index.php?option=com_content&id=750785374)
        Le Traité de la formation de la langue (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmester et al.) y voit un emprunt au néerlandais.

    bongeau, bonjeau, bonjot, boujeau (bottes de lin)    Bonge (paquet botte de chanvre ou de lin), aR. id. (botte d'oignons, d'aulx, etc.), R. bonjeau (botte, faix de lin en tiges). Bongie (trousseau de clefs ; paquet). De la racine binden (v.s. v. bondi) et = all. buendel, holl. bondel, bundel. (Grandgagnage, Dictionnaire étymologique de la langue Wallonne, 1845).
        Nom donné en Flandre à deux bottes de tiges de lin liées ensemble pour être rouis. (P. Fénelon, Vocabulaire de Géographie agraire, 1961).
        wall, bonge wird von Hecart im Dict. rouchi-franç. p. 69 nach Quivy bezeichnet als vieux mot, qui signifiait
    botte, et qui ne s'emploie que pour une bonge de liens, d'ognons, d'aux, etc. Ableitungen davon sind gleichbedeutende bonjeau, bonjot, bonjette. Vgl. außer Hecart auch Sigart, Gloss. mont. p. 91 und Grandgagnage, Dict. étymol. I, 63. Zur Herkunft bemerkt letzterer: De la racine binden (v. s. V. bondt) et = all. buendel, holl. bondel, bundel. Genauer gibt es das vlämische Diminutivum bondje (zu bondy s. De Bo, Westvlaamsch Idioticon p. 143) wieder. (Dietrich Behrens, Beiträge zur französischen Wortgeschichte und Grammatik; Studien und Kritiken, 1910)

    boqueteau        1598 boqueteau (R. Regnault, Hist. naturelle et morale des Indes, trad. de J. Acosta, f. 171 ro dans Fr. mod., t. 18, p. 233).
    Dér. avec suff. -el, -eau* de boquet « petit bois » xive s. (Aymeri de Beaulande, B.N. 1497, fo 374 ro dans Gdf. Compl.), bocquet 1470 (Comptes de la ville de Daellens d'apr. FEW t. 15, 1, p. 198b), forme normanno-pic. du francien boscet, boschet (fin xiie s. dans Gdf. Compl.), dér. de bois* avec suff. -et*.

    boquillon (bûcheron)    Terme d'aire pic. et flam., variante de boskellon « bûcheron » (ca 1170, Fierabras, 1670 dans Gdf. Compl.) forme encore attestée jusqu'au xiiies. dans T.-L., dér. de bosk- (bois*) avec substitution du suff. -ille* + -on* au suff. -ellon (-elle* + -on*).

    borain, borin (Nom, dans le département du Nord et en Belgique, des ouvriers qui tirent le charbon des houillères), borinage (L'ensemble des ouvriers qui travaillent dans les houillères, et aussi l'ensemble du travail des houillères)    En picard borin, borègne. Hypothèse de l'origine du mot : néerlandais boren, « forer, creuser ».

    borne, borner    Du b. lat. bodǐna, botǐna « borne », attesté dans la 1re moitié du viie s. sous la forme butina (Loi Ripuaire, tit. 60 dans Nierm., s.v. bodina), et sous la forme bodina en 831-832 (De Monsabert, Ch. de Nouaillé, no 13 p. 25, ibid.). Le b. lat. bodǐna est représenté en a. fr. par trois formes : bonne (d'où dérive abonner*), bosne et borne. En pic., le groupe δ/n a abouti à r/n (Fouché, p. 862; Gossen, Gramm. de l'a. pic., p. 107 § 50) d'où la forme borne*, qui l'a emporté en fr. mod. Botina, bodina serait d'orig. celt. (FEW t. 1, pp. 465-466, s.v. botina; REW4, no 1235, s.v. *botǐna; Dottin, p. 235).

    bort (variété de diamant servant d'abrasif pour le polissage)    Il est difficile de dire si le mot est empr. − ou bien au néerl. mod. boort « id. », Gallas (Valkh., p. 67; FEW t. 15, 1, p. 179), étant donnée la présence holl. en Inde de la fin du xvies. à la fin du xviiies., l'Inde étant jusqu'au xviiies. le seul fournisseur de diamants (les diamants du Cap n'ont été exploités que dans la 2emoitié du xixes.) − ou bien à l'angl. bort « id. » (Dauzat 1968) attesté sous la forme bourt en 1622 dans NED, l'Angleterre ayant fondé dès 1599-1600 la Compagnie des Indes. L'angl. et le néerl. sont d'orig. obscure.

    bosquet    Plutôt empr. au prov. bosquet « petit bois » (dep. ca 1343) dér. de l'a. prov. bosc « bois » qu'empr. à l'ital. boschetto littéralement « petit bois » attesté dep. le xives. (Pétrarque dans Batt.) dér. de bosco « bois », suff. dimin. -etto (-et*); l'a. fr. bosket, bosquet « petit bois » (1173, pic., Aiol ; 1285, pic., Chastelain de Coucy ; mil. xiiie s., pic., Ph. Mousket ; fin xive s., pic., Froiss.) est la forme pic. de bochet, v. boqueteau et bouquet1 ; l'-s- ne s'est pas maintenu en pic. (Ch.-T. Gossen, Petite gramm. de l'anc. pic., Paris, 1970, § 50, p. 108, v. l'a. fr. boquet au mot boqueteau) et ne peut donc avoir été à la source du fr. mod. bosquet.

    bosseman    I empr. au m. néerl. bootsman « maître d'équipage », forme contractée boosman, composé de boot « bateau » et man « homme » ; une influence de bosse* « sorte de cordage » expliquerait des formes du type bossemens ; l'hyp. d'un empr. au b. all. boosman fait difficulté du point de vue hist., les Allemands du Nord étant fort rares sur les côtes fr. à cette époque. II croisement de bosseman avec boscot* « bossu ».

    bossoyeur    Dér. de bosseyer « tailler les parois (en laissant des bosses) » attesté également par le dial. wallon bosseyement qui désigne cette opération (Haust, s.v. bosse), forme parallèle à l'a. fr. bossoier « faire des bosses, frapper rudement qqn » (J. de Meung, Testament, ms. Corsini, fo157ddans Gdf.) dér. de bosse1* (FEW t. 1, p. 468a); suff. -eur2*.

    bot (chaloupe)    Empr. au m. néerl. boot « bateau » qui, avec le m. b. all. bōt (d'où le h. all. mod. Boot) est empr. au m. angl. bōt (angl. mod. boat) v. Verdam et De Vries Nederl.; le mot a prob. été introduit en fr. par les constructeurs de navire néerl. fixés en France (Valkhoff dans Neophilologus, t. 18, 1932, p. 4). Cf. potequin.

    botte (de radis, de foin, de paille)    Empr. au m. néerl. bote « touffe, botte de lin », Verdam (Valkh., p. 68; REW3, no1229; Gesch., pp. 30-31; FEW t. 15, 1, p. 230); bote se rattache au verbe néerl. boten « battre, frapper » (De Vries, Nederl., s.v. boot 4 et bot 2, prob. : quantité battue par le fléau et liée ensemble). L'étymon m. b. all. corresp. bôte, de même sens (EWFS2), est moins probable étant donnée la rareté des empr. à cette lang. (Valkh., p. 6) et l'aire géogr. du mot fr., surtout attesté dans le domaine pic., supra et Gdf. Compl. (Gesch., loc. cit.). − L'emploi arg. vient peut-être de ce que ces élèves formaient un ensemble, un paquet.

