• -ure (lat. ura, atura) est plus fréquent qu'en zone centrale : bajure (endroit auquel deux pains se sont collés dans le four), hayure (haie très épaisse), ramonures (balayures), carnure (crevasse, de cren "cran"), pature (pâturage clos), enchifernure (enchifrement)...


  • abscons    Part. passé adjectivé de abscondre* au sens propre et fig.; repris au xixe s.
        I.− Morphologiquement, abscons est, comme part. passé adjectivé, le résidu actuel d'un paradigme verbal représenté dans l'anc. lang. L'inf. abscondre (cf. Gdf., Hug., repris par Ac. Compl. 1842 comme vx mot) apparaît le premier et comme vedette unique du paradigme. Aux xviie et xviiie s. (Nicot, Fur., Trév.), abscondre disparaît au profit de absconser peut-être du fait de la vitalité du part., − 17 ex. ds Hug. −, ou de l'expr. pic. très vivante esconsement (« coucher ») du soleil, disparue au xixe s. Cotgr. est le premier à mentionner séparément le part. absconse, absconsé(ée); il n'est suivi que par Trév. 1752 qui le donne comme adj. − Rem. Au xixe s. apparaît l'emploi subst. (cf. ex. 12 et 13).
        II.− Sémantiquement, on note dès l'orig. (xive s., cf. étymol.) la coexistence d'un sens phys. et d'un sens fig., vivants jusqu'au xviie s., inusités aux xviie et xviiie s., mais réapparaissant aux xixe et xxe s., surtout au sens fig., plus rarement au sens phys.
    A.− Accept. vraisemblablement disparue av. 1789 : accept. techn. méd. notée au xve s. (cf. étymol. 2, ouvrage cité non disponible), sans doute à rapprocher de absconsion « ulcère caché, latent », (attesté ds la Grande Chirurgie de Maître Henri de Mondeville, trad. de 1313, éd. S.T.A.F., t. II, p. 93). B.− Accept. subsistant apr. 1789. 1. xive s. : sens phys. et fig., cf. étymol. 2. xvie s. : sens phys. (ex. de Marot) et sens fig. (ex. de Rabelais) : Le chant du coq la nuict point ne prononce Ains le retour de la lumière absconse. (Marot, Épigr., 35 ds Hug.) En icelle bien aultre goust trouverez, et doctrine plus absconce, laquelle vous revelera de treshaultz sacremens et mysteres horrificques. (Rabelais, I, Prologue ds Hug.) 3. xviie et xviiie s. : eclipse du mot, qualifié de vx (Fur. 1690, Trév. 1752). 4. xixe s. : résurgence du mot (cf. sém.).

    acagnarder     dér. de acagnarder semble plus vraisemblable à partir de cagnard adj. qu'à partir de cagnard subst. (FEW t. 2, 1, p. 187a), d'une part du poin de vue sém. le rapport étant plus immédiat entre les 2 mots, d'autre part du point de vue géogr. acagnarder et cagnard adj. étant tous deux du fr. du nord.

    accise    1 empr. au m. néerl. accijs devenu néerl. accijns « impôt de consommation; octroi » sous l'infl. de cijns < lat census « imposition »; orig. de accijs : 2 hyp. : − soit empr. au lat. médiév.  accisia (formé sur le part. passé du lat. accīdĕre, « entailler », cf. fr. taille), bien que peu attesté : ds Du Cange,  2 formes non datées dont l'une localisée en Belgique, qui ne sont peut-être que latinisation du néerl.; de plus  formes signalées dans chartes impériales, mais non relevées ds Mittellat. W. ni ds Nierm., − soit transformation  du m. néerl. assise « droit perçu sur les boissons » (< a. fr. assise « impôt » lat. médiév. assisa, assisia « impôt de consommation », Flandre et Liège) var. assijnse, assijns, assijs peut-être sous l'infl. du lat. médiév. accisia.  En fait contaminations et confusions probables en lat. médiév. entre assisia « imposition » et accisia − de même qu'entre m. néerl. assise et accijs, de même sens, − de même qu'en b. all. aksise, var. accise « id. » et assise « id. ». Corresp. du néerl. accijs : mha zise « id. », all. Zeise « siège de l'accise ». Hyp. de l'identité entre a. fr. assise « impôt » et accise, simple spécialisation de sens sous l'influence du néerl. accijs n'est pas recevable, les 2 mots étant étymologiquement différents; l'hyp. du fr. accise, transformation de l'a. fr. assise sous l'influence du néerl. accijs fait diff., accise étant un mot d'emploi nouveau, d'aire nettement définie. L'hyp. d'un fr. accise directement empr. au lat. médiév. accisia est incompatible avec la localisation de la 1reattest., reflet des rapports commerciaux France-Provinces-Unies dep. la fin du xvies.
        2 a empr. à l'angl. excise « impôt sur les marchandises  comestibles » dep. 1596, en réf. aux Provinces-Unies ; dep. 1642 « id. » en réf. à la Grande Bretagne ; cf. lat. médiév. excisa 1490 « id. ». Angl. excise, empr. au m. néerl. excijs « impôt sur les denrées » dep. 1406, transformation de accijs, peut-être par rapprochement avec excĭdere « couper, enlever ». Excise n'est jamais entré dans la lang. fr. 2 b dès 1733 accise 1 utilisé en concurrence avec excise pour désigner ce même impôt angl., l'a dès lors supplanté. Terme peu us. à partir du xviiies. où apparaît l'expr. impôt indirect. Accidentellement noté comme synon. d'octroi. Valkh., loc. cit. et EWFS2 confondent à tort les emplois 1 et 2 b, ignorant, semble-t-il, le cheminement particulier de 2 b relayant un empr. excise.

    accabler    Dér. (préf. a-*) du m. fr. chabler, 1386-87 (départ. du Cher) « gauler (les noix) » ds Gdf.; a. norm. cabler « abattre (du vent) » : part. passé adjectivé 1251 bosc cablé « bois abattu par le vent » ds Moisy, s.v. cablé (cf. xiiie s. chaable, « bois abattu par le vent », Cart. norm., ds Gdf.; xive s. caable « id. », Fécamp, ibid.; ca 1260, a. fr. chable « meurtrissure, blessure » ds Gdf., xiiie s. (?) a. norm. cable « id. » Just. aux barons de Norm., ibid.). La forme norm. accabler l'a emporté sur achabler pour des raisons qui demeurent obsc. Chabler, cabler, dér. de l'a. fr. cadable, caable « catapulte » (Rol., éd. Bédier, 98 et 237), du gr. καταϐολή < καταϐάλλω « abattre, renverser », voir aussi chablis, câble.