    boudine    1. Fin xiies. botine « nombril » (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 251 dans Gdf.); 1223 boudine (G. de Coinci, Miracles, ms. Soiss., fo180d, ibid.) − 1611, Cotgr.; répertorié comme ,,v. lang.`` par Ac. Compl. 1842; 2. 1751 verrerie (Encyclop. t. 2). Mot d'orig. obsc., peut-être onomatopéique, formé sur la racine bod- exprimant qqc. de gonflé, d'enflé (v. bedaine).

    bouée    Prob. empr. au m. néerl. boeye « id. », à rattacher au frq. *baukan « signe » correspondant au germ. *baukna et que l'on peut déduire du m. néerl. boken, a. sax. bōkan, a. h. all. bouhhan « signe ». Contrairement à l'opinion de Vidos Tecn., et FEW, il convient semble-t-il, de séparer le m. néerl. boeye « lien, chaîne, entrave », empr. à l'a. fr. buie « lien, fer, entrave » (xiies. dans T.-L.); du lat. boja « carcan, entrave », du m. néerl. boeye, terme de mar., étymon du fr. bouée. L'hyp. d'une dérivation directe soit du germ. *bauk[n]- « signe » soit du frq. *bokan semble devoir être écartée en raison de l'apparition tardive du mot français. Cf. boier.

    boulanger    Terme d'orig. pic.; prob. élargissement normalisant par le suff. -ier* de l'a. pic. boulenc « celui qui fabrique des pains ronds » (fin xiie s., Charta Peagiorum urbis Ambianensis, quae est Philippi Comitis Flandriae dans Du Cange, s.v. bolendegarii [plur. boulens]), lui-même dér. avec suff. -enc (issu du germ. -ing, littéralement « celui qui fabrique les pains »; cf. a. fr. *tisserenc, tisserand*) d'un a. b. frq. *bolla « pain rond » (FEW t. 15, 1, p. 176) que l'on peut déduire du m. néerl. bolle « pain rond », Verdam [néerl. mod. bol « id. »], a. h. all. bolla, glosé pollis « fine farine de froment » (Graff t. 3, col. 96), m. h. all. bolle « farine de résidu », « pâtisserie faite avec cette farine » (Lexer) que Marchot dans Romania t. 47, pp. 207-211 rapproche du lat. pollen « fleur de farine », v. aussi Falk-Torp t. 1, p. 91.

    boulevard    Terme attesté aux xive et xve siècles dans des textes d'orig. wallonne et pic. (supra; v. aussi Gdf. Compl. et Littré). Plus prob. emprunté au m. néerl. bolwerc « bastion » (Gesch., p. 10; Valkh., p. 69; Behrens D., p. 50; EWFS2; Dauzat 1968; FEW t. 15, 1, p. 178; v. Verdam et De Vries Nederl.) qu'au m. h. all. bolwërc (v. Lexer30); il est possible aussi que le mot soit parvenu en fr. par l'une et l'autre voie; la finale du mot a été ultérieurement assimilée au suff. -ard*. Le fr. a été à son tour emprunté par les autres lang. rom. (REW3, no 1197).

    bouline (cordage), bouliner    Prob. empr. au m. angl. bou(e)line « cordage » attesté dans MED sous la forme boweline en 1295 dont le 2e élément est line « corde », le premier restant obsc. L'étymon m. néerl. boechline fait difficulté du point de vue chronol. et géogr., le mot fr. étant agn. ; l'a. nord. boglina proposé comme étymon est en réalité un empr. au m. néerl. 
        Angl. bowline ; dan. bugline ; holland. boelijn ; de bug, bow, boe, proue, et line, corde. (Littré)

    bouque (Embouchure d'une passe, d'un canal, d'un bras de mer)    Empr. à l'a. prov. boca « bouche, ouverture », xiiie s. dans Rayn., prov. mod. bouco, mar. « passe » (Mistral); en 1338 bouque « passe étroite » (Cart. de Flines, 572 dans Quem.) est un mot pic. corresp. au fr. bouche* terme maritime. Cf. bouquin.

    bouquet (arôme)    forme normanno-pic. du francien boscet, boschet, fin xiie s.; à rapprocher du normanno-pic. boquet, v. boqueteau, la forme francienne correspondante est bouchet « petit bois » 1325

    bouquet (Gale qui affecte le museau du mouton) Dér. de bouque, forme normanno-pic. de bouche* (1332, 31 mai pic. bouke, Cart. de Flines, Hautcœur, CCCCLVIII, p. 555 dans Gdf. Compl., s.v. bouche1); bouquet correspond au francien bouchet « id. » (1379 J. de Brie, fo 4 ro, s.d., ibid., s.v. bouquet).

    bouquet (Grosse crevette rose) Grosse crevette très-estimée). Issu p. anal. de l'a. fr. bouquet « petit bouc » dimin. de bouc* attesté fin xiie s. sous la forme bochet (Hermant, Bible, Richel. 24387, fo 55b dans Gdf.); 1 parce qu'il s'agit d'autres animaux mâles; 2 prob. à cause des « barbes » de l'animal.

    bouquette (L'un des noms vulgaires du blé sarrasin, dans le Nord ; ou boûkète (en Wallon) est une crêpe levée à la farine de sarrasin, agrémentée fréquemment de raisins secs, frite à la poêle avec du saindoux, que l'on mange chaude ou froide, garnie de sucre, de vergeoise (appelée cassonade en Belgique) ou encore de sirop de Liège)    Elle tire son nom du blé de sarrasin ou blé noir appelé « bouquette » puis « boquette », dérivé du néerlandais « boekweit » [Französisches Etymologisches Wörterbuch (FEW), vol. 15/1, 173 b cité par Martine Willems] dans une dénomination attestée depuis le début du XVIIe siècle avant de prendre le sens de crêpe, attesté pour la première fois en 1743 [Martine Willems, Le vocabulaire du défrichement dans la toponymie wallonne, vol. II, éd. Droz, 1997, p.128]. (Wikipedia)

    bouquin (Embouchure d'une petite trompe de chasse ; Trompe de chasse ; Embouchure d'une pipe)    Mot à rattacher à l'étymon lat. bucca « bouche » mais dont l'intermédiaire, nécessaire pour expliquer la forme en [k], est difficile à préciser : l'hyp. la plus probable est celle d'une dérivation de boucque, forme normanno-pic. de bouche* avec suff. -in*, l'empr. à ces dial. s'expliquant par le fait qu'il s'agit d'un terme de chasse. L'hyp. d'un empr. au vénitien bochin, terme de souffleur de verre, dimin. de bocca « bouche » (Barb. Misc. 2, pp. 389-390) v. bauquin, fait difficulté étant donné l'écart des deux domaines et le fait que le sens techn. du vénitien est seulement relevé à la fin du xixe s.; l'hyp. d'un empr. à l'ital. bocchino « petite bouche » (EWFS2; Bl.-W.5) se heurte au fait que le mot n'est employé comme terme de mus. qu'au xixe s. (Tomm.-Bell.; Batt. et DEI; en 1710 le Dict. de mus. de S. de Brossard, p. 24 traduit cornet à bouquin par l'ital. cornettino); en outre ces 2 dernières hyp. se heurtent à une difficulté phonét. celle du passage de [o] ital. à [u] français. Cf. bouque.

    bouquin (vieux livre)    1459 boucquain « vieux livre dont on fait peu de cas » (Jacques Milet dans Romania, t. 22, 1893, p. 240); fin xvie s. bouquin (Du Haillan, Hist., Préf. dans Gdf. Compl.); 1845 (Besch. : Bouquin [...] Ironiq. Livre, quoique moderne qui n'a d'autre valeur que celle des enjolivures); 1866 « livre en général » (Lar. 19e); 1897, Nouv. Lar. ill. : ,,cette [...] acception est populaire''; 1928, Lar. 20e : ,,Argot des écoles, et fam.''
        Empr. à un dimin. du m. néerl. boec « livre » correspondant à l'a. h. all. buoh [all. Buch], ags. bok [angl. book]; étant donné que les formes attestées : m. néerl. boecskijn, boekelkijn (Verdam s.v. boec) peuvent difficilement rendre compte de la forme fr., il est indiqué de supposer un dér. *boeckijn (Gesch., pp. 32-33; FEW t. 15, 1, p. 173).

    bourdaine / bourgène    Av. 1204 a. norm. borzaine (Charte citée par P. Meyer dans Romania, t. 1, p. 422); apr. 1350 (?) bourdaine (Usem. de la for. de Brecelien, Cart. de Redon, Eclairc., CCCLXXX dans Gdf. Compl.); cf. début xves. norm. bourdaine (Coutumier des foréts Evreux, Moutiers, Roseux dans Delisle, La Classe agricole ... en Normandie, New-York, s.d., p. 352); dans les dict. sous la forme bourdaine à partir de Cotgr.; 1775 bourgène (Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat., Paris, Brunet, p. 543).
        Orig. obsc.; le mot est aussi attesté par le topon. lat. Boscum de Bordena (xiiies. dans FEW t. 21, 1, p. 115a) aujourd'hui la Bourdaine, Seine-Maritime; il représente un pré-roman *burgena, dér. d'un type contenu dans le basque burgi, v. bourg-épine; les formes en -rd- issues de -rg-sont caractéristiques des parlers de l'Ouest (cf. ardille pour argile, FEW t. 1, p. 137a).

    bourgeron     (Courte blouse de toile que portent les ouvriers, les soldats, pour certains travaux)    Terme des dial. septentrionaux rouchi bougéron « sarrau ou surtout de toile fort court, à l'usage des bûcherons » (1834, Hécart) dér. de l'a. fr. bo(u)rge « sorte de toile » (xive s., Coutumes de Châtillon-sur-Seine, ap. Garnier, Chartes bourguignonnes, I, 409 dans Gdf.), du lat. vulg. *burrica, dér. de burra (bourre*). Cf. bourrer.

    bourgue (sou) 1901, supra, ex. 1. Altération de l'arg. bourque « sou » (1899, témoignage du malfaiteur Nougier dans Esn.), métathèse de l'arg. bro(c)que « double, pièce de monnaie » (1627, La Vie généreuse, éd. chez N. Oudot à Troyes [1reéd. 1596] dans Sain. Sources t. 1, p. 166) forme normanno-pic. de broche (de fer) « obole » (1559, Amyot, Fabius, 54 dans Littré), v. broche; de l'arg. fr., le liég. broke « pièce de 2 centimes » (v. FEW t. 15, 1, p. 302b). Cf. broque.

    bourle    La bourle est un jeu traditionnel du nord de la France, très pratiqué jusqu'au début du XXe siècle, en particulier dans la région de Lille. Une variante, la " Boule flamande ", est également pratiquée, notamment à Hazebrouck et à Bailleul.

    bourlingue, bourlinguer, bourlingueur    Peut-être à rattacher à boulingue « voile supérieure voisine de la hune » (1509, Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule), les deux mots étant d'orig. inc.; un rapp. avec le verbe bouliner* ne convient pas du point de vue morphol. Cf. bouline.
        Bourlingue, P. Etre dans la bourlingue, bourlinguer, être dans une situation pénible : être forcé d'aller à la bouline, de virer constamment de bord. Le r résulte d'une mésinterprétation de boul-ingue ; en ly. on dit burla pour boule ; en it. burlare pour bouler, se moquer. Mais bouline dérive du mot angl. bowline, la ligne ou corde pour diriger la cavité (bow) de la voile au vent. Bourléyer, en ly., veut dire travailler inutilement; bouliner en fr., marauder : suivre un cours irrégulier, rôder. (Timmermans)

    bourrer    Dér. de bourre*; dés. -er; pour 3 étendu à l'emploi en manège (cf. sém. I B 3), peut-être infl. de l'a. wallon burir « se précipiter », cf. bourrir.

    bourriauder    Terme pic. (Hécart) attesté aussi en Moselle (Zeligzon) et dans la Meuse (Labourasse), dér. du pic. bourriau (cf. wallon bouria, Haust), corresp. au fr. bourreau2*. À bourriauder correspond le fr. rare bourreauder (1761, F. Tissot dans Gohin); dér. de bourreau2*; dés. -er, consonne de transition d.

    bourriche     D'orig. obsc. Une dér. à partir de bourre* (FEW t. 1, s.v. bŭrra; Dauzat 1968; Bl.-W.5) est difficile à expliquer du point de vue sém. Pourrait être dér. de la racine préromane *bŭrr, var. de *burn- (à l'orig. de nombreux mots dial. désignant des objets analogues : poit. bourgne « engin de pêche », saint. bourgne, bourgnon « sorte de nasse pour prendre le poisson », Bas-Maine borñáo « id. » etc.; v. EWFS2, s.v. bourriche et bourgne, W. von Wartburg dans R. Dial. rom., t. 4, 1912, pp. 23-29 et J. Hubschmid dans Romanica Helvetica, t. 54, pp. 82-83); suff. -iche*; 2 est issu de 1 p. métaph. iron., cf. cafetière, carafe, carafon, tirelire, fiole, etc.

    bourrir ([En parlant de la perdrix] Faire un certain bruit avec les ailes en s'envolant)    Orig. controversée; prob. empr. au m. h. all. burren « bruire » (Lexer). L'hyp. d'un rattachement à l'a. b. frq. *būrjan « partir avec force » (à rapprocher du m. h. all. bürn « lever », Lexer, de l'a. nord. bysja « se précipiter avec force », De Vries Anord.) fait difficulté du point de vue phonét. à moins d'y voir l'infl. de bourrer « forcer le gibier », EWFS2 (v. bourrer étymol. 3); à ce dernier étymon a. b. frq. būrjan remonte au contraire l'a. wallon burir « se précipiter » (xiiie s. dans Gdf.), qui, contrairement à l'indication de EWFS2 ne semble pas, du point de vue phonét., être assimilé à bourrir.