    accore, écore (adj.)(escarpé)    Empr. au m. néerl. schore « étai », terme mar. (Verdam 1964) [cf. néerl. mod.  schoor « étai d'un navire », m. angl. schore, angl. mod. shore « id. » (NED), a. nord. skorða « étai » (de Vries  1962), norv. mod. skorda « id. », m. b. all. schore « id. »,]. Cheminement par les côtes de la Manche et de  l'Atlantique. Passage es- > ac- prob. sous influence de verbes reposant sur préf. ad- (p. ex. accoter*). − Hyp. angl.  (H. Saggau, Die Benennungen der Schiffsteile und Schiffsgeräte im Neufranzösischen, Kiel, 1905, p. 20; Bonn.  1920, 1, 52; Mack. t. 1 1939, p. 166; DG) à écarter pour mêmes raisons que pour accore 2; la perman. du liégeois  hore (Huy, Namur chore) « grosse perche ferrée dont le batelier se sert pour prendre le large » (Haust 1933, s.v.)  rend hyp. du néerl. préférable à celle de l'a. nord. (Falk, Altnord. Seewesen, p. 31; Vidos Tecn. 1965, p. 36; Baist,  Seemannsw., p. 258; Valkh. 1931, p. 41).
        Empr. au m. néerl. schore « rivage escarpé » terme de mar. (Verdam) [cf. m. angl. schore, angl. mod. shore «  rivage » (NED), a. h. all. scorro « rocher » (Graff. t. 6 1834-46, p. 539), m. h. all. schor, schorre « haute rive  rocheuse » (Lexer), m. b. all. schore « entaille » − i.e. (s)ker- « couper » (Pokorny, 938-9)]. Cheminement  probable par côtes de Manche. Traitement initiale es- > é- indiquerait mot ant. à 1reattest. Passage es- é- > ac- p.  anal. avec escore « étai de navire » > accore 1. − Hyp. angl. (DG, Bonn. 1920, 1, 52) improbable du point de vue  phonét., m. angl. schore déjà prononcé shore au xves.; hyp. a. h. all. (Diez5) improbable pour l'orig. d'un terme  de mar. − Valkh. 1931, p. 41; Baist, Seemannsw., p. 258.
        Empr. au néerl. schor « escarpé » terme de mar. [cf. m. angl. shore « abrupt » terme de mar. (NED), fris. de  l'ouest skor, fris. du nord schōr, skor « escarpé »; cf. aussi sup. II m. néerl. shore « escarpement d'un écueil »].  Forme accore dès 1544 témoigne d'un empr. antérieur à cette 1reattest. et exclut hyp. de la dér. de cet adj. du  subst. accore II, Bl.-W.4. Forme escore d'abord attestée dans un dict. est en réalité certainement ant. à accore;  passage es- > ac- est, malgré l'écart chronol. peut-être dû à l'influence de accore subst. I (1671, transformation de  escore).

    ac(c)ouf(f)ler (arg. « s'accroupir »)    Terme des dial. du nord-ouest (norm. s'accoufler « s'accroupir », Moisy 1885; Maine d'apr. Sain. Lang. par. 1920, p. 285) résultat du croisement de accouver* avec coufler, var. de gonfler*, la notion « s'accroupir » étant liée à celle de « gonfler » notamment dans le cas de la poule qui couve (voir L. Spitzer ds Neuphilol. Mitt., XXII, 121, note 1); l'assourdissement du -v- peut s'être produit indépendamment de l'influence de coufler. − Sain. Sources t. 1 1925, 83, 403-404. − L'hyp. d'un rattachement au norm. aclufer, attesté par FEW t. 2, 798 b, dér. préf. du breton klucha « s'accroupir » n'est pas à retenir.

    acre    Le mot fr. acre se dit surtout en parlant de l'acre anglaise ou de la mesure agraire de Normandie. À partir de 1900 env. les dict. indiquent que le mot est vieilli. Le mot est très répandu dans les lang. germ. d'où il a passé en fr.; cependant il est difficile de préciser par quelle voie. Corresp. dans le domaine germ. : norv. dan. ager, suéd. åker, norv. mod. aaker, a. nord. akr, got. akrs, ags. accer, angl. acre, a. sax. akkar, néerl. mod. akker, a. fris. ekker, a. h. all. ackar, n. h. all. Acker, m. h. all. acker, formes remontant selon Kluge 1967 à un germ. *akra-(le mot existe aussi dans d'autres lang. i.-e. : lat. ager « champ », gr. agrós, arménien art « id. », skr. ajra- « pâturage »); toutes ces formes remonteraient à un i.-e. *agro- « pâturage ». Le mot a pris, outre le sens de « terre », celui de « mesure agraire » mais seulement dans certaines lang. germ. : ags. aecer, angl. acre, m. b. all. acker (Lasch-Borchl. t. 1 1956) et m. h. all. acker (Lexer 1963) ainsi qu'en lat. médiév., en agn., dans les dial. de Normandie jusqu'à nos jours (Moisy 1885) et en fr. où il ne signifie plus que « mesure agraire ». L'hyp. la plus vraisemblable est donc une pénétration du mot par les invasions norm. au ixes. (R.-P. de Gorog, The Scandinavian Element in French and Norman, New-York, 1958, pp. 99 et 100) où les envahisseurs scand. (d'apr. E. G. Léonard, Hist. de la Normandie, P.U.F., 1944, p. 19) ravagèrent les Flandres (cf. l'attest. de Gand 839), dévastèrent les régions du Rhin (cf. Chart. Rhen. 893), occupèrent les côtes de la Manche (cf. Charte de Fécamp 1006); il y eut alors en Normandie une importante répartition des terres, ce qui expliquerait l'abondance des attest. dans cette région. À l'encontre de cette hyp., le fait que l'a. nord. akr, selon De Vries Anord. 1962, signifie « champ, grain » et non « mesure agraire »; il faudrait alors supposer que l'évolution sém. de « champ » à « mesure agraire » s'est produite dans les régions envahies, accompagnée d'une différenciation de genre, le fém., peut-être sous l'influence du lat. acnua « mesure agraire », étant spéc. réservé à la « mesure de terre ». − L'hyp. d'une orig. ags. proposée par Bl.-W.5, Dauzat 1968 et FEW t. 16, 1 s.v. aecer (abandonnée d'ailleurs dans un additif, t. 15, 2) fait difficulté, étant donné l'ancienneté des attest. sur le Continent (voir sup.), bien ant. à 1066 (Hastings), date avant laquelle il est difficile de concevoir un courant ling. allant de l'Angleterre vers la France. Cependant en faveur de cette hyp. : la localisation géogr. du mot et le sens « mesure agraire », attesté pour l'ags. ca 1000 (Ælfric, Dial. in OE. and Lat., Thorpe Anal. 8 ds NED s.v. acre : Ælce daez ic sceal eriam fulne aecer oð ðe mǎre) [C'est donc à tort, semble-t-il que M. Bambeck, loc. cit., date la première attest. ags. de 1086, d'apr. Latham, Revised Medieval Latin Word- List from british and irish sources, London, 1965, date représentant pour M. Bambeck un argument essentiel pour rejeter l'orig. ags.] − L'hyp. d'un germ. *akker « champ » (M. Bambeck, loc. cit. et reprise par FEW additif t. 15, 2 s.v. aecer), fondée en premier lieu sur la localisation des attest. de Gand 839 et de Rhénanie 893, ne rend pas compte de la multiplicité des attest. dans le domaine norm.

    action (finance)    I empr. au lat. actio dep. Rhet. Her., 4, 53, 66 ds TLL s.v., 438, 18 au sens gén. de « vis agendi »; cf avec I B 1, Cicéron, Off, 1, 17, ibid., 438, 33 : quibus action vitae continetur; de même en lat. médiév., 821, Theodulf, Carm. 41, 2, 45 ds Mittellat. W. : opus, quod condidit actio nostra; I A actio gratiarum déjà ds Cicéron, Epist., 12, 26, 1 ds TLL 439, 78, emploi relig. en lat. chrét. : Vulgate, II, Esdra, 12, 27, ibid., 440, 10 : facerent dedicationem et laetitiam in actione gratiarum; B 2 dep. Cicéron, Fin. 3, 44, ibid., 439, 1 : quae et honesta actio sit et sine dolore. II empr. au lat. jur. actio dep. Rhet. Her., 1, 12, 22, ibid., 441, 49; de même en 1120, Honorius Augustodumensis, Gemm., 1, 80 ds Mittellat. W. : actio autem est causa, quae in publico conventu coram judicibus agitur. III prob. par évolution sém. à partir de II, terme de dr., dans le cont. suiv. : dans une association, un associé muni d'une police ou billet, constituant une preuve de son droit sur le patrimoine commun, est capable d'intenter une action en justice sur les fonds de l'association; le terme action a été finalement retenu de préférence à billet ou police (d'apr. Romeuf t. 1 1956, 19 b). − L'hyp. d'un empr. de sens au néerl. Aktie, terme de fin., très vraisemblable du point de vue hist., fait difficulté sur le plan chronol., ce néerl. n'étant pas attesté comme terme de fin. av. 1733 (Valkh. 1931, p. 42). − L'hyp. d'une évolution sém. de action sous l'influence de actif* subst., fin., fait de même difficulté sur le plan chronol., actif subst. n'étant attesté en ce sens qu'en 1762.


  • affaler    Empr., pour le sens 2, au néerl. afhalen « faire descendre, abaisser ». Le sens 1 fait difficulté.  EWFS2fait appel à un croisement avec néerl. afvallen qu'il traduit par « tomber sur le côté sans pouvoir se  relever ». Valkh. 1931, pp. 42-43 et Jal 1970 voient dans fr. affaler deux mots, le sens 2 remontant au néerl.  afhalen, le sens 1 au néerl. afvallen « tomber » et, selon Valkh. « tourner par suite d'un vent contraire »; cette  division est jugée inutile ds FEW t. 15, s.v. afhalen. Il reste que dans le sens 1 il s'agit d'un complexe sém. où  quatre éléments sont intimement unis : a) le vent (qui pousse), b) le bateau (qui est poussé), c) la côte (vers  laquelle il est jeté), d) où il risque d'échouer ou de rester immobile. Aucun de ces éléments ne se trouve dans le  sens 2, seuls le domaine et l'idée d'un mouvement étant communs aux deux sens. Peut-être le m. néerl. afhalen,  qui peut signifier « enlever », a-t-il dans ce second sens également servi de point de départ au sémantisme du  verbe fr.; la difficulté serait alors repoussée vers l'étymon.

    affûtiau    1680 plur. pop. « menus objets de peu de valeur » (Hauteroche, Crispin médecin, II, 11 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884, p. 311 : Je ne saurois trouver dans tous vos affûtiaux).
    Dér. de affûter* « disposer, ajuster »; suff. -iau*; forme dial. pour *affuteau.

    affiquet    Terme normanno-pic. (Dum. 1849, p. 7; Corblet 1851, p. 259; Jouanc. t. 1 1880, p. 10), dér. (suff. -et*) de l'a. fr. affique « attache, boucle » (dep. le xiiie s., Jean de Garlande, Dictionarius, éd. A. Scheler, 296, ds T.-L. : monilia : nuches, affiqués [affiqués peut être une graphie pour affiquez = affiquets]) forme normanno-pic. (Dum., Corblet, Jouanc., loc. cit.) de l'a. fr. affiche (attesté au même sens dep. 1200, Escoufle, éd. Michelant et Meyer, 3835, ds T.-L. : Puis la [l'aumosniere] ratache a une afiche Quarree a pierres, bele et riche Dont ele ot son col afichié), voir affiche et colifichet. La forme franc. corresp. à affiquet est l'a. fr. affichet (dep. le xiiie s. « colifichet, bijou », Du Vallet qui se met a malaise ds Montaiglon et Raynaud, II, 167 : Or a acaté li dansiaus Ses affichès et ses juiaus Pour la joie k'il se marie). Les raisons pour lesquelles la forme normanno-pic. a supplanté la forme franc. demeurent obsc.

    afforage, afférage, affeurage    Terme d'orig. pic. (supra; cf. Corblet 1851), dér. (suff. -age*) du pic. aforer « estimer, évaluer » (xiiie s. ds Gdf.; cf. Corblet, loc. cit.) lui-même dér. (préf. a-1*, dés. -er) de l'a. fr. fuer « prix des marchandises fixé par les autorités » (1160-1174, Rou ds T.-L.), du lat. forum, attesté en lat. médiév. carol. au sens de « prix du marché » (anno 744, Pippini capit. Suess., c. 6 Capit., I, p. 30 ds Nierm. t. 1 1954-58 : [Unusquisque episcopus] per omnes civitatis [lire civitates] legitimus forus [lire legitimos foros] et mensuras faciat secundum habundantia temporis).

    affouré(e)    Terme normanno-pic. (FEW t. 152, p. 154a), dér. de affourer « donner du fourrage » (fin xivdéb. xves., Christ. de Pisan ds Gdf.), bien attesté dans la région normanno-pic. (FEW, loc. cit., et Gdf.), lui-même dér. de l'a. fr. fuerre, forre « fourrage » (1remoitié xiies. ds T.-L.) de l'a. bas frq. *fodar « nourriture des animaux ».

    affrioler    Dér. du m. fr. frioler propr. « frire » (1393, Ménagier ds Gdf.), fig. « brûler de désir, être avide » (Jehan des Preis, Geste de Liege, 12 686, Scheler, Gloss. philol., ibid. : fils al duc de Borgongne qui de bonteit friolle); préf. a-1*. Frioler (dér. de frire*, d'apr. un processus difficile à expliquer) est bien attesté dans les dial. du Nord-ouest (FEW t. 3, p. 789 b) spéc. le norm. (Moisy 1885 : Frioler. Avoir grand envie, brûler de désir [...] aussi usité activement avec le sens d'affrioler : V'là du fricot qui m'friole); cf. l'adj. m. fr. friolet « (d'une pers.) friand », xives. ds Gdf.