    bourse (lieu)    Orig. obsc.; peut-être ext. de sens de bourse1* d'apr. la loc. fr. monnaie courant en bourse (dès 1339) corresp. au lat. moneta in bursa currens « monnaie qui a cours au moment du payement » (1290 textes brabançons). Une autre hyp. est transmise par Mén. 1750 : d'apr. Guichardin dans sa Description des Pays-Bas [1567] chapitre Il Ritratto della Borsa d'Anversa, le mot borsa, d'abord appliqué à la bourse de Bruges, devrait son nom à une place où se trouvait la maison, ornée de trois bourses d'une noble famille appelée della Borsa [van Der Burse], lieu de réunion des commerçants de la ville; v. aussi Kluge20, s.v. Börse. L'état actuel de la docum. ne permet pas de trancher.
    alld. Börse     Eine Brügger Kaufmannsfamilie, die in ihrem Wappen drei Geldbeutel führt, erhält den Beinamen van de Borse, und der Platz vor deren Haus sowie die dort stattfindenden Zusammenkünfte der Kaufleute werden borse genannt. 1531 geht die Bezeichnung auf ein in Antwerpen errichtetes Handelshaus über, und noch im gleichen Jh. wird nl. borse, beurs für Handelszusammenkünfte bzw. das Gebäude dafür ins Dt. übernommen. Im 18. Jh. wird Börse, verdeutlichend auch Geldbörse, erneut im Sinne von ‘Geldbeutel’ aus nl. beurs, geldbeurs entlehnt, nachdem frühnhd. bursze, borse ‘Geldbeutel’ eine eigene Bedeutungsentwicklung erfahren hat.
    néerl. beurs    Het woord kreeg deze betekenis mogelijk naar de Brugse herberg Ter Beurze of d'Oude Buerze. De makelaars- en herbergiersfamilie die er vanaf 1257 meer dan twee eeuwen lang woonde, heette Van der Borse (of Van der Burse, Italiaans Della Borsa); ze had drie geldbuidels als wapenschild (Guicciardini). Het huis was een ontmoetingsplaats van handelaren en bankiers. Een aannemelijker verklaring is dat de betekenis van beurs als handelsgebouw zich ontwikkeld heeft uit die van ‘geldzak’. In 1531 werd de Antwerpse ‘beurs’ geopend en vanaf toen verving beurs het Franse woord Loge (de Change), dat een leenvertaling van Italiaans loggia was. Nederlands beurs werd overgenomen in verschillende talen: Fries beurs; Duits Börse [1531]; Engels bourse; Deens børs; Zweeds börs; Noors børs; Frans Bourse (nog steeds met hoofdletter) [1549]; Italiaans (via het Frans) borsa [18e eeuw]; Spaans bolsa. Neolatijn bursa ging naast ‘leren zak, geldbeurs’ ook ‘de Beurs te Brugge’ betekenen. Uit de betekenis ‘gebouw waar gehandeld wordt’ is de abstracte betekenis ‘samenkomst van kooplieden’ ontstaan [1611; WNT]. Lit.: L. Guicciardini (1567) Descrittione di tutti i Paesi Bassi, Antwerpen.
    angl. bourse    "stock exchange," 1570s, burse, from O.Fr. borse "money bag, purse" (12c.), from M.L. bursa "a bag" (see purse). Fr. spelling and modern sense of "exchange for merchants" is first recorded 1845, from the name of the Paris stock exchange. The term originated because in 13c. Bruges the sign of a purse (or perhaps three purses), hung on the front of the house where merchants met.
    it. Borsa (dei mercanti)    è chiamato Il luogo dove radunansi i commercianti per trattare dei loro negozi ; e l'origine di tal nome si è voluto trarre da Burges, città della Fiandra, che fu il banco principale della lega Anseatica ; altri dalla piazza ove in quella città convenivano i mercanti e che sarebbesi detta della Borsa, dalla casa di une nobile famiglia cosi cognominata, la quale aveva per arme tre borse, onde poi questo nome particolare sarebbesi esteso ad ogni luogo consimile.
    esp. Bolsa      Del nombre de la familia Van der Bourse, en Brujas.
    port. bolsa     it. borsa orign. 'odre para levar água', a partir do XVII acp. 'lugar de comércio, de negócios', der. p.ext. de Van der Bürse, it. della Borse, nome de família em cuja casa (em praça ornamentada com três bolsas na acp. 'odre, saco') se reuniam (sXV-XVI) os comerciantes venezianos; admite-se intermediação do fr. bourse (c1677) 'lugar público usado para negócios, transações comerciais e monetárias', que se firmou nesta acp. no sXVIII (após conviver com change e place); acp. it. comercial e financeira entrecruza-se com o lat.tar. bursa, doc. d1290 em textos brabantinos, na frase moneta in bursa currens 'saco que contém dinheiro', donde o fr. (sXIV) monoie courant en bourse 'moeda que circula (trazida em mãos, bolsa ou saco) nos atos de pagamento'; essas orig. de tal modo intercruzadas justificam que nem sempre se distingam 1bolsa e 2bolsa como dois voc. divg.; ver bols-

    bourset    bourcet ou bourset [buʀsɛ] n. m. ÉTYM. XVIe; néerl. boegzeil, de boeg « proue », et zeil « voile ». ❖ ♦ Mar. Voile quadrangulaire soutenue par une vergue, sur laquelle le point de drisse est placé au tiers (Gruss). || Bourcet de lougre, de chasse-marée; (Encyclopédie Universelle [http://encyclopedie_universelle.fracademic.com/187402/bourset])

    bouterame (une tranche de pain sur laquelle on étend du beurre chaud (François Lacombe, Dictionnaire du vieux langage françois, 1766)) En wallon bouteram voulait dire tartine (cf. l'expression "ça rime et ça rame come tårtene et bouterame"). Serait encore employé dans le Lyonnais.
        BOUTERAME, f. f. On appelle ainsi une tranche de pain, sur laquelle on étend du beurre, des pommes cuites, du fromage, & de la viande. C'est un mot Flaman. (Gilles Ménage, Dictionnaire etymologique, 1694)
        Het woord boterham komt uit de Frankische streken van het Nederlandse taalgebied; in het Fries bestaat uitsluitend het Nederlandse leenwoord boaterhamwoarst ‘boterhamworst’. Voor de rest komt in Friestalig gebied stik, stuk voor (in stikje of stikite bôle ite ‘een boterhammetje eten’); ook het Brabants kent de samenstelling stikke-, stukkezak ‘zak om boterhammen in mee te nemen’. Het Fries kent tot slot nog broekje, brogge, een vorm die ook voorkomt in de Saksische gebieden als brugge, brogge (zie ook Thes.). Ook Westfaals buotram. (O. de Neve (1972) ‘Boteram van vrouwen cleren’, in: TNTL 88, 276-280)
         boterham znw. v., sedert de 16de eeuw bekend, later ook verder verspreid > westf. buǝtram, platduits boteram (sedert 1755, vgl. Κ. Scheel, Jahrb. Ver. nd. Sprachf. 1961, 94) en zelfs fra. bouterame ‘botergebakje’ (17de eeuw, Valkhoff 72).
        De verklaring van het 2de lid is onzeker. 1. Uitgaande van de vorm -ham verklaart J. W. Muller Ts. 15, 1896, 22-30 het als hetzelfde woord als ham 1 met de bet. ‘homp, stuk, brok’; dan moet de bet. ‘geboterd schijfje brood’ op een latere ontwikkeling berusten. — 2. Jos. Müller, Fschr. Kluge 103 wil uitgaan van een 2de lid -ram, dat hij verbindt met rijnl. remme ‘dikke snee brood’, remmel ‘groot stuk brood’, verder te verbinden met ram 2, vgl. heerlens remmel ‘dikke stok, knuppel’. Onzeker, vgl. van Haeringen Suppl. 24. — 3. Zeer gewaagd is de verbinding met gr. ákmenōs ‘zonder ontbijt, hongerig’, lett. kumuóss ‘hap’ van een idg. wt. *kemǝ-, komǝ-, kmā ‘hap, beet’ (IEW 557-8). — Het woord boterham is uitsluitend frankisch; in het fries zegt men stik, stuk, in het Saksisch brugge, brogge. (J. de Vries (1971), Nederlands Etymologisch Woordenboek)

    bouteriau/bouterau/boutriot (n.m.)    (Histoire des techniques) Poinçon d'acier utilisé pour façonner la tête de l'épingle, de bouter (par l'intermédiaire du suffixe -erel), "frapper, pousser" et bouterie, "action de pousser".


  • BRA

    brader (néerl. par les dialectes picard et wallon) et braderie, bradeur, -euse :
        I.− 1448 Lille « rôtisserie » (Ord., XIV, 24 dans Gdf. : leur braderie ou rotisserie), attest. isolée.
        II.− [Fin xviiie s. d'apr. Lar. Lang. fr.]; 1834 rouchi (Hécart : Braderie, action de brader, consommation inutile. Il y a à Valenciennes une rue de la Braderie, qui tire son origine de ce verbe. Lorsqu'une denrée est trop abondante pour la consommation ordinaire, les vendeurs crient : al braderie, au reste, au reste!); d'où 1867 Flandre (Verm. : Il se fait, chaque année, à Lille, le premier lundi de septembre, un marché qu'on appelle la Braderie, parce qu'on n'y vend que des objets ternis, salis, troués, tachés, etc., en un mot bradés); d'où ca 1925 braderie (d'apr. FEW t. 15, 1, p. 234).
        I empr. au m. néerl. braderie « rôtisserie, restaurant à bon marché » (Verdam), terme formé à partir du rad. de braden « rôtir » (brader*) et du suff. fr. -erie*, v. Gesch., s.v. brader; Valkh., p. 73; FEW, loc. cit. II de brader* étymol. 2; suff. -ie*; terme formé en wallon et pic., et passé de là en français.

    bragard, braguard ((personne) gaie, qui aime les plaisirs)    1495 (Folie des Gorriers d'apr. H. Lewicka dans Kwart. neofilol., t. 1, 1954, p. 75); 1507 « fier, orgueilleux » braghar (Lemaire de Belges, Les Chansons de Namur, n, 296 dans Hug.); 1560 « vif, habile » bragard (E. Pasquier, Recherches, II, 16, ibid.) − 1690 (Fur. : ,,vieux mot & hors d'usage``), repris au xixes., supra. Dér. avec suff. -ard* du m. fr. braguer « faire le fier » (1547, Melin de Sainct-Gelays, A une mal-contente, I, 198 dans Hug.), lui-même dér. de brague*; cf. faire bragues (milieu xves. éd. 1480 Sermon des Maux de Mariage dans Anc. Poés. fr., Paris, 1855, II, 6, 7) et wallon braguer « orner, parer; faire de la toilette », Haust.

    brai (B)(orge broyée pour la fabrication de la bière)    Av. 1185 (A. Thierry, Monum. de l'hist. du Tiers-Etat, IeS., i, 77 dans Barb. Misc. XI, p. 12) − 1611 (Cotgr.); demeuré en wallon brā (Haust), brai (Verm.), brais « bière de mars » (Corblet); répert. dans la lexicogr. du xixes. dep. Ac. Compl. 1842. Du lat. brāces « sorte d'épeautre » d'orig. gaul. (d'apr. Pline, Nat., 18, 62 dans TLL s.v., 2162, 25). la forme brais. Pour cette graph. cf. aussi DG (qui, s.v. brai, renvoie à brais).

    brancard    Sans doute de la même orig. que branche* (FEW t. 1, p. 497 et REW3, no 1271) − soit dér. de la forme norm. branque (av. 1267 Lucid. dans Gdf. Compl.) d'apr. Bl.-W.5 et Dauzat 1968, avec suff. -ard* désignant des inanimés (cf. billard, buvard, placard, poignard, etc.) − soit empr. au prov. mod. brancan, brancat, brancal « brancard, grosse charrette, gourdin » (xvie s. C. Brueys dans Mistral) d'apr. EWFS2, DG, Nyrop t. 3, § 354, avec assimilation au suff. -ard*. Dans l'une et l'autre hyp., le fr. mod. brancal est empr. au provençal. Le recours à un étymon *brankareton « les bras » plur. collectif du gaul. *branka [lat. branca, v. branche] (Hubschmied dans Vox rom., t. 2, pp. 24-29) ne semble pas nécessaire pour rendre compte du suff. -ard.

    branderie (Se dit dans quelques provinces pour usine où l'on fait de l'eau-de-vie)     Allem. Brand, brûlement. (Littré).
        (Commerce) c'est ainsi qu'on nomme à Amsterdam les lieux où l'on fait les eaux-de-vie de grain. (Encycl. de Diderot et d'Alambert).
        Guiraud émet l'hypothèse d'une origine septentrionale (Nord)(1ère attest. 1811)

    brandestoc (Bâton creux contenant une ou plusieurs lames qui, une fois sorties (par un mouvement brusque ou grâce à un mécanisme à ressort), le transforment en pique)    "Bâton ferré aux deux bouts" [FEW XVII, 191a : springstok]

    brandevin    I empr. à l'all. Branntwein attesté dep. 1360 sous la forme du m. h. all. brantwin « eau de vie »,  composé de brant abréviation du part. passé gebrant « brûlé » et de win « vin », littéralement « vin brûlé,  c'est-à-dire distillé » (Pat. Suisse rom.; Weigand; v. aussi Tapp. t. 2, p. 18). II empr., prob. au cours des guerres du  xviies. (v. ex. de Richelieu) au corresp. néerl. brandewijn, attesté dep. le xives. sous la forme du m. néerl.  brantwijn (De Vries, Nederl.), v. aussi brandy. D'apr. De Vries, le mot serait autochtone en néerl.

    branque (mauvais ouvrier, niais)    issu de A avec infl. de braque* « étourdi, écervelé »; peut-être à rapprocher de B 1, le rouchi bonne branque « mauvais sujet, polisson » (Hécart, Dict. rouchi-fr., Valenciennes, 1834), rangé par FEW t. 1, p. 496b, s.v. branca (branche*).