    afrikaans, afrikaner    (désigne aussi une plante, la tagète, ou tagette, en néerlandais, genre de l'œillet d'Inde et de la rose d'Inde. D'autres espèces sont appelées « souci français »)     du néerl. "Africain", langue des Afrikaner (En Afrique du Sud, on utilise de plus en plus le terme « afrikaans » comme relatif à l'appellation ethnique en préférence à « afrikaner ». Ce dernier mot signifiait d’abord un Africain tout simplement, mais au XIXe siècle il a pris le sens d’un Africain issu exclusivement des colons européens de la Colonie du Cap hollandaise. Du fait de l’accent mis par ces derniers sur une idéologie de domination européenne (apartheid), le terme « afrikaner » a pris une forte connotation de suprématie blanche au XXe siècle) (wikipedia).

    agassin, agacin (cor au pied)    L'adj. pullinus a donné son suff. au représentant fr. de agaza, c.-à-d. à agace « pie ». Au xixes. agacin a été évincé en fr. par cor ou œil-de-perdrix. Il a d'ailleurs toujours été en concurrence avec d'autres formes (cf. FEW, loc. cit.) pour désigner le cor au pied : agaçon (qui a subi un changement de suff., cf. ci-dessus), les syntagmes du type œil d'agace, (ou par déformation nid d'agace) répandus dans le Nord et l'Est en bordure des lang. germ., et qui sont sans doute des calques directs du néerl. eksteroog et de l'all. dial. Elsterauge, et finalement un type wallon agace, obtenu par dér. régressive du syntagme précédent, si bien qu'en wallon la même forme peut signifier soit « pie » soit « cor au pied »; 2 issu de 1, p. anal. À noter qu'en lat. class. déjà oculus pouvait signifier « œil, tubercule d'une plante » cf. Plin., 17 Hist. Nat. 20, 33 (144), Caton R.R.6 etc. ds Forc. 1864-1926, s.v.

    agrafer    3 hyp. : 1. Soit dér. (préf. a-1*) du m. fr. grafer « attacher avec un crampon », xive-xves. (1364, Compte de J. Dou Four, Arch. KK 3b, fo44 vods Gdf. : Faire .VI. graffez de fer pour graffer le bort du puis du chastel qui estoit depeciez); (1490, Arch. K 272 ibid. : Graffes de fer pour graffer les entablemens de la viz d'icelle chappelle), lui-même dér. de grafe « crochet », xiiie-xves. : fin xiiies., a. pic. graffe (Ellebaut, Trad. de l'« Anticlaudianus » de Alain de Lille, éd. A. J. Creighton, 3226 d'apr. Långfors ds Neuphilol. Mitt., XLVII, 186 : A une aguille ou une graffe); 1313 grafe (Trav. aux chât. d'Artois, Arch. KK 393, fo38 ds Gdf s.v. grape : Grafes et chevilles de fer qui sont mis es galeries); 1490 graffe (Arch. K 272 ds Gdf loc. cit. : Pour .XIII. graffes de fer d'un pié et demi de long). Fr. grafe empr. à l'a. h. all. chrapfo (nomin. sing.) ixes., crapfun (acc. sing.) « uncinus » ds Graff t. 4, 1838, p. 596 s.v. krapho, m. h. all. krapfe « crochet » etc. (Lexer 1963), c-à-d. apr. la deuxième mutation consonantique, alors que les formes fr. graper et grape, c.-à-d. en -p- ou -pp-, remontent au germ. *krappa « crochet » passé sans doute en lat. vulg. av. la 2emutation consonantique (grappe* et grappin*). 2. Soit du m. fr. agraper avec influence de graffe « crochet » (voir ci-dessus). Fr. agraper « s'accrocher à, saisir » du xiieau début xviies. : 1184 (Thib. d. Marly Vers s. la Mort, XXX ds T.-L. s.v. : Mors est le mains qui tot agrape), dér. (préf. a-1*) de l'a. fr. graper « saisir », 1218-1225, (Les Miracles de la sainte Vierge, trad. et mis en vers par Gautier de Coincy, éd. Poquet, 118, 342 ibid. s.v. : Bien pëussiens aler graper, Sade virge, douce et piteuse, Se tu ne fusses retournee), lui-même dér. du fr. grape « crampon, agrafe, grappin », xiiie-xvies. (1213 L.-F. Flutre, Faits des Romains, 421, 16 ds Romania 65 [1939], p. 513 : Li vosoir en furent bien lié a dur ciment et a grosses grapes de fer bien seelees a plom). Cet a. fr. grape, remonte au germ. *krappa « crochet » entré en lat. vulg. av. la 2emutation consonantique. Le passage du groupe initial germ. kr- au fr. gr- s'explique par la faiblesse particulière des occlusives sourdes du germ., Fouché 1966, pp. 687-688. De ces deux hyp., toutes deux recevables, la première semble préférable, la seconde présentant quelque difficulté du point de vue chronol. 3. Soit, dans le cas de l'hyp. 1 de agrafe* : agrafer dér. de agrafe*, évolution parallèle à grafer dér. de graffe et à graper dér. de grape. Voir aussi agrapper, agriffer, agripper, grimper.
        Agrafer. Agrafer et agraper sont deux formes d'un même mot, l'f et le p permutant facilement. (Littré).

    agrappe, agrape     3 ce terme techn. mod., plutôt que néol. formé à partir de grappe « crochet » selon la 2e hyp. ds EWFS2, s.v. agrafe, semble être l'anc. mot agrape, donc déverbal de agrap(p)er*. Cette 1re hyp. ds EWFS2 paraît étayée par le fait que l'anc. forme agrape s'est maintenue dans les dial. pic. (déjà Mén. 1694 signale que les Picards prononcent agrape, cf. Corblet 1851, p. 262), de Liège (Haust 1933, p. 16), de Mons (Sigart selon Barbier Misc. t. 11, no 5, p. 140), de Namur (Remacle selon Barb. ibid.) etc.; ces régions étant des régions minières, on aura pris dans le dial. local une dénomination pour l'instrument nouv.