    bransqueter (Soumettre au paiement d'une somme en menaçant à défaut de pillage et d'incendie, rançonner)    FEW XV-1, 253b-254a : néerl. brantschatten.
        Bransqueter, branscheter, branschatter, bracater, branqueter, brancheter, bracheler. Wall. branscater, rançonner ; branzecoter, bronzecoter, brusquer quelqu'un, l'offenser par des paroles rudes. (Godefroy)
        BRANSTATER. L'Empereur Maximilien I. dans une Lettre du 15. May 1513. à Marguerite sa fille, T. 4. pag. 135. des Lettres du Roi Louis XII. où il parle du Roi d'Angleterre : Ou sinon icelluy nostre frère peult dez ce mefme lieu de Crotoy prendre un chemin au pays de Normandie , & d'illecq branstater tout le plat-pays, de quoi il pourra entretenir plus de la moitié de saditte armée. Branstater, de l'Alleman brand stecken, c'est ravager, & proprement mettre en feu. Branstater, mot de la façon de l'Empereur Maximilien I. est ici employé par lui dans la signification de mettre sous contribution. Les Allemans appellent brandt-brief, une sauvegarde qui exempte de contribuer. On a dit aussi bransqueter & branqueter, dans la même signification de faire contribuer de peur du feu. Oudin, dans l'on Dictionnaire François-Italien: Bransqueter, cavar contributione per non appiecar il fuoco nette ville. L'Histoire du tems, &c. in-8, 1750, p.537. Il leur serait (aux Réformés) moins grief & pesant a avoir quitté la possession de leurs biens, que d'estre journellement tourmentez par branquetemens, renouveliez, à toute heure selon la mouche & avarice de Messieurs les Gouverneurs. Le Duchat. (Gilles Ménage, Dictionnaire etymologique, 1694)

    braquemart, braquemard    Empr. au m. néerl. breecmes « couperet, sarcloir, serpe », Verdam (Barb. Misc. 13, no14; Bl.-W.5; FEW t. 15, 1, p. 262b; Dauzat 1969), composé de breken, braecken « casser » et de mes « couteau »; à l'appui de cette hyp. bremas (Flandres, 1463 dans Gdf.) directement empr. à la var. breemes (Verdam). Substitution de la termin. -ar(t) à -as peut-être par attraction de mots comme jaquemart, plumart, renforcée ultérieurement par poignard. L'hyp. d'un étymon ital. bergamasco « (épée) de Bergame » (Baist dans Rom. Forsch., t. 14, p. 637; REW3, p. 1040; EWFS2; Dauzat 1969) fait difficulté étant donnée l'aire géogr. du mot fr. couvrant la Flandre et la Picardie (Gdf. Compl.; Barb., loc. cit.).

    brassin (cuve où l'on brasse la bière)    Dér. de brasser1*; suff. -in*. Latinisé en brassamen (1233, Tabularium de Cambrai dans Du Cange s.v.), brassinus (1240, Cartulaire de Cambrai, ibid.). Selon Barb., loc. cit., le suff. accolé à ce terme originaire de Picardie et de Wallonie serait d'orig. germ., à rapprocher du m. néerl. brassinghe (Verdam : brassinge).


  • BRE

    brédissure    Dér. du rad. du part. prés. de brédir « assembler (des pièces de cuir) avec des lanières », avec pour 1  infl. morphol. de bride* et pour 2 infl. sém. de brider*. Brédir, attesté dep. 1404 (Stat. d. bourreliers in Lespinasse,  Métiers de Paris, iii, 472 cité par Barb. Misc. 13, no15), est empr. au m. néerl. breiden « tresser, natter », Verdam  (Barb., loc. cit.; FEW t. 15, 1, p. 263a), néerl. mod. breien « tricoter », d'orig. discutée.

    brelan    1. [Ca 1165 brelenc « table de jeu » (G. d'Arras, Eracle d'apr. Delboulle Rec. dans DG); il n'a pas été possible de localiser le passage dans l'éd. E. Löseth]; xiiies. brelenc « id. » (Du Prestre qu'on porte (Fabliau) éd. Montaiglon et Raynaud, IV, 27, 785) − 1409 (Archives, JJ 163, pièce 295 dans Gdf.); 2. 1309 a. flam. beelenghe « lieu où l'on joue, maison de jeu » (Archives, JJ 45, fo34 ro, ibid. : les beelenghes de Flandres); 1364 brelens « id. » (Coutumes Lille, éd. Roisin, Lille, 1842, p. 167, § 26); 3. a) ca 1500 berlant « jeu de hasard » (D'Auton, Chron., Richel. 5081, fo51 rodans Gdf.); b) av. 1615 « jeu de cartes » (E. Pasquier, Recherches de la France, p. 725 dans IGLF Litt. : jeux de dez et de berlans); c) 1690 (Fur. : Berlan se dit aussi quand on a trois cartes de même façon, comme trois Rois, trois as).
        Empr. à l'a. h. all. *Bretling littéralement « petite planche », dimin. de l'a. h. all. bret « planche » et aussi « table de jeu » ; à l'appui de cet étymon, l'arg. all. Brettling « table » ; l'ital. berlengo « table (où l'on prend les repas) » v. berlingot et l'esp. mod. berlinga « jeu de hasard » sont empr. au fr. Un étymon. a.b.frq. *brëdling « table de jeu », *bridling « petite planche » est moins satisfaisant, car il est improbable qu'un terme de jeu ait été introduit par les Francs.

    brequin (mèche d'un vilebrequin)     1. 1627 vilebrequin pour vilebrequin (Marin Mersenne, Traité de l'Harmonie universelle dans IGLF Techn.); 1676 brequin « vilebrequin » (A. Félibien, Des Principes de l'archit., ...,); 2. 1751 « mèche de vilebrequin » (Encyclop. t. 2). Issu par aphérèse de vilebrequin* (A. Thomas dans Romania, t. 26, p. 452; FEW t. 17, p. 584a; EWFS2; REW3, no9541a, pour la forme pic. breké); l'hyp. d'un empr. au néerl. boorkijn, boorken « vrille, petite vrille » (Barb. Misc. 4, 1928-32, p. 19; Boulan, p. 136; Valkh., p. 75) supposerait que brequin n'ait été rapproché de vilebrequin qu'apr. une certaine période d'autonomie, ce qui est infirmé par les premières attest. dont on dispose actuellement.

    bretèche    1155 « élément de fortification » (Wace, Brut, 5554 dans Keller, p. 209b). Du b. lat. brittisca « britannique » attesté dans une glose de 876-77 où il désigne une construction surélevée (Exerpta ex Codice Vaticano dans CGL t. 5, p. 586), attesté dep. 906 au sens de « parapet, élément de fortification » (D. di Bereng. I, no 65, p. 117, dans Nierm. t. 1); bien que cette hyp. ne soit appuyée par aucune source, on suppose que ce type de fortification a été importé de Grande-Bretagne (W. Foerster, Romanische Etymologien dans Z. rom. Philol., t. 6, 1882, p. 113; EWFS2; FEW t. 1, p. 538a) et que britt-isca est issu de britto (v. breton) selon un procédé de dér. assez commun à partir des noms de peuples.
        On signale l'expression français d'bertaque, "mauvais français", dérivé de mette à l'bertèque, "désigner quelqu'un à la moquerie").

     


  • BRI

    brioche    1. 1404 (Denombr. du baill. de Rouen, A.N. P 307, fo108 rodans Gdf. Compl. : Deux pains, quatre brioches); 2. a) 1825 fig. et fam. en mus. (Brillat-Savarin, Phys. goût, § 146n dans Quem.); d'où 1826 « bévue » (Delécluze, Journal, 111, 14 janv., ibid.); b) 1926 « ventre proéminent » (d'apr. Esn. 1966). Dér. de brier*; suff. -oche*; 2 a s'explique par le fait que les musiciens de l'orchestre de Paris avaient constitué une caisse d'amendes pour chaque faute commise, et qu'avec cet argent ils achetaient une brioche qu'ils mangeaient ensemble (FEW t. 15, 1, s.v. *brekan, p. 270b, note 18).
        Cotgrave donne à brioche le sens d'instrument qui sert à broyer le chanvre.
        Épithètes de M. de la Porte: La meilleur griotte se fait avec de l'orge frais et nouveau que l'on rostit moyennement, puis on le fait moudre ; vulgairement on l'appelle brioche, " Ce texte, rapproché du sens que Cotgrave donne, montre que brioche signifie ce qui est moulu, broyé, et tient à broyer. (Littré)

    brindestoc        On appelle ainsi dans la Flandre ces bâtons avec lesquels on saute les canaux. Du Flaman sprincstok, qui veut dire la même chose & qui est composé de springen, qui signifie sauter & de stok qui signifie bâton. M.
        Je crois brindestoc un composé de brin, en la signification de fragment, & de stoc, qui proprement signifie un tronc d'arbre : d'où vient stoc-fisch, poisson sans tête ou poisson dont il ne reste que le tronc. Ainsi brindestoc sera proprement une grosse branche qu'on aura séparée du tronc. C'est encore de l'Alleman brechen, c'est à dire rompre. Le Duchat. (Gilles Ménage, Dictionnaire etymologique, 1694)
        Le terme de brindestoc, que l’on trouve également écrit « brin d’estoc », « brindestocque », « brandestoc », ou en italien « brandistocco » se décompose en deux parties désignant parfaitement l’arme : « brin » pour bâton , et « estoc » pour la lame principale. (http://expert-armes.com/index.php?id=82)
        Brandistocco    In lingua italiana, il vocabolo "brandistocco" si compone di due lemmi: "brando", italianizzazione della forma medievale brand (spada/lama grossa), e "stocco". L'arma sarebbe stata dunque una lancia a lama grossa atta alle stoccate (Brind-d'estoc in lingua francese). In lingua inglese, l'equivalente del brandistocco è il ranseur poiché il vocabolo brandistock indica il buttafuori. Il vocabolo anglosassone brandistock deriva infatti dal lemma di lingua olandese springstok (lett. "stocco che salta/fuoriesce") indicante appunto il buttafuori. (it.wikipedia)
    brin d'estoc ((Vieilli) Long bâton ferré des deux bouts)        Emprunté à l’allemand Springstock, « bâton qui sert à sauter », de springen, « sauter », et Stock « bâton ». (wiktionary)

    brindezingue (adj.)    "légèrement ivre", 1552 « verre à boire », 1554 « action de boire à la santé de qqn ». de  drinde : Terme prob. importé par les mercenaires all. au début du xvie s. et passé dans les lang. rom. : ital.  brindisi (v. ce mot); esp. brindis « toast » 1609, brindar « porter un toast » 1592 dans Cor. Adaptation de la  formule all., prononcée en portant un toast bring dirs [contraction de dir es], littéralement « je porte à toi [un  toast] » (Nyrop t. 1, p. 63; Behrens D., p. 95; Sain. Lang. Rab. t. 2, p. 15; Tapp. t. 2, p. 20; FEW t. 15, 1, p. 287).  Le sens 1 légèrement ant. au sens 2 en fr., en est cependant dér.; v. aussi brinde et brindisi.

    brique    1. 1204 brike « palet » (Reclus de Molliens, Charité, XC, 6 dans Gdf. Compl.); 1537 « petit morceau »  (Des Periers, Prognost. des Prognost., I, 135 dans Hug.), maintenu dans les dial. notamment lyonn. (Du Puitsp.)  et de l'Yonne (Jossier); d'où 1878 arg. (A. Rigaud, Dict. du jargon parisien, p. 132 : Entifler des briques (s') Jeûner,  contraint et forcé − dans le jargon du peuple); 2. a) 1292, janv. Tournai « carreau d'argile durcie au feu ou cuite  au soleil » (C'est les enfans Naniele de le Vigne et Pieron de Lille, Chirog., A. Tournai dans Gdf. Compl.); 1817  emploi apposé invariable « qui est de la couleur de la brique » (Stendhal, Hist. de la peint. en Italie, t. 1, p. 218);  b) 1611 p. anal. « matériau moulé en forme de brique (savon, métal) » (Cotgr.); c) 1926 arg. « paquet de 1 000  billets de 1 000 francs » (A. Arnoux, Le Chiffre, p. 133). Terme localisé à son orig. dans le nord de la France (v.  Gdf. Compl.) mais attesté ailleurs sous la forme briche en a. fr. (cf. T.-L.), empr. au m. néerl. bricke, brike «  brique » (Verdam), à rattacher au verbe breken « casser » (De Vries Nederl.); cet étymon est confirmé par  l'importance des briqueteries des Pays-Bas (Valkh., loc. cit.). Le sens 1 chronologiquement le premier est en  réalité dér. de 2.

    briquet    Spécialisation de sens du m. fr. briquet, d'abord « morceau, petite quantité » (Gdf.) puis « couplet de  fer tenant lieu de charnière » 1676 (Félibien Dict., p. 504) dér. de brique*, d'abord « palet » puis « pièce, morceau  ». Briquet a supplanté fusil* en son premier sens de « pièce d'acier avec laquelle on bat un silex pour en faire  jaillir les étincelles ».

    briquet (chien de chasse)    Issu p. ext. de sens, en raison de la petite taille de ce chien, de briquet « petit  morceau », v. briquet3. L'hyp. d'un empr. à un néerl. *brickel « chien bâtard » dér. du néerl. breken au sens de «  rompre la continuité d'une race » (Barb. Misc. 15, no11) fait difficulté en raison du manque d'attest. de l'étymon  proposé.

    briquet     Casse-croûte du mineur. Terme wallon désignant un « quignon de pain ou paquet de tartines que l'ouvrier emporte quand il va travailler au dehors » (Haust) spécialisation de sens du wallon briquet « bribe, morceau » (ibid.) corresp. au m. fr. briquet, v. briquet.

    briqueter    1. 1418 « construire en briques » (Michel Tuscap, 4eSomme des mises, A. Tournai dans Gdf. Compl.); 2. 1676 briqueté part. passé adj. (Félibien Dict., p. 503); 3. 1752 p. anal. briqueté adj. « rougeâtre comme la brique » (Trév.). Dér. de brique* étymol. 2; dés. -er avec intercalation de la consonne t.

    briquette    1. 1612, 8 mars « petite brique » (Reg. des prév. et jurés, A. Tournai dans Gdf. Compl.); 2. 1835 « petite masse combustible faite de houille » (Ac.). Dér. de brique* étymol. 2 a; suff. -ette*; 2 p. anal. avec 1 étant donnée la forme des briquettes.

    brisque    Étymol. obsc.; peut-être formation régressive à partir de briscambille, bruscambille* (EWFS2; Cor., s.v. brisca). Un rapport avec l'a. fr. briche « piège » et « sorte de jeu » dans Gdf. (EWFS1) ne semble pas vraisemblable du point de vue phonét., le -s-restant inexpliqué.
        On trouve dans Godefroy (Dict. d'ancien-français) :
    - briche, brice, brische, bricque (s.f.), trappe, piège.
    - bric, bris, (s.m.), cage, engin pour prendre les oiseaux.
    - 1863 p. méton. (A. Camus, Les Bohèmes du drapeau, p. 119 : [Le zéphir] Dis donc la vieille brisque − chevron − Ne m'appelle pas « monsieur »!);

    briscard, brisquard    Dér. de brisque* au sens de « chevron, ancienneté »; suff. -ard*.