    agrès   1 déverbal de agréer2* (agreier) « équiper, mettre en état » plutôt qu'emprunt à l'a. nord. greidi (cf. De Vries Anord. 1962) « attirail, ustensiles, équipement » empl. surtout en poésie, l'a initial s'expliquant en outre plus facilement pour une forme verbale que pour un subst.; 2 déverbal de agréer2* « gréer un navire ». Les formes 2 et 3 sont devenues plur., car elles désignent différents accessoires que l'on pourrait énumérer. L'étymon néerl. gerei (cf. De Vries, Nederl., 1963) « apprêts, provision, fournitures, harnachement, ornement » fait difficulté à cause de la voyelle de la première syllabe. Pour éviter les rencontres homon. avec les mots de la famille issue de gré, les termes mar. de cette famille ont presque tous été supplantés par des formes simples : agréer2* par gréer*, agréement (début xviies., « action d'agréer ou de gréer un navire », Mémoire anonyme sur la conservation des vaisseaux dans les ports de Brest, Brouage et le Havre de Grâce, ms. Bibl. nat., no9594; fo35 ds Jal1− 1783 id. « gréement », Encyclop. Méthodique, Marine, p. 26) par gréement*, agréeur* par gréeur*; agrès a conservé son a-, l'homon. ne jouant pas dans ce cas avec les mots de la famille issue de gré, mais peut-être aussi à cause de l'existence du fr. grès, de sens différent.

    agriffer    Dér. de griffe*; préf. a-1*, dés. -er. Voir aussi agrafer, agrapper, agripper, grimper.
        De à et griffer (Littré).

    agrinche (mauvais garçon)    Dér. du verbe dial. grincher « faire des grimaces » (FEW t. 16, s.v. krîsan, p. 394 a et p. 395 note 8), forme normanno-pic. de grincer*.

    agripper    Dér. de gripper* [ca 1405]; préf. a-1*. Les gloses dès le xes. connaissent un lat. médiév. agrippare « tâter, palper » : anagrip : agrippare carnem feminae cum manu ds CGL t. 5 1894, p. 491, glose à l'édit de Rotharis, roi des Langobards. Agripper et gripper remontant à un étymon a. b.-frq., on peut s'étonner de la date tardive d'apparition de ces mots dans la lang. littér. Une des causes en est peut-être l'existence en a. fr. des mots de même sens, agrapper* et graper. Il n'est pas nécessaire de recourir au m. néerl. aengripen [« saisir »] (Verdam 1964) comme le fait Valkh. 1931, p. 152. Voir aussi agrafer, agrapper, agriffer, grimper.
        Autre forme d'agriffer, l'f se permutant sans peine en p. (Littré).

    aguicher    De l'a. fr. aguichier « garnir de courroies » ca 1285 (Le Roman du Chastelain de Coucy et de la Dame de Fayel, éd. Crapelet, 1057 ds T.-L. : Veissiés... Poitraus mettre et chevaus couvrir, Et ces fors escus aguicier [ : atachier]), lui-même de l'a. fr. guiche, guige « courroie par laquelle on suspendait le bouclier au cou » ca 1100 guige (Chanson de Roland, éd. Bédier, 3151 : Pent a sun col un soen grant escut let : D'or est la bucle e de cristal listet, La guige en est d'un bon palie roet), 1130-1160 guiche (Couronnement de Louis, 935, éd. Langlois ds T.-L. : Le paien a feru [...] Tote la guiche li desrompi del col, Qu'a terre chiet li bons escuz a or), cette dernière forme empruntée à un a. bas frq. *withthja « lien d'osier », tandis que guige représenterait un second empr. à une époque plus tardive, à un a. bas frq. *widdja « id. », cette dernière forme frq. étant le résultat d'un affaiblissement des spirantes (voir FEW t. 17 s.v. *withthja); l'a. bas frq. est étayé par l'a. fris. withthe, l'ags. widde, l'a. nord. vidja (De Vries Anord. 1962).
        Selon FEW les courroies permettant de porter les boucliers ont été fort longtemps en osier, ce qui permet de rejeter les autres étymol. avancées pour l'a. fr. guiche, guige, telles que lat. vulg. *vitica « vrille de la vigne » avec influence du germ. windan « tourner » (Dauzat, Fr. mod., t. 6, 1938, p. 18, no1) ou a. h. all. winting latinisé en windica « bande à enrouler autour des jambes » (FEW, loc. cit.).
        L'hiatus entre l'a. fr. aguicier et le fr. mod. aguicher tendrait à faire croire que le mot a, pendant plusieurs siècles, complètement disparu de la lang. Mais celui-ci a continué à vivre dans les dial. (voir FEW, loc. cit.), où il a été puisé par la lang. arg. et pop. du xixes. Le rattachement du 1ersens attesté en fr. mod. (« exciter, provoquer, chercher querelle à ») à l'a. fr. « mettre une courroie » peut s'expliquer par le concept commun de « lien », par lequel s'exprime volontiers toute relation, même d'hostilité, entre deux êtres (FEW met en parallèle l'all. anbinden « chercher noise à », ainsi que l'all. anbändeln « faire des tentatives d'approche auprès de qqn », qui, tous deux, font partie de la famille de Band « lien »).
        La filiation sém. en fr. mod. « exciter », « attirer en excitant », « attirer » est simple. G. Straka, Guiche et aguicher ds Mél. Dauzat, 1951, pp. 323-338, tout en recourant à l'étymon a. fr. aguichier, propose l'évolution sém. suiv. : aguicher « attirer par des agaceries » serait la continuation de l'anc. verbe aguicher en passant par les étapes « mettre la courroie à un bouclier », « mettre le bouclier au cou », d'où « attacher, fixer qqc. », d'où « attirer qqn », d'où « attirer la curiosité de qqn », d'où « attirer qqn par des œillades ou par toutes sortes d'agaceries ». L'auteur suppose en outre une influence phonét. et sém. de l'ang. aguigner « surveiller du coin de l'œil... » (Verr.-On.), qui aurait favorisé le passage pour aguicher du sens « fixer, attacher » à celui d'« attirer l'attention par les regards ». L'hyp. de Dauzat Ling. fr. 1946, p. 173 selon laquelle fr. mod. aguicher serait dér. du fr. guiche* « mèche de cheveux », fait difficulté du point de vue chronol. De plus, le 1ersens « exciter, chercher querelle à » serait difficile à expliquer à partir de guiche « mèche ». À cette hyp., comme à la précédente, s'oppose la chronol. des attest. On remarquera toutefois qu'il convient d'accorder moins d'importance à la chronol. des attest. quand il s'agit de faits de lang. relevant uniquement de la lang. parlée.
        Un rapprochement avec le normanno-pic. agucher « aiguiser, stimuler », var. de l'a. fr. aguisier (aiguiser*), (FEW t. 1, p. 26 s.v. *acutiare), ne semble pas à retenir. Il en est de même pour une relation avec l'a. pic. guischier « faire un mouvement brusque de va-et-vient » (empr. à l'a. bas frq. *wiskjan « se glisser », FEW t. 17, p. 599 a; cf. son emploi ds Quinze joyes de mar., XI ds Gdf. : La nuit vient, et sachez que la mere a bien introduite la fille, et enseignee qu'elle luy donne de grans estorces, et qu'elle guische en maintes manieres, ainsi que une pucelle doit faire).
        L'hyp. d'un rapprochement avec l'a. fr. guischier « tromper » (empr. à l'a. nord. vizkr « fin, pénétrant », FEW t. 17, p. 432 b; cf. son emploi en parlant d'une femme ds Foulque de Candie, Schultz-Gora, 1826 ds T.-L. : Si ment et guische come gaite soutaine) est repoussée par FEW t. 17, p. 605 s.v. *withthja.