  • BRO

    brocante    1696 (Regnard, Joueur, V, 2 dans DG : Qui ... brocante, troque, achète).
        Terme d'orig. obsc.; peut-être germ., au cheminement difficile à préciser. Se rattacherait soit au néerl. brok « morceau, fragment », soit à son corresp. h. all. Brocken « id. » (De Vries Nederl., Kluge20; hyp. de FEW t. 15, 1, p. 291 et Bl.-W.5). Du sens de « fragment » serait issu celui de « vente au détail (sans ordre ni classement) ». La finale -anter est obsc.; FEW, loc. cit. l'attribue à une mauvaise compréhension du mot germ. lors de l'emprunt, ce qui paraît difficile à admettre étant donnée l'accentuation initiale du mot germ.; une influence de marchand est possible. L'écart chronol. entre brocanter et brocante empêche de voir dans le verbe un dér. du subst. Le m. néerl. broken « faire le courtier » (EWFS2) n'est pas attesté dans ce sens. L'empr. fait par le fr. mod. est précédé de celui, fait au m. néerl. brocke « fragment », de l'a. liég. a broke « en détail » (1377 dans Chartes confisquées aux bonnes villes du Pays de Liège après la bataille d'Othée [1408], éd. É. Fairon, Bruxelles, 1937, p. 293), d'où sont dér. l'a. fr. broqueur « courtier » (Gdf. Lex.) et abrokeur (xiiie s. Ban de St Omer, 44, cité par M. Roques dans Mélanges Duraffour, p. 3; cf. aussi abrocator « id. » xiiie s. dans Du Cange et Nierm.). 
        Auguste Vitu (Le Jargon et jobelin, P. Ollendorff, 1889, p.203) le fait remonter au jargon brocquant "joyeaux, bagues", dérivé de la prononciation picarde de "broche".
    brocard (railleries et chevreuil)    1394 brocart (Hardouin, Tresor de Venerie, p. 23 dans Gdf. Compl.). Dér. de broque, forme normanno-pic. de broche* (v. notamment, Moisy; Héron; Jouanc.; Picoche, Un vocab. norm. d'autrefois; Grangagnage, Dict. étym. de la lang. wallonne, où brocard désigne une dent saillante, une défense de sanglier) pris au sens de « premier bois du chevreuil »; suff. -ard*. cf. broquille.

    brodequin    1. 1314-16 broissequin « sorte d'étoffe » (Chaillou de Pesstain, add. au Roman de Fauvel, éd. A. Långfors, append. 749); fin xive s. [éd. 1559] brodequin (J. Froissart, Chron. IV, 348 dans Gdf.) − fin xve-début xvie s. (Le Mireur des Moines, Anc. Poésies fr., t. 13, p. 284 : chausses de brodequins); 2. 1476 brouzequin « sorte de chaussure ancienne couvrant le pied et une partie de la jambe » (Comptes du Roi René, éd. Arnaud d'Agnel, t. 2, p. 27); fin xve s. brodequin (E. d'Amerval, Diablerie, éd. C.F. Ward, 1923, p. 46a). Orig. obsc. 2 est prob. issu de 1. Il semble en effet difficile de séparer les deux mots, et le passage cité du Mireur [miroir] des Moines montre que le nom de la matière employée pour faire des chausses a pu facilement désigner tout ou partie de ces chausses; la forme brodequin est due à l'infl. de brosder/broder*. Un empr. de 2 au m. néerl. broseken « petit soulier » (Nyrop t. 1, p. 64; Valkh., p. 77; Dupire dans R. Nord., 1934, p. 98; EWFS2; DEI; Dauzat 1973) est à repousser (v. FEW t. 15, 1, p. 303), ce mot néerl., qui n'est attesté qu'à la fin du xvie s. étant prob. empr. au m. fr. bro(u)zequin (v. G. Francescato, dans Vox. rom. t. 20, pp. 296-97, et Cor. t. 1, s.v. borceguí). Un empr. à l'esp. borceguí (Bl.-W.5) ne convient pas du point de vue phonétique. L'hyp. de G. Francescato (loc. cit., pp. 295-306), qui voit à l'orig. des formes rom. un croisement entre un type d'orig. lat. (bruscum « nœud de l'érable ») et un type d'orig. ar., est douteuse en raison de sa complexité. L'étymon ar. signifiant « étoffe de couleur sombre » proposé par Cor. reste à identifier.

    broque (argot : sou)    Forme normanno-pic. de broche*, terme techn. « morceau de métal », d'où le sens de « menue monnaie, chose de peu de valeur » (FEW t. 1, p. 547b, in fine); passé dans le liégeois broke (FEW t. 15, 1, p. 302b). Cf. bourgue.

    broquelin (débris de tabac, dans les manufactures de tabac)    Allem. Bröklein, miette. (Littré) Dérivé du flam. brokkelen, mettre en pièces (Darmesteter & Hatzfeld)
        broqueline (Terme de manufacture de tabac. Botte de feuilles)(Littré)

    broquette (Petit clou à tête plate utilisé particulièrement par les tapissiers)    Forme normanno-picarde de brochette*.

    broquille (1821 arg. « boucle d'oreille »)    dér. de broque « arme pointue » forme normanno-picarde de broche* (1260, Bans, Tailliar, p. 244 dans Gdf.), comme broquette*; suff. -ille*

    brouter (et broutard)    1. 1165-70 broster « manger sur place l'herbe ou les feuilles des arbres » (B. de Ste-Maure, Troie, 13386 dans T.-L.); ca 1223 broutter (G. de Coincy, Mir-Vierge, 402, 90, ibid.); ca 1275 brouter (J. de Meung, Rose, 20879, ibid.); 2. 1803 « sautiller (du rabot) » (Boiste).
        Dér., avec dés. -er, de l'a. fr. brost « jeune pousse d'arbre » (cf. brout), issu du subst. a. b. frq. *brust « bourgeon » (EWFS2; Gam. Rom.2, t. 1, p. 323; v. aussi FEW t. 15, 1, p. 316a), lui-même à rattacher au verbe a. b. frq. *brustjan que l'on peut déduire de l'a. sax. brustian « bourgeonner ». L'hyp. qui consisterait à partir du verbe (REW3, no 1344), fait difficulté étant donné que *brustjan ne semble pas pouvoir expliquer broster.