  • aigledon (vx et rgion. duvet)    Demeuré dans certains dial. : ang., Verr.-On. 1908; norm., Moisy 1885; pic., Corblet 1851.
    Altération d'apr. aigle*, de egredon (sous la forme aigredon ds Trév. 1752 et 1771), forme dissimilée de édredon* « duvet fourni par l'éder ».

    aigliau (terme de blason)    1165-1170 hérald. aigleaus, plur. de aiglel, synon. de alérions (B. de Ste More, Roman de Troie, éd. Constans, 7828 ds T.-L. : Ses armes erent a aigleaus D'or esmeré en vert asis); fin xiiie s. id. aigliaus « petit de l'aigle, aiglon » (Ysopet, I, Fable XIII, 3, éd. J. Bastin : L'aigle, qui est roy des oisiaus, Embla un de ses renardiaus A Renart, pour ses aigliaus pestre), seulement en a. fr. Repris comme terme hérald. dep. Littré.
        Dér. de aigle*; suff. -iau*, forme dial. (dial. du Nord : pic., Gossen, Gramm. d'anc. pic., § 12 a), voir -eau.

    aigrefin    Terme de mépris qui signifie un homme qui vit d'industrie). Emploi burlesque de églefin*- aiglefin (lui-même attesté sous la forme aigrefin dep. le xives., J. Lefevre, trad. de La Vieille; Ménagier ds T.-L.), prob. en raison de l'aspect extérieur du poisson, caractérisé par un corps très allongé et une bouche énorme signe d'une grande voracité, d'où 1. la désignation de l'officier de mauvaise mine, prob. maigre, cf. can. aigrefin « pers. de faible constitution » ds Gloss. du parler fr. du Canada, Québec, 1930; 2. le sens « chevalier d'industrie, homme rapace, sans scrupule », cf. holl. schelvis (corresp. au m. néerl. schelvisch, étymon de églefin*) signifiant « morue » et terme d'injure à l'égard des enfants : jou schelvisje « le petit fripon, le petit espiègle » ds P. Marin, Dict. fr.-holl., Dordrecht, 1728 cité par Rolland, Faune, 3, 117; il est d'autre part possible que le mot, semblant fait de aigre et de fin ou de aigre et de faim [avoir aigre faim] ait favorisé cet emploi péj. L'hyp. d'une formation directe à partir de aigre et de fin (Dauzat 1968, 1rehyp.) n'est pas vraisemblable, un rapprochement avec ces 2 mots ayant plus prob. été fait par étymol. seconde. L'hyp. d'un croisement entre aggripper et agriffer (P. Guiraud, ds Cah. Lexicol., 10, 18, qui reprend l'hyp. déjà formulée par Sain. Lang. par. 1920, p. 11) semble elle aussi ne pouvoir être retenue que comme étymol. seconde, dans la mesure où par ex. le fr. aigrefin « chevalier d'industrie » a été vraisemblablement adapté par le prov. en agrifin « escroc » d'apr. agrifa « agripper », Mistral. À remarquer que Sain. Sources t. 1 1925, p. 99 déclare abandonner cette hyp. en faveur de celle d'un emploi d'églefin-aigrefin.

    albraque (galerie des eaux de mine)    1905 mines « galerie de roulage » (J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines, p. 337 : [les] réservoirs sont ... constitués par des galeries, dites albraques, qui partent du puits au-dessous du dernier accrochage, [...]). D'apr. E. Schneider, Le Charbon, 1945, ce mot serait d'orig. flam.

    ale (bière)    C'est un mot qui vient de l'Anglois ale, et qui est en usage à Paris. La première syllabe se prononce un peu long. C'est une sorte de bierre Angloise, qui se fait sans houblon, et qui est plus forte et plus chargée que la biere ordinaire). Alors que le fr. ale subsiste encore au xxes., le fr. aile semble disparaître vers la fin du xixes.; il est encore signalé en 1898 ds le Nouv. Lar. ill. mais dès 1835 on relève ds L. Platt, Dict. critique et raisonné du lang. vicieux ou réputé vicieux : locut. vic. : Boire de l'aile; locut. corr. Boire de l'ale (Sorte de bière). I emprunté au m. néerl. ale « sorte de bière douce », attesté ds Verdam 1964. L'hyp. d'un empr. à l'angl. est moins vraisemblable étant donné que les attest. les plus anc. se rencontrent ds G. Coincy, originaire de la région de Soissons, et en pic. (St-Omer). À noter aussi l'empr. parallèle, au xiiies. également, du m. néerl. goedale « bonne bière », entré en pic. et autres dial. du Nord sous la forme a. fr. godale (voir T.-L., s.v.) qui, par la suite, a pris le sens de « mauvaise bière »; II est emprunté à l'angl. ale, prononc. e:l « liqueur capiteuse, obtenue à partir de la fermentation d'une infusion de malt parfumée de divers ingrédients selon les époques », attestée en ce sens dep. ca 940. (Saxon Leechdoms, wortcunning and starcraft of Early England, II. 268 ds NED).

    allevasse (giboulée)    Issu du syntagme wallon i ploût a lavasse « il pleut à verse » (Haust 1933, s.v. lavasse) d'où le meusien (Brillon) alvasse « averse », FEW t. 5, 215 a; m. fr. lavasse, lavache « pluie torrentielle », xves., Gdf., bien attesté dans les dial. du Nord-Est (FEW, loc. cit.), dér. de laver*.

    allier      Sens 1 empr. au lat. alligare au propre « attacher » d'où « unir » (Cicéron, Planc., 81 ds TLL s.v., 1685, 2 : non modo beneficio, sed etiam benevolentiae significatione adligari hominem).
        D'origine normande (1456) pour Guiraud.

    amade (hérald. Réunion de trois listes parallèles qui, à la différence des jumelles, traversent l'écu sans toucher les bords)    Issu, par réfection d'apr. le suff. -ade, de l'a. fr. (Lille) hamede attesté au sens de « barre, barrière » dep. 1293 (Acte des échev. de Lille, Tailliar, Rec. d'act. des XIIeet XIIIes. en lang. wall., p. 366 ds Gdf.), mot auquel son aire géogr. (Gdf.) permet d'attribuer une origine germ. Corresp. germ. : m. néerl. hameide, hameede, ameide, hameye « barre, barre de fermeture, barreau, bélier » et aussi « cour, ferme » (Verdam 1964, s.v. hameide); m. bas all. hameide, homeide, hameie « enclos, clôture » (Lübben, Mittelniederdeutsches Handwörterbuch); cf. liégeois haminde « levier de fer » « pièce de bois placée horizontalement », terme des houillères et « barre », terme de batellerie (Haust 1933, s.v.; et Geschiere, Élém. néerl. du wallon liégeois, s.v. haminde). Cependant le rapport entre les termes germ. et fr. est diversement interprété : l'a. fr. (wallon, pic.) hamede est − soit empr. au m. néerl. hameide, a. flam. hameyde (REW3); même hyp. formulée par EWFS2, s.v. hamée, le m. néerl.-flam. remontant au fr. haim (hameau*) + suff. collectif -ithi − soit empr. au m. néerl. hameide, mais celui-ci, lui-même empr. à l'a. fr. hamie « barre » (Moniage Guillaume ds T.-L.), issu de l'a. bas frq. *haimithi « lieu entouré de clôture » (FEW t. 16, s.v. haimithi) − soit formé sur le m. néerl. ham « enclos » (Verdam 1964) + suff. -ede (Geschiere, loc. cit.; De Vries Nederl. 1963, s.v. hamei), à l'appui de cette hyp. la date tardive de l'attest. du mot m. néerl. hameide : 1450 (Geschiere, loc. cit.), mais le caractère insolite d'un suff. -ede rend cette étymol. difficilement acceptable du point de vue morphol.

    amarrer et amarre (et démarrer, démarrage)    Empr. à un m. néerl. *aenmarren « attacher », FEW t. 151, p. 2, composé du m. néerl.  marren « attacher, amarrer » auquel a sans doute été empr. le m. fr. marer « id. », FEW t. 16, s.v. marren. Cf. m.  néerl. meren, meeren, maren « attacher, amarrer », Verdam 1964, De Vries Nederl. 1964 et néerl. mod. meren,  De Vries, op. cit. Le mot existant dans la plupart des lang. rom., l'empr. au germ. occ. est néanmoins impossible,  aucun terme mar. ne pouvant avoir été apporté par les Germains av. le ves. (Brüch 1913, pp. 62-63). C'est donc le  fr. qui a été empr. par les autres lang. romanes. L'hyp. d'un empr. à l'all. (a. haut all. marran, marren) proposée  par Braune ds Z. rom. Philol., t. 21, p. 214, est improbable étant donnée l'ext. géogr. du mot fr., attesté d'abord  et surtout en Normandie et dans l'Ouest de la France. Pour l'ext. voir FEW t. 151, s.v. *aenmarren, Vidos Tecn.,  pp. 258-259 et Valkh., p. 45. L'hyp. d'une dér. de l'a. fr. mar(r)er (DG, Rob., Dauzat 1968) fait difficulté du point  de vue chronol., le verbe fr. marer n'étant attesté qu'en 1453 (Gdf.). Cf. merlin.

    amers    Amer(s), entré dans la terminol. de la mar., est dér. de l'anglo-normand merc « borne, limite » 1119 (Ph. de Thaon, Li Cumpoz, éd. Mall, 1656 ds T.-L. : E tel est sa nature Que ja n'iert beste nule Ki puisset trespasser Sun merc ne ultre aler), norm. merc (Moisy : Merc [...], borne en pierre, servant à marquer les limites d'un champ); préf. a-1*. L'anglo-normand merc semble avoir été emprunté comme terme jur. à l'a. nord. merki « signe distinctif », De Vries Anord., Few t. 16, s.v. merki, De Gorog, EWFS2, s.v. marque, étant donné l'ext. géogr. et l'ancienneté du mot plutôt qu'au néerl. merk « signe, indice » (cf. De Vries Nederl., m. néerl. marc, merc), Bl.-W5, Jal2, Baist, p. 274, car les termes de mar. d'orig. néerl. n'apparaissent en fr. que vers la fin du Moy. Âge.

    amiteux, amitieux (vieilli amitieusement)    1849 amiteux, supra ex. 1; 1853 amitieux, supra ex. 2.

        Terme dial. : pic. amiteux (Corblet 1851, s.v. : caressant, qui fait de l'amitié; Jouanc. t. 1 1880, s.v. : qui montre de l'amitié, caressant); wallon amitieus, amitcheus (Haust 1933, s.v. : affectueux); dial. du Centre amiteux, amitieux, amiquieux (Jaub. t. 1 1855, s.v. : affectueux, qui témoigne de l'attachement... On dit... d'une terre qu'elle est amitieuse quand elle est grasse et s'attache aux pieds).

    amman (Titre donné à divers magistrats dans quelques pays de droit germanique; en partic., dignité du premier  magistrat dans certains cantons de la Suisse alémanique)    I 1 a empr. au m. néerl. amman, ampman,  ambtman, amptman « homme qui a une charge du gouvernement; personne qui gouverne », les deux premières  formes empl. dans les Flandres et en Brabant (Verdam 1964, p. 39, s.v. Amman, Amptman). I 1 b et I 2 empr. au  m. haut all. amman, contraction du m. haut all. ambet-man « id. », 1297 « serviteur, fonctionnaire, officier de  justice, maire » (Charte citée ds Chmel, urkunden, briefe und actenstücke zur geschichte Maximilians I. Stuttg.  1845; fontes rerum austriacarum. Wien 1849 d'apr. Grimm, Deutsches Wörterbuch, 1854, s.v. Ammann : Ruedel  der amman); xiiies. « régisseur » (Deutsche predigten des 13. jh. herausg. v. F. K. Grieshaber, Stuttgart, 1844, t.  1, p. 132 d'apr. M. Lexer, Mittelhochdeutsches Handwörterbuch, 1872, t. 1, col. 51 : anman über sîn guot); il est  vraisemblable que I 1 b a été empr. au frq. mosellan et I 2 à l'alémanique. (Cf. E. Tappolet, Die alemannischen  Lehnwörter in den Mundarten der franz. Schweiz, II. Teil, Etymol. Wörterbuch Basel, 1916, p. 3 ainsi que FEW  t. 1, p. 89b et 151, p. 19a). Le m. haut all. ambet-man (dont le premier composant est devenu l'all. mod. Amt «  fonction ») est issu de l'a. haut all. ambaht(man), le mot simple ambaht et ses correspondants dans les autres  lang. german. ayant été empr. par les Germains au celt. *ambactos (voir ambassade). II dér. de amman*,  étymol. I 1 a; suff. -ie*. À rapprocher du m. néerl. ammanie, ammannie, ammenie qui selon Verdam 1964  signifie 1. ,,ressort, juridiction, également charge de l'amman`` 2. ,,bâtiment qui sous l'administration ou la  surveillance de l'amman servait de maison de détention ou de prison pour dettes``. À noter que amman* étymol.  I 1 b, a pour dér. l'a. lorr. amanderie « charge de l'amman » (presque toujours de la ville de Metz), 1304-1499 ds  Gdf.


  • anascote (serge)    Empr., avec métathèse, à l'esp. anascote « sorte de serge » attesté dep. 1527 (Orden. de  Sevilla, d'apr. Cor. t. 1 1954, s.v.; cf. 1706, J. Stevens, A new Spanish and English Dictionary ds Gili t. 1 1960, s.v.  : Anascote, a sort of Flanders-stuff, which our Merchants call Hounscot, or rather sayes), lui-même issu  d'Hondschoote, nom d'une ville flamande (département du Nord) où cette étoffe était fabriquée. Voir G. de  Pœrck, R. belge Philol. Hist., t. 21, pp. 155-169; M. Höfler, Z. rom. Philol., t. 81, pp. 543-544; Höfler, pp. 20-21.  Voir aussi escot.

    anicroche    Composé de croche « crochet » (xiies., Aliscans ds Gdf.), et de ani- d'orig. obsc. A l'étymon a. fr. ane « cane » (1170-71, Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster ds T.-L.; du lat. anas, atis; L. Sainéan, R. des Et. rabelaisiennes, Paris, 1903, t. 5, p. 392 et Sain. Sources t. 1, p. 85) s'oppose le fait que le bec de la cane est long et proéminent (d'où bec de cane*) mais non recourbé; l'identification avec a. fr. ane, de ane, hane nom champenois du « crochet de fer servant à retirer la viande du pot » (Sainéan, loc. cit.) est très hasardeuse de même que l'attribution du sens de « crochet » au m. fr. hane (1417, Lille, ap. La Fons, Gloss. ms., Bibl. Amiens ds Gdf. : Pour 1. c. de hanes a pallette pour clauwer ploncq a masières sour l'avant pie à le porte du Moliniel).

    anspect (levier)    Empr. au néerl. mod. handtspeecke, littéralement « bâton que l'on tient dans la main » (Behrens D., p. 69; Boulan, pp. 132-133; Valkh., p. 47), attesté comme terme de technol. en 1648-1678 (Hexham, Dutch Dict. ds NED, s.v. Handspike : Handtspeeke. Bar or Hand-Spieck), forme actuelle handspaak (Gallas 1954). L'hyp. d'un empr. à l'angl. (DG, EWFS2, 2ehyp.) n'est pas à retenir, car la forme angl. prévalant au xviies. est handspike (dep. 1615) et non handspeck (relevé une fois en 1691); d'autre part handspeeck (relevé une fois en 1696 ds NED) ne convient pas mieux que handspike du point de vue phonét. Le recours à un empr. au néerl. avec influence de l'angl. (Barb. Infl., p. 21; Mack. t. 1, p. 88) n'est pas nécessaire, en néerl. la forme handtspeecke étant antérieure à la forme actuelle handspaak.

    appliquer    Empr. au lat. applicare attesté dep. Ennius au sens de « incliner, prendre une direction » (Ennius, Trag., 77 ds TLL s.v., 296, 5); au sens de « mettre, assujettir qqc. à qqc. [fig.] » (Plaute, Trin., 271, ibid., 289, 64); d'où pronom. « travailler avec zèle à qqc. » (Cicéron, De orat., 2, 55, ibid., 298, 50); au sens de « attribuer, rapporter qqc. à qqc. » (Quintilien, Instit., 7, 3, 19, ibid., 299, 24); au sens propre « mettre qqc. sur qqc. » (Pline, Nat., 11, 217, ibid., 296, 47).
    rappliquer        1. 1356 rapplicquier « rattacher » rajoindre et rapplicquier (Ord., III, 140 ds Gdf.) − 1446, ibid.; 1690 rappliquer « appliquer de nouveau une chose sur une autre » (Fur.); 2. a) 1835 arg. « revenir, arriver quelque part sans être attendu » (Le Gouépeur et le Voleur, Chanson ds Vidocq, Voleurs, t. 1, p. XXIV); b) 1865 « en parlant de plusieurs personnes, ou choses, se précipiter ensemble dans un même lieu » (L. L., Goualante de la Courtille, Loos ds Rossignol, Dict. arg., 1901, p. 120). Dér. de appliquer*; préf. r(e)-*; en partic. pour le sens 2 au sens de « aborder, débarquer » déb. xives. (Aimé de Montcassin, Hist. des Normands, éd. V. de Bartholomaeis, VI, XIII, p. 276); encore att. au xviies., cf. 1638 appliquer en Bretagne (Le Baud, Hist. Bret., p. 27 ds Jal.2).
    cf. m.-fr. apployer     Du lat. plicare «plier», devenu en a. fr. pleier, ploier, d'où ont été refaites, d'après des verbes à alternance vocalique comme nier* ou prier*, d'abord les formes à rad. accentué (ca 1165, [Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2585 < : die > , ca 1180, Vie de S. Gilles, éd. G. Paris et A. Bos, 3 04 < : finie > ;, etc.), puis les formes à finale accentuée (déb. du xiiies. plier, Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 138, var. du ms. S, xiiies. replier, Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p.95, 14, début du xives. desplier, Roland, ms. de Châteauroux, éd. W. Foerster, p.379, 27, xives. desplié, Floovant, éd. S. Andolf, 2388). Au xviies., on a essayé d'introduire une différenciation sém. entre plier et ployer, v. FEW t.9, p.73a; Fouché Morphol., pp.51-52.

    aponicher    Forme dial. (Ouest et Nord-Ouest), − soit croisement de poner « pondre* » forme dial. du Nord-Ouest (FEW t. 9 s.v. ponere) avec nicher*, − soit plutôt dérivé de poner avec suff. -iche* et dés. -er (cf. poniche « prostituée », 1906 ds Esn. 1966).

    après    voir après         en wallon "allez veie après l'mèdecin". (Jean-Laurent Micheels, Grammaire élémentaire  liégeoise, F.Renard, Liége, 1863, p.80)

    approcher        Empr. au b. lat. appropriare (class. appropinquare dont est seulement issu l'a. prov. aprobencar, Rayn.) fréquent en lat. eccl., attesté au sens A 1 « s'approcher » (d'une chose), Vulg., Luc. 12, 33 ds TLL s.v., 316, 29; (d'une personne) Itala, Luc, 22, 47, ibid., 316, 20; au sens A 2 (en parlant du temps) Vulg., I Macc. 9, 10, ibid., 316, 43; cf. lat. médiév. synon. de imminere 1085-92 Epistolae ad Wratislawum, II, 9 ds Mittellat. W. s.v., 812, 42; A 3 lat. médiév. xies. Vita sive gesta Servatii, 8, p. 29, 5, ibid., 818, 46. cf. reproche